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Tournée royale dans le Golfe : Vers un réchauffement des relations avec l’Arabie Saoudite

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Si la situation dans le monde arabe sera certainement au centre de la tournée qu’effectuera le roi Mohammed VI dans le Golfe, la qualité des relations bilatérales sera aussi à l’ordre du jour, surtout avec l’Arabie Saoudite, leader des monarchies pétrolières. Si les signes d’un réchauffement sont là, il restera à la diplomatie marocaine de définir les limites sur lesquelles le Royaume sera intraitable.

La lune de fiel entre le Maroc et l’Arabie Saoudite approche-t-elle de sa fin ? Tous les signes avant-coureurs d’un réchauffement des relations bilatérales sont là. A commencer par le message royal envoyé le 10 avril à Salmane ben Abdelaziz, par le biais du Chef de la diplomatie, Nasser Bourita, par le changement de ton des médias inféodés au royaume wahhabite et par la visite de Turki Al Alshikh et son geste envers le Roi du Maroc. Last but not least, le Souverain devrait visiter l’Arabie saoudite le 24 avril après un ballet diplomatique entre Riyad et Rabat où il devrait rencontrer le roi Salmane et son prince héritier controversé et accomplir la Omra. Au menu des discussions devraient figurer les relations bilatérales et les « dernières évolutions régionales, notamment en Libye ».

Volte-face spectaculaire de Turki Al Alshikh

Depuis plusieurs mois, un coup de froid a frappé les relations entre le Maroc et l’Arabie Saoudite. Certaines erreurs commises par cette dernière ne sont pas passées comme une lettre à la poste, surtout la guerre froide, par médias interposés. Le Maroc n’entend pas suivre aveuglément le royaume wahhabite dans tous élans interventionnistes et hégémoniques que ce soit au Golfe, au Moyen-Orient, en Afrique ou en Libye. Et si l’Arabie Saoudite ne voit pas d’un bon œil l’excellence des relations du Maroc avec le Qatar et la Jordanie, elle devra s’en accommoder.

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Le 16 avril dernier, le président de l’Union arabe de football et de l’Autorité de divertissement saoudienne, Turki Al Alshikh a été reçu par le Roi. Au cours de sa visite, Alshikh a annoncé que l’Arabie saoudite a décidé de rebaptiser la prochaine édition de la Coupe arabe des clubs 2022 du nom du roi Mohammed VI. Cerise sur le gâteau, la finale de la coupe se jouera à Rabat. Cet homme qui n’a cessé de narguer le Maroc aurait-mis de l’eau dans son vin ?

Rappelons qu’il a voté contre la candidature marocaine à la Coupe du monde 2026 et entraîné sept pays arabes dans son sillage, qu’il a publié une carte du Maroc, tronquée de son Sahara et qu’il a fait plusieurs déclarations pour le moins hostiles au Maroc.

L’axe Rabat-Amman se consolide

Selon des sources bien informées, le roi Mohammed VI se rendrait après Riyadh à Amman pour une visite officielle qui verrait la signature de plusieurs accords de coopération. Une visite qui survient à moins d’un mois de celle qu’a accompli le roi Abdallah II à l’invitation du roi Mohammed VI.

Le Roi Mohammed VI, accompagné du Prince Héritier Moulay El Hassan et du Prince Moulay Rachid, recevant, jeudi 28 mars 2019, au déjeuner à la Résidence Royale à Anfa le Roi Abdallah II de Jordanie

La Jordanie qui, à l’image du Maroc, s’active à se préserver des manoeuvres géopolitiques qui mettent en équation l’unité des pays arabes et musulmans ainsi que la cause palestinienne, souffre d’une crise économique sévère. Une situation qui s’est aggravée par le coût de la guerre en Syrie et la suspension des aides de ses alliés historiques. Si cette visite du roi du Maroc en Jordanie, se confirme, c’est un axe géostratégique important qui est entrain de se consolider qui apporterait sagesse et équilibre à une communauté arabo-musulmane plus que jamais divisée.

Mettre des gardes fous au duo Emirats-Arabie Saoudite


De part ses position, il est clair que le Maroc cherche à garder les relations bilatérales au beau fixe, sans se laisser entraîner dans des aventures risquées comme ce fut le cas au Yémen. Ce n’est pas un hasard s’il a pris ses distances avec le commandement saoudien. En outre, le duo Emirats-Arabie Saoudite essaie de développer son influence en Afrique et au Maghreb, quitte à soutenir des juntes militaires pour prendre le pouvoir. Cette forme de diktat saupoudrée d’ingérence dans les affaires internes ne plaît pas beaucoup à Rabat. Maintenant, la question est de savoir si la tournée du Roi Mohammed VI dans le Golfe va permettre de bien tracer les limites de cette amitié avec les monarchies du Golfe, au risque de voir les dons financiers promis par elles, traîner en long et en large ?

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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