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Iran

Dans une lettre ouverte, d’anciens chefs militaires américains appellent à doter «immédiatement» Israël «d’armes de pointe» contre l’Iran

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L’Iran s’est probablement doté d’une arme nucléaire ou presque. En outre, la république Islamique, épaulée par la Russie, a acquis une expertise militaire précieuse grâce à son rôle dans la guerre en Syrie puis en Ukraine. Son influence régionale a connu une avancée stratégique ces dernières semaines en améliorant ses relations avec ses voisins du Golfe, l’Arabie saoudite et les E.A.U sous l’égide de la Chine.

Simultanément, Israël, l’autre puissance nucléaire de la région s’est engouffrée depuis plusieurs mois dans une crise politique qui déchire la société israélienne.

Dans ce contexte explosif, 44 anciens chefs militaires américains, tous généraux ou amiraux, ont signé, ce lundi 20 mars, une lettre ouverte adressée aux responsables de leur pays.

« Les États-Unis devraient immédiatement fournir à Israël les armes avancées dont il a besoin pour dissuader et empêcher un Iran nucléaire » ont-il alerté.

La lettre ouverte a été publiée sur le site du JINSA, ou Jewish Institute for National Security Affairs (Institut juif pour les affaires de la sécurité nationale).

JINSA est un centre de réflexion basé à Washington, qui plaide pour une relation militaire américaine forte avec Israël.

Ci-après la traduction intégrale de la lettre ouverte.

L’Iran est de plus en plus proche de franchir le seuil nucléaire et, par conséquent, de déclencher une crise au Moyen-Orient. Pour éviter ce désastre stratégique, les États-Unis devraient appliquer les leçons tirées du conflit ukrainien qui dure depuis un an : il est vital d’armer des partenaires capables et désireux de faire face à des menaces régionales, et il vaut mieux le faire avant qu’un conflit n’éclate.

Pour faire face à cette menace urgente et prioritaire, les États-Unis devraient immédiatement fournir à Israël les armes avancées dont il a besoin pour dissuader et empêcher un Iran nucléaire.

En tant que chefs militaires américains à la retraite qui ont consacré leur vie à la défense de notre nation, nous préférons une solution diplomatique qui mettrait véritablement fin à la menace posée par l’escalade du programme nucléaire iranien. Mais un tel accord n’est ni imminent, ni réaliste. Les États-Unis ne peuvent pas chercher à conclure un accord alors que le régime de Téhéran brutalise son propre peuple et fournit à la Russie des armes pour cibler les civils en Ukraine.

Pendant ce temps, l’Iran a récemment enrichi de l’uranium à 84 %, soit à la limite de l’armement nucléaire, tout en accumulant un stock qui pourrait être transformé en 12 jours en suffisamment de matière fissile pour fabriquer une bombe nucléaire et au moins quatre autres en plusieurs semaines. La seule chose qui puisse empêcher l’Iran de franchir le seuil nucléaire est une menace militaire crédible.

Les États-Unis se sont engagés à plusieurs reprises, sous plusieurs administrations des deux partis, à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire et, comme l’a récemment réaffirmé le président Biden, à «préserver et renforcer la capacité d’Israël à dissuader ses ennemis et à se défendre seul contre toute menace».

Pour que ces engagements aient un sens, les États-Unis doivent fournir d’urgence à Israël toutes les capacités dont il a besoin pour se défendre contre la seule véritable menace qui pèse sur sa viabilité et sa survie : un Iran nucléaire.

Plus précisément, les États-Unis devraient accélérer la livraison – par la vente pure et simple, la location temporaire ou le prépositionnement en Israël – des ravitailleurs en vol KC-46A, des F-15I, des F-35 et des munitions à guidage de précision, telles que les munitions d’attaque directe conjointes (JDAM).

Notre expérience militaire nous a appris que la démonstration de la volonté et de la capacité de recourir à la force offre les meilleures chances de ne pas avoir à le faire.

En agissant maintenant pour renforcer les capacités militaires d’Israël, les États-Unis peuvent l’aider à se défendre, à empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire et à relever l’un des défis stratégiques les plus pressants auxquels l’Amérique est confrontée aujourd’hui.

Signataires :

Gen Chuck Wald, USAF (ret.) Co-ChairLtGen Jon Davis, USMC (ret.)Lt Gen Jay B. Silveria, USAF (ret.)
VADM John Bird, USN (ret.) Co-ChairLt Gen David Deptula, USAF (ret.)LTG Thomas Spoehr, USA (ret.)
Gen William Begert, USAF (ret.)Lt Gen Eric E. Fiel, USAF (ret.)Lt Gen Thomas Trask, USAF (ret.)
Gen Kevin Chilton, USAF (ret.)VADM Mark Fox, USN (ret.)Maj Gen Jack Catton, USAF (ret.)
Gen Donald Cook, USAF (ret.)LTG David P. Fridovich, USA (ret.)MajGen Mark Clark, USMC (ret.)
ADM Mark Fitzgerald, USN (ret.)LtGen Earl Hailston, USMC (ret.)MajGen Jon Gallinetti, USMC (ret.)
GEN Frank Grass, USA (ret.)LTG Raymond Mason, USA (ret.)RADM David T. Glenn, USCG (ret.)
Gen Gilmary Michael Hostage III, USAF (ret.)Lt Gen Charlie May, USAF (ret.)Maj Gen Kenneth R. Israel, USAF (ret.)
GEN James D. Thurman, USA (ret.)LtGen Richard P. Mills, USMC (ret.)MG James A. Kelley, USA (ret.)
ADM Paul Zukunft, USCG (ret.)Lt Gen C D Moore, USAF (ret.)RADM Brian L. Losey, USN (ret.)
Lt Gen Marcus Anderson, USAF (ret.)LtGen Richard Natonski, USMC (ret.)RADM William F. Merlin, USCG (ret.)
LTG Robert Ashley, USA (ret.)Lt Gen Chris Nowland, USAF (ret.)Maj Gen Larry Stutzriem, USAF (ret.)
LTG Mick Bednarek, USA (ret.)LTG Raymond Palumbo, USA (ret.)MajGen Larry Taylor, USMCR (ret.)
LTG H. Steven Blum, USA (ret.)Lt Gen Mark Shackelford, USAF (ret.)Brig Gen Keith Connolly, USAF (ret.
VADM William Burke, USN (ret.)VADM Herman Shelanski, USN (ret.)

Urgent – Le Roi Saoudien invite le président iranien à se rendre à Riyad

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Dans une lettre adressée au président iranien, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud d’Arabie saoudite a salué le récent accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite, invitant Ebrahim Raïssi à se rendre à Riyad.

Le roi saoudien a envoyé, ce dimanche, un message au président iranien Ebrahim Raïssi, dans lequel il se félicite de l’accord de reprise des relations diplomatiques entre les deux pays et l’invite à une visite officielle à Riyad.

L’adjoint du bureau du président iranien pour les affaires politiques, Mohammad Jamshidi, a déclaré sur Twitter aujourd’hui, que «dans un message du roi saoudien Salmane ben Abdelaziz au président iranien Ebrahim Raïssi, le roi Salmane s’est félicité de l’accord entre les deux pays frères et a invité le président iranien à une visite officielle à Riyad».

Jamshidi a ajouté que le roi saoudien avait également appelé à l’établissement d’une coopération économique et régionale entre les deux pays.

Le président iranien a salué l’invitation et a souligné la volonté de l’Iran de développer la coopération avec l’Arabie saoudite, a ajouté Jamshidi.

À la suite de la rencontre entre le contre-amiral Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale (CSSN) de l’Iran, et son homologue saoudien dans la capitale chinoise, il a été convenu que Téhéran et Ryad reprendraient leurs relations diplomatiques après sept ans de rupture.

Ils ont également convenu de reprendre la coopération en matière de sécurité, de commerce et d’investissement et de respecter la souveraineté de chacun et de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures.

INSS : Quelles sont les implications du rapprochement entre Téhéran et Riyad pour Israël et la région ?

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L’annonce par l’Iran et l’Arabie saoudite de la reprise de leurs relations diplomatiques, après sept années de guerre par procuration au Yémen et d’hostilité diplomatique et stratégique, a surpris beaucoup de monde. Et pour cause, les négociations ont été menées dans une grande discrétion et sous la médiation d’une tierce partie surprenante : la Chine.

L’Institut national d’études sécuritaires (INSS) de Tel Aviv, vient de publier ce mardi une étude stratégique sur les implications du rapprochement entre Téhéran et Riyad pour Israël et la région ainsi que sur les chances de l’adhésion de l’Arabie saoudite aux accords d’Abraham. Ci-après la traduction intégrale de l’étude.

Dans une annonce surprenante, l’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé une reprise des relations (rompues en 2016) et un retour des ambassadeurs, qui aura lieu dans deux mois au plus tard. L’annonce a surpris tant par son timing que par l’identité du médiateur – la Chine. Elle reflète l’implication croissante de Pékin dans le Golfe et renforce sa position vis-à-vis des États-Unis dans la région.

Si l’administration américaine se félicite de la baisse des tensions dans le Golfe et cherche à poursuivre les efforts pour relancer les négociations en vue d’un retour à l’accord nucléaire, elle considère l’intervention de la Chine comme une dynamique défavorable.

Le principal test pour les relations irano-saoudiennes sera la poursuite de la trêve au Yémen, mais l’hostilité sous-jacente entre les pays ne disparaîtra pas pour autant. Dans le même temps, cette évolution peut être considérée comme un coup porté aux efforts visant à créer un camp anti-iranien dans la région. Toutefois, le renouvellement des relations en soi n’est pas un obstacle à une normalisation future entre l’Arabie saoudite et Israël.

Les considérations de Riyad à ce sujet sont larges et touchent à des questions profondes concernant les relations avec Washington, les développements dans l’arène palestinienne et le statut de l’Arabie saoudite en tant que protecteur des lieux saints de l’Islam.

Cette évolution peut être considérée comme un coup porté aux efforts visant à créer un camp anti-iranien dans la région.

INSS – 14 mars 2023

Le vendredi 10 mars 2023, l’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé la reprise des relations et le retour des ambassadeurs à Riyad et à Téhéran, qui aura lieu au plus tard dans deux mois. L’annonce était inattendue quant au calendrier et à l’identité du médiateur : La Chine. Dans le cadre des engagements qu’ils ont pris, Riyad et Téhéran ont accepté d’honorer les accords précédents, d’éviter toute ingérence dans les affaires intérieures de l’autre et d’engager des négociations approfondies sur toutes les questions bilatérales et régionales, en mettant l’accent sur la sécurité et la stabilité dans la région.

Historique du conflit Irano-saoudien

Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont été rompues en 2016 après l’exécution en Arabie saoudite d’un religieux chiite de haut rang, Nimr al-Nimr, qui était l’un des critiques les plus virulents de la famille royale saoudienne. Cette exécution a entraîné une attaque générale de l’opinion publique iranienne contre les missions diplomatiques saoudiennes, sous les auspices du régime selon certains, ainsi qu’une rupture des relations.

Le conflit entre les deux pays a culminé en septembre 2019 avec une attaque iranienne majeure contre les installations d’Aramco en Arabie saoudite à l’aide de drones et de missiles de croisière. Cette attaque, qui a temporairement mis hors service environ la moitié de la capacité de production de pétrole de l’Arabie saoudite, a été une étape déterminante pour Riyad en termes de prise de conscience de sa vulnérabilité face à l’Iran et surtout compte tenu de ce que Riyad a perçu comme une « négligence » de la part de l’administration Trump, qui ne lui a pas fourni d’assistance militaire.

Tout cela a permis à l’Arabie saoudite de mieux comprendre la nécessité de diversifier ses piliers de soutien au niveau mondial et de couvrir les risques au niveau régional.

Processus de normalisation des relations irano-saoudiennes

Au cours des deux dernières années, Téhéran et Riyad se sont engagés dans plusieurs cycles de négociations, avec la médiation de l’Irak et d’Oman, pour tenter de rétablir des relations diplomatiques.

L’intérêt de l’Iran est centré sur le désir de mettre en œuvre la politique du régime, annoncée par le président Ebrahim Raisi, d’améliorer et de resserrer les relations avec les voisins et, dans le cadre d’une politique plus large, de réduire l’influence des États-Unis dans la région et de diminuer l’isolement de Téhéran dans la région.

Pour sa part, l’intérêt principal de l’Arabie saoudite était lié à la fois au désir de mettre fin à la guerre contre les Houthis soutenus par l’Iran au Yémen, et aux frappes directes qu’elle a subies, par exemple l’attaque contre les installations d’Aramco.

Les contacts entre les deux pays ont connu des hauts et des bas, une crise majeure ayant éclaté à la fin de l’année 2022 en raison de l’agitation sociale en Iran et des accusations de Téhéran à l’encontre de l’Arabie saoudite selon lesquelles ses médias incitaient les citoyens iraniens.

De hauts responsables iraniens, dont le ministre du Renseignement, ont ouvertement menacé l’Arabie saoudite et, sur la base d’informations explicites concernant la possibilité d’endommager le territoire du royaume, les États-Unis ont rapproché leurs navires de guerre et ont apparemment envoyé des avertissements à Téhéran. Les autorités britanniques, après avoir reçu de nombreuses mises en garde contre les risques encourus par les journalistes, ont été contraintes d’admettre qu’elles ne pouvaient pas garantir la sécurité des correspondants de la chaîne «Iran International», financée par Riyad, et la chaîne a dû quitter Londres pour s’installer aux États-Unis.

Rôle de la Chine

La Chine a été l’élément inattendu qui a permis de combler le fossé entre les deux pays et a fait en sorte que les discussions à Pékin avec les hauts fonctionnaires des deux pays aboutissent à un accord et à une déclaration commune.

Cet intérêt reflète la dépendance accrue de la Chine à l’égard du pétrole iranien et saoudien

INSS – 14 mars 2023

Cette évolution fait suite à l’importante visite du président chinois Xi Jinping en Arabie saoudite et au sommet qu’il a tenu avec les chefs des pays du CCG, ainsi qu’à la visite du président iranien Ebrahim Raisi en Chine.

Dans l’après-midi du 7 décembre 2022, le président Xi Jinping est arrivé à Riyad à bord d’un avion spécial pour assister au premier sommet Chine-États arabes et au sommet Chine-CCG.

Cette dernière visait principalement à garantir qu’il n’y ait pas d’érosion des relations bilatérales, après ce qui a été perçu à Téhéran comme des déclarations contraires aux intérêts de l’Iran de la part du président Xi. Il s’agit sans aucun doute d’une réussite diplomatique importante pour la Chine, qui cherche à renforcer son influence des deux côtés du Golfe – en Iran et dans les États arabes de la région.

Cet intérêt reflète la dépendance accrue de la Chine à l’égard du pétrole iranien et saoudien et la nécessité d’améliorer les relations entre ces deux pays dans le cadre d’une stratégie plus large visant à maintenir la stabilité régionale.

La réussite de la Chine marque également son intérêt accru pour le Golfe, notamment en ce qui concerne le rapprochement entre les pays faucons dans une région pleine de tensions, et, à ce titre, renforce également sa position – ou du moins son image – par rapport aux États-Unis, qui ont été pendant de nombreuses décennies un allié inébranlable des pays du Golfe.

Position de Washington entre désescalade et suspicion

Officiellement, Washington s’est félicitée de la reprise des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le porte-parole du Conseil national de sécurité ayant même déclaré que Riyad avait informé l’administration des pourparlers en vue de renouer les relations.

La reprise même des relations Téhéran-Riyad est dans l’intérêt de l’administration américaine, qui attache une grande importance à la réduction des tensions dans le Golfe et cherche à poursuivre les efforts pour reprendre les négociations en vue d’un retour à un accord nucléaire.

Les intérêts américains sont certainement servis si l’accord conduit à la prolongation du cessez-le-feu au Yémen et peut-être même à des accords plus larges, comme l’espèrent les Saoudiens – même si l’implication de la Chine et ses réalisations diplomatiques ne sont pas favorables à Washington, qui surveille les actions de la Chine visant à creuser un fossé et à tirer profit des différends existants entre Washington et Riyad.

Tensions entre MBS et Biden

Ces différends se sont poursuivis après la déception causée par l’absence de réaction après l’attaque de l’Iran contre les installations d’Aramco et se sont poursuivis depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Biden, ainsi que depuis la visite du président américain à Riyad.

L’initiative soutenue par la Chine est la dernière d’une série de mesures saoudiennes qui ont commencé, en accord avec la Russie et contre la demande explicite du président Biden, par des réductions de la production de pétrole.

Ces mesures s’ajoutent aux demandes explicites de Riyad, publiées récemment dans le Wall Street Journal, concernant des garanties de sécurité et des armes de pointe (et il n’est pas certain que l’administration soit prête à donner suite à ces demandes), ainsi qu’à l’investissement majeur de la Chine dans la création d’une nouvelle ville, Neom, promue par le prince héritier Mohammed Ben Salmane ( MBS ).

La référence du responsable de la Maison Blanche selon laquelle Washington continue de surveiller les tentatives de la Chine de gagner en influence et en pouvoir dans le monde tout en réagissant au rapprochement négocié par la Chine reflète le point de vue des États-Unis sur ce qui est perçu comme une tentative de la Chine de se présenter comme une puissance pacifiste et de maintien de la paix.

L’Arabie saoudite sur les traces du Koweït er des Émirats arabes unis

L’Arabie saoudite a suivi les traces du Koweït et des Émirats arabes unis, qui ont renvoyé leurs ambassadeurs à Téhéran l’année dernière. Cependant, l’Iran et l’Arabie saoudite dirigent des camps idéologiques opposés et se combattent directement et indirectement dans tout le Moyen-Orient depuis des années, cherchant à façonner la région à leur image et à renforcer le camp sous leur propre direction – Sunna contre Chiite et Arabe contre Perse.

Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l’Iran, Ali Shamkhani (à droite), et le premier conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, Cheikh Tahnoon ben Zayed Al Nahyan, se serrent la main avant leur rencontre à Téhéran (Iran), le 6 décembre 2021.

L’annonce de la reprise des relations est une tentative d’apaiser les tensions et d’envoyer le message «business as usual», mais les affaires ne sont pas «as usual». Les deux pays continueront à se considérer mutuellement comme une menace et chercheront à renforcer leur influence dans divers domaines.

L’Iran continuera à considérer les relations étroites entre Riyad et Washington et la présence militaire américaine dans les pays du Golfe comme une menace pour ses intérêts. Néanmoins, la reprise des relations devrait contribuer à réduire le niveau de tension et, peut-être, à prévenir les actions belliqueuses de l’un contre l’autre.

Le principal test devrait être la guerre au Yémen qui, ces dernières années, a donné lieu à d’innombrables attaques de missiles des Houthis sur le territoire saoudien, ce qui a conduit à un cessez-le-feu. La reprise des relations a été saluée par les parties proches de l’Iran dans la région, avec à leur tête le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que par l’Irak.

Quid d’Israël et des Accords d’Abraham ?

En ce qui concerne Israël, la reprise des relations est-elle une surprise sur le plan de la stratégie et du renseignement ?

L’engagement américain n’est pas suffisant, l’Iran est déjà un État du seuil nucléaire et peut-être sur la voie d’un État nucléaire, et Israël n’offre pas non plus un parapluie de sécurité face à la menace iranienne.

INSS – 14 mars 2023

Quoi qu’il en soit, la décision saoudienne, du moins sur le plan cognitif, nuit à la fois aux efforts publics déclarés du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour parvenir à une normalisation formelle des relations avec Riyad et aux efforts d’Israël pour établir un camp anti-iranien dans la région.

Les actions de l’Arabie saoudite clarifient une fois de plus ses intérêts géostratégiques, qui découlent d’un équilibre clair des forces en faveur de Téhéran. Même si les inquiétudes saoudiennes concernant l’Iran ne s’apaiseront pas avec la reprise des relations et si l’intérêt pour des relations de sécurité solides avec Washington demeure, la récente décision reflète la compréhension/préoccupation que l’engagement américain n’est pas suffisant, que l’Iran est déjà un État du seuil nucléaire et peut-être sur la voie d’un État nucléaire, et qu’Israël n’offre pas non plus un parapluie de sécurité face à la menace iranienne.

Par conséquent, il doit couvrir les risques et réduire l’intensité de la confrontation avec le principal rival, et il est préférable de garder l’ennemi proche. Dans le même temps, la reprise des relations avec l’Arabie saoudite, sous la médiation de la Chine, renforcera le sentiment de confiance de l’Iran dans sa capacité à faire face au durcissement des sanctions, souhaité par Washington et Israël, compte tenu des progrès alarmants du programme nucléaire iranien.

Cette initiative pourrait également renforcer le front Russie-Chine, qui est important pour l’Iran. Néanmoins, la reprise des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran n’empêche pas une future normalisation des relations avec Israël.

Même l’annonce par les Émirats arabes unis de la normalisation des relations avec Israël n’a pas empêché le retour de l’ambassadeur à Téhéran et le resserrement des liens bilatéraux, y compris militaires.

Les considérations de Riyad sont plus larges et incluent l’arène palestinienne, les relations avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne les ventes d’armes et les garanties de sécurité, ainsi que le statut spécial de l’Arabie saoudite en tant que protectrice des lieux saints de l’Islam.

Les E.A.U demandent aux États-Unis de remettre les Houthis sur la liste des organisations terroristes

Les Émirats arabes unis vont demander aux États-Unis de remettre les Houthis sur leur liste des organisations terroristes, après qu’une attaque de drone sur la capitale émiratie a tué trois personnes, a déclaré lundi à Bloomberg un proche d’Abu Dhabi.

Selon Bloomberg, Abu Dhabi s’apprête à demander à l’administration Biden de remettre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, sur la liste des organisations terroristes. La source de l’agence de presse affirme que MBZ devrait pousser son pays à faire pression sur le Conseil de sécurité des Nations unies au sujet de cette attaque meurtrière ainsi que l’acte de piraterie de ce début du mois, visant un navire émirati au large des côtes du Yémen.

Il n’est pas clair, pour la dépêche Bloomberg, comment Washington répondrait à une telle demande étant donné les frictions croissantes dans les relations entre les deux alliés sur des questions allant de l’Iran à l’influence croissante de la Chine dans le golfe. Une tension qui ne va pas s’apaiser de sitôt suite à cette attaque contre Abu Dhabi.

Il y a un an, l’une des premières décisions de l’administration Biden nouvellement installée, décidé de retirer le groupe rebelle yéménite houthis de la liste noire des États-Unis des groupes soutenant le terrorisme. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le successeur de Trump pour mettre fin à leur guerre contre le gouvernement yéménite soutenu par l’Arabie saoudite, qui a contribué à l’une des pires crises humanitaires au monde.

Les efforts des États-Unis pour négocier un accord de paix ont toutefois échoué, les Houthis étant peu enclins à accepter une trêve.

Washington accuse Téhéran de la mort «probable» de l’ex agent du FBI, Robert Levinson

L’administration de Donald Trump a accusé lundi pour la première fois l’Iran de la «mort probable» de l’ex-agent du FBI Robert Levinson et a exhorté le futur président Joe Biden à faire de la libération des prisonniers américains une condition de toute négociation avec Téhéran.

Le Trésor américain a dans la foulée annoncé des sanctions contre deux hauts responsables du renseignement iranien, Mohammad Baseri et Ahmad Khazai, pour leur implication présumée.

Le ressortissant américain avait disparu en 2007 dans des circonstances mystérieuses, et Washington avait depuis réclamé l’aide de Téhéran malgré l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays ennemis.

«Le gouvernement iranien s’était engagé à apporter son assistance pour rapatrier Bob Levinson, mais il ne l’a jamais fait. La vérité, c’est que des agents des services de renseignement iraniens, avec le feu vert de hauts responsables iraniens, ont été impliqués dans l’enlèvement et la détention de Bob», a déclaré le directeur de la police fédérale américaine Christopher Wray dans un communiqué.

«Le gouvernement américain est parvenu à la conclusion que toutes les preuves dont nous disposons semblent indiquer que Bob est mort en captivité», a dit un autre haut responsable américain dans un échange avec la presse. «Il est très clair que ce cas était bien connu à des niveaux très élevés du gouvernement iranien», a-t-il insisté.

Dès le mois de mars, après 13 ans d’incertitude, le président Trump avait laissé entendre que son décès était probable. La famille de l’ex-agent du FBI avait alors affirmé avoir été informée par des responsables américains qu’il était «mort alors qu’il était détenu par les autorités iraniennes».

Washington a toujours affirmé que Bob Levinson n’oeuvrait pas pour le gouvernement américain au moment de sa disparition en mars 2007, sur l’île de Kish, dans le Golfe. Il était alors déjà retraité du FBI depuis une dizaine d’années.

Mais selon le Washington Post, il travaillait pour la CIA et devait rencontrer un informateur au sujet du programme nucléaire iranien.

Biden aux antipodes

Les circonstances de la captivité de l’ex-agent, et de son «probable décès», n’ont pas été précisées par les responsables américains. «Nous appelons le régime iranien à fournir un compte-rendu exhaustif de ce qui est arrivé à M. Levinson», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué.

Les responsables de l’administration Trump ont assuré que le timing de cette annonce n’avait rien de politique, s’agissant uniquement du résultat d’un « processus complexe ».

Mais cette accusation formelle met davantage encore la pression sur la future administration Biden pour qu’elle se montre intransigeante avec Téhéran.

D’autant qu’elle intervient juste après l’exécution par l’Iran de l’opposant Rouhollah Zam, dénoncée comme «barbare» par Mike Pompeo et que le futur conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden à la Maison Blanche, Jake Sullivan, a aussi qualifiée de «violation horrible des droits humains».

Or l’Iran est un dossier sur lequel le président élu démocrate, qui doit entrer en fonction en janvier, est aux antipodes de son prédécesseur républicain.

Donald Trump a sorti les Etats-Unis de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, jugeant qu’il était insuffisant pour empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique et pour endiguer son comportement « néfaste » au Moyen-Orient. Il a rétabli puis durci les sanctions américaines levées dans le cadre de cette entente internationale.

Joe Biden veut lui revenir dans cet accord et lever les sanctions, à condition que les autorités iraniennes reviennent de leur côté dans les clous des restrictions nucléaires qu’elles ont commencé à transgresser en représailles à la décision du milliardaire républicain.

Un haut responsable de l’administration sortante a exhorté lundi le prochain gouvernement à « inclure le retour à la maison de tous les Américains injustement détenus » en Iran dans une éventuelle négociation avec la République islamique.

Un commando de 12 professionnels ont assassiné le scientifique iranien dans une opération qui a durée 3 minutes

On en sait davantage sur l’assassinat de l’éminence grise du programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, vendredi près de la capitale iranienne. L’Iran pointe du doigt les services secrets israéliens et les fuites de l’enquête évoquent l’implication de 62 agents dont 12 assassins qui auraient attaqué le convois du scientifique en seulement 3 minutes. Une autre version parle d’un tir téléguidé depuis une camionnette bleue.

Alors que l’Iran pleure devant le corps du père de la bombe iranienne, Mohsen Fakhrizadeh, âgé de 59 ans, assassiné vendredi aux abords de Téhéran, exposé devant les fidèles, les informations sur l’opération de sa liquidation font le tour des rédactions.

Version du Samedi

Selon une première version qui a prévalue depuis samedi soir, l’alimentation en courant électrique de toute la région, où allait passer le convoi de la cible, aurait été coupée. Puis une pluie de tirs d’armes à feu et d’explosifs auraient détruit le convoi avant que le corps de Mohsen Fakhrizadeh ne soit traîné de la voiture et liquidé.

Selon cette version 69 agents auraient participé à l’organisation de l’assassinat dont 12 assassins, tous évaporés dans la nature.

C’est un journaliste iranien, Mohamad Ahwaze, qui a publié sur twitter, un compte rendu des événements attribué aux services iranien.

Ahwaze a déclaré que 62 membres étaient impliqués dans l’attaque de Fakhrizadeh. Le convoi de Fakhrizadeh composé de trois voitures blindées a été pris pour cible près d’Absard, à 40Km à l’est de la capitale Téhéran par 12 membres du commando, qu’il a décrit comme étant hautement formés et assistés par des «services de sécurité et de renseignement à l’étranger».

«Plus de cinquante autres personnes auraient apporté un soutien logistique», ajoute Ahwaze.

Il n’a pas précisé s’ils étaient en Iran ou à l’étranger.

Le commando surveillait Fakhrizadeh et savait qu’il allait conduire de Téhéran à Absard vendredi.

Absard est un village montagneux de 10 000 personnes. C’est l’endroit où de nombreux Téhéranais disposent de résidences secondaires, et Fakhrizadeh, 59 ans, y avait une villa.

Le récit du journaliste iranien était particulièrement détaillé : «Une Nissan a été mise en place et gréée pour exploser au passage de Fakhrizadeh et des tireurs d’élite attendaient le convoi, ainsi qu’une voiture Hyundai avec des assassins à l’intérieur. Ils ont planifié l’attaque pour un rond-point à Absard, au pied d’un boulevard bordé d’arbres qui pénètre dans la ville. Une Hyundai Santa Fe avec quatre passagers, quatre motos et deux tireurs d’élite l’attendaient sur les lieux de l’embuscade, avec un pick-up Nissan piégé ».

Sepah Cybery, une chaîne de médias sociaux affiliée au corps des gardiens de la révolution islamique, a dévoilé que les hommes armés du commando auraient ouvert le feu sur les voitures et une intense fusillade s’en aurait suivie.

Ahwaze a rajouté dans sa série de tweet que selon les leaks iraniens, le chef de l’équipe d’assassinat aurait sorti Fakhrizadeh de sa voiture et lui aurait tiré dessus et s’est assuré qu’il était mort. »

«Le commando aurait ensuite disparu sans subir aucune perte», a rapporté Ahwaze.

Version du Dimanche

Dimanche, l’agence de presse iranienne Fars a publié une dépêche dans laquelle a donné quelques nouveaux détails sur l’exécution de Mohsen Fakhrizadeh.

L’agence de presse rapporte que l’opération n’aurait duré que trois minutes et que le convois aurait été la cible de tirs aurait effectués avec une arme téléguidée. Fars affirme qu’aucune trace des assassins n’a été trouvée dans la zone de l’attentat.

Cette camionnette aurait porté une arme téléguidée qui aurait tiré sur le convois de Mohsen Fakhrizadeh

Mais cette version des faits «serait de la pure désinformation» selon des observateurs israéliens. Minimiser la taille de l’opération mettrait moins dans l’embarras les services iraniens accusés d’avoir démontré des failles dans la surveillance du territoire.

Le ministère iranien du renseignement a annoncé plus tard: «Nous avons obtenu les premiers indices de l’attaque et de l’assassinat de Fahrizadeh»

De plus, des informations ont affirmé dimanche soir que l’un des gardes du corps du scientifique, gravement blessé, serait toujours vivant. Son témoignage pourrait éclairer les enquêteurs iraniens.

Les responsables iraniens ont blâmé le Mossad d’Israël pour l’assassinat. Un responsable américain et deux autres responsables du renseignement ont également déclaré au New York Times qu’Israël était derrière l’attaque.

L’Iran a juré des représailles pour le meurtre de son principal scientifique nucléaire

Inquiétudes le la communauté internationale

Les EAU et Oman, deux pays qui se concurrencent dans le rôle de pays tampon de la région, ont gardant des relations ouvertes avec le régime des mollahs de Téhéran, et qui sont tous deux engagés dans le processus de normalisation avec Israël, n’ont pas manqué de condamner l’assassinat de Fahrizadeh.

Alors qu’Abou Dhabi a publié un communiqué de sa diplomatie, décriant «le crime odieux» de l’assassinat du scientifique iranien et mettant en garde du risque d’escalade qui pourrait embraser la région, le ministre omanais des Affaires étrangères Badr al-Hamad al-Busaidi, a appelé son homologue iranien, Javad Zarif, pour condamner cet assassinat. Le ministre a exprimé ses condoléances à l’Iran, affirmant que l’assassinat était «contraire au droit humain et international».

La Jordanie a suivi les pas de ses voisins pour condamner dans un communiqué de sa diplomatie l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh et en appelant à coordonner les efforts pour «pour réduire les tensions, empêcher l’escalade dans la région et protéger la sécurité et la stabilité.»

Samedi, les Nations unies ont tenté de calmer le jeu en «exhortant à la retenue et à la nécessité d’éviter toute action qui pourrait mener à une aggravation des tensions dans la région du Moyen-Orient».

« Bien sûr, nous condamnons tout assassinat ou meurtre illégal », a ajouté Stéphane Dujarric, en réponse à une demande de réaction du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à cet évènement vivement dénoncé par Téhéran qui a menacé de représailles.

Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, l’ambassadeur iranien auprès de l’Organisation, Majid Takht Ravanchi, avait réclamé dès vendredi soir à Antonio Guterres et au Conseil de sécurité une condamnation claire de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère de la Défense.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale et du Conseil de politique étrangère du Parlement iranien a pour sa part affirmé aujourd’hui que le rôle d’Israël aurait été prouvé dans l’assassinat de Fahrizadeh, mais en raison de la complexité de l’opération, d’autres éléments étrangers seraient probablement impliqués. Applaudi par les député, Abolfazl Amouei, a ajouté : «Il est clair qu’il s’agissait d’une opération préplanifiée, et complexe. Nous avons déjà de bons indices pour savoir qui était derrière».

Jared Kushner pour éteindre le feu ?

Aux États-Unis, un haut responsable de la Maison Blanche a déclaré que le conseiller et gendre du président, Jared Kushner, s’était rendu en Arabie saoudite et au Qatar et qu’il devait rencontrer le prince héritier saoudien Ben-Salman dans la ville de Naum. Les envoyés de Trump dans la région, Avi Berkowitz, qui a récemment travaillé à la normalisation des relations d’Israël avec les pays arabes, et Brian Hawke, l’envoyé de l’administration en Iran, se joindront également à la visite.

Sabotage de la diplomatie et de la feuille de route de l’administration Biden

Mais pour la plupart des analystes américains, l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh est dangereux et affaiblit la position de Joe Biden qui, désireux de rompre avec l’unilatéralisme de Donald Trump, a dit vouloir offrir «à l’Iran une voie crédible de retour à la diplomatie» en vue d’une réintégration des Etats-Unis à l’accord sur le nucléaire iranien.

L’éditorialiste, Barbara Slavin a écrit sur The New York Times que le président élu Joe Biden et son équipe ne peuvent pas faire grand chose de plus que «d’envoyer des messages à travers les médias à l’Iran pour qu’il reste patient jusqu’à l’inauguration le 20 janvier – et aux Israéliens pour arrêter leur campagne de sabotage».

Pour John Brennan, ancien patron de la CIA, c’est un «acte criminel et extrêmement dangereux», qui risque d’entraîner des «représailles létales et une nouvelle phase de conflit régional». Brennan, qui était à la tête de l’agence de renseignement américaine de 2013 à 2017, sous la présidence de Barack Obama et alors que Joe Biden était vice-président, a exhorté l’Iran à «résister à l’envie» d’exercer des représailles et d’attendre «le retour de dirigeants américains responsables sur la scène internationale».

Assassinat du père de la bombe nucléaire iranienne aux abords de Téhéran

Le chef du programme militaire nucléaire iranien a été assassiné vendredi aux abords de Téhéran. L’information a été confirmée par le ministère de défense de la république islamique.

Le docteur Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, professeur de sciences physiques et officier des Gardiens de la révolution, désigné par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en 2018, comme étant à la tête du projet d’armement nucléaire en Iran, a été abattu en plein rue, dans une ville proche de Téhéran.

Mohsen Fakhrizadeh a été pris en embuscade dans la ville d’Absard, à 70 km à l’est de Téhéran. Quatre assaillants ont ouvert le feu après que des témoins aient entendu une explosion. Les efforts pour réanimer Fakhrizadeh ont échoué et son garde du corps a également été blessé.

Un conseiller du chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis que le pays exercerait des représailles contre les auteurs. «Nous frapperons comme le tonnerre les assassins de ce martyr opprimé et leur ferons regretter leur action», a tweeté Hossein Dehghan, un commandant militaire.

Le ministère iranien de la Défense a confirmé la mort de Fakhrizadeh dans un communiqué. «Lors de l’affrontement entre son équipe de sécurité et les terroristes, Mohsen Fakhrizadeh a été grièvement blessé et emmené à l’hôpital», a-t-il indiqué. «Malheureusement, l’équipe médicale n’a pas réussi à le faire revivre, et il y a quelques minutes, ce directeur et scientifique, après des années d’efforts et de lutte, a atteint un haut degré de martyre.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a immédiatement identifié Israël comme le coupable probable. «Les terroristes ont assassiné un éminent scientifique iranien aujourd’hui», a-t-il tweeté. «Cette lâcheté – avec des indications sérieuses du rôle israélien – montre un bellicisme désespéré des auteurs. L’Iran appelle la communauté internationale – et en particulier l’UE – à mettre un terme à leur honteux deux poids de mesure et à condamner cet acte de terreur d’État. »

Israël responsable de cet assassinat?

Netanyahu avait révélé en 2018 que l’Etat juif s’était saisi de nombreuses archives dans un entrepôt de Téhéran qui étaient consacrées aux détails de son programme militaire nucléaire, il avait ajouté : « Souvenez-vous bien de ce nom, Fakhrizadeh. »

Un reportage diffusé par la télévision israélienne avait affirmé que l’Etat juif avait décidé de ne pas assassiner Fakhrizadeh dans le passé, préférant le garder en vie pour voir ce qu’il était capable de réaliser.

Israël aurait tué plusieurs éminents scientifiques iraniens au fil des ans pour entraver le programme nucléaire de la république islamique.

Ronen Bergman, expert des renseignements, avait indiqué devant les caméras de la Dixième chaîne, en 2019, que dans la mesure où un grand nombre des proches associés de Fakhrizadeh avaient été tués au cours des années dans des assassinats liés au Mossad, il était « raisonnable de supposer » qu’il serait lui aussi « ciblé » par un assassinat des services secrets israéliens.

Et parce qu’il était encore en vie, avait ajouté Bergman, « on peut se dire qu’apparemment, il y a eu un plan d’assassinat ». Et qu’apparemment, ce plan aurait été abandonné quand Ehud Olmert était Premier ministre, avait poursuivi Bergman, choisissant ses mots avec soin au vu des limitations induites par la censure militaire sur les dossiers de sécurité nationale.

Par ailleurs, en vue de la forte sensibilité de la fin de mandat de Donald Trump, l’armée israélienne s’était préparée à la possibilité que le président américain ordonne une frappe contre l’Iran avant de quitter la Maison Blanche au mois de janvier.

Les responsables israéliens, avaient déclaré que Washington informerait probablement l’Etat juif avant de lancer une action militaire contre la république islamique.

Il est rappeler qu’au mois de janvier 2020, les Etats-Unis avaient assassiné Qassem Soleimani, le puissant dirigeant des forces al-Quds, au cours d’une frappe aérienne perpétrée à l’aéroport international de Bagdad, qui avait failli déclencher un conflit plus important entre les deux pays.

Téhéran dit avoir échangé une Australo-Britannique contre trois Iraniens

Téhéran a annoncé mercredi avoir relâché la chercheuse australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, condamnée pour espionnage au profit d’Israël, en échange de trois Iraniens.

Avec AFP

«Un homme d’affaires et deux citoyens iraniens, détenus à l’étranger sur la base de fausses accusations, ont été libérés en échange d’un espion de double nationalité travaillant pour le compte du régime sioniste», a annoncé Iribnews, site internet de la télévision d’Etat, en donnant le nom de Mme Moore-Gilbert.

La télévision ne donne aucune autre précision sur l’échange.

Iribnews publie simplement une vidéo sans commentaires montrant trois hommes non identifiables accueillis avec les honneurs par le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, ainsi que quelques plans de Mme Moore-Gilbert accompagnée par l’ambassadrice d’Australie à Téhéran, Mme Lyndall Sachs.

La ministre des affaires étrangères australienne Marise Payne a confirmé dans la soirée que Kylie Moore-Gilbert est libérée de son incarcération en Iran et sera bientôt réunie avec sa famille.

L’arrestation de Mme Moore-Gilbert, enseignante trentenaire en études islamiques à l’université de Melbourne (Australie), avait été confirmée en septembre 2019. Selon sa famille, elle avait été incarcérée plusieurs mois auparavant.

Condamnée à dix ans de prison pour intelligence avec Israël, la jeune femme a toujours nié être une espionne.

«Une bonne nouvelle en provenance d’Iran, c’est rare», a réagi l’organisation de défense des droits humains Amnesty International sur Twitter, «c’est un énorme soulagement d’entendre parler de sa libération».

La presse iranienne a très peu écrit sur Mme Moore-Gilbert et le peu d’informations disponibles sur elle provient surtout des autorités australiennes, de sa famille et de journaux britanniques ou australiens.

Selon le quotidien britannique The Guardian, elle aurait été arrêtée en septembre 2018 à l’aéroport de Téhéran après avoir participé à une conférence académique en Iran.

Dans des lettres sorties clandestinement de prison et publiées en janvier par le Guardian et le Times, elle disait avoir refusé une offre des Iraniens d’espionner pour leur compte.

Prisonnière politique innocente

Dans l’un de ces dix documents manuscrits adressés dans un persan rudimentaire aux autorités iraniennes, elle faisait part de son « rejet officiel et définitif » de l’offre de « travailler avec le service de renseignement des Gardiens de la Révolution », armée idéologique de la République islamique, selon les deux quotidiens.

«Je ne suis pas une espionne. Je n’ai jamais été une espionne», écrivait-elle.

Se sentant «abandonnée et oubliée», Kylie Moore-Gilbert évoquait également dans ces missives écrites entre juin et décembre 2019 une existence précaire et faite de privations, sans visites ni appels, ainsi que des problèmes de santé récurrents.

Signant «une prisonnière politique innocente», elle demandait à être transférée dans la section générale des femmes de la prison d’Evine à Téhéran, après des mois en isolement dans une petite cellule éclairée en permanence ayant «porté gravement atteinte» à sa santé.

Finalement transférée dans cette section, elle y a côtoyé l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe.

Son comité de soutien a indiqué fin octobre qu’elle avait été transférée à la prison pour femmes de Qarchak, réservées aux détenues de droit commun, avant d’être renvoyée à Evine.

Détenue depuis juin 2019 et condamnée à cinq ans de prison pour «collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale» et «propagande contre le système» politique de la République islamique (accusations qu’elle nie), Mme Adelkhah est détenue à domicile sous contrôle d’un bracelet électronique depuis début octobre.

Depuis plusieurs mois, c’est également la situation de Mme Zaghari-Ratcliffe, menacée d’un nouveau procès après avoir été condamnée à cinq ans de prison sur une accusation de complot contre la sûreté nationale, qu’elle nie.

L’Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, dénonce comme autant de tentatives d' »ingérence inacceptable » les appels de Paris à libérer Mme Adelkhah et de Londres à élargir Mme Zaghari-Ratcliffe.

Au cours des derniers mois, l’Iran a procédé à plusieurs échanges de prisonniers avec des pays détenant des ressortissants iraniens condamnés, en attente de procès, ou menacés d’extradition vers les Etats-Unis.

Depuis le 23 novembre, le ministère des Affaires étrangères allemand déconseille vivement aux binationaux possédant la nationalité iranienne de se rendre en Iran, au risque de s’y faire arrêter « sans raison compréhensible ».

L’ambassadeur d’Iran convoqué au quai d’Orsay, selon des sources

L’ambassadeur d’Iran en France a été convoqué cette semaine au ministère des Affaires étrangères pour un motif lié aux droits de l’Homme, a-t-on appris auprès de trois sources proches du dossier.

Reuters

Le gouvernement français s’exprime rarement sur la question du respect des droits de l’Homme en Iran, mais le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, a jugé nécessaire de le faire mardi après la dégradation de la situation qui a, selon lui, suivi les manifestations antigouvernementales de novembre 2019.

Prié de dire si la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne avaient décidé d’intervenir conjointement auprès de Téhéran concernant le traitement des prisonniers politiques et des binationaux qui y sont détenus, Agnès von der Muhll, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a éludé la question.

«Les autorités françaises expriment régulièrement leurs inquiétudes concernant les violations graves et constantes des droits de l’Homme en Iran», a-t-elle répondu. «Ces préoccupations sont partagées par de nombreux partenaires, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni.»

Selon l’une des sources, les trois puissances européennes ont bien agi conjointement pour signaler à l’Iran que ses actes nuisaient à leurs relations. D’après les deux autres sources, l’ambassadeur a été convoqué jeudi.

En Grande-Bretagne, le Guardian avait annoncé la veille que les ambassadeurs iraniens à Londres, Paris et Berlin allaient être convoqués spécifiquement pour le traitement des prisonniers politiques et la détention des binationaux.

La décision de Paris, Berlin et Londres intervient alors que les trois pays s’efforcent de maintenir l’accord sur le nucléaire signé en 2015 avec l’Iran, remis en cause par les Etats-Unis.

Jeudi, Washington a mis sur liste noire plusieurs responsables et entités iraniens pour des violations présumées flagrantes des droits de l’Homme. De son côté, l’Union européenne n’a pas imposé de sanctions sur les violations des droits de l’Homme en Iran depuis 2013.

Répondant à l’article du Guardian, et sans les nommer, le porte parle du iranien des Affaires étrangères Saeed Khatibzadeh a indiqué dans un communiqué que certaines puissances européennes interféraient dans les affaires internes de son pays.

«L’Iran estime que le comportement motivé par des raisons politiques et les actions sélectives des Etats-Unis et de certains gouvernements européens ont toujours porté le coup le plus dur au principe des droits de l’Homme», a-t-il dit.

https://twitter.com/IRIMFA/status/1309564711420260353

Washington impose de nouvelles sanctions contre l’Iran

Les Etats-Unis ont imposé lundi de nouvelles sanctions contre le ministère iranien de la Défense et d’autres entités associées aux programmes nucléaire et d’armement de la République islamique.

Avec Reuters

L’administration Trump considère, contre l’avis des autres principales puissances du Conseil de sécurité des Nations unies, que les sanctions internationales qui avaient été levées en contrepartie de l’accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien sont désormais rétablies.

En application d’un décret présidentiel signé par Donald Trump, les Etats-Unis ont précisé avoir imposé des sanctions au ministère iranien de la Défense ainsi qu’à l’organisation iranienne des industries de défense et son directeur, Mehrdad Akhlaghi-Ketabchi, et à d’autres entités.

«Peu importe qui vous êtes, si vous violez l’embargo de l’Onu sur les armes en Iran, vous risquez des sanctions», a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, lors d’une conférence de presse à laquelle participaient également ses homologues au Trésor Steven Mnuchin, à la Défense Mark Esper et au Commerce Wilbur Ross ainsi que Robert O’Brien, le conseiller à la sécurité nationale.

Dans le cadre du Plan d’action global commun (JCPoA) conclu en juillet 2015 à Vienne entre les puissances du P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni + l’Allemagne) et l’Iran, l’embargo de l’Onu sur les armes conventionnelles est censé expirer le 18 octobre, peu de temps avant l’élection présidentielle américaine du 3 novembre.

Les Etats-Unis, que Donald Trump a retiré de l’accord de Vienne en mai 2018, ont enclenché le mois dernier la procédure dite de “snapback”, une disposition du JCPoA qui prévoit le rétablissement automatique des sanctions dans un délai de 30 jours en cas de non respect des dispositions de l’accord.

Ce compte à rebours, selon l’administration américaine, a expiré dimanche à 00h00 GMT. Mais les autres signataires de l’accord, toujours partie prenante eux, réfutent cette lecture américaine du JCPoA.

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