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Un commando de 12 professionnels ont assassiné le scientifique iranien dans une opération qui a durée 3 minutes

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On en sait davantage sur l’assassinat de l’éminence grise du programme nucléaire iranien, Mohsen Fakhrizadeh, vendredi près de la capitale iranienne. L’Iran pointe du doigt les services secrets israéliens et les fuites de l’enquête évoquent l’implication de 62 agents dont 12 assassins qui auraient attaqué le convois du scientifique en seulement 3 minutes. Une autre version parle d’un tir téléguidé depuis une camionnette bleue.

Alors que l’Iran pleure devant le corps du père de la bombe iranienne, Mohsen Fakhrizadeh, âgé de 59 ans, assassiné vendredi aux abords de Téhéran, exposé devant les fidèles, les informations sur l’opération de sa liquidation font le tour des rédactions.

Version du Samedi

Selon une première version qui a prévalue depuis samedi soir, l’alimentation en courant électrique de toute la région, où allait passer le convoi de la cible, aurait été coupée. Puis une pluie de tirs d’armes à feu et d’explosifs auraient détruit le convoi avant que le corps de Mohsen Fakhrizadeh ne soit traîné de la voiture et liquidé.

Selon cette version 69 agents auraient participé à l’organisation de l’assassinat dont 12 assassins, tous évaporés dans la nature.

C’est un journaliste iranien, Mohamad Ahwaze, qui a publié sur twitter, un compte rendu des événements attribué aux services iranien.

Ahwaze a déclaré que 62 membres étaient impliqués dans l’attaque de Fakhrizadeh. Le convoi de Fakhrizadeh composé de trois voitures blindées a été pris pour cible près d’Absard, à 40Km à l’est de la capitale Téhéran par 12 membres du commando, qu’il a décrit comme étant hautement formés et assistés par des «services de sécurité et de renseignement à l’étranger».

«Plus de cinquante autres personnes auraient apporté un soutien logistique», ajoute Ahwaze.

Il n’a pas précisé s’ils étaient en Iran ou à l’étranger.

Le commando surveillait Fakhrizadeh et savait qu’il allait conduire de Téhéran à Absard vendredi.

Absard est un village montagneux de 10 000 personnes. C’est l’endroit où de nombreux Téhéranais disposent de résidences secondaires, et Fakhrizadeh, 59 ans, y avait une villa.

Le récit du journaliste iranien était particulièrement détaillé : «Une Nissan a été mise en place et gréée pour exploser au passage de Fakhrizadeh et des tireurs d’élite attendaient le convoi, ainsi qu’une voiture Hyundai avec des assassins à l’intérieur. Ils ont planifié l’attaque pour un rond-point à Absard, au pied d’un boulevard bordé d’arbres qui pénètre dans la ville. Une Hyundai Santa Fe avec quatre passagers, quatre motos et deux tireurs d’élite l’attendaient sur les lieux de l’embuscade, avec un pick-up Nissan piégé ».

Sepah Cybery, une chaîne de médias sociaux affiliée au corps des gardiens de la révolution islamique, a dévoilé que les hommes armés du commando auraient ouvert le feu sur les voitures et une intense fusillade s’en aurait suivie.

Ahwaze a rajouté dans sa série de tweet que selon les leaks iraniens, le chef de l’équipe d’assassinat aurait sorti Fakhrizadeh de sa voiture et lui aurait tiré dessus et s’est assuré qu’il était mort. »

«Le commando aurait ensuite disparu sans subir aucune perte», a rapporté Ahwaze.

Version du Dimanche

Dimanche, l’agence de presse iranienne Fars a publié une dépêche dans laquelle a donné quelques nouveaux détails sur l’exécution de Mohsen Fakhrizadeh.

L’agence de presse rapporte que l’opération n’aurait duré que trois minutes et que le convois aurait été la cible de tirs aurait effectués avec une arme téléguidée. Fars affirme qu’aucune trace des assassins n’a été trouvée dans la zone de l’attentat.

https://twitter.com/EnglishFars/status/1332995150470127616
Cette camionnette aurait porté une arme téléguidée qui aurait tiré sur le convois de Mohsen Fakhrizadeh

Mais cette version des faits «serait de la pure désinformation» selon des observateurs israéliens. Minimiser la taille de l’opération mettrait moins dans l’embarras les services iraniens accusés d’avoir démontré des failles dans la surveillance du territoire.

Le ministère iranien du renseignement a annoncé plus tard: «Nous avons obtenu les premiers indices de l’attaque et de l’assassinat de Fahrizadeh»

De plus, des informations ont affirmé dimanche soir que l’un des gardes du corps du scientifique, gravement blessé, serait toujours vivant. Son témoignage pourrait éclairer les enquêteurs iraniens.

Les responsables iraniens ont blâmé le Mossad d’Israël pour l’assassinat. Un responsable américain et deux autres responsables du renseignement ont également déclaré au New York Times qu’Israël était derrière l’attaque.

L’Iran a juré des représailles pour le meurtre de son principal scientifique nucléaire

Inquiétudes le la communauté internationale

Les EAU et Oman, deux pays qui se concurrencent dans le rôle de pays tampon de la région, ont gardant des relations ouvertes avec le régime des mollahs de Téhéran, et qui sont tous deux engagés dans le processus de normalisation avec Israël, n’ont pas manqué de condamner l’assassinat de Fahrizadeh.

Alors qu’Abou Dhabi a publié un communiqué de sa diplomatie, décriant «le crime odieux» de l’assassinat du scientifique iranien et mettant en garde du risque d’escalade qui pourrait embraser la région, le ministre omanais des Affaires étrangères Badr al-Hamad al-Busaidi, a appelé son homologue iranien, Javad Zarif, pour condamner cet assassinat. Le ministre a exprimé ses condoléances à l’Iran, affirmant que l’assassinat était «contraire au droit humain et international».

La Jordanie a suivi les pas de ses voisins pour condamner dans un communiqué de sa diplomatie l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh et en appelant à coordonner les efforts pour «pour réduire les tensions, empêcher l’escalade dans la région et protéger la sécurité et la stabilité.»

Samedi, les Nations unies ont tenté de calmer le jeu en «exhortant à la retenue et à la nécessité d’éviter toute action qui pourrait mener à une aggravation des tensions dans la région du Moyen-Orient».

« Bien sûr, nous condamnons tout assassinat ou meurtre illégal », a ajouté Stéphane Dujarric, en réponse à une demande de réaction du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à cet évènement vivement dénoncé par Téhéran qui a menacé de représailles.

Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, l’ambassadeur iranien auprès de l’Organisation, Majid Takht Ravanchi, avait réclamé dès vendredi soir à Antonio Guterres et au Conseil de sécurité une condamnation claire de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère de la Défense.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale et du Conseil de politique étrangère du Parlement iranien a pour sa part affirmé aujourd’hui que le rôle d’Israël aurait été prouvé dans l’assassinat de Fahrizadeh, mais en raison de la complexité de l’opération, d’autres éléments étrangers seraient probablement impliqués. Applaudi par les député, Abolfazl Amouei, a ajouté : «Il est clair qu’il s’agissait d’une opération préplanifiée, et complexe. Nous avons déjà de bons indices pour savoir qui était derrière».

Jared Kushner pour éteindre le feu ?

Aux États-Unis, un haut responsable de la Maison Blanche a déclaré que le conseiller et gendre du président, Jared Kushner, s’était rendu en Arabie saoudite et au Qatar et qu’il devait rencontrer le prince héritier saoudien Ben-Salman dans la ville de Naum. Les envoyés de Trump dans la région, Avi Berkowitz, qui a récemment travaillé à la normalisation des relations d’Israël avec les pays arabes, et Brian Hawke, l’envoyé de l’administration en Iran, se joindront également à la visite.

Sabotage de la diplomatie et de la feuille de route de l’administration Biden

Mais pour la plupart des analystes américains, l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh est dangereux et affaiblit la position de Joe Biden qui, désireux de rompre avec l’unilatéralisme de Donald Trump, a dit vouloir offrir «à l’Iran une voie crédible de retour à la diplomatie» en vue d’une réintégration des Etats-Unis à l’accord sur le nucléaire iranien.

L’éditorialiste, Barbara Slavin a écrit sur The New York Times que le président élu Joe Biden et son équipe ne peuvent pas faire grand chose de plus que «d’envoyer des messages à travers les médias à l’Iran pour qu’il reste patient jusqu’à l’inauguration le 20 janvier – et aux Israéliens pour arrêter leur campagne de sabotage».

Pour John Brennan, ancien patron de la CIA, c’est un «acte criminel et extrêmement dangereux», qui risque d’entraîner des «représailles létales et une nouvelle phase de conflit régional». Brennan, qui était à la tête de l’agence de renseignement américaine de 2013 à 2017, sous la présidence de Barack Obama et alors que Joe Biden était vice-président, a exhorté l’Iran à «résister à l’envie» d’exercer des représailles et d’attendre «le retour de dirigeants américains responsables sur la scène internationale».

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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