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Othman Benjelloun livre son dernier combat

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A 87 ans, le gentleman de la finance marocaine, Sir Othman Benjelloun, mène son dernier combat pour assurer la pérennité de son groupe. Un plan stratégique 2019-2021 financé par une augmentation de capital de 6 milliards de dirhams, et un nouveau naming sont les principales mesures annoncées par le deuxième homme le plus riche du royaume, à l’occasion d’une conférence de presse des résultats annuels du groupe BMCE of Africa. Avec ce plan stratégique, Othman Benjelloun tente de sauver son groupe qui a de plus en plus de mal à se projeter dans l’avenir et ce à cause des séquelles laissées par la succession des crises financière et immobilière, la transformation des métiers de la banque, l’échec du projet de la Cité Tanger-Tech, l’avortement du rapprochement avec Moulay Hafid Elalamy et la tyrannie de l’âge qui pèse de jour en jour sur le Président.

Malgré une hygiène de vie extrêmement stricte, les quatre-vingt-sept ans d’Othman Benjelloun commencent à peser et à être visible sur le plan professionnel. Avec moins d’énergie et moins de présence, ses lieutenants, par pudeur, écourtent les longues discussions durant les conseils d’administrations qu’il préside. Des réunions qui se sont transformées au fil du temps, en une antichambre à exécuter les affaires courantes sans pour autant trouver des solutions aux divers défis qui se posent au groupe.

Par ailleurs, les velléités entre les hommes du président enveniment l’ambiance au sein des directoires du groupe; Zouheir Bensaid, Président de RMA se plaint d’être de moins au moins écouté dans les conseils d’administrations et ses projets de développement sont souvent refusés, sa relation avec son DG, Hicham El Amrani, est réputée être tendue, quand à Brahim Benjelloun Touimi, qui tout en marquant son territoire, use de beaucoup de diplomatie pour protéger la marque du groupe sans pour autant avoir de leviers pour sortir de la crise, sauf peut être l’oreille du président.

Othman Benjelloun crée une diversion en lâchant son héritier autoproclamé

En réponse à une interpellation de nos confrères de Le360, au sujet du projet de rapprochement entre BMCE of Africa et le Groupe Saham, Othman Benjelloun est sorti de son flegme légendaire pour tacler son ancien compère, Moulay Hafid Elalamy, en lui reprochant son manque de sens patriotique dans l’affaire de la cession de Saham Finances au groupe Sanlam d’Afrique du Sud, pays ami du Polisario, qui ne reconnaît pas la souveraineté du royaume sur le Sahara. Sic !

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«Nous n’apprécions pas cette action. Que ce soit une banque, une compagnie d’assurance ou une société industrielle comme l’OCP, les entreprises de cette nature appartiennent à tous les Marocains. Nous n’avons pas le droit de les céder si les propriétaires n’ont pas une conduite qui convient au marché marocain» (..) « Je ne suis pas prêt de changer mon point de vue sur ce sujet, à moins que l’Afrique du Sud ne reconnaisse la souveraineté du Maroc sur son Sahara. » –  Propos de Othman Benjelloun comme ils ont été rapporté par Le360.

Par cette déclaration, largement relayée par la presse, Othman Benjelloun prend ses distances avec Moulay Hafid Elalamy, en surfant sur une soufflante qu’avait passé le roi Mohammed VI à son ministre de l’industrie. Il coupe ainsi court à toute rumeur de rapprochement entre les deux tycoons de la finance, qui projettaient, il y a à peine quelques mois de conquérir ensemble l’Afrique via la Chine. Cette rumeur trouve son origine d’une information qui a circulé dans les salons casablancais en 2014, selon laquelle MHE aurait fait, en toute confidentialité, une offre de rachat de BMCE. Dans ce temps-là, Saham Group avait déjà entamé son rapprochement avec Sanlam, sans pour autant offusquer Othmane Benjelloun.

Mais le vieux loup, n’aurait-t-il pas cherché à créer une diversion médiatique ? Car douter du patriotisme d’un haut responsable est un acte qui comporte une certaine gravité. Othmane Benjelloun, mettra-t-il, par exemple, dans le même panier le régulateur qui a autorisé cette opération ?

En fait, Othmane Benjelloun a réussi à détourner, avec brio, l’attention médiatique du vrai sujet de la conférence de presse, qui est l’état de son groupe, dont le PNB a affiché zéro progression cette année. Il a ainsi évité des questions du type : Pour quelle raison, avez-vous, M. le Président, gelé les recrutements pour l’année en cours ? Quel serait l’impact sur votre groupe si l’ouverture du capital est rejetée par la banque centrale ? Comment BMCE of Africa fait face à l’érosion des dépôts des grandes agences du groupe ? BMCE of Africa a été distancée sur le digital aussi bien au Maroc par le CIH et Attijariwafa bank, qu’en Afrique par entre autres quelques opérateurs télécoms, comment pensez-vous rattraper ce retard ?

Des anglais dans le tour table de BMCE of Africa

Outre son exposition grandissante en Afrique, et la crise de liquidité qui assèche sa trésorerie, le groupe BMCE of Africa engagé dans plusieurs projets budgétivors, notamment la Tour de Rabat, un véritable gouffre financier en perspective, a subi de fortes pressions de la banque centrale qui exige une recapitalisation urgente du groupe. Et c’est vers son pays de coeur que Othman Benjelloun, s’est tourné pour étudier l’offre du fonds britannique de développement Commonwealth Development Group (CDC Group). L’information rapportée par nos confrères du LeDesk, précise que CDC Group serait en passe d’injecter près de 2 milliards de dirhams dans le capital de BMCE of Africa. Une opération qui doit passer par la case Bank Al Maghrib pour approbation.

Othmane Benjelloun, fétichiste !

En septembre prochain, Othman Benjelloun enterrera la marque qui a fait sa gloire. BMCE, la banque marocaine du commerce extérieur, restera ainsi à jamais liée à son fondateur. Par contre, il entend laisser à ses successeurs, un nom qui n’a d’égale que son ambition sans limites, « Bank of Africa », la Banque de l’Afrique.

Enfin, il est temps pour Othman Benjelloun de lâcher prise et de prendre du recul et contempler l’ensemble de son oeuvre et passer le relais à une nouvelle génération, mieux outillée et moins cupide.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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