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UE / Royaume-Uni, divorce acté

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L’Union européenne et le Royaume-Uni ont conclu jeudi un accord in extremis sur leurs futures relations commerciales à seulement une semaine du Brexit effectif, éloignant ainsi la perspective d’un divorce chaotique au terme d’un feuilleton qui a porté un rude coup au projet d’unité européenne né sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale.

Reuters

Si le Royaume-Uni a formellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, il est resté depuis lors intégré au marché unique et soumis aux normes européennes dans le cadre d’une période de transition courant jusqu’à la fin de cette année.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont annoncé chacun de leur côté la conclusion de cet accord arraché une semaine seulement avant la sortie effective de la Grande-Bretagne de l’UE.

«Le chemin a été long et difficile. Mais nous avons un bon accord (…). C’est un accord juste, équilibré et c’est la chose juste et responsable à faire de la part des deux parties», a dit la présidente de la Commission.

«(Cet accord) va poser les bases solides pour un nouveau départ avec un ami de longue date. Et il signifie que nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et l’Europe continue d’avancer», a-t-elle ajouté.

«Je suis très heureux de vous dire cet après-midi que nous avons conclu le plus grand accord commercial à ce jour, représentant 660 milliards de livres par an, un accord global de libre-échange sur le modèle canadien entre le Royaume-Uni et l’UE», a déclaré pour sa part Boris Johnson au cours d’une conférence de presse.

«L’unité et la fermeté européennes ont payé», a quant à lui réagi Emmanuel Macron, jugeant cet accord «essentiel pour protéger (les) citoyens, (les) pêcheurs et (les) producteurs français».

«Nous nous assurerons que c’est bien le cas», a ajouté le président français.

L’enjeu politique de la politique de la pêche

Dans la matinée, la conclusion d’un accord avait encore achoppé sur l’épineuse question de la pêche, un enjeu plus politique que véritablement économique lors des longues négociations entre Londres et Bruxelles.

Selon le ministre irlandais des Affaires étrangères, environ un quart des prises de pêche européennes dans les eaux britanniques seront restituées au Royaume-Uni et l’accès à ces eaux pour les pêcheurs européens est garanti cinq ans et demi.

La conclusion de cet accord de libre-échange, sans droits de douane ni quotas, doit permettre de préserver près de 1.000 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels.

«Aujourd’hui est un jour de soulagement», a déclaré Michel Barnier, le négociateur de l’UE. «Mais teinté d’une certaine tristesse, quand on compare ce qu’il y avait avant et ce qui nous attend désormais.»

Les ambassadeurs des 27 pays de l’Union européenne se réuniront vendredi à 10h30 pour commencer à examiner l’accord.

Le président du Parlement européen, David Sassoli, a déploré pour sa part que cet accord n’ait pu être conclu qu’in extremis, repoussant ainsi à «la nouvelle année» son examen par les parlementaires.

Même avec un accord post-Brexit, des perturbations sont toutefois à attendre à compter du 1er janvier 2021, lorsque le Royaume-Uni tournera véritablement le dos à 48 ans de vie communautaire, quittant le marché unique et l’union douanière.

Quand, de manière inattendue, les Britanniques se sont majoritairement prononcés en faveur du Brexit en juin 2016, nombreux étaient ceux en Europe à espérer que le Royaume-Uni puisse rester aligné sur les normes européennes. Le virage sera bien plus important.

Boris Johnson, figure des «Brexiters» en 2016, a toujours affiché sa volonté de rompre avec les normes du marché unique et de l’union douanière, pour que le Royaume-Uni «reprenne le contrôle» de sa souveraineté.

L’accord officialisé ce jeudi ne concerne pas les services financiers, qui font de Londres la seule place à rivaliser avec New York. Le secteur des services représente 80% de l’économie britannique.

L’accès au marché européen des banques et assureurs basés à Londres est une question traitée en parallèle des négociations sur cet accord commercial.

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