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Libye, coup de force de l’Italie

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Pays de toutes les convoitises pour ses richesses énergétiques et sa position géographique, la Libye se trouve au cœur des rivalités entre puissances internationales et régionales. Un exemple en dit long en l’occurrence la rivalité entre Rome et Paris pour la tenue de médiations de réconciliation entre les différents acteurs libyens en conflit. C’est dans ce cadre et pour éclipser la conférence de Paris (qui prévoyait la tenue d’élections le 10 décembre prochain) organisée à l’initiative du président français Emmanuel Macron, que se tient la réunion de haut niveau de Palerme.

La France avait cherché par le passé à détourner et à vider de son sens la conférence tenue dans la ville marocaine de Skhirat ayant accouché le 17 décembre 2015 de l’accord politique libyen pour une sortie de crise. Ledit accord a été réaffirmé par le Conseil de sécurité le 14 décembre 2017 comme étant le « seul cadre viable pour mettre un terme à la crise politique en Libye » et qu’il est fondamental de l’appliquer en vue de la tenue des élections et de l’aboutissement de la transition politique. L’Italie a donc emboité le pas à la France en organisant la sienne. Celle de Palerme les 12 et 13 novembre à l’initiative du gouvernement italien et de l’Onu via son envoyé spécial en Libye, Ghassan Salamé, qui a débuté lundi soir mais entré dans le vif du sujet ce mardi.

 

Plus d’une trentaine de délégations ont répondu à l’appel pour tenter d’aider La Libye à sortir de son bourbier. Parmi les participants, on peut citer le Maroc avec une forte délégation comprenant le ministre des affaires étrangères et de la coopération, Nasser Bourita, et comprenant les ambassadeurs du royaume en Italie et en Libye, respectivement Hassan Abouyoub, Mohamed Belaich et la consule générale du Maroc à Palerme, Fatima Baroudi, l’Egypte représentée par son président Sissi, la Tunisie avec Béji Caïd Essebssi, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères ou l’Union européenne Federica Mogherini, sans oublier d’autres pays comme la Turquie, le Qatar, l’Algérie ou le Tchad. Pourtant l’Italie espérait la présence du président américain Donald Trump, le russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel.

Les protagonistes libyens ont pratiquement tous répondu à l’invitation, même le Maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est qui a entretenu le suspense jusqu’à la dernière minute pour finalement débarquer lundi soir ainsi que des chefs de tribus influentes, le pays en comptant 142.

En soirée, alors que tout le monde était convié à un dîner -boycotté par Haftar-, ce dernier a décroché un tête-à-tête à la Villa Igiea avec le président du conseil italien, Giuseppe Conte qui a invité Haftar à tenter la voie du compromis avec les trois autres dirigeants libyens présents à Palerme, à qui Conte s’était adressé, les encourageant à devenir des «pères nobles » de l’avenir de Libye.

Bien que le doute persistait encore aujourd’hui sur sa participation à la Conférence, Haftar a rencontré quand-même ce matin le premier ministre libyen Fayez al-Serraj, dont le gouvernement est reconnu par la communauté internationale.

Aux dernières nouvelles en provenance de Palerme mardi soir, Ghassan Salamé a déclaré que le Maréchal Khalifa Haftar s’était engagé à respecter la feuille de route établie par l’ONU et à la tenue d’une conférence nationale début de l’année prochaine avant la tenue d’élections.

Cette conférence a subi cependant un coup dur avec le retrait mardi de la Turquie pour avoir été exclue d’une des réunions

Hier, Ghassan Salamé a déclaré qu’il discuterait de la date des élections dans le pays et proposerait le mois de juin 2019, après l’échec de la conférence de Paris qui avait retenu la date du 10 décembre 2018.

Ghassan Salamé espère que les Libyens conviendront d’un format pour le référendum en vue d’une Constitution et ce dès la Conférence nationale en Libye au début de 2019, puis voteraient pour la la Loi fondamentale entre fin mars et fin juin.

En attendant, des voix sceptiques se sont élevées quant la réussite de cette conférence à l’instar de l’ancien président du conseil italien Matteo Renzi, annonçant d’avance son échec total et, par ricochet, celui de la politique étrangère italienne.

La Turquie claque la porte

Cette conférence a subi cependant un coup dur avec le retrait mardi de la Turquie pour avoir été exclue d’une des réunions. Ainsi, le vice-président Fuat Oktay a claqué la porte en signe de protestation en déclarant à la presse que «la communauté internationale n’a malheureusement pas pu parvenir à un consensus ce matin. Certains [pays] se sont ingérés unilatéralement dans le processus en abusant de la réunion organisée par l’Italie (…) Tant que certains pays continueront à paralyser le processus dans le sens d’avantages propres, la stabilité ne pourra pas être assurée en Libye », a-t-il ajouté, sans nommer de pays.

Le vice-président turc a souligné que c’était une position très «trompeuse » et «préjudiciable » qu’une réunion non officielle se tienne ce matin entre certaines parties et que ces dernières soient représentées en tant qu’acteurs principaux dans la région méditerranéenne.

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