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Conférence de Varsovie : Entre influence iranienne et Occident en rang dispersé

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Alors que s’ouvrait aujourd’hui à Varsovie la Conférence ministérielle pour promouvoir la paix et la sécurité au Moyen-Orient, un attentat suicide à la voiture piégée a ciblé un bus transportant des Gardiens de la révolution entre les localités de Khash et Zahedan dans la province du Sistan-Balouchistan, en Iran. Depuis deux ans, l’Iran est le théâtre d’attaques terroristes. Le bilan provisoire fait état de 20 morts et de plusieurs blessés. Le groupe djihadiste Jaich Al-Adl (Armée de la justice), créé en 2012, a revendiqué cet attentat. Réagissant à cet attaque, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a estimé sur Twitter que « ce n’est pas une coïncidence que l’Iran ait été frappé par la terreur le jour même » du démarrage de la conférence de Varsovie, qualifiée de « cirque ».

La capitale polonaise accueille depuis ce mercredi une conférence organisée par les Etats-Unis pour mettre la pression sur le régime iranien accusé « d’influence déstabilisatrice » au Moyen-Orient. « Les Etats-Unis semblent faire toujours les mêmes mauvais choix, tout en attendant des résultats différents », a renchéri le chef de la diplomatie iranienne. Téhéran a accusé maintes fois les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et Israël de soutenir des groupes séparatistes et djihadistes. De son côté, ces pays-là voient d’un mauvais œil le développement des capacités balistiques et nucléaires de l’Iran, allié des régimes irakien et syrien. Organisé par les Etats-Unis et la Pologne, cette conférence veut « promouvoir un avenir de paix et de sécurité au Moyen-Orient ». Seulement, tous les alliés de l’Amérique ne l’entendent pas de la même façon.

Désaccords entre les Européens et les Américains

La volonté américaine d’exercer une pression maximale sur l’Iran ne convient pas aux Européens qui sont irrités par l’unilatéralisme des Etats-Unis, leur allié de toujours. Jusqu’au jeudi 14 février, les pays présents à Varsovie devraient discuter de la question en déplorant des absences de taille : la France et l’Allemagne qui se sont fait représenter par des délégations de second ordre et la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, ne sera pas là non plus pour des raisons d’emploi du temps.

Cela n’a pas empêché Mike Pompeo, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de se montrer optimiste : « Nous ferons de réels progrès. Il y aura des dizaines de pays disposés à œuvrer à un Moyen-Orient plus stable, et j’espère qu’au moment de nous quitter jeudi nous aurons atteint ce but». Un haut représentant de l’administration américaine a déclaré à l’AFP que cette conférence abordera « l’influence de l’Iran au Moyen-Orient, les moyens de contribuer à mettre l’Iran sur de meilleurs rails et repousser collectivement certaines de ses activités déstabilisatrices dans la région ».

Netanyahu rencontre le ministre omanais des Affaires étrangères


Quelque 60 pays participent à cette conférence qui devrait aboutir à la création d’un front anti-iranien ou d’une coalition. Israël, ennemi juré de Téhéran, est représentée par son Premier ministre, Benyamin Netanyahu. Ce dernier, à deux mois des élections en Israël, a profité de son passage à Varsovie pour rencontrer Youssef Ben Alaoui, ministre omanais des Affaires étrangères. Au début de cette rencontre, Netanyahu a félicité le Sultan Qabouss pour son invitation à visiter le sultanat d’Oman qui ouvre la voie à d’autres parties à faire de même, à savoir oublier le passé et aller de l’avant vers le futur.

Le Premier ministre israélien a indiqué que plusieurs pays suivent la même voie dont certains assistent à la conférence. « Je vous remercie pour cette politique positive qui s’oriente vers le futur et qui pourrait conduire à réaliser la paix et la stabilité pour tous. », a déclaré Netanyahu lors de cette rencontre.

De son côté, le ministre omanais a estimé que c’est une vision nouvelle et importante sur le futur. Les peuples de la région ont souffert car ils sont restés prisonniers du passé, a-t-il ajouté. La poignée de mains cordiale entre les deux hommes devrait être suivie par d’autres, croit savoir Netanyahu.

En effet, le fait que des pays arabes entretiennent des relations discrètes n’est pas un secret. Jared Kushner, conseiller spécial de Donald Trump pour le processus de paix, pourrait faire quelques révélations ce jeudi sur le fameux «deal du siècle» passé entre Israël et certains pays de la région. Ce qui est sûr, c’est que les Palestiniens voient d’un mauvais œil un quelconque compromis qui se ferait à leurs dépens.

Les Palestiniens dénoncent un « complot américain »


De son côté, la Jordanie a affirmé, par la voix de son chef de la diplomatie, Ayman Assafdi sur Twitter, qu’il ne peut y avoir de paix globale que dans le cadre de deux Etats sur la base des frontières de 1967. Qualifiée de « complot américain » par les palestiniens, la conférence de Varsovie ne devrait pas donner les grandes lignes de l’accord passé entre Israël et certains pays arabes qui ne seront révélés qu’après les élections.

Taxé de « mort-né » par Javad Zarif, cette conférence n’a pas empêché le Président iranien de réaffirmer que son pays continuera à développer son programme balistique. L’Iran a d’ailleurs choisi de rouler des mécaniques en organisant une exposition des missiles iraniens à Téhéran. Une réponse du berger à la bergère qui en dit long sur les pensées des dignitaires aux commandes en Iran.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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