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L’ANAPEC «passeur Go Fast» des cerveaux marocains vers l’étranger

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«Le retour au Maroc est une question de foi», a scandé fièrement le secrétaire d’Etat marocain chargé de l’investissement, Othman El Ferdaous, devant un auditoire de jeunes étudiants à l’occasion du 23ème édition du Forum Horizons Maroc, qui s’est tenu le 3 février à Paris, dans un élan oratoire qui s’avère être bien loin de la réalité de la politique de son gouvernement. Car au même moment, l’Agence nationale de promotion des emplois et des compétences (Anapec), a dédié son service public ces dernières semaines, tels les «passeurs Go fast», à faire émigrer les jeunes étudiants marocains vers la France, le Qatar, l’Allemagne et le Canada. Un scandale qui en cache un autre : le gouvernement a déclenché une opération de «transfert» à grande échelle afin de camoufler sa faillite et sa déliquescence, et son incapacité de créer de l’emploi.

«Une entreprise Canadienne cherche deux profils », «Le Fairmont Banff Springs Hôtel recrute au Canada », «Organisme public qatari recrute 237 professeurs », «Vous avez déjà obtenu une offre d’emploi au Canada et vous voulez savoir comment soumettre votre demande de permis de travail temporaire ? », «Plusieurs offres d’emploi en Allemagne et en France peuvent vous intéresser ! », «Vous souhaitez connaître les opportunités et les modalités de travail en Allemagne et au Maroc mais vous ne savez pas par où commencer? »… ce ne sont pas des annonces d’un chasseur de têtes étranger ni d’un cabinet d’avocats à l’immigration, mais bien celle de l’ANAPEC, une agence sous la tutelle du département de l’Emploi de Mohamed Yatim, un des cadres supérieurs du parti au pouvoir. Le comble de ces annonces, c’est que ça n’émeut personne !

Rappelons que l’objet et la mission de l’ANAPEC sont de contribuer à l’organisation et à la mise en œuvre des programmes de promotion de l’emploi qualifié décidés par les pouvoirs publics. Donc, cette campagne d’offre d’immigration à l’étranger, qui dure depuis des semaines et bien visible sur sa page Facebook, n’est-elle pas la mise en œuvre d’une stratégie et d’un programme décidés par les pouvoirs publics ?

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Le niveau des fuites des cerveaux et des cadres qualifiés jamais atteint au Maroc

L’été 2018, l’opinion publique découvre des chiffres hallucinants sur la nouvelle tendance des jeunes instruits et des hauts cadres, à vouloir à tout prix quitter le Maroc, un indicateur qui reflète le désarroi et la perte de confiance des marocains actifs dans l’exécutif actuel. En effet, des chiffres d’une étude réalisée par le portail de recrutement Rekrute, avancent que 90% des marocains veulent partir travailler à l’étranger, alors que plus de 600 ingénieurs quittent le Maroc annuellement, 8000 hauts cadres marocains formés dans les secteurs public et privé du royaume quittent chaque année le Maroc, selon Saloua Karkri-Belkeziz, présidente de l’APEBI. Aujourd’hui, avec cette campagne menée par l’ANAPEC, nous avons la preuve que ces chiffres sont à mettre sur le passif du gouvernement en place et du parti au pouvoir.

L’offre offshoring du Maroc se désintègre face à l’offre Station F française


Cette semaine, les réseaux sociaux se sont enflammés quand Atos, une des principales SSII qui a profité en long, en large et en travers de l’offre offshoring du Maroc, a lancé une campagne de recrutement de profils marocains pour rejoindre ses équipes en France. Ce type de campagne de recrutement de masse s’est multiplié depuis 5 ans, mais ce sont en général des cabinets intermédiaires qui la réalisent au profit de grands comptes en France.

Mais quand l’offre française a été réinventée avec l’arrivée d’Emmanuel Macron, qui a réussi à insuffler une nouvelle vie à la sphère technologique française, la rendant plus attractive que la délocalisation, et qu’en même temps l’agence gouvernementale marocaine –ANAPEC- s’est transformée en une agence d’immigration, on ne peut donc pas blâmer les entreprises privées étrangères, ni les marocaines d’ailleurs, qui œuvrent dans ce créneau.

Le Maroc se déleste de sa richesse la plus précieuse alors que le ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, Saaid AMZAZI, nous sort un argumentaire imparable : «Ce niveau de fuite de cerveaux prouve la qualité de l’enseignement au Maroc (sic !) » On dit que le ridicule ne tue pas, mais les marocains ça les tue. On est en train d’affaiblir les capacités de production du pays en le privant de ses éléments les plus dynamiques sans parler des dégâts importants sur le plan budgétaire et social.

Pour la deuxième fois, en une semaine, nous pointons dans cette publication l’impact gravissime de l’incohérence de l’actuel exécutif sur la borne marche du pays. Une situation inquiétante.

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