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Portrait Posthume de Karim Lamrani 1919-2018. Parcours hors du commun d’un homme de caractère

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Le 1er mai 2019, Mohamed Karim Lamrani, grand icône du capital marocain et grand homme politique, éteint le 19 septembre 2018 à l’âge de 99 ans, aurait eu 100 ans. Une occasion de rendre un hommage posthume à cette figure emblématique du règne du défunt Hassan II, à son parcours, à son caractère et à sa grande discrétion.

Le Prince Moulay Rachid présent aux funérailles de Mohammed Karim Lamrani

Self made man, tenace, organisé, charismatique, travailleur…, les qualificatifs ne manquent pas quand il s’agit de décrire Mohamed Karim Lamrani. Ceux qui ont servi sous ses ordres dans le privé, dans le public ou au sein du gouvernement gardent de lui le souvenir d’un homme qui sait choisir ses collaborateurs et qui sait les faire travailler. Premier à arriver au bureau et dernier à le quitter, Mohamed Karim Lamrani ne laissait traîner sur son bureau aucun dossier, n’aimant pas laisser en suspens demain, ce qui pouvait être fait aujourd’hui.

Premiers pas à Fès

Né à Fès en 1919, il entamera son cursus scolaire dans sa ville natale, mais le jeune Lamrani est plus attiré par le commerce et les affaires. Son oncle, qui l’a élevé, après la fin du collège, décide de lui ouvrir une boutique pour vendre des postes radio à Bab Boujloud. Il fera évoluer son business et fructifier ses affaires au fil ans, jusqu’au jour où il décidera de quitter Fès pour Casablanca, la capitale économique. Agé de 37 ans à cette époque, il s’avèrera redoutable en affaires et continuera à les voir fleurir. Dans ce Maroc indépendant, il commencera à fréquenter les grands noms du capitalisme et de la politique.

Le nouvel homme fort de l’OCP

Après l’indépendance du Maroc, il fera partie du comité chargé de l’évaluation des sociétés privatisables. Abderrahim Bouabid, alors ministre de l’Economie, cherchait à l’époque des cadres marocains aptes à prendre en main la gestion de l’OCP, assurée jusqu’ici par des Français. Mohamed Karim Lamrani intègre l’OCP en tant que secrétaire général sous les ordres de Jacques André Bondon, le dernier patron français de l’office. Il gardera son poste sous le mandat de M’hamed Zghari, premier directeur marocain de l’OCP avant de lui succéder en 1967. Un poste qu’il occupera jusqu’en 1990. Mourad Chérif, ex directeur de l’OCP et ex-ministre, garde lui le souvenir d’un « fonceur, un développeur ». L’OCP lui doit beaucoup.

Un homme tenace qui a tenu contre vents et marées

Charismatique, chaleureux, cordiale, il n’en est pas moins un rude homme d’affaires. C’est durant ses mandats que l’OCP se lance dans la valorisation de la roche de phosphate en investissant dans une unité de production à Jorf Lasfar. Si les résistances ne manquaient pas, l’homme « a porté ce projet contre vents et marées. OCP lui doit beaucoup », se rappelle Mourad Cherif. Ce dernier profitera de ses conseils quand il sera appelé à prendre les commandes de l’office. Des présidents qui se sont succédé après Karim Lamrani, seul Mostafa Terrab a pu faire une rupture totale dans les modèles opérationnels et industriels de l’office, jugée nécessaire pour arracher le leadership mondial.

Le joker politique du défunt Hassan II

L’entrée de Mohamed Karim Lamrani à l’OCP lui a permis du même coup de faire son entrée dans le monde politique. En août 1971, après le coup d’Etat de Skhirat, Hassan II le nomme Premier ministre. Il coiffera le gouvernement pendant un an et trois mois avant de céder la place à Ahmed Osman. Au cours de sa carrière politique, Mohamed Karim Lamrani a été premier ministre deux autres fois entre 1983 et 1986 et entre 1992 et 1994. Dans sa gestion des affaires publiques, il fera preuve de pragmatisme et d’efficacité, tout en gardant une atmosphère de travail décontractée et jovial. « Ce qui m’a marqué le plus, c’est qu’il était jovial et travaillait dans la décontraction mais en même temps très efficace », se remémore l’ex-ministre, Mohamed Hassad. Infatigable, les membres du cabinet savaient « quand le conseil du gouvernement commençait mais jamais quand il allait se terminer », confie Mourad Cherif. Très proche de feu Hassan II, dont il était l’homme de confiance et aussi joker politique, celui des situations difficiles comme celle de l’ajustement structurel, Mohamed Karim Lamrani après une grande carrière d’homme d’Etat puissant, a préféré d’opter pour la discrétion après avoir quitté la politique. Durant sa carrière, il a su développer ses affaires en donnant naissance à plusieurs entités. Son groupe compte aujourd’hui plusieurs fleurons de l’économie nationale comme Safari, Magrex, Sofacal, Somafco, Jama Auto, SMEIA, Comicom et Conorma. Sa fille Saïda, qui a repris le flambeau, a été formée à la bonne école et fera parler à coup sûr de ses réalisations.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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