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Le président Emmanuel Macron à bord d'un véhicule militaire remonte l'avenue des Champs-Elysées lors de sa journée d'investiture, le 14 mai 2017 à Paris

Macron, chef de guerre

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En visite mercredi aux chantiers navals de STX à Saint-Nazaire, leader mondial de la construction des Bâtiments de guerre, de projection et de commandement tels les Frégates et Corvettes, ainsi que les navires polyvalents couvrant les fonctions opérationnelles de navires amphibie, de porte-hélicoptères, de poste de commandement et de navire hôpital, le président français Emmanuel Macron confirme, depuis son investiture, sa stature de chef des Armées. Quatre Conseils de défense en deux semaines, l’installation d’une Task Force à l’Elysée, une visite aux Forces françaises stationnées à Gao au Mali, un sommet de l’Otan : moins d’un mois après son élection, Macron se présente en véritable chef de Guerre de son pays.


Emmanuel Macron participe à l’inauguration du navire de croisière MSC Meraviglia aux chantiers navals de Saint-Nazaire, mercredi 31 mai 2017. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS / « LE MONDE »

Avant de se rendre à Saint-Nazaire pour visiter les derniers nés d’un des fleurons de l’industrie militaire en France, Emmanuel Macron a pris le soin de réunir son quatrième Conseil de défense avec à l’ordre du jour la mise en place d’une nouvelle génération du dispositif Vigipirate, notamment après l’attentat terroriste de Manchester en Grande-Bretagne. L’occasion s’est également prêtée pour discuter de l’architecture de la future Task Force qui aura pour mission la conduite des stratégies de crise particulièrement lors de la gestion dans la durée d’une riposte à une campagne terroriste. Cette Task Force, la première du genre en France rattachée directement à l’Elysée, coordonnera en temps réel les actions de la DGSE (renseignement extérieur), de la DGSI (renseignement intérieur) et de la DRM (renseignement militaire).

 

Cette fibre militaro-sécuritaire n’est pas nouvelle chez Emmanuel Macron. Déjà, en août 2016, quand il a quitté Bercy pour se lancer dans l’aventure présidentielle, il avait mis en place un groupe de réflexion de défense et de sécurité constitué de militaires, de gendarmes, de policiers, d’hommes du renseignement et de magistrats, qui lui soumettait presque quotidiennement des fiches et des infographies pour l’initier aux arcanes de ce monde. Cela fait donc neuf mois qu’il baigne dans cet environnement.

Emmanuel Macron en chef de l’État martial avec les soldats de l’opération Barkhane, le vendredi 19 mai. Il était accompagné de la nouvelle chef des Armées en France, Sylvie Goulard.
Emmanuel Macron partageant le déjeuner avec les soldats de l’opération Barkhane en marge de sa visite au Mali le vendredi 19 mai
Emmanuel Macron (2e) et la ministre française de la Défense, Sylvie Goulard (L), rencontrent les troupes de l’opération française de lutte contre le terrorisme.
A Gao, le 19 mai 2017. Le nouveau président français (au centre) a insisté sur la volonté de la France de contribuer au développement et à la sécurité du pays.

Seul hic, il n’a pas fait son service militaire. Mais en homme d’autorité et lucide, il sait se faire respecter en tant que chef exigeant. Avec 30 000 hommes actuellement en opération à travers le monde, la France a atteint un seuil critique, et ce ne sont pas les 2% du PIB qui seront alloués à la Défense à l’horizon 2025 qui permettront de mieux répondre aux ambitions géostratégiques de Paris. Et cela Macron l’a bien compris. D’où son premier déplacement hors-Europe réservé aux troupes françaises stationnées à Gao, au Mali. Les 1700 soldats en faction dans cette région sensible de l’Afrique subsaharienne, constituent les sentinelles de la lutte antiterroriste que mène la France. Il est vrai que 1000 autres soldats Allemands sont également sur place mais dans le cadre d’une mission de l’ONU aux côtés de troupes algériennes, tchadiennes et mauritaniennes lesquelles, contrairement aux troupes françaises, ne sont pas véritablement engagées sur le terrain, ce qui irrite Emmanuel Macron qui a tenu à le faire savoir aux chefs de l’Etat de ces pays africains, notamment à Abdelaziz Bouteflika avec qui il a eu un entretien téléphonique pour l’inciter à pousser l’Algérie à davantage d’efforts.

Certainement admirateur de l’Art de la Guerre de Sun Tzu, Emmanuel Macron a démontré une véritable posture martiale lors de sa première revue des troupes à l’Elysée le jour de son investiture. Juste après, il descend les Champs-Élysées à bord d’un Command car contrairement à ses prédécesseurs, avant de rendre à l’hôpital Percy au chevet des militaires français blessés au combat dans différents théâtres d’opération à travers le monde.

Le président Emmanuel Macron à bord d’un véhicule militaire remonte l’avenue des Champs-Elysées lors de sa journée d’investiture, le 14 mai 2017 à Paris

Toute cette symbolique militaire, Macron l’a affichée devant son hôte russe Vladimir Poutine qu’il reçu au Palais de Versailles et devant lequel il a solennellement déroulé sa vision géostratégique du monde. Parlant du dossier syrien lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe, le président français a clairement exprimé ses intentions belliqueuses : «Une utilisation des armes chimiques entraînera une riposte immédiate de la France.»

Emmanuel Macron recevant Vladimir Poutine à Versailles – 29 Mai 2017

C’est la première fois qu’un président français parle d’utiliser la force sans passer par l’ONU et sans autorisation du Conseil de sécurité. Un tournant dans la politique étrangère de la France ? Hypothèse à ne pas écarter surtout que le nouveau président a rebaptisé le ministère de la Défense en ministère des Armées comme sous Napoléon, et a nommé le ministre sortant de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en tant que ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. D’aucuns diraient une diplomatie guerrière.

En 2015, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie avait montré un intérêt particulier au drone Watchkeeper Drone. La photo avec le PDG de Thales, Patrice Caine, lors du 51e salon du Bourget, près de Paris, le 20 juin 2015. Source : REUTERS/Pascal Rossignol

Abdellah El Hattach

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