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Trump’s Mister Africa en tournée sur le continent

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Nommé le 17 septembre dernier, secrétaire d’État adjoint aux Affaires africaines au sein de l’administration de Donald Trump, Tibor Nagy, est arrivé aujourd’hui en Ouganda, première étape d’une tournée dans plusieurs pays africains. Et dans un geste qu’il lui a valu une levée de boucliers dans certains pays du continent, Mister Africa a choisit d’effectuer une escale à Paris, capitale de l’ancien colonisateur, avant de fouler le sol africain, où il a donné des interviews aux médias français, RFI, France 24 et Jeune Afrique. Des interviews à travers lesquels, il a fait passer des messages aux décideurs africains, notamment aux camerounais et congolais.


« Il convient aujourd’hui de regarder l’Afrique à travers le pare-brise, et non plus dans le rétroviseur ». C’est par ces mots confiés à Jeune Afrique que Tibor Nagy a introduit son premier périple africain en novembre dernier. L’homme n’est pas inconnu des sphères de pouvoir en Afrique, puisqu’il a occupé plusieurs postes diplomatiques en Afrique. Durant vingt ans, il a exercé au Togo, au Cameroun et au Nigeria, avant d’être nommé ambassadeur en Guinée puis en Éthiopie. Au cours de sa tournée africaine, le Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines se rendra en RDC, au Cameroun, en Ouganda et au Rwanda. Au cours de son escale congolaise, il devrait rencontrer le nouveau président congolais Félix Tshsiekedi et d’autres acteurs de la scène politique dont Martin Fayulu, le candidat malheureux de l’opposition.

Le pays de l’oncle Sam cherche à se repositionner en Afrique

Selon le Département d’Etat américain, le but de ce voyage est de « promouvoir des liens commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique et de consolider des partenariats pour renforcer paix et sécurité ». La tournée de Tibor Nagy intervient une semaine après celle de l’envoyé spécial américain pour la région des Grands Lacs, Peter Pham. Ce dernier avait déclaré au terme de sa visite que les Etats-Unis avaient hâte de travailler avec le nouveau gouvernement congolais. « Les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple de la République démocratique du Congo, à la suite du transfert historique et pacifique du pouvoir en RDC », avait déclaré M. Pham au terme de sa visite. Les Etats-Unis avaient décidé d’interdire l’accès à leur territoire à un ensemble de responsables congolais dont le Président de la Commission électorale.

Tibor Nagy met les pieds dans le plat camerounais

Longtemps marginalisée par les Etats-Unis, l’Afrique a préféré se tourner vers la Chine. Chose que les décideurs américains voient d’un mauvais œil. Ils comptent du coup changer leur fusil d’épaule, mais ils devront marcher sur des œufs en ménageant les susceptibilités. Un exercice dans lequel n’excelle pas forcément Tibor Nagy. Dans un entretien accordé à RFI, le diplomate avait déclaré à propos de la crise qui secoue les zones anglophones, que « le pays traverse une crise nationale très grave. Pour la surmonter, le gouvernement devrait faire preuve d’un plus grand sérieux. J’espère me tromper, mais je crois que le gouvernement sous-estime l’ampleur du problème. Même si le gouvernement a fait quelques annonces, elles ont été, à mon avis, plus symboliques qu’autre chose ».

Vive réaction de Yaoundé aux propos de Tibor Nagy


Pour surmonter la crise, il a appelé à l’élection directe par les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de leurs gouverneurs et non pas indirectement et à la tenue d’une conférence de haut niveau en présence de toutes les parties pour dialoguer. Des propos qui ont irrité le pouvoir à Yaoundé. « Le gouvernement camerounais regrette vivement ces propos qui dénotent une méconnaissance des enjeux, des réalités et des faits », a affirmé dans un communiqué le porte-parole du gouvernement camerounais et ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi. Ce dernier a dénoncé une « velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun », tout en invitant le diplomate à respecter la souveraineté du Cameroun. Dans ses propos, Tibor Nagy avait également abordé la détention de l’opposant Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), « pour ses activités politiques ». « M. Kamto n’est nullement en détention pour avoir exercé des activités politiques. (…) Lui et ses partisans sont détenus pour des faits de droit commun », a répliqué René Emmanuel Sadi.

Les Etats-Unis comptent supporter le nouveau président congolais


Malgré ce prélude en couacs majeurs, Yaoundé et Washington entendent poursuivre leur coopération. Concernant la RDC, Tibor Nagy a déclaré à RFI : « ce que je retiens, c’est que Kabila n’est plus au pouvoir. Il s’est peut-être agi du scrutin le plus démocratique qu’ait jamais connu au Congo. Un nouveau président, issu des rangs de l’opposition, a désormais l’occasion de faire avancer les choses. Au final, c’est le principal résultat de cette élection ». Autre sujet qui devrait meubler les entretiens avec les décideurs africains, la présence russe en Centrafrique et son influence sur le processus de paix. A ce propos, Tibor Nagy a estimé que « le rôle des Russes pose problème. Leurs activités cadrent mal avec le processus de paix. Ils ont leurs propres priorités, lesquelles manquent parfois de transparence ». C’est dire que cette seconde tournée du responsable américain est porteuse de bien des enjeux. Reste à savoir s’il s’agit d’un nouveau fil conducteur dans la politique de l’administration Trump à l’égard de l’Afrique ou d’un simple opportunisme conjoncturel…

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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