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Le chef d’État-major des armées françaises a appelé son homologue russe pour parler…«du Sahel»

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Quand les médias s’emballant, les politiques renchérissent et les tension s’exaspèrent, les chefs des armées se manifestent pour ramener tout ce beau monde à la réalité pragmatique. Si le Pentagone s’est empressé ouvertement à reprendre contact avec Moscou après l’ordre de Poutine d’activer son arsenal nucléaire, l’armée française sort de son mutisme et annonce au monde entier que les liens de communication avec Moscou ont été rétabli. Mais cette démarche révèle une surprise, celle de la priorité de l’Etat français dans sa relation avec le régime russe : le Sahel.

Le Chef d’État-major des armée françaises, le général Thierry Burkhard a publié vendredi soir un tweet annonçant un échange téléphonique avec son homologue russe, Valéri Guerassimov.

«Entretien téléphonique ce jour avec mon homologue russe, le général Valéri Guerassimov. Échanges sur la situation au Sahel et en Europe de l’Est, en particulier sur la guerre en Ukraine», a-t-il écrit.

A cette annonce, BFMTV a mis en pause sa propagande anti-russe le temps de commenter les déclarations du Chef des armées françaises.

«Maintenir le dialogue avec la Russie, pour tenter d’arriver à une désescalade en Ukraine, voilà donc la stratégie choisie par les responsables français. Et cette publication sur les réseaux sociaux rappelle que le conflit ukrainien se joue aussi sur le terrain de la communication» ont analysé les journalistes de la chaine française.

«C’est extrêmement important» commente le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de la chaine. Et d’ajouter : «En particulier du côté du chef d’État-major français, pour dire on sait exactement ce que vous faites. Il faut maintenir cette ligne de dialogue pour préparer une baisse éventuelle de la tension

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Mais ce qu’ont oublié de mettre en exergue les journalistes et le consultant de BFM est la hiérarchie des priorités clairement affichées par la grande muette. En effet, le général Thierry Burkhard n’a pas fait uniquement savoir qu’il avait accès à Valéri Guérassimov, l’homme le plus important du monde en ce moment, mais que le conflit ukrainien ne passait pas avant les intérêts géostratégiques communs des deux pays.

En citant en premier lieu la situation au Sahel comme premier sujet échangé entre les deux chefs des armées, la France se projète déjà dans l’après «opération militaire spéciale de Poutine en Ukraine».

Thierry Burkhard aurait-il négocié un quelconque deal sur le Sahel contre un éventuel rôle de la France dans la désescalade de la tension? Ou bien serait-il convaincu que la guerre en Ukraine est d’ores et déjà pliée au profit des russes et qu’il se devait de discuter sur la suite des évènements en Ukraine? Ou tout simplement Thierry Burkhard cherche à éviter toute représaille de l’armée russe et du groupe paramilitaire privé qu’il lui est affilié, Wagner, au Sahel et ailleurs ?

La France savait pour l’Ukraine

Les militaires français avaient déjà mis en garde en 2017 contre la reprise des actions de politique de puissance de certains États, notamment la Russie. L’actuel chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard, avait déjà annoncé avant sa nomination que les forces armées françaises devaient se préparer au risque de conflits de haute intensité. Avec le recul, force est de constater qu’il avait raison. En effet, le budget de la défense française n’a cessé d’augmenter depuis 2017 sous l’impulsion du président Macron, qui est également le commandant en chef des forces armées en France.

De plus avec l’annonce de fin de l’opération Barkhane, Macron avait fait savoir qu’il envisageait de redéployer ses troupes du Sahel vers la Roumanie.

Le Sahel une contreperformance du président-candidat mais un enjeu géostratégique pour le France

En annonçant sa candidature en pleine crise ukrainienne, Emmanuel Macron semble vouloir surfé sur ce conflit européen pour faire oublier le fiasco de sa posture de «Chef de guerre» annoncée et assumés dès le premier jour de son élection en 2017.

Tous les analyses portent à croire que durant la campagne présidentielle, l’importance du Sahel sera probablement minimisée par l’Elysée. En termes de politique intérieure, alors que Macron entre dans la course à la réélection avant le vote présidentiel d’avril, ses conseillers tentent autant que possible d’éviter ce sujet qui fâche. Pendant ce temps, au niveau international, le président français consacrera sûrement une grande partie de son temps et de son capital politique à aborder les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour l’Europe. Une crise qui allait éclipser naturellement les opérations françaises au Sahel avant que le Chef d’État-major des armées françaises Thierry Burkhard n’en fasse un sujet prioritaire dans ses discussions avec son homologue russe.

Début février, la visite du général Thierry Burkhard, à Abidjan a été comprise comme un indicateur d’une rupture de l’empreinte militaire française dans le golfe de Guinée, en déléguant à la Côte d’Ivoire son rôle dans la région. Sur le plan diplomatique, ceci est également révélé par la volonté du gouvernement français de désengager du Mali et de promouvoir, au même titre que le G5 Sahel, l’Initiative d’Accra, un autre cadre régional lancé par le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo en 2017.

Mais avec le tournant que prend la crise ukrainien et les sanctions sévères imposées par les pays occidentaux contre le régime de Vladimir Poutine, le schéma au Sahel se complique et pourrait se transformer en terrains de représailles de la Russie. Poussée dans ses retranchements, Moscou pourrait concentrer son énergie et ses moyens aussi bien vers l’Asie, au Moyen-Orient qu’en Afrique pour trouver des débouchés militaires et économiques et contrer l’isolement que l’administration américaine s’active à lui faire subir.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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