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Macron le nostalgique de la colonisation à la reconquête de l’Afrique

Devant un parterre d’étudiants burkinabés survoltés et très critiques à son vis-à-vis alors qu’il tenait ce mardi une conférence à l’Université de Ouagadougou, Emmanuel Macron a considéré que «l’Afrique [était] le continent central, global et incontournable» dans la globosphère. C’est pour cette raison que personne dans la salle n’a semblé donner du crédit à ses propos quand il a déclaré qu’«il n’y a plus de politique africaine de la France.» Car tout son discours n’était QUE politique africaine de la France.


Immédiatement après avoir pris ses quartiers à l’Elysée, Emmanuel Macron a décidé d’installer auprès de lui un «Conseil présidentiel pour l’Afrique» en vue de «renouveler le partenariat entre la France et l’Afrique et permettre une nouvelle approche des enjeux de société.»

D’ailleurs, les premiers pas du président français en tant que chef des Armées de son pays étaient de rendre visite aux troupes françaises en position au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. Visite renouvelée en juillet à l’occasion de la réunion du G5-Sahel.

Macron, qui considère l'Afrique comme un continent «ni perdu, ni sauvé» rappelle que «les crimes de la colonisation européenne sont incontestables» sans pour autant les qualifier de crimes contre l’humanité. Par contre, concernant la situation en Libye, il dédouane la responsabilité de son pays d’un revers de la main. «Qui sont les trafiquants d'esclaves en Libye? Ce sont des Africains, pas des Français, c'est ça la réalité» a-t-il martelé devant des étudiants ébahis avant d’ajouter que «les crimes qui se déroulent sous nos yeux en Libye sont un crime contre l'Humanité.»

Alors que c’est la France, comme l’ont fait les Etats-Unis en Irak avec les résultats que l’on connaît, qui ont complètement démantelé la structure étatique en Libye et permis ce chaos dans cette région d’Afrique du nord qui menace désormais la sécurité et la stabilité de tout le bassin méditerranéen. On s’attendait à ce que le président français reconnaisse la responsabilité de son pays dans le désordre que la France a créé et proposer un plan de sortie que Paris aurait à financer et enclencher un processus de reddition de compte et de dédommagement des populations tuées, blessées, transférées, Macron a préféré botter en touche et expliquer que lui président de la République française, il n'aurait pas soutenu l'intervention militaire en Libye, comme si la notion de continuité de l’Etat ne signifiait rien pour lui.

Si la vision Macronienne pour l’Afrique se résume selon lui aux “trois D” : Défense, Développement et Diplomatie, un étudiant burkinabé a interpellé le président français sur le déficit d’infrastructures dans son pays et dans le continent en général notamment en ce qui concerne les installations électriques, Macron, et sans état d’âme, l’a renvoyé vers Roch Marc Christian Kaboré, le président du Burkina Faso, comme si la France n’avait aucune responsabilité sur l’état de l’Afrique qu’elle a dépouillée de ses richesses durant des décennies. La situation dramatique de l’Afrique aujourd’hui est justement le résultat de la politique catastrophique menée par Paris envers les anciennes colonies : 1) Exploitation des richesses naturelles ; 2) Appui inconditionnel des dictatures.

Même sur la question du Franc CFA qui est le symbole colonial par excellence, Macron rétorque par un raccourci et une réponse simpliste : «personne n'oblige un État à en être membre» ! Oui, mais aucun Etat ne peut en sortir. Le Franc CFA est régulé par la Banque de France et sa valeur garantie par le Trésor public français.

Au lieu de rassurer et de tempérer son discours, le président français a choisi le déni et la provocation. Si, globalement, Macron agit en terrain «conquis» dans le «pays des hommes intègres», sa venue en cette fois-ci en terre burkinabée a été un peu «bousculée» : aujourd’hui, un des minibus de son convoi, celui qui embarquait la délégation Conseil présidentiel pour l’Afrique rattaché à l’Elysée, a été attaqué par des jets de pierre et caillassé alors que la veille au soir, peu avant l'arrivée d'Emmanuel Macron au Burkina Faso, des individus encagoulés avaient lancé une grenade contre un véhicule de l'armée française dans un quartier nord de Ouagadougou, faisant plusieurs blessés.

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