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Trois journalistes convoqués par la DGSI pour avoir dévoilé l’usage massif des armes françaises dans la guerre au Yémen

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Après avoir révélé un rapport confidentiel affirmant que les armes vendues aux Emirats et à l’Arabie Saoudite étaient utilisées dans les combats et les bombardements au Yémen y compris sur des zones civiles, trois journalistes français indépendants font l’objet d’une action en justice pour atteinte au « secret défense » par le ministère des Armées et ils ont même été convoqué par la DGSI. Cela a suscité une levée de boucliers en France surtout que la Cour européen de justice a consacré le principe du secret des sources des journalistes.

En France, trois journalistes français ont été convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans le cadre d’une « enquête préliminaire » pour « compromission du secret de la défense nationale ouverte par le parquet de Paris en France. Cette convocation intervient après la publication, le 15 avril dernier, de documents confidentiels relatifs aux ventes d’armes par la France aux Emirats arabes unis et à l’Arabie Saoudite, engagés dans la guerre au Yémen. Le 24 avril dernier, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, deux co-fondateurs du site Disclose, média d’investigation à but non lucratif, et Benoît Collombat, journaliste de la cellule investigation de Radio ont appris leur convocation à la mi-mai après le dépôt d’une plainte par le ministère des Armées.

Un travail collaboratif qui a permis de dévoiler le pot aux roses

Dans un communiqué commun des rédactions, Disclose, qui a travaillé en partenariat avec les médias Mediapart, la cellule investigation de Radio France, Arte Info, Konbini News et The intercept, a affirmé que le délit pour lequel ils sont poursuivis est puni d’une peine d’emprisonnement. Si le gouvernement français n’a pas encore réagi officiellement aux révélations faites, il cherche à identifier les sources des journalistes qui ont eu accès à un rapport confidentiel. « Les documents confidentiels révélés par Disclose et ses partenaires présentent un intérêt public majeur. Celui de porter à la connaissance des citoyens et de leur représentants ce que le gouvernement a voulu dissimuler. A savoir des informations indispensables à la conduite d’un débat équilibré sur les contrats d’armement qui lient la France à des pays accusés de crimes de guerre », estiment les rédactions concernées. Elles ont d’ailleurs fustigé cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse, « qui suppose le secret des sources d’information des journalistes ». Cette atteinte est « d’autant plus grave que le pouvoir exécutif profite du secret défense pour étendre abusivement la notion de sauvegarde des intérêts de la nation à la notion de transactions commerciales avec des pays en guerre », ajoute le communiqué commun des rédactions.

Poursuivis par la justice française pour avoir fait leur travail d’informer le public sur un sujet relevant de « l’intérêt général », ces journalistes sont décidés à garder le silence. Pour les auteurs de cette enquête, « cette procédure n’a d’autre objectif que d’identifier les sources. Le gouvernement français a choisi de répondre par la menace à la question de savoir si les Français ont le droit d’être informés de l’usage qui est fait des armes vendus à des pays accusés de crimes de guerre ».

Première page de la liste des armes « made in France » qui sont utilisées dans la guerre du Yémen – Cliquer sur l’image pour avoir la liste complète

Suite à cette attitude inédite de la part de la justice française, plusieurs organisations professionnelles sont montées au créneau pour la dénoncer dont le Syndicat national des journalistes. Dans un entretien accordé à RFI, Geoffrey Livolsi, un des fondateurs de Disclose, a affirmé que ces révélations « ne font qu’appuyer ce que dit le document de la Direction du renseignement militaire français (DRM) : nos armes sont utilisées massivement dans le conflit au Yémen. Et en date du 25 septembre 2018, ces armes étaient sur le territoire yéménite, que ce soient des chars Leclerc ou des Mirage, des avions français vendus aux Emirats arabes unis, qui participent aux bombardements. Malgré cela, le gouvernement dit qu’il n’a pas connaissance de l’utilisation directe des armes françaises dans le conflit au Yémen. » Les journalistes poursuivis comptent évoquer le secret des sources des journalistes et exercer leur droit à garder le silence.

Loin de servir dans des opérations de défense comme le prétend le gouvernement, les armes françaises sont bel et bien utilisées dans une guerre qui a généré « la pire crise humanitaire au monde », d’après les Nations Unies. Certaines puissances occidentales dont les Etats-Unis et la France appuient la coalition conduite au Yémen par l’Arabie saoudite de manière directe, en fermant les yeux sur ses nombreuses « bavures ». Elles risquent de reproduire les mêmes erreurs en Libye avec certains pays arabes comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats en appuyant le Maréchal Khalifa Haftar.

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