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Danone résiste aux pressions américaines et décide de rester en Russie

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Danone a confirmé ce dimanche sa décision de poursuivre ses activités de production et de distribution en Russie et ce malgré l’incroyable pression américaine. Le groupe agroalimentaire français se devait tout de même de lancer un os à mordiller à l’Oncle Sam et a annoncé la suspension de «tout projet d’investissement» dans le pays.

Le Figaro a révélé vendredi soir, que le chef de l’État français a discrètement reçu le matin même, une quinzaine de dirigeants de groupes tricolores particulièrement exposés à la Russie. Entouré de ses Ministres Bruno Le Maire (Économie et Finances), Agnès Pannier-Runacher (Industrie) et Julien Denormandie (agriculture), Emmanuel Macron s’est entretenu avec les grands patrons «de fleurons tricolores» de l’industrie, de la banque, de l’énergie, de la distribution et de l’agriculture.

Parmi ces dirigeants figuraient notamment Frédéric Oudéa (Société générale), Catherine McGregor (Engie), Guillaume Faury (Airbus), Ross McInness (Safran), Stéphane Israël (Arianespace), Patrice Caine (Thales), Cristel Bories (Eramet), Benoît Potier (Air Liquide) ou Yves Claude (Auchan) et Antoine de Saint-Affrique (Danone).

Le message du président français était des plus clairs : « Ne vous précipitez pas à quitter la Russie !».

«Chacun de vous peut déterminer sa propre stratégie sur le marché russe sans en avertir personne» a-t-il conseillé.

Un conseil que va prendre à la lettre Antoine de Saint-Affrique, le patron de Danone fraichement nommé.

En bon capitaine industriel, il annonce 48 heures après le «briefing» d’Emmanuel Macron sa décision de poursuivre les activités de production et de distribution de son groupe alimentaire en Russie. Pays où il réalise 5% de ses revenus et emploie 8.000 salariés.

Antoine de Saint-Affrique avait préparer le terrain médiatique. Interpellé par les journalistes le 23 février dernier à l’occasion de la conférence de presse de présentation des résultats annuels, il avait défendu les performances et le poids de son groupe en Russie.

«Le marché russe représente environ 5% de nos ventes. Il s’agit, de plus, d’une activité essentiellement locale, avec une production russe pour des consommateurs de la Communauté des États indépendants, CEI» a-t-il déclaré.

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Danone était présent dans l’ex-URSS depuis le début des années 1990 quand le groupe a pris, en 2010, le contrôle d’Unimilk, deuxième producteur russe de produits laitiers frais qui avait été fusionné avec les activités locales du français.

L’acquisition des 57,5% du capital d’Unimilk avait coûté 1,3 milliard d’euros, portant sa part de marché à 21% en Russie. Le pays était devenu ainsi le premier marché de Danone, à égalité avec la France, pour environ 11% du chiffre d’affaires du groupe.

Aujourd’hui Danone, dispose en Russie de 25 usines où elle produit du lait et des yaourts sous marque Danone, Danissimo et Prostokvashino.

La méthode Danone : Don’t look up !

Aussi bien auprès de l’administration américain qu’auprès des médias mainstream, la Russie et Poutine sont devenus, par les temps qui courent, deux sujets aussi radioactifs que le plutonium. Sortir de la Russie représente aujourd’hui un acte obligatoire de résistance de tous ceux qui s’apparentent au «monde libre» dirigé par les États-unis.

Depuis les premières sanctions économiques décrétées par les Occidentaux contre la Russie, les multinationales ont pratiquement toutes quitté la Russie ou suspendu leurs activités. Aucun secteur n’a été épargné, l’aérien, le pétrole, l’automobile, Internet, le divertissement ou encore du luxe.

Toutefois, d’autres encore, comme Danone ou Renault, qui ont de lourds investissements en Russie, se sont montrés bien plus hésitants. En 2008, le groupe Renault avait acquis 25% du capital d’Avtovaz, le fabricant de la marque mythique Lada, avant d’en devenir actionnaire majoritaire en 2017.

Pour le cas de Danone, et au vu des perspectives économiques mondiales, le groupe agroalimentaire ne peut pas se permettre de tirer un trait, en une semaine, sur son premier marché mondial.

Encouragé par Emmanuel Macron, le groupe agroalimentaire décide alors de rester chez Poutine. Et pour sauver sa face auprès des médias, Danone justifie sa décision par son rôle dans «la nutrition infantile» et les «besoins alimentaires essentiels des populations civiles». Puis lance un os à mordiller à l’administration Biden en annonçant la suspension de tout investissement en Russie.

«Nous avons pris la décision de suspendre tout projet d’investissement en Russie. Nous maintenons pour l’instant notre activité de production et de distribution de produits laitiers frais et de nutrition infantile, afin de répondre aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles», a déclaré le secrétaire général du groupe, Laurent Sacchi.

Et pour se couvrir, Danone fait savoir que sa décision était coordonnée avec l’Elysée.

«Nous suivons l’évolution de la situation en temps réel, et appliquerons, bien évidemment, les décisions des autorités françaises avec lesquelles nous restons étroitement coordonnées», a souligné Sacchi.

https://twitter.com/UANation2014/status/1500554133346172935

Cette opération de communication est un écran de fumée derrière lequel Paris dissimule à peine sa dépendance au marché russe et son inquiétude quant à la gestion de la crise par les États-unis.

En effet, l’annonce de suspension de tout projet d’investissement est un leurre. Car ce n’est pas un choix de Danone mais c’est tout simplement le fait de la guerre et de l’isolement de le Russie et des russes. Quel actionnaire étranger au monde mettrait un rouble de sa poche dans un investissement en Russie en cette période ? Par contre profiter de la crise pour devenir fournisseur unique, fera augmenter les profits économiques et diplomatiques également.

Et au sujet de la causse humanitaire avancée par Danone, quand Paris a appuyé l’isolement de la Russie et la fermeture de l’espace européenne pour les avions russes et les russes, n’a-t-elle pas mis en danger la «nutrition infantile» et les «besoins alimentaires essentiels des populations civiles» ?

Une usine fermée en Ukraine

Le 2 mars dernier, Danone a confirmé la mise à l’arrêt de ces sites en Ukraine.

« Les motifs sont différents. L’une des usines est à l’arrêt parce qu’elle se situe à proximité de la zone de conflit. L’autre ne fonctionne plus, car nous faisons face à des difficultés logistiques pour les livraisons», avait déclaré un porte-parole du groupe.

Les usines ukrainiennes servent exclusivement le marché local. Leur production, essentiellement des produits laitiers frais, représente 1% des 24,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires du groupe. Au total, Danone compte 1000 salariés dans le pays. «Notre priorité est bien entendu la sécurité de nos salariés», ajoute ce responsable.

Dans son communiqué annonçant le maintien de ses activités en Russie, Danone déclare que l’une de ces usines avait repris ses activités.

«En Ukraine, une des deux usines du groupe a fermé ses portes, mais l’activité vient de reprendre dans la deuxième», a signalé Danone.

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