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Netanyahu attendu à N’Djamena pour rétablir les relations diplomatiques entre Israël et le Tchad

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«Historique !» C’est ainsi qu’a été qualifié le premier voyage d’un chef de gouvernement israélien au Tchad. Annoncé pour ce dimanche 20 janvier, cette visite ne devrait durer qu’un jour. Le temps de rétablir les relations diplomatiques entre le Tchad et Israël et de l’annoncer lors d’une conférence de presse conjointe. Le 25 novembre dernier, le président tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, a effectué une visite surprise de trois jours en Israël. Benjamin Netanyahu avait promis de rendre la politesse et avait manifesté son intention d’annoncer le rétablissement des relations diplomatiques lors d’un prochain voyage à N’Djamena. Ses services de communication ont annoncé qu’il fera le déplacement ce dimanche « dans ce pays africain à majorité musulmane avec lequel Israël s’apprête à renouer».


Rompues en 1972, les relations diplomatiques entre les deux pays devraient être rétablies après une rupture de 47 ans. Selon le site d’information hébreu, The Times of Israël, lors de sa visite à Tel-Aviv, Idriss Déby « s’est dit intéressé par le rétablissement de relations diplomatiques complètes ». Au cours de sa visite en automne, Idriss Déby a reconnu que « les relations entre les deux pays ont été rompues en 1972 pour des raisons historiques spécifiques, mais les relations spécifiques ont continué tout ce temps ». Idriss Déby avait confié alors que sa visite « exprime le désir de reprendre les relations qui existaient depuis toujours et de les renforcer ». Pour garder les apparences, le Président tchadien avait affirmé que cela « ne nous fait pas ignorer la question palestinienne. (…) Mon pays est profondément attaché au processus de paix et a contribué à l’initiative de paix arabe, aux négociations de Madrid et aux accords existants. »

Un «oui, mais » qui ne trompe personne

Peuplé de 15 millions d’habitants dont 55 % sont musulmans et 40 % chrétiens, le Tchad pourra bénéficier de l’expertise et de l’aide technologique israélienne dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de l’hydraulique et sur les plans sécuritaires et militaires. Le Tchad est confronté à des rébellions dans le nord et l’est du pays. Confronté à la menace de Daesh en Afrique de l’Ouest et de l’organisation djihadiste Boko Haram, le Tchad avait bénéficié d’une aide de 1,3 millions de dollars sous forme matériel militaire. Très actif et acteur fondamental du dispositif G5-Sahel (le Nigeria, le Niger, le Burkina-Faso et la Mauritanie), le Tchad est un membre important de la force mixte composée des armées du Nigéria, du Niger et du Cameroun et qui lutte activement contre Boko-Haram.

Le Tchad à la recherche d’appuis face aux rebelles

Faisant face à un manque de ressources financières malgré ses richesses naturelles, le Tchad pourra bénéficier d’un appui militaire conséquent de l’armée israélienne en équipements et en formation des soldats et des unités d’élite pour contrer le terrorisme dans la région du Sahel.

Selon The Times of Israël, « Le Tchad est situé à un endroit potentiellement important sur le plan stratégique pour Israël, car il pourrait permettre aux avions israéliens de réduire de plusieurs heures les trajets aériens vers l’Amérique latine (bien que pour cela, Israël devrait également obtenir des droits de survol du Soudan, ce qui ne semble pas envisageable pour l’instant) ». Rappelons qu’en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, Benjamin Netanyahu a effectué au cours des deux dernières années trois visites en Afrique qui l’ont mené au Rwanda, au Libéria, au Kenya, en Ethiopie et en Ouganda. En juillet 2016, la République de Guinée a rétabli ses relations diplomatiques avec Israël après avoir coupé ses liens avec elle en 1967. Israël cherche depuis plusieurs années à modifier sa perception par les pays arabes et à forte communauté musulmane notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Benjamin Netanyahu cherche aussi à étendre les liens d’Israël dans des pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec elle.

Le Tchad n’est pas le seul à vouloir se réconcilier

Le Tchad n’est pas le seul Etat africain qui commence à souffler un peu de chaud dans ses relations avec Israël. Plusieurs pays arabes et musulmans préfèrent se tourner vers Israël sans pour autant officialiser les relations. Plusieurs indices probants d’un réchauffement des relations sont palpables. Ces derniers mois, Benjamin Netanyahu a été reçu au Sultanat d’Oman avec les honneurs, des officiels israéliens ont été présents aux Emirats Arabes Unis, Air India a été autorisée à utiliser l’espace aérien saoudien pour des vols vers Tel-Aviv, le Soudan a accordé le droit de survol de son territoire aux avions civils israéliens… Face à la «menace iranienne » miroitée par Israël, l’adage qui dit que l’ennemi de mon ennemi est mon ami prend tout son sens.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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