L’Emir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, a reçu ce lundi 29 octobre à Doha, le directeur général de la DGSN et de la DGST qui conduit la délégation marocaine participant à l’édition 2018 du Milipol. Cette audience s’est déroulée en présence de Cheikh Abdallah Ben Nasser Ben Khalifa al-Thani, premier ministre et ministre de l’Intérieur du Qatar. Le Milipol est un événement international de la sûreté et de la sécurité intérieure des États au Moyen-Orient qui se déroule tous les deux ans dans la capitale du Qatar.
Rien n’indique que l’opération antiterroriste de Villejuif de ce mercredi se soit faite en collaboration avec les services de renseignement marocains, mais la concomitance de cette dernière avec le démantèlement le même jour, par la DGST marocaine, en collaboration avec les services sécuritaires espagnols, d’une cellule terroriste dans la banlieue de Nador, laisse supposer que les polices des trois pays coordonnent de plus en plus leurs opérations sur le terrain. Sachant que les deux interventions ont coïncidé avec une troisième, à savoir l’arrestation par les services sécuritaires espagnols à Melilla, d’un complice des membres de la cellule terroriste de Nador.
Dans le Val-de-marne, près de Paris, des composants pouvant entrer dans la fabrication d’explosifs ont été découverts aujourd’hui dans un appartement à Villejuif, déclenchant une intervention antiterroriste qui a mené à l’interpellation de deux hommes. Des bonbonnes de gaz et des fils électriques ont été découverts par les démineurs.
La SAT (section antiterroriste de la brigade criminelle parisienne) et la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) ont été saisies de cette enquête.
Au même moment, au Maroc, un communiqué du ministère de l’Intérieur indiquait que l’opération antiterroriste de Nador avait un caractère préventif précisant que le BCIJ, relevant de la DGST, a procédé à l’arrestation d’une cellule terroriste composée de trois personnes.
Les investigations ont prouvé que les membres de cette cellule s’activaient dans le recrutement de jeunes au profit de Daech, parallèlement à l’apologie des actes barbares exécutés par les combattants aussi bien sur la scène syro-irakienne qu’à l’étranger.
Le démantèlement concomitant des cellules terroristes de Villejuif et celles de Nador et de Melillia intervient sur fond d’exacerbation de la menace terroriste qui guette ces trois pays et «la volonté de Daech de multiplier ses opérations hors ses fiefs en Irak et en Syrie, et ce en incitant ses partisans à exécuter davantage d’opérations terroristes» en Europe et Afrique du nord.
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Le Conseil de défense réuni mercredi à l’Elysée sous la présidence d’Emmanuel Macron a validé la création d’un «centre national du contre-terrorisme», placé au sein de la Coordination nationale du renseignement, sous l’autorité directe du président de la république. L’occasion aussi pour le Président Français de nommer de nouveaux patrons des services de renseignement intérieur et extérieur.
Cette nouvelle unité constitue en fait la «task force» promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle. Ce centre, placé auprès du président de la République, sera chargé du «pilotage stratégique des services de renseignement». Et c’est l’ancien patron de la DST, Pierre de Bousquet de Florian qui a été choisi pour diriger cet organisme. Ce préfet de 63 ans, qui sera entouré d’une vingtaine d’analystes issus des ministères de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice et de l’Économie, participera, ès qualité, au Conseil de Défense du mercredi à l’Elysée et sera chargé de fluidifier la réactivité et l’information auprès du Président de la République.
Par ailleurs, l’Elysée indique que Emmanuel Macron procédera à la nomination du préfet Laurent Nunez en tant que directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), tandis que Bernard Emié, ambassadeur de France à Alger, est pressenti pour prendre la tête de la Direction générale des services extérieurs (DGSE).
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En visite mercredi aux chantiers navals de STX à Saint-Nazaire, leader mondial de la construction des Bâtiments de guerre, de projection et de commandement tels les Frégates et Corvettes, ainsi que les navires polyvalents couvrant les fonctions opérationnelles de navires amphibie, de porte-hélicoptères, de poste de commandement et de navire hôpital, le président français Emmanuel Macron confirme, depuis son investiture, sa stature de chef des Armées. Quatre Conseils de défense en deux semaines, l’installation d’une Task Force à l’Elysée, une visite aux Forces françaises stationnées à Gao au Mali, un sommet de l’Otan : moins d’un mois après son élection, Macron se présente en véritable chef de Guerre de son pays.

Emmanuel Macron participe à l’inauguration du navire de croisière MSC Meraviglia aux chantiers navals de Saint-Nazaire, mercredi 31 mai 2017. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS / « LE MONDE »
Avant de se rendre à Saint-Nazaire pour visiter les derniers nés d’un des fleurons de l’industrie militaire en France, Emmanuel Macron a pris le soin de réunir son quatrième Conseil de défense avec à l’ordre du jour la mise en place d’une nouvelle génération du dispositif Vigipirate, notamment après l’attentat terroriste de Manchester en Grande-Bretagne. L’occasion s’est également prêtée pour discuter de l’architecture de la future Task Force qui aura pour mission la conduite des stratégies de crise particulièrement lors de la gestion dans la durée d’une riposte à une campagne terroriste. Cette Task Force, la première du genre en France rattachée directement à l’Elysée, coordonnera en temps réel les actions de la DGSE (renseignement extérieur), de la DGSI (renseignement intérieur) et de la DRM (renseignement militaire).
Cette fibre militaro-sécuritaire n’est pas nouvelle chez Emmanuel Macron. Déjà, en août 2016, quand il a quitté Bercy pour se lancer dans l’aventure présidentielle, il avait mis en place un groupe de réflexion de défense et de sécurité constitué de militaires, de gendarmes, de policiers, d’hommes du renseignement et de magistrats, qui lui soumettait presque quotidiennement des fiches et des infographies pour l’initier aux arcanes de ce monde. Cela fait donc neuf mois qu’il baigne dans cet environnement.




Seul hic, il n’a pas fait son service militaire. Mais en homme d’autorité et lucide, il sait se faire respecter en tant que chef exigeant. Avec 30 000 hommes actuellement en opération à travers le monde, la France a atteint un seuil critique, et ce ne sont pas les 2% du PIB qui seront alloués à la Défense à l’horizon 2025 qui permettront de mieux répondre aux ambitions géostratégiques de Paris. Et cela Macron l’a bien compris. D’où son premier déplacement hors-Europe réservé aux troupes françaises stationnées à Gao, au Mali. Les 1700 soldats en faction dans cette région sensible de l’Afrique subsaharienne, constituent les sentinelles de la lutte antiterroriste que mène la France. Il est vrai que 1000 autres soldats Allemands sont également sur place mais dans le cadre d’une mission de l’ONU aux côtés de troupes algériennes, tchadiennes et mauritaniennes lesquelles, contrairement aux troupes françaises, ne sont pas véritablement engagées sur le terrain, ce qui irrite Emmanuel Macron qui a tenu à le faire savoir aux chefs de l’Etat de ces pays africains, notamment à Abdelaziz Bouteflika avec qui il a eu un entretien téléphonique pour l’inciter à pousser l’Algérie à davantage d’efforts.
Certainement admirateur de l’Art de la Guerre de Sun Tzu, Emmanuel Macron a démontré une véritable posture martiale lors de sa première revue des troupes à l’Elysée le jour de son investiture. Juste après, il descend les Champs-Élysées à bord d’un Command car contrairement à ses prédécesseurs, avant de rendre à l’hôpital Percy au chevet des militaires français blessés au combat dans différents théâtres d’opération à travers le monde.

Toute cette symbolique militaire, Macron l’a affichée devant son hôte russe Vladimir Poutine qu’il reçu au Palais de Versailles et devant lequel il a solennellement déroulé sa vision géostratégique du monde. Parlant du dossier syrien lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe, le président français a clairement exprimé ses intentions belliqueuses : «Une utilisation des armes chimiques entraînera une riposte immédiate de la France.»

C’est la première fois qu’un président français parle d’utiliser la force sans passer par l’ONU et sans autorisation du Conseil de sécurité. Un tournant dans la politique étrangère de la France ? Hypothèse à ne pas écarter surtout que le nouveau président a rebaptisé le ministère de la Défense en ministère des Armées comme sous Napoléon, et a nommé le ministre sortant de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en tant que ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. D’aucuns diraient une diplomatie guerrière.

Abdellah El Hattach Follow @aelhattach