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Libye, exportateur de troubles : Le Maroc guette aux vasistas

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Après avoir été chassé de la région de Syrte, Daech s’est orienté vers la région de Fezzan, notamment Sebha. En parallèle, d’autres groupes terroristes prolifèrent en toute impunité faisant de la Libye une menace préoccupante non seulement pour les pays riverains, mais même pour l’Afrique centrale. Les liens entre crime organisé et organisations terroristes ne sont plus un secret pour personne. Tous les pays du Maghreb et du Sahel en savent quelque chose puisqu’au nom de l’Istihlal, les terroristes se permettent de commettre des attaques à main armée, des enlèvements, de la traite des êtres humains, de la contrebande et de l’extorsion.

Ces crimes sont devenus monnaie courante en Libye. Le pays a succombé au chaos après la chute du régime de Mouammar Kaddafi. Le pays de la Révolution est devenu une nouvelle terre d’accueil pour les extrémistes de Daech qui a profité des troubles post-printemps arabe pour en faire un long automne où les morts tombent comme des feuilles.

Bien que chassé de Syrte par l’Armée nationale libyenne (ANL) du Maréchal Khalifa Haftar, les milices de Daech ont trouvé dans le sud libyen un refuge pour mener à bien leur plan : essaimer partout où il y a des troubles. En ce sens, la Libye, non seulement par l’anarchie qui y règne, mais aussi par l’existence de zones contrôlées par Daech, est une source de préoccupation pour tous les pays riverains et même au-delà. Le Maroc, bien que loin de ce foyer de tension, a démantelé des cellules inféodées à Daech qui recevaient leurs ordres de la Libye.

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Des électrons libres en attendant… la fission

Des armes saisies au Maroc en provenance de la Libye ont transité par l’Algérie dont la porosité des frontières est bien connue. Mieux encore, la rivalité entre frères ennemis que sont Daech et Al-Qaïda pour le Maghreb Islamique (AQMI) attise la concurrence et la chasse aux alliances entre eux. AQMI est de collusion avec le Front Polisario tandis que Daech fait les yeux doux au groupe terroriste Boko Haram. Les liens entre ces deux groupes avec les contrebandiers dans la région du Sahel ont donné naissance à des “Mister Marlboro” parmi les terroristes qui essaient ainsi de financer leurs attentats.

Pire encore, la menace que représente la Libye est amplifiée par la porosité des frontières algériennes et par l’existence de zones qui sont hors du contrôle d’Alger au sud du pays. Le trafic d’armes, de poudre, de produits alimentaires et cigarettes sont les principales activités criminelles des terroristes. Les liens tissés avec d’autres organisations terroristes et criminelles surtout les bandes organisées transfrontalières en font une menace sérieuse. Le 25 juillet dernier, le président libyen Fayez Al-Sarraj a effectué une visite éclair au Tchad pour des motifs sécuritaires. Le Tchad, le Soudan et la Libye prévoient de signer « un accord de coopération qui permettra aux armées de ces pays de partager des informations mais aussi de poursuivre des ennemis présumés à l’intérieur de leur territoire respectif ». Et pour cause, le Tchad fait face aux troubles dans ses frontières avec le Soudan, le Nigeria, la Centrafrique et la Libye.

Le désordre dans l’ancien Zaïre entraînerait un effet domino dans les pays d’Afrique centrale. Pourtant, selon Chems Eddine Chitour, professeur à l’Ecole Polytechnique d’Alger, « comme l’Irak, comme l’Afghanistan à qui on a infligé la démocratie aéroportée, ont connu le chaos en Libye serait une zone grise à l’instar de la Somalie, gouvernée par des factions rivales tribales dont le moteur serait le pétrole ».

Réparties entre des factions rivales qui se battent pour contrôler une partie du territoire, la Libye est morcelée. Le danger qu’elle représente, surtout après la disparition de certains produits chimiques des stocks de l’armée libyenne, est grandissime, car les terroristes recherchent avant tout des actions d’éclat en faisant le maximum de victimes. Le fait que le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) ait trouvé à plusieurs reprises des produits chimiques chez des cellules terroristes prouve que ces produits ont quitté la Libye vers d’autres pays. En attendant, par manque de coopération, toute la région du Sahel et du Maghreb se retrouve dans l’œil du cyclone. Jean-François Daguzan, directeur adjoint à la Fondation pour la recherche stratégique estime que la Libye est « un volcan potentiel de crises et de conflits. (…) La déstabilisation de l’ensemble libyen laisse des zones de non-droit pour tous les gens désireux d’en découdre avec l’Occident et les états limitrophes».

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