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Forum Indonésie-Afrique : Les jalons d’une coopération prometteuse

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Après les forums Chine-Afrique, USA-Afrique, UE-Afrique et Inde-Afrique, le tour est venu aujourd’hui à celui d’Indonésie-Afrique. C’est l’Île indonésienne de Bali qui a abrité durant deux jours la première édition du Forum Indonésie-Afrique, #IAF2018. Pas moins de 46 pays avec leurs 500 représentants ont répondu présents. Certes l’Indonésie jouit d’un taux de chômage très bas -quelque 6%- et un taux de croissance de près de 7% ce qui en fait un marché émergent très prometteur, mais ce grand pays du sud-est asiatique dispose d’une économie fermée. Cependant, le manque d’ouverture du pays grève son développement à l’international. D’ailleurs, le seul accord de libre-échange signé par Jakarta est celui avec le tandem Australie/Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, comme le dispositif juridique du pays ne permet pas une ouverture tous azimuts, le forum Indonésie-Afrique tombe à point nommé pour engager le pays dans une réflexion qui le sortira de sa quasi-autarcie. Surtout que la montée en force des voisins Malaisien et Vietnamien ne facilite pas son expansion. D’où l’intérêt de s’ouvrir vers l’Afrique.

La Secrétaire d’Etat, Mounia Boucetta, accompagnée de l’ambassadeur du Maroc en Indonésie, reçue par le Ministre du Commerce indonésien, M. Enggartiasto Lukita en marge du Forum #IAF2018

Les autorités indonésiennes veulent évoluer crescendo dans ce sens en encourageant des PTA -Preferential Trade Agreements-, par le biais desquels l’Indonésie et ses partenaires établiront non pas un libre-échange totalement ouvert mais présenteront des produits dédouanés “shorlistés” comme entame de leur partenariat. Le Maroc, qui a participé à cet événement avec une forte délégation conduite par la Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mounia Boucetta, accompagnée de l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Jakarta, Ouadia Benabdellah, réfléchit à développer ses relations économiques bilatérales avec Jakarta. D’ailleurs, un des chantiers les plus avancés est une Joint-Venture d’OCP S.A. avec son pendant indonésien pour le développement agricole, sachant que l’Indonésie est un grand producteur de riz, d’ananas et d’huile de palme. Forte symbolique, le Maroc était le seul pays d’Afrique du nord à avoir une représentation ministérielle.

Les pays participants ont voulu faire de cet événement une rampe de lancement pour la promotion de la coopération et un espace de dialogue et d’échange entre les entreprises indonésiennes et leurs homologues africaines avec un objectif affiché : le renforcement du partenariat entre les secteurs privés des deux parties avec une coopération multiforme et l’exploration des possibilités de coopération triangulaire.

Le vice-président indonésien, Jusuf Kalla, a déclaré à l’ouverture du Forum : «si l’Indonésie et l’Afrique réussissent à promouvoir leur coopération, nous pouvons montrer au monde que la coopération entre les pays en développement peut se réaliser.»

Pour sa part, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Lestari Priansari Marsudi, n’a pas caché le désir et la volonté de son pays de forger des relations de coopération intenses avec l’Afrique en tirant profit de la proximité politique de son gouvernement avec les Etats africains : « Depuis plus d’un an, nous travaillons dur pour préparer ce forum qui montre l’engagement de l’Indonésie à renforcer son amour et sa coopération avec l’Afrique (…); l’Indonésie est désireuse de coopérer avec l’esprit d’égalité, de soin et de collaboration, qui est durable et mutuellement bénéfique (…) Vous vous demandez peut-être pourquoi l’Indonésie a lancé la cheffe de la diplomatie indonésienne (…) la réponse immédiate est que l’Indonésie aime l’Afrique et que notre amour pour l’Afrique ne se reflète pas seulement dans les mots mais aussi dans les actes.»

Les débats par panels ont porté sur l’élaboration des politiques et les perspectives relatives à des sujets stratégiques tels que la diplomatie économique, le développement des infrastructures, les initiatives de financement, la transformation numérique et les industries stratégiques.

Concrètement et selon l’agence de presse officielle indonésienne Antara, l’Indonésie a enregistré des transactions commerciales d’une valeur de 586,56 millions de dollars avec plusieurs pays africains et un business plan d’une valeur de 1,3 milliard de dollars a également été annoncé entre les entreprises indonésiennes et africaines.

Pour sa part, Ethiopian Airlines s’apprête à ouvrir une ligne directe avec Jakarta en accord avec son homologue indonésienne Garuda Indonesia.

L’Indonésie et l’Afrique ont beaucoup à gagner en renforçant leur coopération multilatérale

Mounia Boucetta participant aux travaux du IAF2018

Commentant l’événement, la ministre indonésienne des Affaires étrangères a relevé : « Je pense qu’il y a encore un manque de connectivité entre l’Indonésie et l’Afrique, y compris la connectivité aérienne, d’où l’accord d’opérer des vols directs de Jakarta à Addis-Abeba. C’est une nouvelle percée.»

En fait tout plaide pour un meilleur partenariat entre l’Indonésie et l’Afrique. Il y a lieu d’abord de rappeler que les liens entre les deux parties sont historiques. Comme on dit, le passé éclaire le présent et projette l’avenir ! C’est à Bandung, dans l’île de de Java que le Mouvement des Non-alignés a vu le jour en avril 1955 avec sa célèbre Conférence où leaders asiatiques et africains, à leur tête Sa Majesté Mohammed V, s’étaient retrouvés pour débattre de leurs affaires communes pour la libération de pays encore colonisés. Sur ce point, Bandung avait abrité le Bureau des mouvements de libération des pays d’Afrique du Nord.

Un extrait du discours du Dr Sukarno, premier président de la République d’Indonésie prononcé à l’ouverture de ladite Conférence cadre parfaitement avec le Forum de Bali : « Les Etats du monde dépendent aujourd’hui les uns des autres, et aucune nation ne peut s’isoler des autres. L’isolement splendide était jadis possible, il ne l’est plus. Les affaires du monde sont nos affaires, et notre avenir dépend de la solution que recevront tous les problèmes internationaux, aussi loin de nous qu’elles paraissent se situer. Faisons du principe -Vivre et laisser vivre- et du dicton -Unité dans la diversité- la force unificatrice qui nous maintiendra tous ensemble.»

L’Indonésie, ce plus grand archipel de la planète avec pas moins de 17000 îles occupe une position stratégique dans l’Asie du Sud-est. Il est le principal producteur de pétrole dans cette région et se trouve au carrefour des grandes routes maritimes.

Avec une population estimée à plus de 260 millions d’habitants à majorité musulmane, l’Indonésie connaît les mêmes problèmes de développement que l’Afrique mais cela n’a pas empêché son économie de connaître un réel dynamisme et un essor certain.

Les Indonésiens sont conscients du fait qu’ils sont entourés par d’autres pays asiatiques performants tel que Singapour, comme l’a déclaré un jour de 1990 l’ancien ministre des Affaires étrangères, Ali Alata, interrogé au sujet de l’activisme islamiste dans son pays : « En Indonésie, nous n’avons pas un problème d’Islam, nous avons des problèmes de sous développement !! »

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