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Foreign Policy : «La relation États-Unis-Israël n’a plus de sens»

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Le gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, poursuit son projet de loi visant à affaiblir la Cour suprême du pays, une mesure qui, selon les analystes, pourrait conduire à une érosion de la démocratie et à une crise constitutionnelle dramatique.

Une commission parlementaire a approuvé certaines parties de la législation lundi, dans le cadre d’un processus rapide qui a déclenché des protestations dans tout le pays. D’éminents juristes, économistes et responsables de la sécurité à la retraite se sont prononcés contre cette loi. La coalition de Netanyahu, composée de partis d’extrême droite et de partis religieux, espère toutefois finaliser les réformes dans les semaines et les mois à venir.

Foreign Policy s’est attardé sur cette crise sans précédent que traverse Israël. L’analyse signée par Steven A. Cook, décrit le contraste entre la position confortable de l’État hébreu sur le plan économique et militaire et les dérives démocratiques du gouvernement Netanyahu. La gravité de la situation est telle que l’option de la menace d’une suspension de l’aide américaine aurait été agitée par Washington. «Si Israël et ses partisans veulent que le pays continue à bénéficier des largesses des États-Unis, ils devront trouver un nouveau discours», alerte FP.

Ci-après la traduction intégrale de l’analyse de Foreign Policy publiée le 13/03/2023.

Début mars, le général Mark Milley, président de l’état-major interarmées des États-Unis, s’est rendu en Israël. Selon la presse, l’Iran figurait en tête de l’ordre du jour. Après le départ de Milley de la «Terre Sainte», le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a entamé un voyage au Moyen-Orient comprenant des étapes en Égypte, en Israël et en Jordanie.

Ces rencontres entre responsables israéliens et américains de la sécurité interviennent peu de temps après un vaste exercice militaire israélo-américain, la visite du directeur de la CIA pour rencontrer de hauts responsables israéliens et palestiniens, et quatre tournées en Israël de l’officier supérieur du Commandement central américain en 2022.

Tout ces mouvements reflètent ce qui est depuis longtemps un intérêt fondamental des États-Unis : assurer la sécurité d’Israël. C’est un objectif que les décideurs américains, les partisans d’Israël et les Israéliens justifient par des raisons morales : Israël est particulièrement vulnérable dans un voisinage hostile, il partage les valeurs des États-Unis et il est un allié.

Ce discours a permis à l’aide d’affluer au fil des ans, mais est-il vrai ? Peut-être l’était-elle autrefois, mais l’idée qu’Israël a besoin de l’aide américaine pour assurer son existence et que les deux pays partagent un ensemble commun de principes démocratiques n’a plus de sens.

L’idée qu’Israël a besoin de l’aide américaine pour assurer son existence et que les deux pays partagent un ensemble commun de principes démocratiques n’a plus de sens

Foreing policy – 13/03/2023

Dans le discours politique américain, il est évident qu’Israël est en lutte constante pour sa survie. Mais ce récit est un anachronisme. Israël se trouve dans une position stratégique meilleure que jamais et sa souveraineté est incontestable. Faisons un tour dans la région :

  • Israël a signé des traités de paix avec l’Égypte et la Jordanie.
  • Il entretient des relations normales avec le Bahreïn, le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis.
  • Les Israéliens ont également des liens informels avec l’Arabie saoudite.
  • Le Qatar autorise les diamantaires israéliens à faire des affaires à Doha.
  • Oman a récemment accepté d’ouvrir son espace aérien aux avions de ligne israéliens.
  • Avec ses partenaires arabes, les États-Unis et l’Europe, Israël a réussi à marginaliser la question palestinienne.
  • La Turquie et Israël se sont réconciliés après des années d’éloignement.
  • Le Liban et Israël ont établi une frontière maritime et sont en quelque sorte des partenaires dans l’exploitation des réserves de gaz naturel au large de leur côte commune, dans l’un des développements les plus inattendus au Moyen-Orient en 2022.
  • Parmi les derniers adversaires arabes d’Israël, la Syrie est dévastée par une décennie de guerre civile, l’Irak reste instable et replié sur lui-même, et d’autres pays sont trop éloignés et incapables de menacer la sécurité d’Israël.

La menace iranienne

Bien entendu, l’Iran reste un défi de taille pour Israël. La menace est réelle et les Israéliens ont prouvé qu’ils étaient capables d’y faire face. Ces dernières années, ils ont frappé les Iraniens à volonté, que ce soit en Syrie, en Irak ou en Iran même. Les analystes parlent de «guerre de l’ombre» ou de «guerre entre les deux guerres», mais le combat ne semble pas équitable.

Les Iraniens ont remporté quelques succès en ciblant des navires appartenant à Israël dans la mer d’Arabie, mais ils n’ont guère pu rivaliser avec la compétence et l’efficacité de l’armée israélienne. Si les récentes informations selon lesquelles les Iraniens vont acquérir des avions de combat russes Su-35 sont exactes, il est clair que Téhéran tente d’uniformiser les règles du jeu. Il s’agit sans aucun doute d’une évolution inquiétante pour Israël, mais après la débâcle de Moscou en Ukraine, l’équipement et la doctrine russes ne semblent plus aussi redoutables qu’on le pensait.

La volonté apparente de l’Iran de se doter d’armes nucléaires est une proposition bien plus dangereuse pour Israël que les forces conventionnelles de la République islamique

FP – 13/03/2023

La volonté apparente de l’Iran de se doter d’armes nucléaires est une proposition bien plus dangereuse pour Israël que les forces conventionnelles de la République islamique. Les responsables israéliens de la défense craignent que si les Iraniens obtiennent la bombe, la liberté d’action des forces de défense israéliennes s’en trouvera réduite, mettant ainsi en péril la sécurité d’Israël. Il s’agit d’un problème stratégique, c’est le moins que l’on puisse dire. Les Israéliens aimeraient détruire le programme nucléaire iranien, mais ils en semblent incapables.

À moins que les États-Unis n’utilisent leurs propres forces contre le programme nucléaire iranien, Israël devra probablement faire face à la mise en place et au maintien d’une force de dissuasion face à un Iran doté d’une capacité nucléaire.

Israël possède 90 têtes nucléaires et suffisamment de plutonium pour en fabriquer 100 à 200 autres

FP – 13/03/2023

Le gouvernement israélien n’a jamais reconnu publiquement son propre arsenal nucléaire, mais on estime qu’il possède 90 armes et suffisamment de plutonium pour en fabriquer 100 à 200 autres. Il s’agit d’une dissuasion minimale, mais si les Iraniens deviennent une puissance nucléaire comme prévu, les Israéliens renforceront probablement leur arsenal d’armes et de vecteurs. Cette situation n’est guère optimale pour les Israéliens et constitue une raison de s’inquiéter, mais elle ne présage pas leur perte.

Israël n’a jamais été aussi sûr

Il est vrai qu’Israël est confronté à des défis extérieurs en matière de sécurité, mais dans l’ensemble, le pays n’a jamais été aussi sûr. Il dispose d’une armée importante, sophistiquée et puissante, ainsi que d’une base industrielle de défense de haute technologie pour la soutenir. À tous points de vue, il s’agit d’un pays riche (le PIB israélien par habitant était d’environ 52 000 dollars en 2021), compétent et sûr.

Washington peut vouloir maintenir ses liens de défense et de sécurité avec Jérusalem, mais la raison ne peut être qu’Israël est vulnérable dans une région implacablement hostile. C’est tout simplement contraire à la réalité objective.

En ce qui concerne les valeurs, les décideurs politiques et les élus américains se réfèrent souvent à Israël comme à «la seule démocratie du Moyen-Orient». Il est plus démocratique que ses voisins, mais tout au long de son histoire, Israël s’est efforcé de concilier la démocratie avec ses racines ethno-religieuses et nationalistes. Le fait que le parti islamiste de la Liste arabe unie (Ra’am) soit devenu membre de la coalition gouvernementale en 2021 a été extraordinaire, mais ce gouvernement, qui a duré un an, a peut-être été l’exception qui confirme la règle (informelle) selon laquelle les Arabes peuvent siéger à la Knesset, mais ne doivent pas avoir le pouvoir.

Israël s’écarte de l’idéal d’un État de droit

Officiellement, les citoyens juifs et non juifs de l’État jouissent des mêmes droits. Pourtant, dans la pratique, la société israélienne s’écarte de cet idéal. Bien que l’espérance de vie, le taux de natalité et l’emploi se soient améliorés, le secteur dit arabe d’Israël est désavantagé par toute une série d’indicateurs socio-économiques. Dans l’ensemble, les citoyens palestiniens d’Israël sont plus pauvres, moins instruits et ont moins de possibilités que les Israéliens juifs.

Ce n’est pas seulement la discrimination des citoyens palestiniens d’Israël (parfois appelés «Arabes israéliens») qui soulève des questions sur la qualité de la démocratie israélienne.

Ces dernières années, les législateurs israéliens ont adopté des lois qui répriment les organisations non gouvernementales qui reçoivent des fonds étrangers, ont brimé les groupes de défense des droits de l’homme et ont adopté une «loi sur l’État-nation» qui officialise essentiellement la citoyenneté de première et de deuxième classe des Juifs et des Arabes, respectivement, dans la société israélienne.

Les États-Unis et Israël ne partagent plus les valeurs démocratiques

Ces questions ont été largement ignorées aux États-Unis. Au mieux, elles sont enfouies dans des rapports du département d’État que peu de gens lisent. Israël a toujours été suffisamment démocratique pour les présidents et les membres du Congrès américains.

Cependant, le gouvernement israélien actuel rend les déficits démocratiques d’Israël difficiles à ignorer. Ces questions ont été largement abordées et il n’est donc pas nécessaire d’entrer dans les détails ici. En bref, le gouvernement israélien cherche à affaiblir les contrôles et les équilibres dans le système politique israélien, à redéfinir l’identité israélienne selon des critères religieux qu’une majorité d’Israéliens ne partagent pas, à compromettre la sécurité des citoyens LGBTQ et à annexer des parties de la Cisjordanie. Les ministres du gouvernement, ouvertement fascistes et racistes, qui ne s’excusent pas de leur vision du monde, sont à la tête de ce programme. Leurs seuls intérêts sont la terre et le Seigneur.

Si Israël et ses partisans veulent que le pays continue à bénéficier des largesses des États-Unis, ils devront trouver un nouveau discours.

FP – 13/03/2023

Les États-Unis n’ont pas à dire aux Israéliens comment vivre ou organiser leur société, mais ne prétendons plus que les deux pays partagent des valeurs démocratiques. Peut-être que les manifestations de masse en cours contre le gouvernement prouveront que les pratiques démocratiques d’Israël sont plus fortes que ses démagogues.

Ce serait une bonne chose pour les Israéliens et renforcerait l’argument des valeurs, mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses partenaires ne semblent pas vouloir reculer. L’ancien président américain Ronald Reagan a dit un jour : «Il n’y a pas de nation comme nous, sauf Israël». C’était un beau sentiment, mais ce n’est pas vrai, surtout aujourd’hui.

Ces dernières années, Israël est devenu plus sûr et moins démocratique. Si Israël et ses partisans veulent que le pays continue à bénéficier des largesses des États-Unis, ils devront trouver un nouveau discours.

INSS : Quelles sont les implications du rapprochement entre Téhéran et Riyad pour Israël et la région ?

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L’annonce par l’Iran et l’Arabie saoudite de la reprise de leurs relations diplomatiques, après sept années de guerre par procuration au Yémen et d’hostilité diplomatique et stratégique, a surpris beaucoup de monde. Et pour cause, les négociations ont été menées dans une grande discrétion et sous la médiation d’une tierce partie surprenante : la Chine.

L’Institut national d’études sécuritaires (INSS) de Tel Aviv, vient de publier ce mardi une étude stratégique sur les implications du rapprochement entre Téhéran et Riyad pour Israël et la région ainsi que sur les chances de l’adhésion de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham. Ci-après la traduction intégrale de l’étude.

Dans une annonce surprenante, l’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé une reprise des relations (rompues en 2016) et un retour des ambassadeurs, qui aura lieu dans deux mois au plus tard. L’annonce a surpris tant par son timing que par l’identité du médiateur – la Chine. Elle reflète l’implication croissante de Pékin dans le Golfe et renforce sa position vis-à-vis des États-Unis dans la région.

Si l’administration américaine se félicite de la baisse des tensions dans le Golfe et cherche à poursuivre les efforts pour relancer les négociations en vue d’un retour à l’accord nucléaire, elle considère l’intervention de la Chine comme une dynamique défavorable.

Le principal test pour les relations irano-saoudiennes sera la poursuite de la trêve au Yémen, mais l’hostilité sous-jacente entre les pays ne disparaîtra pas pour autant. Dans le même temps, cette évolution peut être considérée comme un coup porté aux efforts visant à créer un camp anti-iranien dans la région. Toutefois, le renouvellement des relations en soi n’est pas un obstacle à une normalisation future entre l’Arabie saoudite et Israël.

Les considérations de Riyad à ce sujet sont larges et touchent à des questions profondes concernant les relations avec Washington, les développements dans l’arène palestinienne et le statut de l’Arabie saoudite en tant que protecteur des lieux saints de l’Islam.

Cette évolution peut être considérée comme un coup porté aux efforts visant à créer un camp anti-iranien dans la région.

INSS – 14 mars 2023

Le vendredi 10 mars 2023, l’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé la reprise des relations et le retour des ambassadeurs à Riyad et à Téhéran, qui aura lieu au plus tard dans deux mois. L’annonce était inattendue quant au calendrier et à l’identité du médiateur : La Chine. Dans le cadre des engagements qu’ils ont pris, Riyad et Téhéran ont accepté d’honorer les accords précédents, d’éviter toute ingérence dans les affaires intérieures de l’autre et d’engager des négociations approfondies sur toutes les questions bilatérales et régionales, en mettant l’accent sur la sécurité et la stabilité dans la région.

Historique du conflit Irano-saoudien

Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont été rompues en 2016 après l’exécution en Arabie saoudite d’un religieux chiite de haut rang, Nimr al-Nimr, qui était l’un des critiques les plus virulents de la famille royale saoudienne. Cette exécution a entraîné une attaque générale de l’opinion publique iranienne contre les missions diplomatiques saoudiennes, sous les auspices du régime selon certains, ainsi qu’une rupture des relations.

Le conflit entre les deux pays a culminé en septembre 2019 avec une attaque iranienne majeure contre les installations d’Aramco en Arabie saoudite à l’aide de drones et de missiles de croisière. Cette attaque, qui a temporairement mis hors service environ la moitié de la capacité de production de pétrole de l’Arabie saoudite, a été une étape déterminante pour Riyad en termes de prise de conscience de sa vulnérabilité face à l’Iran et surtout compte tenu de ce que Riyad a perçu comme une « négligence » de la part de l’administration Trump, qui ne lui a pas fourni d’assistance militaire.

Tout cela a permis à l’Arabie saoudite de mieux comprendre la nécessité de diversifier ses piliers de soutien au niveau mondial et de couvrir les risques au niveau régional.

Processus de normalisation des relations irano-saoudiennes

Au cours des deux dernières années, Téhéran et Riyad se sont engagés dans plusieurs cycles de négociations, avec la médiation de l’Irak et d’Oman, pour tenter de rétablir des relations diplomatiques.

L’intérêt de l’Iran est centré sur le désir de mettre en œuvre la politique du régime, annoncée par le président Ebrahim Raisi, d’améliorer et de resserrer les relations avec les voisins et, dans le cadre d’une politique plus large, de réduire l’influence des États-Unis dans la région et de diminuer l’isolement de Téhéran dans la région.

Pour sa part, l’intérêt principal de l’Arabie saoudite était lié à la fois au désir de mettre fin à la guerre contre les Houthis soutenus par l’Iran au Yémen, et aux frappes directes qu’elle a subies, par exemple l’attaque contre les installations d’Aramco.

Les contacts entre les deux pays ont connu des hauts et des bas, une crise majeure ayant éclaté à la fin de l’année 2022 en raison de l’agitation sociale en Iran et des accusations de Téhéran à l’encontre de l’Arabie saoudite selon lesquelles ses médias incitaient les citoyens iraniens.

De hauts responsables iraniens, dont le ministre du Renseignement, ont ouvertement menacé l’Arabie saoudite et, sur la base d’informations explicites concernant la possibilité d’endommager le territoire du royaume, les États-Unis ont rapproché leurs navires de guerre et ont apparemment envoyé des avertissements à Téhéran. Les autorités britanniques, après avoir reçu de nombreuses mises en garde contre les risques encourus par les journalistes, ont été contraintes d’admettre qu’elles ne pouvaient pas garantir la sécurité des correspondants de la chaîne «Iran International», financée par Riyad, et la chaîne a dû quitter Londres pour s’installer aux États-Unis.

Rôle de la Chine

La Chine a été l’élément inattendu qui a permis de combler le fossé entre les deux pays et a fait en sorte que les discussions à Pékin avec les hauts fonctionnaires des deux pays aboutissent à un accord et à une déclaration commune.

Cet intérêt reflète la dépendance accrue de la Chine à l’égard du pétrole iranien et saoudien

INSS – 14 mars 2023

Cette évolution fait suite à l’importante visite du président chinois Xi Jinping en Arabie saoudite et au sommet qu’il a tenu avec les chefs des pays du CCG, ainsi qu’à la visite du président iranien Ebrahim Raisi en Chine.

Dans l’après-midi du 7 décembre 2022, le président Xi Jinping est arrivé à Riyad à bord d’un avion spécial pour assister au premier sommet Chine-États arabes et au sommet Chine-CCG.

Cette dernière visait principalement à garantir qu’il n’y ait pas d’érosion des relations bilatérales, après ce qui a été perçu à Téhéran comme des déclarations contraires aux intérêts de l’Iran de la part du président Xi. Il s’agit sans aucun doute d’une réussite diplomatique importante pour la Chine, qui cherche à renforcer son influence des deux côtés du Golfe – en Iran et dans les États arabes de la région.

Cet intérêt reflète la dépendance accrue de la Chine à l’égard du pétrole iranien et saoudien et la nécessité d’améliorer les relations entre ces deux pays dans le cadre d’une stratégie plus large visant à maintenir la stabilité régionale.

La réussite de la Chine marque également son intérêt accru pour le Golfe, notamment en ce qui concerne le rapprochement entre les pays faucons dans une région pleine de tensions, et, à ce titre, renforce également sa position – ou du moins son image – par rapport aux États-Unis, qui ont été pendant de nombreuses décennies un allié inébranlable des pays du Golfe.

Position de Washington entre désescalade et suspicion

Officiellement, Washington s’est félicitée de la reprise des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le porte-parole du Conseil national de sécurité ayant même déclaré que Riyad avait informé l’administration des pourparlers en vue de renouer les relations.

La reprise même des relations Téhéran-Riyad est dans l’intérêt de l’administration américaine, qui attache une grande importance à la réduction des tensions dans le Golfe et cherche à poursuivre les efforts pour reprendre les négociations en vue d’un retour à un accord nucléaire.

Les intérêts américains sont certainement servis si l’accord conduit à la prolongation du cessez-le-feu au Yémen et peut-être même à des accords plus larges, comme l’espèrent les Saoudiens – même si l’implication de la Chine et ses réalisations diplomatiques ne sont pas favorables à Washington, qui surveille les actions de la Chine visant à creuser un fossé et à tirer profit des différends existants entre Washington et Riyad.

Tensions entre MBS et Biden

Ces différends se sont poursuivis après la déception causée par l’absence de réaction après l’attaque de l’Iran contre les installations d’Aramco et se sont poursuivis depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Biden, ainsi que depuis la visite du président américain à Riyad.

L’initiative soutenue par la Chine est la dernière d’une série de mesures saoudiennes qui ont commencé, en accord avec la Russie et contre la demande explicite du président Biden, par des réductions de la production de pétrole.

Ces mesures s’ajoutent aux demandes explicites de Riyad, publiées récemment dans le Wall Street Journal, concernant des garanties de sécurité et des armes de pointe (et il n’est pas certain que l’administration soit prête à donner suite à ces demandes), ainsi qu’à l’investissement majeur de la Chine dans la création d’une nouvelle ville, Neom, promue par le prince héritier Mohammed Ben Salmane ( MBS ).

La référence du responsable de la Maison Blanche selon laquelle Washington continue de surveiller les tentatives de la Chine de gagner en influence et en pouvoir dans le monde tout en réagissant au rapprochement négocié par la Chine reflète le point de vue des États-Unis sur ce qui est perçu comme une tentative de la Chine de se présenter comme une puissance pacifiste et de maintien de la paix.

L’Arabie saoudite sur les traces du Koweït er des Émirats arabes unis

L’Arabie saoudite a suivi les traces du Koweït et des Émirats arabes unis, qui ont renvoyé leurs ambassadeurs à Téhéran l’année dernière. Cependant, l’Iran et l’Arabie saoudite dirigent des camps idéologiques opposés et se combattent directement et indirectement dans tout le Moyen-Orient depuis des années, cherchant à façonner la région à leur image et à renforcer le camp sous leur propre direction – Sunna contre Chiite et Arabe contre Perse.

Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, Ali Shamkhani (à droite), et le premier conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, Cheikh Tahnoon ben Zayed Al Nahyan, se serrent la main avant leur rencontre à Téhéran (Iran), le 6 décembre 2021.

L’annonce de la reprise des relations est une tentative d’apaiser les tensions et d’envoyer le message «business as usual», mais les affaires ne sont pas «as usual». Les deux pays continueront à se considérer mutuellement comme une menace et chercheront à renforcer leur influence dans divers domaines.

L’Iran continuera à considérer les relations étroites entre Riyad et Washington et la présence militaire américaine dans les pays du Golfe comme une menace pour ses intérêts. Néanmoins, la reprise des relations devrait contribuer à réduire le niveau de tension et, peut-être, à prévenir les actions belliqueuses de l’un contre l’autre.

Le principal test devrait être la guerre au Yémen qui, ces dernières années, a donné lieu à d’innombrables attaques de missiles des Houthis sur le territoire saoudien, ce qui a conduit à un cessez-le-feu. La reprise des relations a été saluée par les parties proches de l’Iran dans la région, avec à leur tête le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que par l’Irak.

Quid d’Israël et des Accords d’Abraham ?

En ce qui concerne Israël, la reprise des relations est-elle une surprise sur le plan de la stratégie et du renseignement ?

L’engagement américain n’est pas suffisant, l’Iran est déjà un État du seuil nucléaire et peut-être sur la voie d’un État nucléaire, et Israël n’offre pas non plus un parapluie de sécurité face à la menace iranienne.

INSS – 14 mars 2023

Quoi qu’il en soit, la décision saoudienne, du moins sur le plan cognitif, nuit à la fois aux efforts publics déclarés du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour parvenir à une normalisation formelle des relations avec Riyad et aux efforts d’Israël pour établir un camp anti-iranien dans la région.

Les actions de l’Arabie saoudite clarifient une fois de plus ses intérêts géostratégiques, qui découlent d’un équilibre clair des forces en faveur de Téhéran. Même si les inquiétudes saoudiennes concernant l’Iran ne s’apaiseront pas avec la reprise des relations et si l’intérêt pour des relations de sécurité solides avec Washington demeure, la récente décision reflète la compréhension/préoccupation que l’engagement américain n’est pas suffisant, que l’Iran est déjà un État du seuil nucléaire et peut-être sur la voie d’un État nucléaire, et qu’Israël n’offre pas non plus un parapluie de sécurité face à la menace iranienne.

Par conséquent, il doit couvrir les risques et réduire l’intensité de la confrontation avec le principal rival, et il est préférable de garder l’ennemi proche. Dans le même temps, la reprise des relations avec l’Arabie saoudite, sous la médiation de la Chine, renforcera le sentiment de confiance de l’Iran dans sa capacité à faire face au durcissement des sanctions, souhaité par Washington et Israël, compte tenu des progrès alarmants du programme nucléaire iranien.

Cette initiative pourrait également renforcer le front Russie-Chine, qui est important pour l’Iran. Néanmoins, la reprise des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran n’empêche pas une future normalisation des relations avec Israël.

Même l’annonce par les Émirats arabes unis de la normalisation des relations avec Israël n’a pas empêché le retour de l’ambassadeur à Téhéran et le resserrement des liens bilatéraux, y compris militaires.

Les considérations de Riyad sont plus larges et incluent l’arène palestinienne, les relations avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne les ventes d’armes et les garanties de sécurité, ainsi que le statut spécial de l’Arabie saoudite en tant que protectrice des lieux saints de l’Islam.

La Boussole stratégique du Maroc : un besoin pressant de vulgarisation

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Comment les Marocains ne se sentiraient-ils pas déboussolés, tant les crises économiques, politiques et diplomatiques se succèdent sans que d’aucuns daignent les éclairer ?

Même Nasser Bourita, leur ministre préféré, rassure de moins en moins. Depuis la curieuse affaire des diplomates de notre ambassade en Colombie, les «emmerdes» de notre diplomatie volent en escadrille.

Aziz Akhannouch, le principal protagoniste de l’exécutif, de même que nos élites politiques et intellectuelles, se sont enfermés dans un mutisme sidérant. Nos concitoyens, en perte de repères et à la merci de la désinformation, de l’opportunisme de Abdelilah Benkirane et de spéculations à tout va, sont rattrapés par l’angoisse et le doute.

Pour combler ce déficit abyssal de communication, Abdellatif Hammouchi se voit obliger de distiller ses apparitions tout en maintenant une communication fluide des entités dont il a la responsabilité.

Fouzi Lekjaa accumule quant à lui les succès dans le football, fédérant autour du jeu une véritable communion entre les différentes couches de la société. Même la grande muette est plus audible que le gouvernement, au vu des activités soutenues des Forces Armées Royales, aussi bien au niveau national qu’international. 

Deux autres instituions sortent du lot : Bank Al Maghrib et le HCP.  Deux îlots de l’administration dont les responsables n’hésitent pas à privilégier la franchise et la transparence sur les réalités économiques et sociales du pays.

Ne nous voilons plus la face, Aziz Akhannouch est tétanisé par la gravité du moment et le poids de la responsabilité. Ses imprudences, ses fragilités et ses incapacités occultent malheureusement toutes les réussites du Royaume. Pourtant, le Maroc est l’un des rares pays africains et arabes à résister à cette grave crise de l’ordre mondial.

Nous vivons une période charnière qui nous impose des choix stratégiques en rupture avec la neutralité historique du Maroc. Lesquels choix peuvent être mal compris ou pas assimilés du tout par bon nombre de nos concitoyens. 

En ces temps de turbulence, nous avons besoin, plus que jamais, de fédérer toutes les forces vives de la nation. Peut-on alors commencer par donner de la visibilité aux Marocains en leur expliquant avec pédagogie et sérénité la Boussole stratégique de leur pays ?

Mais où va le monde ? Où va notre pays ? Avons-nous encore les moyens, voire la liberté de décider de notre avenir ? Ces interrogations banales mais persistantes que chacun de nous se pose devant le flux de mauvaises nouvelles qui nous inondent, ne sont pas propre à nous les marocains. Américains, australiens, européens ou asiatiques sont tous sous le choc du chaos du monde d’aujourd’hui, de l’incertitude et de l’impermanence. L’essoufflement des dynamiques de la mondialisation heureuse (1985-2007) a laissé place au désordre, à l’incomplétude, à la complexité, et aujourd’hui à la guerre.

Pourtant, le ressenti de ce phénomène planétaire de perte de repères est plus prononcé dans un pays comme le notre. 

D’une part, le Royaume a été particulièrement visible durant cette décennie, résistant et déjouant moult complots plus machiavéliques les uns que les autres. Et quand on est visible, on est visé, principalement par les ratés, les hargneux, les jaloux et les baveux.

D’autre part, les manoeuvres externes ont participé à la dégradation des paysages politique et médiatique. Cela a donné lieu a une surenchère verbale et éditoriale poussant à la radicalisation des positions et l’absence de débat. Un nivellement vers le bas initié par les islamistes de Benkirane et accéléré par les oligarques d’Akhannouch.

La monarchie, clé de voûte de l’état marocain et de son unité sociale

Nous ne pouvons pas comprendre la situation actuelle du Maroc, aussi bien sur le plan de la gouvernance, de la politique ou de l’économie si nous ne tenons pas compte deux «inputs» fondamentaux.

Le premier «input» est le temps. La dictature de l’urgence qui caractérise la nouvelle ère digitale, a complexifié l’action des gouvernements et a rendu la monarchie presque intemporelle. Si le temps de l’information se compte en minutes, du gouvernement en mois, celui de la monarchie se compte en siècles.

La fragilité du gouvernement Aziz Akhannouch aussi bien sur le plan politique que sur le plan de la communication lui a été fatale. L’oligarque et sa cour sont tombés dans le piège de la course à l’information et à l’émotion engagée par les médias. Son action s’apparente plus à la gesticulation, au moment où la gestion d’un état exige du temps et des institutions pour permettre de dégager un horizon porteur de sens. Akhannouch s’est préparé pour gagner les élections et occire les islamistes, nous lui sommes redevables. Toutefois, il ne s’est pas préparé pour gouverner.

La discordance des temps s’est accrue entre les orientations stratégiques de la monarchie, leur lente transformation en actions par l’exécutif et leur compréhension des médias puis leur assimilation par les citoyens.

Le second input est à trouver dans le discours vérité, foudroyant et sans précédant du Roi Mohammed VI en date du 20 avril 2016.

Lequel discours que le souverain a prononcé devant le sommet Maroc-Pays du Golfe à Ryad, le jour même de la visite officielle en Arabie saoudite, de celui qui a pensé le printemps arabe, le président américain Barack Obama. 

Ce jour là le souverain a dévoilé en toute transparence la nouvelle doctrine diplomatique du Royaume, que les médias français ont qualifié de «virage anti-occidental».

Nous invitons nos lecteurs à relire avec le recul qui est le leur, ces passages qui resteront gravés dans l’histoire des relations internationales :

«La situation est grave, surtout au regard de la confusion patente dans les prises de position et du double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance, parallèlement aux tentatives de coups de poignard dans le dos. Que veulent-ils de nous?

Nous faisons face à des complots visant à porter atteinte à notre sécurité collective. Ceci est clair et n’a pas besoin d’analyse. Ils en veulent à ce qui reste de nos pays, qui ont pu préserver leur sécurité, leur stabilité et la pérennité de leurs régimes politiques.

J’entends par là, les Etats du Golfe arabe, le Maroc et la Jordanie, qui constituent un havre de paix et de sécurité pour leurs citoyens, et un élément de stabilité dans leur environnement.»

Le souverain nous avait donc alerté, ainsi que le communauté internationale sur les dangers qui menaçaient le Maroc et les complots que fomentaient, hélas, nos alliés historiques. 

«Les plans d’agression attentatoires à notre stabilité se poursuivent toujours et ne cesseront pas. En effet, après avoir morcelé et détruit nombre de pays du Machreq Arabe, les voilà qui s’en prennent aujourd’hui à son flanc occidental. Le dernier en date concerne les manœuvres orchestrées contre l’intégrité territoriale de votre deuxième pays, le Maroc.

Rien de nouveau, puisque les adversaires du Maroc déploient tous les moyens, directs et indirects, dans leurs menées flagrantes.» 

Sept années plus tard, les médias et l’opinion publique s’interrogent encore sur les attaques et les coups de poignard dans le dos que subit le Maroc.

Les phrases prononcées par le Roi Mohammed VI auraient dû nous éviter les polémiques et les faux débats. La politique étrangère offensive menée par le royaume, matérialisée par les positions fermes envers l’Europe, notamment l’Allemagne, l’Espagne puis la France, n’est pas une hérésie comme tentent d’expliquer les Youtubeurs. Mais bel et bien une mise en oeuvre d’une stratégie pensée et assumée.

Un autre indice sur la détermination, la clairvoyance et l’assurance de la politique étrangère du Roi Mohammed VI exprimées dans le discours de Riyad est sa prédiction de cet évènement majeur annoncé ce week-end, à savoir l’alliance de l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Chine.

«Il y a cependant de nouvelles alliances qui risquent de conduire à des divisions et à une redistribution des cartes dans la région. Ce sont, en réalité, des tentatives visant à susciter la discorde et à créer un nouveau désordre n’épargnant aucun pays, avec des retombées dangereuses sur la région, voire sur l’état du monde», avait alerté Mohammed VI.

On devrait également ne pas s’étonner de la mobilisation sécuritaire du Royaume, aussi bien sur le plan sur le plan des renseignements que militaire. Un réflexe naturel de survie contre l’augmentation des menaces d’agression externes.

D’ailleurs, même si Obama a quitté le pouvoir fin 2016, il a laissé ses bûcherons disséminés un peu partout pour continuer le travail de sabotage. Des vagues de déstabilisations se sont succédées. Avec un paysage politique fragilisé par les islamistes de Benkirane, l’allégeance historique de certains protégé de Paris, la lenteur de l’assimilation par la société des nouveaux choix stratégiques, le tour de vis sécuritaire s’est imposé comme l’option ultime pour préserver la paix et l’intégrité territoriale du Royaume.

Une gouvernance de guerre

Contrecarrer le mouvement des plaques tectoniques de la grande reconfiguration géopolitique mondiale n’est pas une chose aisée. La lutte est dure, très dure même. Pour preuve, nous assistons aujourd’hui ébahis à l’effritement de l’Europe en dépit des moyens colossaux dont dispose le vieux continent.

Au Maroc, le Roi Mohammed VI s’est exposé personnellement non sans encaisser les coups au prix de sa santé. Parallèlement, la gouvernance a du s’adapter au contexte de cette guerre «presque non dite». Abdellatif Hammouchi s’est hissé du rang de patron de la sureté nationale, des renseignements et de la lutte antiterroriste à celui du véritable fer de lance de la diplomatie sécuritaire du Royaume et à l’interlocuteur privilégié des capitales occidentales.

C’est en juin 2022, que s’est manifesté cette nouvelle envergure de l’aura de M. Hammouchi. Après un voyage remarqué au Qatar, Il reçoit dans un premier temps, le Directeur général de la police fédérale d’Allemagne, Dieter Romann, avant de s’envoler en Virginie et à Washington pour rencontrer les chefs de la sécurité nationale américaine, notamment une certaine Avril Haines, la première femme patronne des services de renseignements (CIA et NSA) de l’histoire des États-Unis. Elle est considéré comme l’espionne la plus puissante du monde.

Seulement quatre mois plus tard, Avril Haines s’est rendue elle même au Maroc où elle a été reçue par M. Hammouchi.

M. Hammouchi joue également un rôle symbolique important, en se rendant visible auprès de l’opinion publique, notamment dans les grands événements sportifs. Des apparitions qui rassurent les marocains, surtout avec un Aziz Akhannouch et des politiques inaudibles et impopulaires.

Les Forces Armées Royales se sont modernisées et renforcées. Les manœuvres «African Lion» largement médiatisées par les américains ont été la cible de tentatives de sabotage, par les algériens et autres pays européens. Une publicité qui a davantage servie à la grande muette qui s’est ouverte progressivement aux médias. Le très discret forum FAR Maroc, s’est transformé au fil du temps en une véritable plateforme de communication avec le monde surtout sur son compte twitter.

Le ministre de l’intérieur, extrêmement sollicité notamment durant la pandémie du Covid assure là ou les oligarques d’Akhannouch sont complètement absents. C’est l’unique département du gouvernement qui pense «social». 

En effet, les équipes de Abdelouafi Laftit, les plus proches des citoyens, sont les premiers à penser à la sécurisation de l’approvisionnement des marchés, au déploiement des stratégies de lutte contre le grand froid, contre les risques de délestage et de coupures d’eau courante,… etc.

Si cette reconfiguration de gouvernance de la sécurité nationale a prouvé son efficacité et sa performance, la gouvernance économique est sujette à de grandes interrogations.

Sur le plan macroéconomique, la sagesse et l’expérience de Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib couplées à l’agilité de Fouzi Lekjaa nous ont sauvé de l’incompétence d’un Boussaid qui voulait nous précipiter dans la libéralisation de la monnaie, et la fragilité d’inexpérience d’une Fettah.

Sur tout le reste c’est le flou total. Aziz Akhannouch, acteur principale de l’énergie a accentué le manque de visibilité de la politique énergétique de l’Etat. Puis sur un autre registre ayant un patronat amorphe sous sa coupe, il s’est empêtré dans une guerre avec l’Intérieur et les ministres de son alliance gouvernementale pour mettre la main sur l’investissement.

Notons que la gouvernance de l’investissement public a été complètement chamboulée. En effet, Mohcine Jazouli en tant que Ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Evaluation des politiques publiques, n’a pas réussi à avoir les mains libres. Car il doit composé avec des poids lourds de l’appareil de l’Etat, entre autres :

  1. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce,
  2. Abdellatif Zaghnoun, DG de l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l’Etat, et de suivi des performances des établissements et entreprises publics,
  3. Khalid Safir, DG de la CDG,
  4. Mohamed Benchaâboun, Directeur Général du Fonds Mohammed VI.

Par ailleurs, le système financier tourne au ralenti. Le sort de Bank Of Africa ( EX BMCE) est toujours en suspens. L’altercation entre Othman Benjelloun et de Zouheir Bensaid démissionnaire amplifie la fragilité du groupe. 

L’arrivée de Holmarcom sur le bancaire et les difficultés du sud-africain Sanlam à maintenir le trend de Saham brouillent la lecture du marché.

Boussole stratégique

Dans cette lecture perfectible de la situation de la notre pays, nous pouvons être certains de l’existence d’une logique géostratégique qui a conduit à l’élaboration d’une Boussole stratégique du Royaume dont on découvre au fur et à mesure les contours.

La crise de l’ordre mondial et la recrudescence des menaces qui pèsent contre le Maroc sont bien réelles tout comme le retour aux confrontations militaires interétatiques entre grandes puissances.

Le Maroc n’aurait pas pu garder son intégrité territoriale et préserver sa paix sociale sans les efforts des femmes et des hommes visant à rendre cette boussole opérationnelle. 

Certaines lignes directrices importantes sont plus avancées que d’autres. La discordance des temps entre la vision, l’exécution et la médiatisation d’une part et l’inadéquation de certains profils avec leurs missions en sont la cause.

Aussi bien sur des problématiques quotidiennes liées à la cherté de la vie, qui n’est plus une perception individuelle mais collective, que sur des politiques économiques et étrangères lourdes, il est important et peut-être pressant de vulgariser davantage la Boussole stratégique du pays.

Les déclarations d’un Youtubeur comme Elmahdaouy ou d’un politicien comme Benkirane sont des symptômes de l’absence de communication de l’exécutif. Ce sont deux leaders d’opinion qui revendiquent tout le contraire d’une Boussole stratégique claire et déterminée. Le premier agit par ignorance et le second par opportunisme.

Et ils ne sont pas les seuls.

Une pléthore de voix pullulent sur les réseaux sociaux. Au fil du temps les marocains se passent le mot, deviennent de plus en plus inquiets, les acteurs économiques de plus en plus frileux et la machine administrative tourne a ralentie.

Il est dangereux de laisser croire aux marocains que ces crises sont la conséquence de changements imprévus pour esquiver ou faire face à quelque événement subit.

Les imprudences, les incapacités, voire les complaisances du gouvernement Akhannouch doivent laisser place à la determination, l’assurance et la clairvoyance d’une monarchie bien ancrée dans la profondeur historique et d’un Royaume millénaire et indépendant.

Nomination d’Al-Amine Nejjar à Al Barid Bank, l’Istiqlal place ses hommes

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Al-Amine Nejjar, Vice-Président de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens et conseiller de Ryad Mezzour, ministre star du parti de Nizar Baraka, a officiellement pris ses nouvelles fonctions, ce lundi 2 janvier 2023, en tant que président du directoire d’Al Barid Bank. Indépendamment des compétences professionnelles de M. Nejjar et son parcours d’ancien banquier à Wafabank et au CIH, la question est de savoir si nous avons affaire à une nomination politique.

Le Conseil de Surveillance d’Al Barid Bank (ABB), filiale de Barid Al-Maghrib, s’est réuni le 30 novembre 2022 pour remplacer le président du directoire de la banque postale, nommé à peine un mois plus tôt.

M’Hamed El Moussaoui, installé tout juste le 3 octobre 2022 à la tête d’Al Barid Bank, a cédé sa place au conseiller du ministre de l’Industrie et du Commerce, Al-Amine Nejjar.

M. El Moussaoui occupait- et occuperait toujours – le poste de Directeur Général et sa nomination semble avoir servi à accélérer le départ de l’indéboulonnable et ancien homme fort de la jeune banque, Redouane Najm-Eddine.

Ce dernier soutenu par le président de Barid Al-Maghrib, Amin Bendjelloun Touimi, avait subit les foudres de Mohamed Benchaâboun. L’ancien ministre des finances avait même inscrit la sortie d’Al Barid Bank du giron de Poste Maroc dans le PLF 2022.

Le transfert à l’État du capital d’Al Barid bank aurait constitué un coup dur pour Barid Al-Maghrib. La part des services bancaires dans le chiffre d’affaires du groupe dépasse le taux de 60%. Dans une déclaration à E&E dans son édition de juillet 2021, le Wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, semblait être opposé à la décision de Benchaâboun. «Ni l’une ni l’autre [ABB ou Barid Al Maghrib] n’a de raison de changer les relations structurelles qui les unissent. Car tout le monde va y perdre que ce soit Barid Al Maghrib ou Al Barid Bank» a-t-il alerté.

Benchaâboun avait comme objectif de créer un pôle financier public fort, fruit d’une restructuration du portefeuille de participations de l’État et le rapprochement entre établissements financiers et bancaires publics.

Le projet Benchaâboun s’inscrivait dans la volonté du Royaume de se doter d’une structure à la française, qui incarne l’État actionnaire. Lequel projet a été l’un des derniers chantiers que l’ancien ministre des finances a délivré avant la fin du mandat du gouvernement El Otmani.

Ainsi, juste avant les élections 2021, la loi n° 82-20 portant création de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État et suivi des performances des établissements et entreprises publics -ANGSPE- est publiée sur le Bulletin Officiel.

Il fallait attendre le 12 décembre dernier, soit plus de dix-huit mois après la publication de la loi n° 82-20, pour l’annonce du démarrage effectif de l’ANGSPE par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah. Il est à rappeler que son Directeur Général, Abdellatif Zaghnoun, a été nommé par le Roi Mohammed VI le 14 juillet 2022. Tandis que les cinq représentants de l’Etat au sein du Conseil d’administration de l’agence ont été désigné le 1 décembre, lors du Conseil du gouvernement présidé par Aziz Akhannouch.

Lesquels représentants de l’Etat sont :

  1. Directrice du Trésor et des finances extérieures;
  2. Directeur général des collectivités territoriales;
  3. Secrétaire général du ministère de la transition énergétique et du développement durable;
  4. Secrétaire général du ministère de l’équipement et de l’eau;
  5. Secrétaire général du ministère l’agriculture, de la pêche, du développement rural, des eaux et forêts.
https://twitter.com/financesmaroc/status/1602977041980485632

Al-Amine Nejjar à Al Barid Bank, une nomination politique ?

Tous les observateurs avisés s’accordent à dire que nous sommes à la veille du «big shift», ce changement tant attendu des dirigeants et responsables des administrations et autres organisations clés du royaume.

Le processus a été amorcé avec le changement de la doctrine de l’Etat observée lors de la nomination de deux pontes du ministère de l’Intérieur à la tête de structures historiquement sous l’influence des cercles du pouvoirs économiques.

En effet, la nomination de Nourredine Boutayeb, ancienne cheville ouvrière du ministère de l’Intérieur, en remplacement de Tariq Sijilmassi, un commis de l’Etat, de père en fils, constitue le plus grand séisme qu’a connu le monde des affaires national durant cette décennie.

Le choix de Nourredine Boutayeb pour diriger le Crédit Agricole du Maroc, la banque du monde rural, et de Khalid Safir pour piloter la CDG semble s’inscrire dans la stratégie de l’Etat d’optimiser ses ressources et d’orienter ses investissements dans des secteurs devenus par la force des choses, des secteurs d’importance vitale relevant de la sécurité nationale du pays.

La pandémie et la guerre en Ukraine ont entraîné des crises alimentaires et énergétiques dans le monde entier. Chaque stratégie et chaque dirham investi devront désormais prendre en compte les risques et les menaces de la conjoncture internationale. Qui d’autre que des dirigeants rompus aux problématiques de marketing territorial, de développement humain et de paix sociale sont à même de relever le défi ?

Par ailleurs, il est a rappelé que le Chef du Gouvernement a échoué à plusieurs reprises à faire aboutir ses tentatives de nomination de secrétaires d’état. Selon certaines sources médiatiques, la raison de ces échecs serait la pression du parti de l’Istiqlal sur Akhannouch. Le parti de la Balance se considère lésé quant à la distribution de portefeuilles entre les trois formations politiques de la majorité gouvernementale.

Nizar Baraka lui même serait sous les feux des critiques de son parti au sujet des nominations. Il serait tiraillé entre ses fidèles et les visés hégémoniques du puissant clan Ouled Errachid, qui contrôle aussi bien le bureau politique que le bras syndical du parti.

La propulsion d’Al Amine Nejjar, connu pour son obédience à Nizar Baraka, pourrait s’inscrire dans la volonté du parti de l’Istiqlal de placer et récompenser ses cadres. Au moment où les rumeurs concernant un probable remaniement ministériel s’intensifient.

Al Amine Nejjar (55 ans), ancien banquier et vice-Président de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens aurait été dans les petits papiers de Baraka au moment de la constitution du gouvernement Akhannouch. Certaines informations disent qu’il le voulait pour le poste de ministre de l’Industrie et du Commerce. A défaut, M. Nejjar a pantouflé dans ce même ministère, en sa qualité de conseiller de celui qui a succédé à Mly Hafid Elalamy, Ryad Mezzour.

Le 1er février 2010, Al Amine Nejjar claque la porte du CIH après un désaccord avec Ahmed Rahhou, fraichement nommé cinq mois plus tôt. Ce dernier avait décidé de séparer le pôle immobilier de la banque de détail. Une décision qui réduisait drastiquement le périmètre d’action de M. Nejjar qui occupait le poste de directeur général adjoint en charge de la banque de détail et de l’immobilier. Il avait rejoint le CIH en mars 2005.

Al Amine Nejjar est diplômé en économie de l’Université de Montpellier I en 1990. Il est également titulaire d’un diplôme de 3ème cycle en Gestion des Entreprises dans les pays en développement de Paris Dauphine.

Il entame sa carrière professionnelle en intégrant le groupe Wafabank en 1991, qui était alors contrôlée par la famille Kettani, en tant que Directeur d’Agence puis en tant que Chargé de mission auprès de la Direction du réseau, en 1993.

En 1998, il est promu Directeur Régional de la Région Centre. Il assumera la fonction de Président du directoire de la filiale Wafa Immobilier de 2001 à 2004.

M. Nejjar ne survivra pas à la fusion BCM-Wafabank, il passera une année en tant que Directeur du réseau Casa-Nord d’Attijariwafa bank pour rejoindre le CIH, alors fraichement dirigée par l’USFPiste Khalid Alioua.

En 2007, il rejoint officiellement le parti de l’Istiqlal. Il faisait partie de cette vague de cadres, hauts fonctionnaire et chefs d’entreprises qui se sont intéressés à la politique à la veille des élections de 2009, animées par l’arrivée du PAM, à l’image de Moncef Belkhayat, Saïd Sekkat, Amyn Alami et Ahmed Chami.

Après le CIH, M. Nejjar disparait des radars et refais surface en 2018 en tant qu’associé d’un très discret cabinet conseil CCIP dont on retrouve pas de trace au registre de commerce de Casablanca. En 2021, il prend la parole dans les médias pour défendre le programme électoral de son parti.

Outre le caractère politique qui pourrait caractériser la nomination d’Al Amine Nejjar à la tête du directoire Al Barid Bank, ce dernier a bénéficié de soutiens décisifs. Le premier est bien évidement celui de son collègue de l’Istiqlal et son «boss», Ryad Mezzour, le ministre de l’Industrie et du Commerce. Le second est celui du président du Conseil de surveillance de la banque postale, Amin Bendjelloun Touimi.

En effet, le Conseil de Surveillance d’Al Barid Bank, filiale de Barid Al-Maghrib, compte 9 membres dont un mandat pour le Ministre de l’Industrie et du Commerce, 4 mandats pour le groupe Barid Al-Maghrib, un mandat pour la caisse de dépôt et de gestion, 2 mandats représentants l’Etat, notamment le Ministère de l’Économie et des Finances et un mandat pour un administrateur indépendant :

  • Monsieur Ahmed Amin BENDJELLOUN TOUIMI – Président ;
  • Caisse de dépôt et de gestion, représentée par Madame Latifa ECHIHABI – membre ;
  • BARID AL MAGHRIB, représentée par Monsieur Ahmed Amin BENDJELLOUN TOUIMI – membre ;
  • Monsieur Ryad MEZZOUR – membre ;
  • Monsieur Abderrahmane SEMMAR – membre ;
  • Monsieur Aziz ALOUANE – membre ;
  • Monsieur Adnane MOUDDEN – membre ;
  • Monsieur Jamal LEMRIDI – membre ;
  • Monsieur Ahmed LAHBABI – membre.

Si le soutien de Ryad Mezzour est trivial, celui de Ahmed Amin Bendjelloun Touimi est à chercher du parcours professionnel des deux hommes du temps de Wafabank.

MM. Nejjar et Bendjelloun Touimi ont rejoint la banque de Moulay Ali Kettani à une année d’intervalle. Le premier en 1991, le second en 1990. Aussi, quand l’un dirigeait Wafa immobilier, l’autre était-il à la tête d’une autre filiale, Wafasalaf.

Après la fusion BCM-Wafabank, Amin Bendjelloun Touimi sera nommé Responsable des Ressources Humaines du Groupe d’Attijariwafa bank. Un poste qui lui permettra de gérer le départ d’Al Amine Nejjar au CIH.

Al-Barid bank, un cadeau empoisonné ?

Au delà du soutien politique dont jouit pour le moment Al Amine Nejjar, la mission de ce dernier à la tête de la banque postale n’est pas de tout repos.

Sur le plan de gouvernance, les véritables patrons du président du directoire de Al Barid Bank ne sont ni Ryad Mezzour ni, Amin Bendjelloun Touimi.

D’une part, ABB est sous la coupole de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État. Laquelle institution est sous la tutelle de la ministre des Finance, la RNIste Nadia Fettah et dirigée par l’ancien patron de la CDG, le très indépendant Abdellatif Zaghnoun.

D’autre part, le ministère de l’Industrie du Commerce et de l’Industrie n’ayant plus l’investissement dans son périmètre, Al Barid Bank devrait naturellement passer sous la houlette du vice-ministre de facto du gouvernement, Mohcine Jazouli, Ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’évaluation des Politiques publiques.

Sur le plan opérationnel, la difficulté est certaine. Créée le 8 juin 2010 pour autonomiser les activités financières de Barid Al Maghrib face à l’érosion des revenus des services postaux, Al Barid Bank a hérité des dysfonctionnements historiques de la poste.

La mise à niveau de la jeune banque est un chantier des plus compliqués. Il faudrait une révolution à la Ahmed Rahhou au CIH, pour espérer suivre un secteur bancaire marocain de plus en plus moderne, sophistiqué, agile et digitalisé.

Au vu des rapports conflictuels entre Mezzour et Jazouli, l’avenir incertain de Bendjelloun Touimi à la tête de Barid Al Maghrib et la complexité de l’environnement de l’ABB, Al Amine Nejjar n’aura sans doute pas le loisir de naviguer sur un long fleuve tranquille.

Macron, Tebboune complices contre le Maroc

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Emmanuel Macron, l’homme qui voulait être roi, chef de guerre et sauveur de l’Europe et du monde est plus que jamais seul face à ses échecs. Son arrogance est sa condescendance notoires couplées à sa fameuse diplomatie du «en même temps» a fini par rendre son pays, la France, totalement isolée, et pis brouillonne et aveugle. Dernier exemple en date, son pari perdu d’avance sur l’Algérie. Macron s’accroche à un régime en déliquescence pour camoufler la perte de son influence en Afrique et l’échec de sa stratégie Russe. Le président français a ainsi mobilisé toute son administration et ses services de renseignement pour piloter une campagne de communication du président algérien Abdelmajid Tebboune. A travers laquelle, il espère sauver la face et tenter de récupérer ses territoires d’influence perdus.

«Macron n’a rien sauvé du tout, ni le monde, ni l’Europe, pas même les apparences» écrit Thomas Dietrich sur le site d’information Le Media.

«Les incessants coups d’éclats et coups de com’ de Macron finissent comme autant de coups d’épées dans l’eau. Guerre en ukraine, proche-orient, Afrique… la France perd en influence sur tous les tableaux. Notre puissance moyenne est devenue une puissance médiocre, s’accrochant aux lambeaux de sa grandeur passée et reniant ses principes.» poursuit l’analyste.

«Macron semble mis de côté sur le grand échiquier du monde, et même dans son pré-carré africain, la France est aujourd’hui honnie par les populations locales ; nos soldats plient peu à peu bagages» écrit Le Media.

Des dizaines d’articles et d’analyses corroborent les propos de Thomas Dietrich sur l’isolement de Macron et de la France.

«Dans ce basculement du monde vers l’Asie, la France apparaît démunie.» affirme Marc Endeweld sur Le Monde Diplomatique. L’auteur décortique dans son analyse tous les échec de Macron depuis son élection :

  1. Sa stratégie indo-pacifique a donné lieu à l’humiliation de la France par le monde anglo-saxon.
  2. Sa gestion du dossier libyen et à force de gesticulations, il s’est lui-même isolé en Europe, divisant davantage le continent.
  3. Ses coups de com’ sur le dossier ukrainien sont un véritable camouflet. Russie et États-Unis imposent leur tempo diplomatique à la France et aux Européens.
  4. Son apposition à l’Allemagne sur la question de l’énergie, a révélé des divergences profondes et antagonismes économiques et stratégiques entre Paris et Berlin.
  5. Son appel à une défense européenne indépendante de l’Otan a tourné au ridicule par l’Allemagne qui se réarme unilatéralement et achète des avions F-35 aux États-Unis.
  6. L’intronisation par Macron du nouveau dirigeant tchadien contournant la constitution du pays a décrédibilisé tout la propagande française sur la démocratie vis-avis les autres pays de l’Afrique centrale et du Sahel.

Macron-Tebbounne, l’axe du mal

C’est un secret de polichinelle que Macron a financé sa campagne en Algérie. Une enquête de Off-Investigation ont documenté les origines de l’argent liquide venu d’Algérie qui était apparue au coeur de sa campagne de 2017.  « Macron, c’est un pote. Je lui ai filé 18 millions d’euros. » a déclaré Alexandre Djouhri. Le fils de ce dernier, Germain, est marié à la fille de l’oligarque russe Sergueï Niyzov.

L’enquête du média est arrivée à la conclusion que le président français aurait bénéficié, lors de son accession au pouvoir, du soutien discret d’un certain nombre d’oligarques algériens et d’intermédiaires utiles entre les deux pays historiquement liés aux gros bonnets de l’armée.

L’argent trouble du pouvoir algérien qui a permis au Président français de financer sa campagne explique cet étrange et inhabituelle complicité entre Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune.

« Nous avons une certaine complicité » avec le chef de l’Etat français, a déclaré le président algérien dans un entretien avec Le Figaro, dans son édition de vendredi 30 décembre.

« Je vois en lui l’incarnation d’une nouvelle génération qui peut sauver les relations entre nos deux pays. Nous avons une amitié réciproque. Certes, nous avons eu, lui comme moi, des formules malheureuses, mais c’est la première fois, me semble-t-il, qu’il y a une telle relation de confiance entre nos deux pays. » s’est félicité Tebboune.

Cette déclaration d’amour de Tebboune Et Macron est l’aboutissement «d’une opération de communication qui a été préparée, élaborée et peaufinée par Paris et Alger» révèle en exclusivité Maghreb Intelligence.

«Bien avant sa publication, cette interview a été préparée, relue et annotée par des conseillers diplomatiques du Quai d’Orsay à Paris et elle a fait l’objet de plusieurs échanges entre la DGSE, le renseignement extérieur français, et les services secrets algériens» précise la même source.

«C’est la première fois qu’un président algérien se plie à un exercice de communication qui lui a été proposé et préparé par des officines françaises dans le but de satisfaire un agenda commun aux deux pays, à savoir l’Algérie et la France» souligne Maghreb Intelligence.

A la lecture de l’interview et de son traitement médiatique, les intentions de Bernard Émié, patron des services de renseignements français la DGSE sont clairs :

  1. Arracher une forme d’alliance de circonstance entre Paris et Alger au sujet du Sahel et une position hostile de l’Algérie contre la présence des troupes russes de Wagner dans la région. ( lire l’article RFI : Milice Wagner au Sahel: de l’argent qui serait plus utile dans le développement, selon le président Tebboune.
  2. Jeter un os à l’opinion publique algérienne sur une supposée affirmation du colonisé face au colonisateur. ( lire l’article TV5 Monde : Abdelmadjid Tebboune : «La France doit se libérer de son complexe de colonisateur et l’Algérie, de son complexe de colonisé»
  3. Confirmer la naissance de l’axe Paris-Alger et la mort de l’axe Rabat-Paris. ( Lire l’article du Figaro : Macron et Tebboune pour une «nouvelle dynamique irréversible» entre la France et l’Algérie
  4. Préparer le terrain à la visite d’Abdelmadjid Tebboune à Paris au début de l’année 2023.  ( Lire l’article de Maghreb Intelligence : L’interview de Tebboune au Figaro relue et annotée par des conseillers français.
  5. Décrocher un soutien publique de l’Algérie à Macron plus que jamais isolé sur la scène international.
  6. Préparer un probable redéploiement de l’armée française au Maghreb et au Sahel.

L’interview du Figaro, journal particulièrement fidèle à la Macronie, a mis au grand jour l’insanité d’Abdelmajid Tebboun quand il a déclaré que « Les Algériens devraient avoir des visas de 132 ans ». Le président algérien confirme par cette ridicule déclaration que son pays est toujours sous occupation française.

Pour confirmer l’alignement de l’axe Paris-Alger contre Rabat, Tebboune aidé par les scripts de la DGSE n’ont pas raté l’occasion pour attaquer le Maroc en comparant l’invasion de la Russie en Ukraine au dossier de la Palestine et du Sahara Marocain.

Il est on ne peut plus clair que la France d’Emmanuel Macron a choisi son allié pour la région au dépend de son partenaire historique, le Maroc. Il est à noter, la véritable nation qui a affiché clairement et sérieusement son indépendance par rapport au diktat d’un jeune illuminé, tout en refusant de se prêter à servir, dans une attitude de soumission et de démission complaisante, un dessein destructeur.

«Comme souvent avec le président français, le théâtre est de mise», rappelle Marc Endeweld. Après les haussements de ton, les gesticulations, les coups de Com’, Macron se heurte systématiquement et sèchement à la dure réalité : « La France, une puissance moyenne est devenue une puissance médiocre, s’accrochant aux lambeaux de sa grandeur passée, reniant ses principes et tournant le dos à ses vrais alliés». 

«Akhannouch préféré des marocains», «Incendie Afriquia Gaz», «Attaque à Paris» : Un brutal retour à la réalité

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La trêve fut courte. Les Marocains étaient encore sur les nuages quand la triste réalité les a très vite rattrapé. Une réalité qui porte le nom de Aziz « Scoumoune » Akhannouch. Au lendemain de la réception royale historique et émouvante réservée aux Lions de l’Atlas et à leurs mamans, la gueule de bois fut sévère. Les images terribles de l’explosion spectaculaire de l’un des plus grands dépôts des GPL privés, propriété du milliardaire suscité, ont fait le tour du monde. Vingt quatre heures plus tard, Akhannouch reconnu pour être l’homme politique le plus impopulaire de l’histoire du Maroc moderne, se voit désigner personnalité préférée des marocains selon un curieux, pour ne pas dire honteux sondage du magazine TelQuel. L’attaque mortelle à Paris tuant trois étrangers assombrit davantage le tableau.

Le retour à la réalité est brutal. L’année 2023 s’annonce rude, très rude. Que Dieu nous couvre de sa Miséricorde.

Qu’est ce qui est le plus choquant ?

  1. L’explosion d’un important dépôt de la ressource la plus prisée au monde ces derniers mois, le gaz ?
  2. La conflagration de la réputation et l’honneur de l’un des supports de presse les plus respectés du Royaume ?

La réponse a cette interrogation est laissée à la discrétion de nos lecteurs. Toutefois, nous vous prions de noter que les murs ça se reconstruit, le gaz ça s’achète tandis que la crédibilité n’a pas de prix.

C’est officiel, le dernier magazine francophone papier indépendant, hérité des temps heureux, est officiellement tombé dans l’escarcelle du milliardaire Aziz Akhannouch.

Nous aurions dû nous méfier de cet interview exclusif donné, ce 16 décembre, par le Directeur de publication de TelQuel, depuis Washington D.C., s’il vous plait, au Chef du gouvernement qui participait au Sommet des dirigeants États-Unis–Afrique.

La proximité physique des deux hommes nous aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Mais nous avions tous les yeux, les oreilles, le coeur rivés au Qatar. Nous n’avons lu ni l’interview, ni même remarqué le voyage d’Akhannouch. Pire, le tweet «historique» de Biden citant le Chef du gouvernement est passé complètement inaperçu chez-nous au Maroc.

Le 22 juillet dernier, M. Reda Dalil nous avait pourtant gratifié d’un édito tonitruant réagissant à la campagne digitale contre le Chef du Gouvernement, sous le titre : Akhannouch doit-il dégager ?

Le Directeur de publication avait entamé son édito par une affirmation à l’extrême opposé du sondage qui va publier 5 mois plus trad.

«Comment passe-t-on du statut de ministre le plus apprécié du pays à celui d’un chef du gouvernement aussi impopulaire ? Le cas Akhannouch est une énigme» a-t-il écrit.

TelQuel a longtemps résisté aux chants des sirènes du milliardaire et de ses rabatteurs. Le magazine de Khalid El Hariri, nous gratifié des plus belles «Unes» sur l’amère réalité du gouvernement Akhannouch, aka son incompétence. Les dossiers étaient équilibrés, objectifs et sans agressivité aucune.

L’impopularité de Aziz Akhannouch a atteint des niveaux rares de l’histoire politique du Royaume. Au point que des chantes populaires le maudissant sont répétés dans les mariages dans le Maroc profond.

La chute de TelQuel est vertigineuse. Le retournement de veste est assumé. Le pseudo-sondage est une faute.

Comment TelQuel a pu écrire un énormité pareille : «Aziz Akhannouch l’âge d’or du RNI» ?

M. Reda Dalil devrait relire l’histoire politique du pays avant de publier de bêtises sponsorisées. Quid du RNI présidé par Ahmed Osman, gendre de feu Mohammed V et époux de leur SAR Lalla Nezha ?

De plus, placer dans sa Cour’ Akhannouch avec Regragui et Bourita, n’est-ce pas de la mauvaise fois ? TelQuel falsifie-t-elle la réalité et l’histoire en incrustant l’image de son sponsor au dépend de personnalités qui ont bien mérité le coeur des marocains?

Aziz Akhannouch se prépare pour le choc de 2023

Pour comprendre cette «OPA» de Aziz Akhannouch sur la dernière citadelle de la presse francophone indépendante, nous vous invitons à lire la monographie publiée par Africa Intelligence sur le milliardaire. Un papier publié le 16 décembre. Le jour même de l’inattendu entretien exclusif à Washington de TelQuel, et au lendemain de la visite de la cheffe de la Diplomatie française en visite au Maroc, Catherine Colonna.

Africa Intelligence, reconnu pour sa proximité avec la communauté des renseignements français, a effectué un «profiling» du «carré des fidèles» d’Akhannouch. Un cercle sur lequel ce dernier s’appuierait, selon le site d’information, pour remonter la pente après une première année désastreuse.

https://twitter.com/Africa_In_FR/status/1603652441035182085

La monographie d’Africa Intelligence nous n’apprend rien de nouveau, malgré son titre racoleur : «Le commando d’Aziz Akhannouch pour transformer la primature en véritable centre de pouvoir». Toutefois, le travail a le mérite de documenter l’entourage de la première fortune du pays et de commenter chaque membre de l’équipe Akhannouch avec une lecture bien française.

A commencer par cette étrange flatterie à l’endroit de l’ancien pigiste de Le Monde, Youssef Aït Akdim. Africa Intelligence lui donne le titre fallacieux de tête pensante de la campagne électorale d’Akhannouch. Oubliant de mentionner que le journaliste était responsable des plus grands scandales qui ont entaché cette campagne ainsi que d’évoquer le fait décisif de la victoire d’Akhannouch, qui sont les fonds illimités qui ont inondé la presse, Facebook puis les circonscriptions.

Selon Africa Intelligence, le carré des fidèles du Chef du Gouvernement est constitué de :

  1. Youssef Aït Akdim, conseiller en communication.
  2. Ichrak Moubsit, DG de la société de presse Caractères.
  3. Lamia Bouzbouz, nouvelle conseillère en communication.
  4. Wafae Jamali, Secrétaire générale du chef du gouvernement ( fidèle des fidèles ).
  5. Jalila Nasraoui, Directrice de cabinet.
  6.  Mustapha Baïtas, porte-parole du gouvernement et protégé d’Aziz Akhannouch.
  7. Younes Abchir, Chargé des affaires politiques.
  8.  Chafik el-Oudghiri, Directeur des relations avec le Parlement.
  9. Ghali Fassi-Fihri, Conseiller chargé du pôle Relance économique.
  10. Ghassane Benchekroun, Directeur financier Akwa.
  11. Brahim el-Mazned, Directeur artistique du Festival Timitar d’Agadir, Conseiller Culture.
  12. Abderrahman el-Andaloussi : ex Valyans, Chef du pôle Veille stratégique.
  13. Mohammed Elmeski, Conseiller Éducation.
  14. Othmane el-Harmouchi, Conseiller Santé.
  15. Jihane Markouch, Chef pôle Affaires juridiques.
  16. Boutaïna Falsy, en charge du dossier la protection sociale.
  17. Marwane Mansouri, en charge du dossier de l’eau.
  18. Mohammed Sadiki, Ministre de l’Agriculture.
  19. Fatim Zahra-Ammor, Ministre du Tourisme.
  20. Chakib Benmoussa, le ministre de l’éducation 
  21. Amina Benkhadra, DG de l’ONHYM.
  22. Jaouad Bahaji, directeur général de l’Office national du conseil agricole (ONCA) et maire RNI de Meknès.
  23. Karim Achengli, le président de la région du Souss Massa.

Curieusement Africa Intelligence n’a pas intégré Mohcine Jazouli dans le carré des fidèles, alors qu’il le qualifie d’ami d’Akhannouch et dans un autre papier daté de 2021 l’avait désigné «premier ministre bis». Le site proche des renseignements français estimerait-il que le ministre délégué chargé des investissements, ne survivrait-il pas à la guerre déclarée contre le Ministère de l’Intérieur ?

«Aziz Akhannouch est parvenu en novembre à arracher à Abdelouafi Laftit le contrôle des CRI, désormais sous la tutelle de son ami Mohcine Jazouli. Peu d’observateurs donnaient pourtant gagnant le ministre délégué chargé des investissements» nuance Africa Intelligence.

Récapitulons la situation Akhannouch :

  1. Contexte international économique et sécuritaire explosif.
  2. Contexte économique et social national très difficiles.
  3. Chantiers de reformes compliqués.
  4. Carré de fidèles constitués de cadres d’Akwa, de jeunes technocrate et de novices en politique.
  5. Incapacité avérée d’Akhannouch de communiquer ou de débattre.
  6. Impopularité record.
  7. Conflit d’intérêt dans la hausse spectaculaire des prix de l’énergie.
  8. Guerre déclarée contre L’intérieur.
  9. Guerre déclarée contre le PAM, premier parti de son alliance gouvernementale, au sujet du portefeuille de communication, la stratégie énergétique et le programme Forsa, entre autres.
  10. Refus de nomination de ministres délégués.
  11. Adversaires locaux et ennemies étrangers en embuscade.

Que fait Akhannouch pour affronter cette année charnière et toutes ces difficultés ?

Il tente tout simplement et uniquement de se protéger et redorer son image en réorganisant sa communication et en resserrant ses hommes de confiance.

Les réunions mensuelles de Ichrak Moubsit dans le fameux restaurant casablancais avec les journalistes n’ayant pas porté leurs fruits sur le long terme, Akhannouch ressort LaVie Economique et se paye TelQuel.

Incendie STOGAZ : Akhannouch responsable

Que l’origine de l’incendie qui a détruit le dépôt gazier de Mohammedia de Aziz Akhannouch soit accidentelle ou malveillante, l’alerte est à prendre au sérieux.

D’une part nous devons en ce temps de guerre mondiale protéger nos intérêts vitaux et nos installation sensibles. D’autre part, nous devons mettre fin à ce conflit d’intérêt du Chef du Gouvernement.

Peut-être si ce dernier n’avait pas abandonné à sa fille Soukayna Akhannouch la gestion exécutive de son empire Akwa, le dépôt de Mohammedia n’aurait pas brulé.

Quand les directeurs d’Akwa sont impliqués dans la gestion du parti de leur président et de la chefferie du gouvernement, qui veille au respect des mesures de sécurités des installations stratégiques du premier fournisseurs des hydrocarbures du Royaume ?

Nous avons besoin d’un Chef du Gouvernement qui a la tête claire et l’attention exclusive à la gestion de l’exécutif. Il est humainement impossible d’être à l’écoute du peuple quand on est phagocyté par les affaires.

Aziz Akhannouch est au centre de plusieurs incendies déclarés. Entre Bruxelles, Akwa, Laftit, Ouahbi, les affaires des marocains sont bâclés.

La France n’est plus un partenaire fiable

L’attaque raciste contre des Kurdes à Paris est la confirmation que ce pays est plus une source de déstabilisation de notre région qu’un pays partenaire cherchant paix et codéveloppement. Les attaques systématiques et injustifiées contre les minorités arabes et musulmanes sont devenus une politique d’Etat.

Preuve que l’administration Macron ne veut pas de relation saines avec le Royaume, c’est ce chantage médiatique ignoble de L’Elysée instrumentalisant la radio publique France Inter contre le Chef du Gouvernement, alors que la ministre des Affaires Etrangères françaises était en visite officielle à Rabat. D’une main, Macron nous lance l’os des visas, d’une autre main il lâches les chiens.

Nos lecteurs doivent être certains que le Maroc est en meilleure position que la France.

Ahmed Charai : «La victoire du Maroc c’est l’espoir d’un nouvel ordre mondial»

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Les victoires sensationnelles et retentissantes du Maroc contre les grandes puissances européennes que sont la Belgique, l’Espagne et le Portugal (match nul contre la Croatie) et la victoire contre le Canada, pays d’Amérique du Nord, ont non seulement marqué l’histoire, mais aussi confirmé l’ascension du Royaume Chérifien et de l’Afrique.

Les lions de l’Atlas ont jeté les bases du démantèlement du complexe d’infériorité, inspirant l’espoir pas uniquement aux africains et arabes mais également au reste du monde resté longtemps dans l’ombre de l’Europe.

«Si le système de la Coupe du Monde a fonctionné permettant à un outsider de gagner, d’autres systèmes mondiaux basés sur des règles transparentes peuvent également fonctionner» écrit Ahmed Charai, auteur d’un article paru dans la revue américaine The National Interest.

Le 12 décembre 2022, Ahmed Charai, éditorialiste et analyste géopolitique, a publié un article en anglais intitulé « La véritable signification de la victoire du Maroc en Coupe du monde de football » dans la revue américaine The National Interest. La publication est intervenue quelques jours après la qualification du Maroc à la demi-finale de la Coupe du Monde au Qatar suite à sa victoire sur le Portugal de la star mondiale et cinq fois ballon d’or Cristiano Ronaldo .

Tous les commentateurs du football estiment que cette Coupe du monde du Qatar est l’une des plus passionnantes de l’histoire récente. D’aucuns, de leur vivant, ont été témoin d’autant de surprises dans les phases de groupes, et au-delà de la Coupe du monde. Les outsiders africains et asiatiques ont rendu ce tournoi sportif planétaire particulièrement fascinant et captivant.

«Avec sa victoire sur le Portugal samedi, l’équipe du Maroc est devenue la première équipe africaine et arabe à se qualifier pour les demi-finales de la Coupe du monde. Au delà des statistiques, cette victoire a des implications culturelles et politiques à la fois pour les États-Unis et pour le monde entier, que les outsiders ne voient peut-être pas immédiatement», écrit M. Charaï en guise d’introduction.

En effet, le Maroc n’est pas seulement le tout premier pays africain à atteindre les demi-finales, c’est aussi la première équipe arabe à réaliser cet exploit, et ce sur les terres du premier pays arabe à accueillir la Coupe du monde. C’est pour dire à quel point le Maroc de Mohammed VI a marqué l’histoire avec ce tour de force.

Ahmed Charai rappelle dans son article la concomitance de l’exploit du Maroc avec une autre date fortement symbolique : «La victoire du Maroc survient également le jour de l’anniversaire d’un autre événement qui a permis de franchir des barrières. Il y a 52 ans, le Maroc est devenu le premier pays africain à participer à une Coupe du monde, qui était auparavant réservée aux équipes européennes et sud-américaines».

«Se sont des courants politiques et culturels qui font leur apparition» souligne-t-il.

L’ADN de l’équipe marocaine : «Une identité stratifiée, une appartenance plurielle et de la tolérance»

Outre les victoires sensationnelles du Maroc, se sont les personnalités singulières des joueurs marocains qui ont fait la joie des supporters et des téléspectateurs du monde entier.

«L’équipe marocaine compte de nombreux joueurs qui sont nés et ont grandi aux Pays-Bas, en France, en Belgique et dans d’autres pays européens», rappelle Ahmed Charai.

«Ils étaient les enfants d’immigrants. Leurs parents ont respecté la loi, ont travaillé dur et ont construit leur vie dans leur nouveau pays. Ils ont grandi en apprenant les valeurs du labeur, de la tolérance et, dans les écoles, en travaillant aux côtés de coéquipiers de différentes confessions et langues, qu’ils soient natifs ou nouveaux arrivants» poursuit-il.

M. Charaï informe le lectorat du «The National Interest» que ces nouvelles générations de Marocains Résidents à l’Etranger ont épousé les valeurs de leur pays de naissance sans pour autant se détacher de leur pays d’origine, le Maroc.

«À l’âge adulte, ces athlètes ont reconnu leurs liens familiaux avec la terre de leurs ancêtres, ce qui a permis aux Marocains de les accepter comme les leurs, mais ils n’ont pas ressenti le besoin de se prononcer contre les terres où ils résidaient légalement». a-t-il affirmé.

Pour l’analyste, l’alchimie entre les joueurs de l’équipe nationale marocaine, d’appartenance plurielle, qui a donné lieu à cet exploit historique est l’expression du succès du libéralisme et de la tolérance.

«Ce type d’identité stratifiée, teintée de tolérance, est de plus en plus courant sur les lieux de travail et dans les domaines d’activité de notre monde globalisé» explique-t-il.

Et d’ajouter « Nous acceptons que des acteurs clés puissent venir de n’importe où et s’unir au-delà des clivages culturels. C’est une chose qu’un consultant de haut vol de Boston reconnaisse ce fait, c’en est une autre qu’un ouvrier de l’automobile de Tanger ou un éleveur aux confins du Sahara l’accepte comme une hypothèse de base tacite. Pourtant, cela s’est produit. C’est une victoire importante et méconnue du libéralisme et de la tolérance».

Équilibre entre réussite individuelle et liens familiaux

Les photos de Hakimi, Boufal ou Bounou célébrant leurs succès avec leurs membres de familles ont fait le tour du monde. Des images qui ont marqué et attendri les mamans avant les papas, renforçant davantage la légende ce groupe de héros arabo-africains.

Cet aspect culturel de l’équipe du Maroc, qui s’est manifesté dans la manière respectueuse dont les familles sont traitées et représentées n’a pas échappé à l’éditorialiste. Qualifiant ce respect des parents de valeur universelle permettant d’établir un équilibre entre réussite individuelle et les liens familiaux.

«Les joueurs marocains ont voyagé à la Coupe du monde avec leurs parents, un fait répété sans cesse dans les médias marocains» a-t-il écrit.

Sur les réseaux sociaux, les parents des joueurs apparaissent souvent à l’arrière-plan et parfois au premier plan.

Soufiane Boufale célébrant avec sa maman la victoire contre le Portugal à Doha

«Le respect des parents était autrefois une valeur universelle, même si elle n’était pas toujours honorée chez les jeunes adultes. Aujourd’hui, a émergé l’idée que l’on ne peut s’épanouir pleinement que lorsque l’on éjecte ou que l’on rejette toutes les personnes de son passé» se désole M. Charaï.

Et de s’insurger : «C’est une erreur ! Cette victoire en Coupe du monde montre que même les stars peuvent trouver un équilibre entre réussite individuelle et liens familiaux. Les jeunes diplômés de l’université pourraient en prendre note».

La victoire du Maroc c’est l’espoir d’un nouvel ordre mondial

Le monde vit depuis 2008 au rythme de crises géoéconomiques et géopolitiques ébranlant l’ordre mondial unipolaire établi depuis la chute de l’Union soviétique.

Comme pendant les deux conflits mondiaux du vingtième, le football, le sport le plus populaire de la planète, trouve aujourd’hui un terrain favorable à son épanouissement.

Le Qatar, n’est pas seulement le pays organisateur de la Coupe du Monde 2022, il est aussi le premier exportateur mondial de gaz naturel. Une denrée rare qui a mis à genou toute l’Europe après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’une des stratégies visant à renforcer la position mondiale du Qatar et son soft power a été l’information et le sport. Une stratégie qui a porté ses fruits puisque le pays a été depuis la première guerre du Golfe au centre des transformations de la région arabo-muslumane.

Principaux risques géopolitiques – Source Kroll

L’organisation de l’un des plus grands événements sportifs du monde sur le sol d’un pays 27 fois plus petit que la Pologne est loin d’être une histoire de mégalomanie d’un cheikh. Cette Coupe du Monde pourrait constituer une distraction qui effacerait les inquiétudes nées de la guerre de l’Ukraine et de la Pandémie. Mais également un possible rééquilibrage de l’ordre mondial.

Au vu de ce contexte, ce qu’a produit le Maroc au cours de cette Coupe du Monde, en émotion et en joie ne peut être un fait anodin. C’est un marqueur d’histoire, particulièrement significatif pour les communautés africaines, arabes et musulmanes. Une invitation à une conception de l’avenir d’un monde en souffrance.

Le test de tout système fondé sur des règles est de savoir ce qui se passe lorsque les nouveaux venus gagnent

Ahmed Charai – The National Interest

Dans son analyse, Ahmed Charaï fait le rapprochement entre un évènement sportif érigé par des règles claires permettant aux outsiders de décrocher leur place et l’ordre mondial.

«La Coupe du monde révèle qu’un ordre international fondé sur des règles, s’appuyant sur de nombreux pays et cultures, peut réussir, même lorsque les favoris régionaux perdent» écrit subtilement M. Charaï.

Pour notre éditorialiste rien ne vaut qu’un système érigé par des règles claires et transparentes qui permet l’ascension des nouveaux venus.

«L’excellente équipe du Portugal a dû être stupéfaite. On dit que le légendaire joueur portugais Cristiano Ronaldo a pleuré. Pourtant, personne n’a contesté les règles ou le résultat. Le test de tout système fondé sur des règles est de savoir ce qui se passe lorsque les nouveaux venus gagnent» a-t-il affirmé.

Et d’ajouter toujours avec la même subtilité : «Nous constatons ici que le système a fonctionné et cela suggère que d’autres systèmes mondiaux basés sur des règles transparentes peuvent également fonctionner».

Un hymne à la paix

Jamais une victoire d’un pays à la coupe du Monde n’a rassemblé autant de populations hétérogènes. Ceci est le fruit de l’identité plurielle du Royaume, africaine, arabe, amazighe, méditerranéenne, son ouverture sur le monde et la paix spirituelle garanties et préservées par le Roi Mohammed VI.

Cet appel à la paix du modèle marocain partagé par le monde entier a interpellé M. Charaï. Pour l’illustrer, il a choisi de souligner la célébration des israéliens de l’exploit du Maroc.

«Après la victoire télévisée du Maroc, plusieurs israéliens d’origine marocaine ont envahi les rues en liesse, rejoints par de nombreux Israéliens n’ayant aucun lien avec le Maroc. Cela suggère que de nombreuses personnes éprouvent des sentiments plus chaleureux envers leurs voisins que ne l’imaginent les extrémistes» a-t-il écrit.

«Arabes et Juifs célébrant côte à côte, sans que personne ne le mette en scène pour les caméras du monde entier. Cela devrait nous donner l’espoir que les accords d’Abraham, qui ont permis à quatre nations arabes (dont le Maroc) de reconnaître diplomatiquement Israël, puissent aboutir» s’est-il félicité.

Ahmed Charaï conclut sa tribune par une célèbre citation d’Albert Camus, lauréat du prix Nobel de littérature : « Le peu de morale que je sais, je l’ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre qui resteront mes vraies universités »

Pour Albert Camus, le théâtre et le football sont vécus comme une véritable école de la vie où l’on apprend la nature humaine.

« La façon dont les gens jouent à des jeux révèle quelque chose sur leurs valeurs et leurs hypothèses. Dans le cas du Maroc, cela est révélateur de très bonnes choses » conclut M.Charaï.


M. Ahmed Charai est le Président-Directeur Général de Global Media Holding et Conseiller pour le Moyen-Orient aux États-Unis et à l’étranger. Il siège au conseil d’administration de nombreux groupes de réflexion et ONG, dont Atlantic Council, the International Center for Journalists, International Crisis Group, et le Jerusalem Institute for Strategy and Security. Ses articles sont parus dans des publications américaines et israéliennes de premier plan.

Violences au L’Boulevard : Une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la politique

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Bien-pensants, politiques, nantis, bobos.

Taisez-vous ! Honte à vous !

On vous a démasqué.

Ni guerres, ni inflation, ni cherté du carburant, ni crise de l’eau, ni détournement des deniers publics, ni enfants dans la rue ne vous émeuvent.

Mais, on vous entend criailler après le refus d’un visa Schengen, les petites phrases trash d’un rappeur…. et les photos des festivaliers en transe de L’Boulevard.

Les délits et incivilités commis par une minorité de jeunes, amplifiés par une presse racoleuse, vous ont-ils à ce point terrorisé? Vous, qui êtes barricadés dans vos villas et Compounds, Khoudenjal dans le sang, Ch’wa entre les dents, verre de vin blanc à la main, traits de coke dans le nez et passeports rouges dans la poche.

Votre premier réflexe est de vouloir chercher à se protéger à tout prix des fauteurs de troubles et de se replier sur votre groupe d’appartenance, votre famille idéologique, votre parti politique, votre clan, votre smala.

La violence destructrice, c’est celle que vous faites subir à des pans entiers de la population marocaine. Violence de votre hypocrisie, de votre mépris, de votre lâcheté. Violence à l’origine des inégalités, du chômage en masse et de la précarisation généralisée.

A défaut de politiques publiques fortes, le foot et les festivals dont L’boulevard restent les maigres et rares occasions pour notre jeunesse de s’évader du désespoir dans lequel vous les avez contraints de vivre.

Bien-pensants, politiques, nantis, bobos.

Betweenatna…

Vous aves surfé et survécu à la vague «Nayda» durant vingt ans.

Allez-vous survivre au Tsunami «Li Nayde» ?

Il était 18h15 quand on est arrivé ce vendredi devant les portes du stade R.U.C Rugby où se tenait, depuis une semaine, le Festival L’Boulevard. La file d’attente formée à l’extérieur du bâtiment était immense, longue de plus de 600 m.

Nous avons emprunté l’entrée presse. Double contrôle d’agents de sécurité. Badges et bracelets étaient obligatoires.

D’un coup, nous nous sommes senti vieux.

Jeunes filles et jeunes hommes de 13 à 25 ans, propres, calmes, sereins et heureux. Pas de hippies, pas de punks, pas de déguisements voyants ni de hordes de fumeurs avachis sur le sol.

Un jeune rappeur était sur scène. C’était sa première. 2000 à 3000 jeunes étaient captivés sur son flow.

Les 10.000 jeunes restants, étaient des promeneurs. Tels des figurants d’une brochure de l’éden dont rêve tout jeune urbain du 21ème siècle.

Plusieurs couples de jeunes gens s’entrelaçaient. Des mamans portant le foulard, accompagnaient leurs ados, courraient après leurs plus petits. De temps à autre, quelques souffles de la fleur de Ketama titillaient les narines. A gauche de la scène, des tentes de vendeurs de sodas et de sandwich servaient les plus affamés.

Je me retourne vers mon accompagnateur et je lui lance:

«C’est la première fois que j’assiste à L’Boulevard. Comment se fait-il que je ne sente aucune agressivité? Je ne vois aucun harcèlement de filles, souvent mineurs? Pourquoi sommes nous transparents, nous les vieux ?»

«Ils ne se sentent pas jugés» m’a-t-il répondu sans hésitation aucune.

C’était la liberté, ce coin. Un havre de paix… puis les footeux ont débarqué.

Des centaines de jeunes submergeaient le terrain en courant. Du déjà-vu ?

Oui, comme au stade d’Honneur quand les portes s’ouvraient subitement.

En une fraction de seconde, l’atmosphère a changé, devenant menaçant. Instinct de vieillards, nous quittâmes les lieux pour découvrir une foule encore plus grande. Une file qui s’étendait désormais à plus d’1 km.

Les agents de police sentaient la pression et devaient réagir à cet afflux inattendu. La pression était palpable sur le visages des pauvres agents.

Mon accompagnateur s’est inquiété. « Il est 19h10, Plus de 15.000 personnes sont à l’intérieur et le double attendent leur tour !».

Nous allons apprendre, moins de 2 heures après, que L’Boulevard qui fêtait ses vingts années, sera pour la première fois de son histoire, ce vendredi 30 septembre, le théâtre de violences, de vols et de dégradations.

«Je n’ai jamais vu ça» nous a confié Momo, cofondateur de L’Boulevard, que nous avons rencontré le lendemain dans les backstages du Festival.

« Ils n’étaient pas normaux ces fauteurs de troubles qui ont commis ces violences » nous a-t-il dit.

«Pour monter sur les structures de la scène, pour attaquer tout le monde avec des bars de fer qu’ils ont récupérer en démontant des tentes, il faut avaler quelque chose avant !» s’est-il indigné.

Il faut dire que les organisateurs, les artistes, la presse et les festivaliers ont vécu des moments d’horreur absolue.

Aux premiers mouvement des foules, les propriétaires du R.U.C vont verrouiller l’accès des artistes. Des dizaines de jeunes surexcités sont montés en haut des structures de la scène et ont tenté d’envahir les loges des artistes et l’espace presse.

D’autres ont pillé et agressé les festivaliers. Bilan final, pas moins de trente personnes blessées ont été transportées à l’hôpital.

Sur les réseaux sociaux une campagne anti-festival s’est mise en marche. Des allégations non fondées sur le viol d’une mineure est relayée par la presse. La DGSN publiera, lundi 2 octobre un démenti formel.

Les coupables sont tous trouvés : Toto le rappeur qui fait l’éloge du cannabis et L’Boulevard le festival des sataniques.

Du pain béni pour certains politiques qui veulent régler leur compte avec le ministre de la Jeunesse et de la Culture Mehdi Bensaid.

Du pain béni pour la bien-pensance et l’hypocrisie de leur discours sur la vertu.

Du pain béni pour les nantis et les bobos qui étaient en route pour un autre festival, l’aseptisé Moga Festival.

«L’Morphin», «Dollypran», ces opioïdes du Rap qui réveillent les consciences

Pour vous francophones. Pour vous qui n’avez pas eu le temps de lire la presse poubelle, les milliers de publications Facebook et les Fhamators de YouTube. Ce qui s’est passé ce vendredi est de l’ordre de la prise de conscience de la problématique jeune au Maroc.

1. Le Rap n’est plus une niche

Nous l’avons nous même constaté de visu. Comme par ailleurs dans le monde, le Rap/Hip-Hop est désormais le genre musical le plus écouté par les jeunes au Maroc. C’est le résultat de plusieurs facteurs.

Il faut reconnaitre le travail incroyable du L’Boulevard et ses promoteurs qui ont, grâce au programme «Tremplin», pu former et révéler des centaines de talents dans les musiques actuelles.

Les mouvements politiques nés avec le printemps arabes ont également fait du Rap le moyen d’expression privilégié d’un pan entier de la jeunesse. En raison de : son accessibilité (de par la faiblesse des barrières à l’entrée); la liberté de parole et du poids des tabous qu’il offre; l’évolution croissante de l’utilisation du digital, des réseaux sociaux et du streaming.

Le public marocain du Rap / Hip-Hop se compte par millions. C’est une faute de croire le contenir dans un stade fermé d’une capacité de 20.000 personnes. Il ne fallait que voir les scènes de Rabat, Tanger et Agadir de ce mois de septembre. Chacune a réuni pas moins de 100.000 jeunes survoltés.

2. Toto, L’Morphin, Dollypran, Mobydick : la Champions League du RAP

Ce que la presse racoleuse a omis de signaler, c’est que la programmation de ce vendredi 30 Octobre est équivalente à une programmation d’un tournois de football de très haut niveau. Aligner ElGrande Toto, Dollypran, Mobydick, L’Morphin, c’est comme si on réunissait dans la même soirée, le Wydad, le Raja, le MAS et l’AS FAR.

ElGrande Toto : 426 501 686 vues sur YouTube

Dollypran : 43 844 249 vues sur YouTube

Mobydick : 42 777 822 vues sur YouTube

L’Morphin : 27 541 417 vues sur YouTube

ElGrande Toto et Dollypran ont la réputation de ratisser large et d’avoir un public «Khasser», fougueux et écorché vif. Le premier, l’artiste le plus écouté au Maroc et dans le monde arabe sur Spotify, puise beaucoup dans le foot et les supporters du WAC.

Le second, s’adresse dans ces «tracks» à une population de jeunes urbains qui se retrouvent dans ses lyrics crus et trash décrivant la misère de leur quotidien entre chômage, hogra, drogue et cruauté de la société.

Mais celui qui a attiré le plus d’intention de la galaxie Rap marocaine est «L’Morphine». l’Ex M-Psy qui a fait sa première scène L’Boulevard, alors qu’il rappe depuis 1998. Lui qui a préféré une carrière artistique «Underground» s’est exposé pour la première à la vingtième du célèbre festival.

«L’Morphine jouit d’une aura particulière auprès de ses pairs. Comme s’il incarnait, à lui seul, un pan majeur de l’histoire du rap marocain.» ainsi l’ont décrit les organisateur de L’Boulevard.

L’Morphine fait partie des lyricistes les plus pointus et les plus prolifiques du pays (187 morceaux en tout à travers ses différents projets).

Enfin, Mobydick, le rappeur qui a suscité le débat en 2016 en acceptant d’être le visage du parti du PAM en réalisant un clip « Ana Bghit Teghyir ». Lequel clip visait le parti islamiste du PJD.

La présence de Mobydick a participé à l’envenimement de l’atmosphère de la fameuse soirée du L’Boulevard. Tout était prétexte ce vendredi à la violence, le rappeur a été hué et aurait reçu des projectiles du fait qu’il soit de Rabat.

L’hypocrisie de la bien-pensance, le machiavélisme des politiques, la couardise des nantis

La bien-pensance au Maroc est partout. Les discours hypocrites, culpabilisants et moralisateurs inondent les médias classiques et sociaux.

«L’Boulevard» a, depuis vingt-ans, été le punching-ball, le prétexte, le souffre douleur d’une société malade, d’un paysage politique stérile et d’une bourgeoisie affairiste, cupide et étouffante.

Le festival est l’occasion annuelle des politiques et médias de viser soit le plus large électorat, soit le plus vaste audimat. Les maitres mots sont décadence, comportement licencieux et dévergondage.

Cette année, après deux années d’absence en raison du Covid, ElGrande Toto leur a offert le meilleur prétexte sur un plateau d’or en parlant de la consommation du cannabis dans une conférence de presse à quelques jours du festival.

Les déclarations du rappeur ont valu au jeune ministre Mehdi Bensaid une campagne de lynchage en règle. La bien-pensance s’est mise en ordre de bataille pour dénoncer les propos «les propos décadents» de Toto.

Une semaine après, l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) a procédé à la délivrance de dix autorisations d’exercice des activités de transformation et de fabrication du cannabis.

Loin de nous d’encenser les fauteurs de troubles ou de justifier leur violence. Car cela pourrait provoquer une réaction générant de la haine et de l’incompréhension. Toutefois, pour pouvoir vivre ensemble, pour pouvoir sauver notre jeunesse, il est primordial de faire connaître les logiques réciproques et contradictoires et d’écouter les émotions de nos jeunes et dépasser les jugements péremptoires, définitifs et généralisants.

Contrairement à ce que peut faire entendre quelques voix des deux camps, les institutions sécuritaires sont beaucoup plus ouvertes à l’évolution de notre société. Au moment nous souffrons d’une absence de prise de conscience collective, l’école n’apporte pas à cette jeunesse confiance en elle et en l’avenir et le gouvernement n’apporte pas non plus les réponses adaptées à un public en grande difficulté matérielle et psychologique.

La violence est un révélateur de nos dysfonctionnements sociaux et institutionnels. Ce qui s’est passé à L’Boulevard est une opportunité pour écouter ce que nous ont dit nos jeunes, sur leurs besoins insatisfaits et sur notre difficulté à prendre responsabilité.

Maroc-Israël : Le «Faklore» c’est fini !

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David Govrin is done ! A l’ère #MeToo, encore plus qu’hier, on se relève rarement d’une accusation de harcèlement sexuel. Le diplomate clame pourtant son innocence et se morfond dans le déni, refusant la réalité d’être lui-même responsable, à coups de maladresses, de sa propre fin. On le voit presque marmonner et écrire avec son doigt ensanglanté «Chama, m’a tuer».

Si Govrin a été mis au chômage technique, les relations maroco-israéliennes, les vraies, se sont au contraire davantage affirmées, décomplexées et assumées. La présence de l’Inspecteur général des FAR, Belkhir El Farouk, à Tel Aviv concomitamment avec la «désactivation» de Govrin est forte de symboles mais loin d’être une rupture. La coopération militaire et de renseignement entre le Maroc et Israël, datant des années cinquante a toujours été la règle, au moment où la coopération diplomatique n’a été qu’exception. Dans un monde au bord de l’implosion, il n’y a plus de place au folklore, encore moins au «fake folklore» dont David Govrin en a été l’illustre ambassadeur.

Attribuer la chute fracassante de David Govrin à l’inclassable Chama Darchoul, c’est lui conférer un pouvoir qu’elle n’a pas. L’ancienne et la première «PR» du chef de la mission diplomatique israélienne au Maroc a pourtant menacé, décembre 2021 dans une série de publications sur Facebook, de «tuer l’ambassadeur», son ancien client. Un précédent dans l’histoire de la diplomatie marocaine que nous avons révélé sur les colonnes de le1.ma (Gossip et crêpage de chignon éclaboussent David Govrin).

Si la sulfureuse Mme Darchoul a supprimé depuis, ses publications menaçantes, elle n’a pas pour autant arrêté ses attaques contre le diplomate israélien et contre son véritable adversaire, celui qu’elle qualifie de «lobby des hommes d’affaires».

Ses discours doctrinaux abrupts et ses prises de position tranchées au sujet de la portée stratégique de l’alliance maroco-israélienne, ne sont que l’expression d’une guerre d’influence que se sont livrés une pléthore de protagonistes au lendemain de l’audience accordée par le Roi Mohammed VI à Jared Kushner, durant le ramadan 2019.

En effet, contrairement à l’analyse réductrice de notre influenceuse politique, ce n’est pas une affaire de lutte entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre les «Abraham Accords». C’est une affaire d’Etat, avec des intérêts immédiats à court terme et des intérêts stratégiques à long terme. Ce sont également des acteurs multiples connus et d’autres invisibles jouant leurs partitions sous la conduite d’un seul, unique et intemporel chef d’orchestre.

Dans le camp des favorables aux «Abraham Accords», Mme Darchoul met dans le même panier, Nasser Bourita, Abu Dhabi et le «lobby des hommes d’affaire». Un axe de mal qui, selon elle, agit contre les intérêts du Maroc.

En réalité, Rabat a toujours gardé la main sur le tempo de sa relation diplomatique avec Tel Aviv. Rappelons-nous comment le Roi Mohammed VI a résisté aux pressions de Benjamin Netanyahu, qui a tout essayé pour décrocher une audience. Comment le souverain a fait en sorte à ce que Jared Kushner fasse de Rabat, le point de chute des négociations de paix. Et avec quelle retenue a-t-il géré les sollicitations du très fragile gouvernement Bennett-Lapid.

Et à l’image de sa stratégie avec les américains en 2014, le souverain a imposé à Israël une relation imperméable à son jeu politique interne. Mais également, hors de portée des empoignades entre les juifs marocains installés au Maroc, les juifs marocains du monde et autres israéliens séfarades et ashkénazes.

Clap de fin royal au «Faklore» de la mission israélienne au Maroc

Le discours du Roi Mohammed VI, du 20 août dernier, est tombé comme un couperet sur la tête des membres de la mission israélienne à Rabat.

En effet, ce discours a été qualifié par l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux de «rupture diplomatique» concernant la clarification des relations entre le Maroc et ses alliés.

Le Souverain a appelé les pays partenaires du Maroc à «clarifier» leur position sur la question du Sahara et à le soutenir «sans aucune équivoque».

«Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit», a-t-il déclaré dans son discours à l’occasion de la fête dite de la Révolution du roi et du peuple.

«S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque», a averti le souverain.

Plus place donc aux diplomates de parade à l’image de David Govrin et Hélène Le Gal. D’aucuns n’oublierait les déclarations du Chef de mission israélien à l’agence espagnole EFE, affirmant que «les séparatistes du Polisario seraient une partie concernée par le dossier du Sahara avec laquelle le Royaume devait négocier».

David Govrin n’a finalement rien compris de la particularité du Royaume et de la portée de l’affluent hébraïque dans l’identité et de la culture marocaine. Ces errements à répétition ont toujours donné l’impression que le diplomate sort directement d’un épisode du célèbre feuilleton égyptien, Raafat Al-Haggan.

Emberlificoté par le passif de ses expériences jordanienne et égyptienne, submergé par les opportunistes et les intermédiaires, déboussolé par la fragilité de son gouvernement, David Govrin, n’a réussi aucune action palpable, aucun réel rapprochement économique, ni assumé aucune prise de position courageuse.

Il a investit son temps dans le folklore diplomatique, sans vraiment y croire. Instituant ainsi une nouvelle pratique dans la gestion des relations étrangères le « Fake folklore», le «Faklore».

Imbroglio sur la représentativité des israéliens au Maroc

En dehors de quelques formations politiques d’extrême gauche et autres d’obédience islamiste, les marocains ont bien assimilé le pragmatisme de la décision du Chef de l’Etat de la normalisation des relations avec Israël. Si la majorité y voient un gage supplémentaire pour la stabilité du pays, d’autres une opportunité de faire des affaires et de gagner de l’argent.

Ainsi, au lendemain de la signature de l’Accord tripartite Maroc-USA-Israël, plusieurs centaines de courriers de tout genre (évènements, voyages, business plan, partenariat,…) ont submergé les bureaux d’ordres des ministères notamment celui de Nasser Bourita.

Malheureusement, les initiatives sérieuses ont vite été noyées sous le flot des vagues de sollicitations d’intermédiaires opportunistes. En quelques semaines seulement, les critiques et les déceptions se sont enchainées, révélant au grand jour la stérilité de la mission israélienne, l’impéritie de la CGEM, l’hébétude de nos hommes d’affaires et la flétrissure de la vielle garde du judaïsme marocain.

L’exemple de la Chambre de Commerce et d’Industrie Maroc-Israël, CCIM, est édifiant. En presque une année d’existence, aucune seule action concrète n’a vu le jour. Pire, les membres de la Chambre vont découvrir que l’ambition de leur président Saïd Benryane, s’est arrêtée à un salaire mensuel de 30.000 dh.

«Un véritable scandal» nous a confié un proche du dossier. «De plus, Benryane ne rate aucune occasion pour « descendre » Nasser Bourita en public», a-t-il renchérit.

Un ancien ambassadeur qui dénigre le Chef de diplomatie de son pays, bravo la crédibilité.

Par ailleurs, face aux tergiversations de David Govrin, à sa diplomatie folklorique et la disqualification des organisations telles la CGEM et la CCIM, la prudence a vite gagné l’action des institutions officielles marocaines.

Au moment où la communication entre les organisations de défense et de renseignement s’est fluidifiée et intensifiée, celle entre les acteurs économiques s’est presque arrêtée. D’une part, les israéliens ne trouvent presque plus d’interlocuteur marocain disponible ou crédible. D’autre part, le couple Azoulay/Berdugo ont décidé de fermer la porte à tous les nouveaux venus, surtout ceux d’origine marocaine.

Aujourd’hui, la question de la représentativité des israéliens au Maroc est devenue un frein pour le processus de normalisation. A-t-on toujours besoin du tutorat d’André Azoulay et de Serge Berdugo ? Devons-nous privilégier les israéliens d’origine marocaine ? N’avons-nous pas à gagner en s’ouvrant aux autres décideurs et hommes d’affaires israéliens non marocains et non séfarades ?

Outre les enjeux politiques et d’influence évidents, les enjeux économiques sont aussi importants dans cette guéguerre fratricide. Rien que le business de la Cacheroute aiguise les appétits et suscite les velléités bouillonnantes d’une nouvelle génération d’israéliens ambitieux, fortunés et très pressés.

N’en déplaise aux sceptiques, cette situation semble être traitée avec discernement et clairvoyance au plus haut niveau de l’état.

Le 13 juillet dernier, le Roi Mohammed VI a décidé lors d’un Conseil des ministres, le renforcement du dispositif légal encadrant les institutions organisant la communauté juive marocaine par le biais de trois instances :

  1. Le Conseil national de la communauté juive marocaine
  2. La Commission des Juifs marocains de l’étranger
  3. La Fondation du judaïsme marocain.

Les FAR et la galaxie OCP : Coopération militaire et scientifique

La coopération militaire entre le Maroc et Israël a connu son apogée ce mois de septembre avec la participation, sur instructions du roi Mohammed VI, de l’Inspecteur général des Forces Armées Royales, Belkhir El Farouk, à la 1re Conférence internationale sur l’innovation de Défense «CII» à Tel Aviv.

https://twitter.com/ItayBlumental/status/1569561876765483009

Une visite sans précédent qui survient quelques semaines après le déplacement au Maroc du ministre de la Défense israélien Benny Gantz, suivi par la visite officielle du chef de Tsahal, Aviv Kochavi.

Quelques jours après le déplacement du Général El Farouk en Israël, les médias de l’Etat hébreu ont révélé les détails de l’acquisition par le Maroc d’au moins 150 drones à la société israélienne BlueBird Aero Systems. L’objectif est de soutenir diverses missions militaires et de renforcer les capacités de défense aérienne du Maroc.

Il s’agit des drones à décollage et atterrissage verticaux (VTOL) WanderB et ThunderB qui effectueront des missions de reconnaissance, de surveillance, de défense aérienne et d’urgence.

Bien que la valeur totale de l’accord n’ait pas été divulguée, des sources médiatiques ont déclaré qu’elle atteignait «des dizaines de millions de dollars».

L’intérêt de ce «deal» est qu’une partie des systèmes sans pilote serait construite au Maroc.

Par ailleurs, l’Université Mohammed VI Polytechnique et son bras d’investissement UM6P Ventures sont à ce jour les seuls organisations marocaines non militaires à avoir concrétisé des affaires avec Israël.

Lors de la 5ème édition de «Les Impériales», Yasser Biaz, président de UM6P Ventures a déclaré que son fonds a investit dans une startup israélienne spécialisée dan l’Agritech.

Alors que ce jeudi, Hicham El Habti, Président de l’UM6P était à Tel-Aviv pour signer un accord bilatéral de coopération énergétique entre Israël et le Maroc.

Dans le cadre de cet accord, des recherches bilatérales conjointes seront menées dans des domaines tels que les batteries rechargeables, le recyclage, l’énergie solaire et l’économie de l’hydrogène, ainsi que la résolution du défi majeur que représente pour le Maroc le stockage et le transport de son énergie vers les pays voisins tels que l’Espagne.

Ahmed Charaï : La démocratie est le legs le plus précieux de la reine Elizabeth II à notre civilisation

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La reine Elizabeth II s’est éteinte jeudi 8 septembre en Écosse, à l’âge de 96 ans. Les hommages se sont succédés depuis, pour saluer la mémoire de cette reine qui aura marqué l’histoire. Chez nous, rares sont les personnalités marocaines qui se sont attelées à cet exercice sans tomber dans l’emphase ou la réthorique plébéienne.

Ahmed Charaï sort du lot avec une tribune publiée sur The National Interest, sous le prisme, de la géopolitique, la souveraineté et la démocratie. L’éditorialiste explique comment le legs le plus précieux de la reine Elizabeth à notre civilisation a été la démocratie. Une démocratie qui n’a jamais été autant menacée, l’ordre et le droit internationaux jamais autant mis en péril.

«La démocratie est le cadeau exceptionnel et unique de la Grande-Bretagne à notre monde. Elle mérite d’être préservée» a écrit M. Charaï.

Ci-après le texte intégral de cette analyse publié ce prestigieux magazine américain, sous le titre : « En mémoire de la dernière leçon de la reine Elizabeth II ».

Le cercueil du plus ancien monarque du Royaume-Uni a quitté aujourd’hui son château bien-aimé de Balmoral et a entamé son long voyage vers Londres. Tout au long du trajet, des milliers de personnes assisteront à la dernière procession de la reine Elizabeth II.

Leur chagrin spontané est réel, tout comme la douleur de la fin d’une ère.

Comme le monde entier le constate aujourd’hui, le peuple britannique est émotionnellement lié à sa reine, qui était une constante en des temps turbulents. Elle était la seule chose qui n’a pas bougé des années 1950 à aujourd’hui, et des millions de personnes ont trouvé cette constance réconfortante.

La mort de la reine n’est pas seulement importante pour les Britanniques, mais pour le monde entier.

Ahmed charaï – the national interest

La mort de la reine n’est pas seulement importante pour les Britanniques, mais pour le monde entier. Elle a supervisé la transition pacifique de l’empire au Commonwealth, libérant près d’un quart de la planète de la domination britannique. Aucun autre empire dans l’histoire ne s’est jamais dissous sans guerre civile, invasion ou effondrement financier. Plus d’un tiers de la population mondiale doit sa liberté à une femme qui a relevé l’un des plus grands défis de l’histoire.

À sa naissance, elle n’était même pas en lice pour la couronne, qui était portée par le frère de son père et devait revenir à ses enfants. Pourtant, une série d’événements improbables, dont une abdication historique, la propulse sur le trône en 1952. Elle aurait pu se contenter de présider des événements ritualisés et de profiter de ses châteaux et de ses pavillons de chasse. Mais elle ne l’a pas fait. Elle est devenue la plus grande ambassadrice de la Grande-Bretagne, gagnant la sympathie des côtes africaines et des îles du Pacifique. Elle a apporté la constance qui a rendu le changement possible, pour mettre fin à l’Empire britannique d’une manière différente de celle des empires français, néerlandais ou espagnol – avec la paix, le libre-échange et le maintien (dans de nombreux endroits) de la common law anglaise ( Jurisprudence anglaise ).

Aucun autre empire dans l’histoire ne s’est jamais dissous sans guerre civile, invasion ou effondrement financier

Ahmed charaï – the national interest

Son héritage comprend également un triomphe qui semblait impossible dans les années 1960 et 1970, le sauvetage de l’institution de la monarchie elle-même. À l’époque, les classes instruites considéraient la couronne comme une relique médiévale et débattaient ouvertement de sa disparition. Elles ont été étonnées, en juin 1977, lors du jubilé d’argent de la reine, par les grandes foules et les défilés qui ont été spontanément organisés dans toute la Grande-Bretagne et, plus surprenant, dans tout le Commonwealth. La reine bénéficiait d’un énorme soutien émotionnel, ont-ils appris. Finalement, toutes les discussions sur la fin de la monarchie se sont estompées.

La Grande-Bretagne est la plus ancienne démocratie du monde à fonctionner sans interruption. Elle n’a pas de constitution écrite mais des règles immuables qui ont peu changé au cours des siècles. La monarchie n’a pas de pouvoir exécutif, mais le Souverain incarne la Nation. Ce pouvoir symbolique peut avoir des répercussions sur le monde réel.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le soutien affiché du roi George au Premier ministre Winston Churchill et ses appels répétés à la résistance contre le nazisme ont façonné l’image indélébile de ce peuple vaillant, qui a affronté la barbarie seul et pendant des années. La reine Élisabeth II a fait preuve de la même constance et de la même efficacité.

L’héritage de la reine Elizabeth comprend également un triomphe qui semblait impossible dans les années 1960 et 1970, le sauvetage de l’institution de la monarchie elle-même

Ahmed Charaï – the national interest

Ces règles immuables reposent sur des traditions fortes qui, loin d’être folkloriques, donnent un sens à la monarchie. Ainsi, lorsque le Conseil du Trône proclame Charles III, roi d’Angleterre, c’est plus qu’un cérémonial. C’est la signature d’un contrat entre le souverain et le gouverné. Le souverain prête serment sur les engagements, qui sont les siens par tradition. Il protégera l’Église en tant que chef de la Communion anglicane, une union mondiale de croyants qui constitue le deuxième groupe le plus important du christianisme. Il maintiendra l’unité de la nation et, par-dessus tout, il s’engage à la servir toute sa vie. Il ne fait aucun doute qu’Elizabeth II a pris son serment au sérieux et son héritage repose sur cette simple vérité.

Elizabeth II a chéri la démocratie et rappelé à ses sujets sa valeur incomparable

Ahmed Charaï – The national interest

La reine avait également des leçons essentielles à donner. Élisabeth II est le dernier chef d’État à avoir connu la Seconde Guerre mondiale et ses atrocités. Lorsqu’Elizabeth est montée sur le trône, l’Union soviétique était sous la férule de Joseph Staline et la Chine était dirigée par Mao Zedong. Tout cela lui a appris où mène toujours la dictature, à la misère pour la majorité. Elle l’a vu de ses propres yeux.

Elle a donc chéri la démocratie et rappelé à ses sujets sa valeur incomparable.

La démocratie doit être constamment défendue, comme le montre l’invasion russe en Ukraine. Elle est fragile et, pour ses ennemis, elle semble souvent divisée, faible et peu sûre d’elle-même.

Et c’est là la dernière leçon d’Elizabeth II, la plus universelle : l’Occident doit retrouver sa foi en lui-même, comme la reine n’a jamais manqué de le faire, et en la démocratie elle-même. C’est pour cela que les Ukrainiens se battent et meurent. La démocratie est le cadeau unique de la Grande-Bretagne à notre monde. Elle mérite d’être préservée.


M. Ahmed Charai est le président-directeur général d’un groupe de médias et conseiller pour le Moyen-Orient aux États-Unis et à l’étranger. Il siège au conseil d’administration de nombreux groupes de réflexion et ONG, dont Atlantic Council, the International Center for Journalists, International Crisis Group, et le Jerusalem Institute for Strategy and Security. Ses articles sont parus dans des publications américaines et israéliennes de premier plan.

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