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Brexit

L’UE signe l’accord post-Brexit, à la veille du divorce historique

A la veille de la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen, les dirigeants de l’UE ont signé mercredi l’accord post-Brexit conclu avec Londres pour encadrer la rupture historique, et les députés britanniques entamé leurs débats pour ouvrir la voie à son application.

Lors d’une brève cérémonie à Bruxelles, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et son homologue du Conseil (institution représentant les Etats membres) Charles Michel, tout sourire, ont signé ces documents, contenus dans des classeurs bleus, qui devaient ensuite être acheminés à Londres par avion de la Royal Air Force.

https://twitter.com/eucopresident/status/1344202420667219969

«Cela a été un long chemin. Il est temps désormais de laisser le Brexit derrière nous. Notre avenir se construit en Europe», a commenté la cheffe de l’exécutif européen sur Twitter. Charles Michel a salué «un accord juste et équilibré» et s’est félicité de «l’unité sans précédent» démontrée par les Vingt-Sept dans les négociations.

Le texte de 1.246 pages, conclu la veille de Noël pour éviter le chaos d’un «no deal», doit également être examiné par le Parlement britannique, où son adoption ne fait guère de doute vu la majorité dont dispose le gouvernement du Premier ministre conservateur à la Chambre des Communes.

Un voisin amical, le meilleur ami et allié

Boris Johnson pourra ensuite le parapher, permettant à l’accord d’entrer en vigueur jeudi à 23H00, à Londres et GMT (minuit à Bruxelles). Une application toutefois provisoire, en attendant le vote des eurodéputés – dont l’approbation est nécessaire à la ratification – qui n’interviendra qu’au premier trimestre 2021.

Boris Johnson a assuré mercredi, en ouvrant les débats, que son pays resterait «un voisin amical, le meilleur ami et allié» de l’Union européenne, après en avoir été un « membre peu convaincu, parfois obstructif».

Le dirigeant conservateur a aussi espéré que cet accord «mette fin à une partie de la rancune et des récriminations que nous avons eues ces dernières années» et permette aux Britanniques de «passer à autre chose».

Après 47 ans d’intégration européenne et quatre ans et demi de déchirements suivant le référendum du Brexit, le Royaume-Uni, sorti formellement de l’UE le 31 janvier dernier, va cesser d’appliquer les règles européennes. Il quittera le marché unique européen, l’union douanière et le programme d’échanges d’étudiants Erasmus.

Les députés britanniques qui ont interrompu leurs vacances pour siéger n’ont que quelques heures pour échanger sur le texte avant un vote en début d’après-midi. Ce sera ensuite au tour des Lords, à la chambre haute, de se prononcer.

Keir Starmer, le chef de l’opposition travailliste, a appelé ses troupes à approuver l’accord, malgré le rejet d’une partie du Labour. Jugeant «mince» l’accord obtenu, M. Starmer l’a jugé cependant « mieux que pas d’accord du tout ».

Dans le camp conservateur, les plus fervents partisans du Brexit de l’European Research Group sont rentrés dans le rang, estimant que l’accord «préserve la souveraineté britannique».

Parmi les opposants au texte le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, favorable au Brexit mais opposé aux contrôles douaniers entre la province britannique et le reste du Royaume-Uni, ainsi que les europhiles du parti libéral démocrate et de la formation indépendantiste écossaise SNP.

Unité menacée

En arrivant à un accord de libre-échange, Londres et Bruxelles évitent le choc d’un «no deal» avec des barrières commerciales qui auraient coûté cher à leurs économies déjà affaiblies par la pandémie.

Boris Johnson n’a pas besoin d’une nouvelle crise, à l’heure où les hôpitaux britanniques se trouvent au bord de la rupture face à l’accélération des contaminations malgré le reconfinement d’une grande partie de la population.

Avec cet accord conclu après des mois de négociations acharnées, l’UE offre à Londres un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs, mais prévoit pour éviter tout dumping des sanctions et mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.

La fin de la période de transition marque cependant un bouleversement majeur: les contrôles douaniers aux frontières viendront alourdir les échanges et la libre-circulation s’arrête pour les Britanniques et les citoyens de l’UE sur leurs territoires respectifs.

Le gouvernement britannique voit par ailleurs l’unité du Royaume se fissurer. En Écosse, qui a voté à 62% contre le Brexit en 2016, les sondages montrent une majorité de la population favorable à l’indépendance, pourtant rejetée par un premier référendum en 2015.

Brexit: L’accord UE-GB plus étendu que celui entre l’UE et le Canada

L’accord commercial post-Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni va au-delà de celui régissant les relations commerciales entre l’UE et le Canada, rapporte vendredi la BBC, disant s’être procurée une copie intégrale du texte de l’accord conclu jeudi par Bruxelles et Londres.

Reuters

Le document de 1.246 pages comprend 800 pages d’annexes et d’annotations, indique le groupe audiovisuel britannique, ajoutant que les pages de textes juridiques allaient régir tous les aspects des futurs échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE.

Si le Royaume-Uni a formellement quitté le bloc communautaire le 31 janvier dernier, il est resté depuis lors intégré au marché unique et soumis aux normes européennes dans le cadre d’une période de transition qui prendra fin le 31 décembre à 23h00 GMT.

A peine sept jours avant la rupture effective, Bruxelles et Londres ont abouti jeudi à un accord qui va permettre de préserver l’accès sans quotas ni droits de douane du Royaume-Uni au marché unique européen.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a décrit l’accord de dernière minute comme un accord de libre-échange «énorme» dans la lignée de celui en vigueur entre l’UE et le Canada.

Toutefois, à première vue, l’intégralité du texte de l’accord va au-delà d’un accord dit «à la canadienne 175, rapporte la BBC.

Parmi les annexes figurent un compromis de dernière minute sur les automobiles électriques, fait savoir la BBC. Alors que l’UE voulait initialement autoriser seulement les véhicules électriques britanniques fabriqués majoritairement avec des pièces européennes à être importés dans l’UE sans droits de douane, ce processus va désormais s’étaler sur six ans, mais avec des critères moins généreux que ceux demandés par Londres.

La BBC indique également que le document inclut de clairs engagements sur les normes en matière d’environnement, de droits des salariés et de changement climatique. Ces standards similaires à ceux actuellement en vigueur ne doivent pas être revus à la baisse, et des mécanismes pour les faire appliquer seront mis en place.

Cependant, poursuit la BBC, le texte prévoit un droit mutuel à «rééquilibrer » les termes de l’accord s’il y a à l’avenir des «divergences importantes» à même d’affecter les échanges commerciaux. De même, les limites fixées pour les subventions publiques «ne s’appliquent pas» dans certains cas comme les catastrophes naturelles.

Le Parlement britannique a été appelé à se réunir le 30 décembre pour voter un projet de loi de mise en oeuvre de l’accord conclu avec l’Union européenne. L’opposition travailliste a indiqué jeudi qu’elle soutiendrait l’accord.

A Bruxelles, les chefs de file des groupes politiques du Parlement européen se réuniront le 28 décembre pour discuter de l’issue des négociations entre l’UE et le Royaume-Uni.

Accord post-Brexit: 1.246 pages et quelques jours pour les appliquer

Le gouvernement britannique et la Commission européenne ont publié samedi l’intégralité de leur accord historique encadrant leur relation post-Brexit, un texte de plus de 1.200 pages qu’ils doivent adopter en seulement quelques jours.

Annoncé jeudi pour une application le 31 décembre à 23H00 GMT, cet accord de libre-échange est «le résultat de nombreux mois de travail intensif», a rappelé le négociateur européen Michel Barnier sur Twitter.

https://twitter.com/MichelBarnier/status/1342763875847045122

«C’est l’un des plus vastes accords jamais conclus, qui couvre non seulement les marchandises mais aussi les services, l’aviation, le transport routier, la sécurité sociale, la coopération sanitaire, le maintien de l’ordre», a estimé son homologue britannique David Frost.

«C’est un moment de renouveau national», a-t-il insisté, soulignant que cet accord permettait au Royaume-Uni de sortir du marché unique et de l’union douanière européens sans alignements sur l’UE, ni rôle accordé à la Cour de justice de l’UE.

Permettant notamment d’éviter l’introduction de droits de douanes et quotas dans les échanges entre le Royaume-Uni et l’Union européenne et la fermeture des eaux britanniques pour les pêcheurs européens, le texte fait 1.246 pages, auxquelles s’ajoutent des notes explicatives et des accords annexes sur la coopération nucléaire ou les échanges d’informations classifiées.

Malgré cette complexité, les deux parties se préparent à une adoption à marche forcée.

A Bruxelles, après une première réunion dès vendredi des ambassadeurs des 27 autour de Michel Barnier, une nouvelle réunion est prévue lundi pour lancer la signature du projet par les Etats membres. Ils devront également décider d’une application provisoire car le Parlement européen ne pourra le ratifier que début 2021.

Côté britannique, les députés sont appelés à rentrer de vacances pour débattre du texte dès mercredi. Son adoption fait peu de doutes: même l’opposition travailliste compte le soutenir, le préférant à un «no deal» dévastateur pour une économie déjà très affaiblie par la pandémie de nouveau coronavirus.

Après quatre ans et demi d’incertitude et de déchirements suivant le référendum de 2016, cet accord offre aux entreprises «de la certitude et la capacité de préparer croissance et investissements» et fait espérer que «la politique évolue vers un meilleur environnement», a assuré dans le Times le ministre britannique Michael Gove.

«Nous pouvons développer une nouvelle coopération amicale avec l’UE, une relation spéciale», a-t-il ajouté, reprenant l’expression caractérisant traditionnellement la relation américano-britannique.

Si le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne le 31 janvier, il continue jusqu’à la fin de l’année d’appliquer ses règles.

Avec ce traité commercial, l’UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit, sans droits de douane ni quotas, à son immense marché de 450 millions de consommateurs.

Cette ouverture sera assortie de strictes conditions : les entreprises d’outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles en matière d’environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties existent aussi en matière d’aides d’Etat.

Concernant la pêche, sujet difficile jusqu’aux dernières heures, l’accord prévoit une période de transition jusqu’en juin 2026, à l’issue de laquelle les pêcheurs européens auront progressivement renoncé à 25% de leurs prises.

Londres envoie des renforts à Douvres pour dégager les files de camions

Le Royaume-Uni a envoyé vendredi des troupes supplémentaires dans le port de Douvres pour aider à dégager les files de camions et favoriser la reprise du trafic trans-Manche pour les conducteurs disposant d’un test COVID-19 négatif.

Les services de ferry entre Douvres et le port français de Calais ont repris jeudi, mettant fin à plusieurs jours de blocus imposé par la France après la découverte d’une nouvelle variante de coronavirus en Angleterre.

Le trafic ne reprenait toutefois que lentement dans le port vendredi, en ce jour férié de Noël.

La plupart des camions étaient encore garés en amont sur l’autoroute, les conducteurs attendant de passer des tests avant d’être autorisés à monter à bord des ferries.

Des soldats britanniques vérifiaient les véhicules et les documents des conducteurs à l’entrée du port tandis que des membres de services français, dépêchés à Douvres pour aider à résorber les bouchons, réalisaient des tests anti-COVID-19 sur des conducteurs.

Le ministre britannique des Transports, Grant Shapps, a annoncé sur son compte twitter que sur plus de 10.000 tests réalisés sur ces chauffeurs, 24 s’étaient révélés positifs.

https://twitter.com/grantshapps/status/1342527867331239938

Quelque 800 soldats britanniques supplémentaires ont maintenant été déployés dans le port, en plus des 300 envoyés initialement, ont rapporté les médias britanniques.

La France avait annoncé dans la nuit de mardi à mercredi qu’elle autoriserait de nouveau les camionneurs à traverser la frontière s’ils présentaient un test négatif au COVID-19 datant de moins de 72 heures.

Selon les autorités britanniques, il faudra sans doute encore plusieurs jours pour dégager les longues files de camions.

Que contient l’accord post-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni ?

La Commission européenne a dévoilé jeudi les grandes lignes du partenariat économique et commercial conclu avec le Royaume-Uni, qui fixe un cadre aux futures relations entre les deux partenaires à partir du 1er janvier.

AFP

Echanges de Biens

L’accord garantit des échanges sans droits de douane ni quotas pour «tous les biens qui respectent les règles d’origine appropriées». Du jamais vu dans un accord commercial.

Les entreprises du Royaume-Uni gardent ainsi un accès à l’immense marché unique européen de 450 millions de consommateurs. Et les firmes européennes aux 66 millions de Britanniques.

Cet accord inédit permet d’éviter une rupture dans les chaînes de production, qui aurait été très problématique pour certains secteurs comme l’automobile.

Concurrence équitables

Le Royaume-Uni et l’UE s’engagent à respecter des conditions de concurrence équitables «en maintenant des niveaux de protection élevés dans des domaines tels que la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et la tarification du carbone, les droits sociaux et du travail, la transparence fiscale et les aides d’État».

Si l’une des deux parties manque à ses obligations en la matière, il sera possible de prendre «des mesures correctives», comme des droits de douane.

Différends

Si le Royaume-Uni ou l’UE ne respecte par le traité, un mécanisme contraignant de règlement des différends, comme il en existe dans la plupart des accords commerciaux, sera chargé de trancher les litiges.

Face à la ferme opposition de Londres, la Cour de justice de l’Union européenne n’interviendra pas dans ce processus.

Un «Conseil conjoint» veillera à ce que l’accord soit correctement appliqué et interprété.

Pêche

L’accord prévoit de laisser aux pêcheurs européens un accès aux eaux britanniques pendant une période transitoire de 5 ans et demi, jusqu’en juin 2026.

Pendant cette transition, l’UE devra progressivement renoncer à 25% de ses prises, qui s’élèvent en valeur à environ 650 millions d’euros par an.

Transports

Le traité garantit une connectivité aérienne, routière, ferroviaire et maritime continue, mais de manière moins avantageuse que si le Royaume-Uni restait membre du marché unique.

Des dispositions visent à assurer que la concurrence entre les opérateurs s’exerce dans des conditions équitables «afin que les droits des passagers, des travailleurs et la sécurité des transports ne soient pas compromis».

Programmes

Le Royaume-Uni continuera à participer à certains programmes de l’UE pour la période 2021-2027, comme le programme de recherche et d’innovation Horizon Europe, à condition qu’il contribue au budget européen.

Coopération judiciaire

L’accord «établit un nouveau cadre» en matière de coopération policière et judiciaire, «en particulier pour lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme».

Cette coopération pourra être suspendue si le Royaume-Uni renonce à son adhésion à la Convention européenne des droits de l’Homme ou «à la faire appliquer au niveau national».

Politique étrangère

La coopération en matière de politique étrangère, de sécurité extérieure et de défense n’est pas couverte par l’accord, le Royaume-Uni n’ayant pas voulu négocier cette question.

Deal EU-Royaume-Uni : Rabat et Londres se félicitent de l’Accord d’Association signé en 2019

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Les gouvernements du Royaume du Maroc et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord se sont félicités de l’application provisoire, à partir du 1er janvier 2021, de l’Accord d’Association entre le Maroc et le Royaume-Uni, signé à Londres le 26 octobre 2019, indique un communiqué de Nasser Bourita

Avec MAP

Rabat et Londres annoncent ce jeudi, dans une Déclaration Conjointe la constitution d’un accord par un échange de Notes Verbales entre le Maroc et le Royaume-Uni assurant la continuité des échanges entre les deux pays après le 31 décembre 2020, date d’entrée en vigueur du Brexit.

Cette annonce vient quelques heures après l’annonce de la conclusion d’un accord in extremis entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, sur leurs futures relations commerciales à seulement une semaine du Brexit effectif, éloignant ainsi la perspective d’un divorce chaotique au terme d’un feuilleton qui a porté un rude coup au projet d’unité européenne né sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale.

Rabat et Londres avaient anticipé l’entrée en vigueur du Brexit en tenant dès 2018, plusieurs sessions de Dialogue stratégique entre les deux pays. Lesquelles rencontres ont abouti samedi 26 octobre à Londres, un accord d’association global qui restitue, dans le contexte des relations bilatérales, l’ensemble des avantages qu’ils s’accordaient mutuellement dans le cadre de l’Accord d’Association Maroc-Union européenne.

La Déclaration conjointe maroco-britannique de ce jeudi 24 décembre, indique à ce propos, que «les gouvernements du Royaume du Maroc et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord se sont félicités de l’application provisoire, à partir du 1er janvier 2021, de l’Accord d’Association entre le Maroc et le Royaume-Uni, signé à Londres le 26 octobre 2019.»

L’Accord restitue, dans le contexte des relations bilatérales, l’ensemble des effets que les deux pays s’accordaient, mutuellement, dans le cadre de l’Accord d’Association Maroc-UE. Il assure, ainsi, la continuité des échanges entre le Maroc et le Royaume-Uni après le 31 décembre 2020, indique la Déclaration.

Elle note que l’Accord constituera «une garantie aux entreprises marocaines et britanniques qui entreprennent des relations économiques et commerciales dans tous les secteurs de coopération».

Les relations d’investissement continueront de se dérouler dans le cadre de l’Accord entre les gouvernements des deux pays pour la promotion et la protection réciproque des investissements.

Le nouvel Accord d’Association, poursuit la même source, constituera un pilier fondamental dans la consolidation et le renforcement des relations entre les deux pays, en termes de commerce et d’investissement.

Les deux pays confirment, à cette occasion, leur engagement à poursuivre le renforcement de leurs relations et le développement de leur coopération, dans la perspective de l’établissement d’un Partenariat Stratégique global, conclut la déclaration.

UE / Royaume-Uni, divorce acté

L’Union européenne et le Royaume-Uni ont conclu jeudi un accord in extremis sur leurs futures relations commerciales à seulement une semaine du Brexit effectif, éloignant ainsi la perspective d’un divorce chaotique au terme d’un feuilleton qui a porté un rude coup au projet d’unité européenne né sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale.

Reuters

Si le Royaume-Uni a formellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, il est resté depuis lors intégré au marché unique et soumis aux normes européennes dans le cadre d’une période de transition courant jusqu’à la fin de cette année.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont annoncé chacun de leur côté la conclusion de cet accord arraché une semaine seulement avant la sortie effective de la Grande-Bretagne de l’UE.

«Le chemin a été long et difficile. Mais nous avons un bon accord (…). C’est un accord juste, équilibré et c’est la chose juste et responsable à faire de la part des deux parties», a dit la présidente de la Commission.

«(Cet accord) va poser les bases solides pour un nouveau départ avec un ami de longue date. Et il signifie que nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et l’Europe continue d’avancer», a-t-elle ajouté.

«Je suis très heureux de vous dire cet après-midi que nous avons conclu le plus grand accord commercial à ce jour, représentant 660 milliards de livres par an, un accord global de libre-échange sur le modèle canadien entre le Royaume-Uni et l’UE», a déclaré pour sa part Boris Johnson au cours d’une conférence de presse.

«L’unité et la fermeté européennes ont payé», a quant à lui réagi Emmanuel Macron, jugeant cet accord «essentiel pour protéger (les) citoyens, (les) pêcheurs et (les) producteurs français».

«Nous nous assurerons que c’est bien le cas», a ajouté le président français.

L’enjeu politique de la politique de la pêche

Dans la matinée, la conclusion d’un accord avait encore achoppé sur l’épineuse question de la pêche, un enjeu plus politique que véritablement économique lors des longues négociations entre Londres et Bruxelles.

Selon le ministre irlandais des Affaires étrangères, environ un quart des prises de pêche européennes dans les eaux britanniques seront restituées au Royaume-Uni et l’accès à ces eaux pour les pêcheurs européens est garanti cinq ans et demi.

La conclusion de cet accord de libre-échange, sans droits de douane ni quotas, doit permettre de préserver près de 1.000 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels.

«Aujourd’hui est un jour de soulagement», a déclaré Michel Barnier, le négociateur de l’UE. «Mais teinté d’une certaine tristesse, quand on compare ce qu’il y avait avant et ce qui nous attend désormais.»

https://twitter.com/MichelBarnier/status/1342146794915049474

Les ambassadeurs des 27 pays de l’Union européenne se réuniront vendredi à 10h30 pour commencer à examiner l’accord.

Le président du Parlement européen, David Sassoli, a déploré pour sa part que cet accord n’ait pu être conclu qu’in extremis, repoussant ainsi à «la nouvelle année» son examen par les parlementaires.

Même avec un accord post-Brexit, des perturbations sont toutefois à attendre à compter du 1er janvier 2021, lorsque le Royaume-Uni tournera véritablement le dos à 48 ans de vie communautaire, quittant le marché unique et l’union douanière.

Quand, de manière inattendue, les Britanniques se sont majoritairement prononcés en faveur du Brexit en juin 2016, nombreux étaient ceux en Europe à espérer que le Royaume-Uni puisse rester aligné sur les normes européennes. Le virage sera bien plus important.

Boris Johnson, figure des «Brexiters» en 2016, a toujours affiché sa volonté de rompre avec les normes du marché unique et de l’union douanière, pour que le Royaume-Uni «reprenne le contrôle» de sa souveraineté.

L’accord officialisé ce jeudi ne concerne pas les services financiers, qui font de Londres la seule place à rivaliser avec New York. Le secteur des services représente 80% de l’économie britannique.

L’accès au marché européen des banques et assureurs basés à Londres est une question traitée en parallèle des négociations sur cet accord commercial.

Brexit: «L’unité et la fermeté ont payé», dit Macron

L’accord conclu entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur leurs futures relations après le Brexit est essentiel pour protéger les citoyens, les pêcheurs et les producteurs français et la France va y veiller, a déclaré jeudi Emmanuel Macron.

Reuters

«L’accord avec le Royaume-Uni est essentiel pour protéger nos citoyens, nos pêcheurs, nos producteurs. Nous nous assurerons que c’est bien le cas», écrit le président français sur son compte Twitter, soulignant que «l’unité et la fermeté européennes ont payé».

«L’Europe avance et peut regarder vers l’avenir, unie, souveraine et forte», ajoute-t-il.

Dans un deuxième message, Emmanuel Macron a tenu à remercier le négociateur européen Michel Barnier «pour (sa) ténacité et (son) engagement à défendre les intérêts des Européens et leur unité».

«Grâce à vous et (à la présidente de la Commission européenne Ursula) von der Leyen, la solidarité européenne a montré sa force», insiste le président français.

Dans un communiqué conjoint, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, indiquent pour leur part que «des progrès importants ont pu être obtenus, y compris dans les toutes dernières heures» de la négociation.

«Il nous faut à présent vérifier que nos points essentiels ont été pleinement pris en compte», ajoutent-ils.

Virus: Londres et Paris trouvent un accord sur les approvisionnements transmanches

Londres et Paris ont trouvé mardi un accord de sortie de crise en permettant aux chauffeurs de poids lourds bloqués au Royaume-Uni à cause de la propagation d’une nouvelle souche de coronavirus de quitter le pays moyennant un test Covid rapide.

Le port de Douvres a annoncé dans la foulée sa réouverture à 23H00 GMT, éloignant la menace de pénuries après le blocage en Angleterre de milliers de camions à la suite de la décision de la France de suspendre le transport de marchandises accompagné, dont le Royaume-Uni est très dépendant.

Pour la première fois depuis dimanche, des véhicules avec passagers ont débarqué dans la nuit de mardi à mercredi sur le port de Calais (France) en provenance de Douvres, a constaté l’AFP.

Il était 03H30 lorsqu’une fourgonnette est sortie du ferry «Côtes des Flandres» de la compagnie DFDS, premier bateau parti après minuit (heure française) de Douvres, dans lequel se trouvaient aussi quelques remorques non accompagnées.

De source portuaire, une dizaine de véhicules de tourisme ont également débarqué du «Spirit of France» de la compagnie P&O, arrivé à 04H00 à Calais.

Pour pouvoir se rendre dans l’Hexagone, «tous les chauffeurs de poids lourds, indépendamment de leur nationalité, devront se soumettre» à un dépistage livrant un résultat en environ 30 minutes et sensible à la nouvelle variante, a indiqué le ministère britannique des Transports.

«Le gouvernement français procédera également à des tests d’échantillons sur les cargaisons en provenance du Royaume-Uni», a-t-il ajouté, précisant que ce protocole «pourrait rester en place jusqu’au 6 janvier», après révision le 31 décembre.

«Je suis heureux que nous ayons réalisé cet important progrès avec nos homologues français ce soir», a commenté le ministre britannique des Transports, Grant Shapps, dans un communiqué.

3.000 camions entassés à Douvres

Il a toutefois exhorté les chauffeurs à ne pas se rendre dans le Kent, où se trouve le port de Douvres, le temps de décongestionner la zone, où s’entassent près de 3.000 camions.

Il a souligné à la télévision britannique que cela pourrait prendre «deux à trois jours».

Plus tôt dans la soirée, la France avait annoncé une reprise limitée des liaisons avec le Royaume-Uni, autorisant à partir de mercredi, sous réserve de test PCR négatif moins de 72 heures avant le départ, le retour des Français et des étrangers qui résident en France ou dans l’espace européen ou qui «doivent effectuer des déplacements indispensables».

La Belgique et les Pays-Bas ont adopté des mesures similaires, suivant la recommandation de la Commission européenne de faciliter la reprise du trafic avec le Royaume-Uni pour les «voyages essentiels» et «pour éviter les ruptures de la chaîne d’approvisionnement». Certains Etats membres, comme l’Allemagne, ont décidé d’attendre.

Malgré ce déblocage, le Premier ministre britannique Boris Johnson n’en a pas fini avec le casse-tête provoqué par la nouvelle souche du SARS-CoV-2. Peinant à conclure un accord post-Brexit avec Bruxelles à moins de 10 jours de l’échéance, il a dû reconfiner 16 millions de Britanniques et, outre la France, il doit aussi gérer la décision d’une cinquantaine de pays au total d’interdire les arrivées du Royaume-Uni.

Selon les autorités locales du Kent, plus de 2.800 poids lourds y étaient bloqués mardi: plus de 600 sur l’autoroute menant de Londres au port de Douvres et les autres stationnées sur un ancien aéroport voisin où, dans l’après-midi, ils se sont mis à klaxonner pendant plus d’une demi-heure, se faisant entendre à des kilomètres à la ronde. Le port de Douvres a indiqué qu’ils pourraient s’y faire tester.

Selon Rod McKenzie, le directeur général de l’association du transport routier, les chauffeurs coincés se sont vu offrir «une barre de céréale» lundi de la part de la collectivité locale du Kent. «Bien peu, je pense, pour les soutenir moralement», a-t-il déclaré sur la BBC. S’y ajoutent le «gros problème» de l’accès à des toilettes et la question sanitaire.

Rationnement

Si les produits pour les repas de Noël, bien que largement chamboulés par les restrictions pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ont été épargnés car ils ont déjà été acheminés sur le sol britannique, il y avait une menace, faute de déblocage, pour l’approvisionnement – surtout en fruits et légumes, selon les distributeurs.

Mardi, le géant britannique des supermarchés Tesco a annoncé qu’il allait rationner les produits de première nécessité comme des oeufs et du savon.

La crainte est d’autant plus forte que les jours sont comptés avant la fin de la période de transition post-Brexit le 31 décembre. Les négociations commerciales entre Londres et Bruxelles n’ont toujours pas abouti et en cas d’échec, l’apparition de quotas et droits de douanes fait craindre de graves perturbations dans les approvisionnements du pays.

Lundi, Boris Johnson, critiqué pour sa gestion de la pandémie qui a fait plus de 68.000 morts, l’un des plus lourds bilans en Europe, a soutenu que les risques de transmission par les chauffeurs routiers «solitaires» sont «vraiment très faibles».

Brexit: Londres agite la menace d’un «no deal» si l’UE campe sur ses positions

La Grande-Bretagne sortira définitivement de l’union européenne sans accord post-Brexit à moins que l’Union ne change ses positions, a déclaré samedi une source au sein du gouvernement britannique, alors que le temps presse pour trouver un accord.

Reuters

A moins de deux semaines de la date butoir du 31 décembre pour trouver un accord, chacun des deux camps appelle l’autre pour agir afin d’avancer vers un accord après neuf mois de négociations.

La Grande-Bretagne a officiellement quitté l’UE en janvier dernier mais une période de transition, pendant laquelle les règles européennes continuent à s’appliquer, court jusqu’au 31 décembre.

Les négociations sur l’accord post-Brexit butent sur deux points: l’accès de la pêche européenne aux eaux britanniques et des règles de concurrence équitables.

«Nous devons parvenir à un accord juste et basé sur des conditions qui respectent ce pour quoi le peuple britannique a voté. Malheureusement, l’UE lutte toujours pour obtenir la flexibilité nécessaire de la part des États membres et continue de formuler des demandes incompatibles avec notre indépendance», dit la source.

«Nous ne pouvons pas accepter un accord qui ne nous laisse pas le contrôle de nos propres lois ou eaux. Nous continuons d’essayer toutes les voies possibles en vue d’un accord, mais sans un changement substantiel de la Commission, nous partirons selon les règles de l’OMC le 31 décembre», a encore dit la source.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a longtemps déclaré qu’il ne pouvait accepter aucun accord qui ne respecterait pas la souveraineté du pays.

Mais l’UE est tout aussi déterminée à protéger son marché unique et veut empêcher Londres d’obtenir ce qu’elle considère comme le meilleur des deux mondes.

Bien qu’il y ait eu des progrès dans les pourparlers, les négociateurs britanniques ont régulièrement adopté un point de vue plus pessimiste, affirmant qu’une sortie sans accord était le plus probable des scénarios.