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Tunisie

Tunisie: commémoration maussade de la révolution du Jasmin

L’immolation d’un jeune homme il y a dix ans à Sidi Bouzid a mis la Tunisie sur la voie de la démocratie, mais dans cette ville marginalisée devenue berceau de la révolution, les habitants n’ont pas le coeur à la fête.

Avec AFP

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant excédé par le harcèlement policier, s’est immolé par le feu sur la rue principale de cette ville du centre de la Tunisie, déclenchant un mouvement de contestation sans précédent.

Le soulèvement fit quelque 300 morts dans le pays, mais les manifestations finirent par chasser du pouvoir le président Zine el Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, et par s’étendre à d’autres pays de la région, faisant tomber plusieurs autocrates.

Si la démocratisation de la Tunisie est largement saluée, l’ambiance festive des premiers temps a disparu.

A Sidi Bouzid, le portrait géant de Bouazizi et la sculpture de sa cariole dans le centre-ville n’incarnent plus l’espoir d’une amélioration de la situation sociale.

Le 17 décembre est devenu une occasion de protester contre un pouvoir incapable de réaliser certains objectifs du soulèvement: travail et dignité. Des ministres ont régulièrement été accueillis par des jets de pierres.

L’ambiance n’est pas à la célébration, le pays va mal

« Nous vous avons préparé la route vers la liberté, mais vous avez pris une déviation », peut-on lire sur de grandes affiches placardées en centre-ville.

Aucune visite officielle n’est programmée ce jeudi. Même le président Kais Saied, un universitaire revendiquant les idéaux de la révolution, largement élu en octobre 2019 sur fond de rejet des dirigeants au pouvoir depuis 2011, a annoncé qu’il ne viendrait pas, officiellement en raison «d’engagements urgents».

«L’ambiance n’est pas à la célébration (…) parce qu’il y a ce constat que le pays va mal», explique à l’AFP le politologue Hamza Meddeb.

Certes «le pays a construit péniblement une démocratie, certes il a avancé dans les libertés politiques, mais dix ans après la révolution du 17 décembre/14 janvier, il y a un réel constat d’échec», poursuit-il.

La classe politique, plus fragmentée que jamais depuis les législatives de 2019, se déchire sans parvenir à passer à l’action alors que l’urgence sociale s’accentue, avec les retombées dramatiques de la pandémie de nouveau coronavirus.

Le chômage dépasse les 15%, et touche largement les jeunes et les régions marginalisées. Les salaires, bas, sont grignotés par l’inflation, et l’instabilité politique annihile l’espoir de voir se concrétiser des réformes de fond.

Des jeunes sont partis par milliers combattre auprès de groupes jihadistes en Syrie, et les Tunisiens représentent actuellement la moitié des migrants arrivant illégalement en Italie: les traversées clandestines de la Méditerranée sont reparties à la hausse depuis 2017, face au manque de perspectives.

A Sidi Bouzid, une scène a été montée pour un concert de rap, avec comme thème «10 ans, l’attente est longue».

«Cet événement, qui montre l’importance de la révolution pour nous, ne cache pas la colère (…) face à la classe politique», a déclaré à l’AFP Youssef Jilali, porte-parole des organisateurs.

Les tunisiens veulent des actions concrètes, là, maintenant et tout de suite!

Selon M. Meddeb, «les Tunisiens sont vraiment en colère, et ce n’est pas le bon moment pour les responsables politiques d’aller sur terrain».

La semaine passée, le Premier ministre Hichem Mechichi été accueilli aux cris de «dégage» par des habitants de Jendouba, ville du nord-ouest du pays où un jeune médecin est décédé à cause de la défaillance d’un ascenseur dans l’hôpital délabré où il travaillait.

Des grèves, blocages de routes et manifestations se sont récemment multipliés pour réclamer des emplois, des investissements et des services publics de base.

«Nous avons arrêté d’attendre quoique ce soit de la classe politique!», lance Jamel Bouzidi, un habitant de Sidi Bouzid quadragénaire. «Nous sommes fatigués d’attendre».

Le principal parti –d’inspiration islamiste–, le mouvement Ennahdha, peine à constituer une majorité stable au sein d’une Assemblée où siègent une multitude de formations. Les débats dégénèrent régulièrement, et des coups ont été échangés la semaine passée.

Même M. Saied, qui a été élu « avec beaucoup d’espoir, est en train de décevoir une partie de l’électorat », souligne M. Meddeb.

«Les gens n’ont plus la patience d’entendre des discours, ils veulent des actions concrètes, là, maintenant et tout de suite!».

Tunisie: reprise des heurts entre policiers et manifestants dans le Sud

Des heurts ont repris lundi entre forces de l’ordre et manifestants à Tataouine dans le sud de la Tunisie, en proie depuis un mois à des troubles sociaux sur fond de chômage et de marginalisation de cette région.

La police a procédé à d’intenses tirs de gaz lacrymogène pour disperser dans la matinée des centaines de manifestants dans le centre de cette ville (500 km au sud de Tunis), a constaté un journaliste de l’AFP.

Dimanche déjà, les policiers avaient tenté de disperser à coups de gaz lacrymogènes des manifestants réclamant des emplois et la libération de Tarek Haddad, une figure de ce mouvement qui exige l’application d’accords signés en 2017 pour une meilleure répartition des richesses.

Ce militant est «recherché par la justice», selon le gouverneur de Tataouine, Adel Ouergui, qui n’a pas donné plus de précision.

Après son arrestation, des «sympathisants» ont bloqué la voie publique et tenté d’attaquer un local des forces de sécurité avec des cocktails Molotov. Dix personnes ont été interpellées, a ajouté le ministère de l’Intérieur dans un communiqué publié dimanche.

Après des échauffourées ayant duré jusque dans la nuit, l’armée a été déployée lundi devant les établissements de l’Etat, a indiqué porte-parole du ministère de la Défense, Mohamed Zekri.

Dénonçant un recours à la force «excessive et injustifiée» contre les manifestants, la puissante centrale syndicale UGTT a appelé à une grève générale lundi à Tataouine.

Les commerces étaient ouverts, mais les services publics et institutions étatiques sont restés fermés, en réponse à cet appel, selon les correspondants de l’AFP.

Les manifestants réclament l’application d’un accord conclu après des mois de sit-in ainsi que des heurts en 2017, prévoyant d’employer des milliers de chômeurs dans les sociétés de production d’hydrocarbures de la région de Tataouine.

Face à des promesses «non tenues» par l’Etat, les protestations ont repris depuis quelques semaines dans cette zone marginalisée.

Des manifestants ont érigé des tentes et bloqué la route aux camions appartenant à des sociétés d’exploitation de gaz et de pétrole implantées sur le site d’El Kamour, à 160 kilomètres plus loin, en plein désert.

L’accord de 2017, favorisé par une médiation de l’UGTT, prévoyait également que l’Etat investisse 80 millions de dinars (quelque 27 millions d’euros) chaque année dans la région de Tataouine, sans que cela ne se soit concrétisé.

Ces troubles interviennent alors que la Tunisie, largement épargnée par la pandémie de Covid-19, fait face à d’importants tiraillements politiques au sein de la coalition gouvernementale, et aux retombées sociales des restrictions sanitaires, qui ont accentué les inégalités.

Avec AFP

15 jours de confinement supplémentaires en Tunisie, malgré des manifestations de travailleurs précaires

Le confinement général en place depuis le 22 mars en Tunisie a été prolongé de 15 jours, a annoncé mardi soir la présidence tunisienne, en dépit de manifestations contre cette mesure qui plonge dans la misère de nombreux travailleurs précaires.

Ce prolongement porte le confinement, destiné à lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, jusqu’au 20 avril, soit quelques jours avant le début prévisible du mois sacré de jeûne du ramadan, qui voit habituellement la vie économique ralentir et la vie sociale s’intensifier.

Cette annonce intervient peu après une déclaration du président Kais Saied, qui a reconnu les difficultés sociales entraînées par les restrictions drastiques de circulation mises en place depuis une semaine.

«Les mesures ne répondent plus aux demandes des citoyens», a estimé le président tunisien dans une discours diffusé à la télévision avant la rencontre du conseil de sécurité qui a décidé de prolonger le confinement.

«On dit aux gens de rester chez eux — mais comment vont-ils vivre? Ce sont des réactions logiques surtout de la part des plus pauvres», a-t-il déclaré au sujet des protestations.

De nombreux travailleurs précaires, ont manifesté mardi

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux travailleurs précaires, ont manifesté mardi dans un quartier populaire de Tunis pour protester contre le confinement et réclamer des aides promises par le gouvernement.

«Mais de quel corona vous parlez? Nous allons mourir de toute façon! Laissez-nous travailler!», a lancé un protestataire devant la délégation de Mnilha et Ettadhamen, une institution représentant l’Etat dans ces deux quartiers périphérique marginalisés.

«Laissez-moi ramener du pain à mes enfants! Peu importe si je meurs, je partirai en martyr», a ajouté le maçon.

Dans ces quartiers défavorisés, de nombreux habitants travaillent à la journée et se retrouvent privés de tout depuis que sorties et activités économiques sont strictement limitées.

Le gouvernement a annoncé le 21 mars un plan d’aide pour faire face au confinement, dont 150 millions de dinars (50 millions d’euros) qui doivent être versés sous forme de primes directes à des personnes jugées nécessiteuses, entre le 31 mars et le 6 avril.

«Nous allons déployer tous les efforts pour répondre aux besoins des citoyens», a assuré le président tunisien. «Il faut fournir aux gens les choses dont ils ont besoin pour rendre la vie acceptable pour tous», a-t-il ajouté, regrettant des «retards».

Dans son communiqué publié après le discours, la présidence a appelé à «accélérer l’application des mesures prises» et à renforcer la lutte contre les spéculateurs monopolisant les ressources alimentaires en les punissant comme des «criminels de guerre».

Coronavirus: en Tunisie, des ouvrières se confinent à l’usine pour fabriquer des masques

Confinées, oui… mais au travail: dans une usine tunisienne, 150 personnes, des ouvrières pour la plupart, se sont enfermées avec de quoi vivre en quasi autarcie, afin de continuer à fabriquer des masques et protections pour les soignants luttant contre le nouveau coronavirus.

«Nous sommes les seuls à fabriquer pour les hôpitaux tunisiens: on ne peut pas prendre le risque de contaminer l’usine», explique le directeur, Hamza Alouini.

Son entreprise, Consomed, a été lancée il y a dix ans par son père et son frère près de Kairouan, dans le centre de la Tunisie, dans une zone largement rurale.

Leur usine est devenue le principal site de production du pays et l’un des plus importants en Afrique pour les masques, charlottes, combinaisons stériles et autres protections.

Autant d’équipements devenus stratégiques depuis que la Chine –principal producteur de masques au monde– en a interdit les exportations, suivie par plusieurs pays, dont la Tunisie depuis quelques semaines.

L’entreprise est débordée par les demandes locales et peine à approvisionner notamment les hôpitaux.

Plusieurs structures de soins ont dû fermer des services hospitaliers ces derniers jours ou mettre en quarantaine des soignants ayant été en contact sans protection avec des malades, selon des médias locaux.

110 femmes et 40 hommes travaillent, mangent et dorment dans les 5.000 m2 d’entrepôts

Pour empêcher toute contamination par le nouveau coronavirus et donc toute interruption de la production, Consomed fonctionne désormais quasiment en vase clos: 110 femmes et 40 hommes travaillent, mangent et dorment dans les 5.000 m2 d’entrepôts, dont un médecin, des cuisiniers et le directeur.

Sur les réseaux sociaux, l’entreprise a publié une vidéo –hors de question d’autoriser des journalistes à aller et venir– montrant les ouvrières entrant le 20 mars dans l’usine avec valises et sacs, après un contrôle de température.

Sur les 240 employés, payés en moyenne 800 dinars par mois (270 euros), au-dessus du salaire minimum, 150 ont répondu à l’appel.

Ils travaillent «sur la base du volontariat», souligne le directeur de l’usine, les autres ayant des engagements ou responsabilités de famille ne leur permettant pas de s’isoler.

«Il y a parmi les couturières une fille de 22 ans qui n’avait jamais dormi en dehors de chez elle. Le quatrième jour, elle a pleuré car sa mère lui manquait», raconte encore le responsable.

«Mais elle a finalement décidé de rester car les salariés savent l’importance de ce qu’ils fabriquent», assure-t-il.

«On s’entraide», confie une employée, Khaoula. «Quand une personne se sent mal, nous essayons avec tout le monde de lui remonter le moral, la mettre dans une autre ambiance, parce qu’il y en a qui ont la nostalgie de leur famille.»

«On pense avant tout à ceux qui manquent de protections» face à la maladie Covid-19, explique cette quadragénaire, logiquement interrogée à distance, personne ne pouvant entrer dans l’usine. «Les premiers à me soutenir sont mon époux et ma fille: nous sommes tous motivés et convaincus.»

Les véhicules livrant les matières premières ou les produits alimentaires sont désinfectés, leurs chauffeurs priés de rester à l’intérieur avec les vitres fermées, et tous les objets sont décontaminés, selon les normes strictes exigées par les certifications internationales obtenues par l’usine.

La journée de travail commence par l’hymne national

La journée de travail commence par l’hymne national. «Ca nous donne l’impression que nous sommes des soldats» au service des soignants, raconte Khaoula.

Puis la production se met en branle: aux huit heures de travail habituelles s’ajoutent des heures supplémentaires payées, là aussi, «sur la base du volontariat», dit le directeur de l’usine.

Pour beaucoup, la journée est longue: 10 à 12 heures par jour, grâce à des dérogations accordées par les autorités.

Un dortoir pour les hommes, différents dortoirs pour les femmes selon les services, un espace pour jouer au football, aux cartes, et se détendre: tout semble avoir été prévu pour tenir un mois.

«On ne pourra pas faire plus». L’entreprise –qui vend ses masques à la pharmacie centrale à des prix fixés de longue date– n’aura pas la trésorerie pour continuer cette opération coûteuse. Et poursuivre ce confinement pourrait avoir un impact sur le moral des employés.

La Tunisie a détecté 173 cas du nouveau coronavirus depuis début mars, dont cinq décès selon le ministère de la Santé.

26 morts en Tunisie, 17 au Maroc: deux accidents de bus qui endeuillent le Maghreb

En Tunisie, l’autocar, qui transportait des touristes locaux âgés de 20 à 30 ans, est sorti de la route et a chuté dans un ravin, dans la région montagneuse d’Aïn Snoussi (nord-ouest). Au lendemain de ce drame, vitesse et vétusté du bus ont été citées parmi les principales causes de l’accident, qui a également fait 17 blessés.

Interrogé par la télévision nationale, le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Selmi, tout en appelant à attendre les conclusions de l’enquête, a évoqué un bus « vieux de 20 ans » et la « vitesse » du véhicule.

La région d’Aïn Snoussi est connue pour la dangerosité de ses routes, qui sont toutes équipées «de panneaux de limitation de vitesse», a-t-il argué.

La veille, dans une déclaration à une radio privée, le ministre du Tourisme René Trabelsi avait indiqué que le bus était sorti de la route dans « un mauvais virage ».

Le nouveau président Kais Saied et le Premier ministre sortant Youssef Chahed se sont rapidement rendus sur place dimanche.

Journée funeste en Tunisie

L’annonce de ce drame a suscité l’émoi dans le pays, et de vives critiques.

«Journée funeste en Tunisie», a titré lundi le journal arabophone Al-Chourouk. «La Tunisie sous le choc», a écrit le quotidien, La Presse.

Dès dimanche, des internautes avaient manifesté leur colère après cette «catastrophe nationale», en dénonçant «les routes de la mort» en Tunisie.

Le bus appartenant à une agence de voyage locale venait de la capitale Tunis et se rendait à Aïn Draham, une région prisée des touristes locaux, proche de la frontière algérienne.

Les images ont montré des cadavres jonchant le sol, un bus déchiqueté et des fauteuils et affaires éparpillés, dans le lit d’une petite rivière située en contre-bas.

La vingtaine de blessés a été hospitalisée -le bus comptait 43 personnes à bord au total.

Le même jour, au Maroc, ce sont 17 personnes qui ont trouvé la mort et 36 qui ont été blessées dans l’accident d’un bus près de Taza, selon le ministère de la Santé.

La veille, un premier bilan avait fait état de huit morts.

L’autocar s’est retourné pour une raison encore inconnue, ont annoncé les autorités locales.

Les personnes blessées ont, là aussi, toutes été hospitalisées et une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident.

Amas de ferraille

Sur une image diffusée sur son compte Twitter par la chaîne publique 2M, le bus, couché sur son flanc droit, apparaît comme décapité. L’intérieur ne ressemble plus qu’à un amas de ferraille.

Des rescapés interrogés par la presse locale ont imputé l’accident aux «fortes pluies» qui se sont abattues sur la région dimanche.

https://twitter.com/2MInteractive/status/1201496089804886017

Près de 3.500 personnes trouvent chaque année la mort dans des accidents sur les routes du royaume, un pays de 35 millions d’habitants.

Les autorités ont mis en œuvre diverses mesures pour tenter de combattre le fléau de l’insécurité routière, en particulier dans le sillage du pire accident de bus de l’histoire du royaume (42 morts), survenu en 2012.

Une «stratégie nationale de la sécurité routière» a été lancée avec pour objectif de réduire de moitié le nombre d’accidents d’ici 2026.

Le bilan est également sanglant en Tunisie, un pays de 11 millions d’habitants: 999 personnes ont été tuées et 7.326 blessées dans des accidents de la route depuis un an, selon l’Observatoire national de la sécurité routière. Sur l’année 2018, ce bilan s’élève à 1094 morts.

La mortalité routière en Tunisie est imputée à l’état des infrastructures, mais aussi à la vétusté du parc automobile et aux incivilités.

Ben Ali est mort, au bon moment

L’ancien président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, est décédé ce jeudi 19 septembre en Arabie Saoudite, à l’âge de 83 ans. Exilé en Arabie Saoudite depuis la chute de son régime en 2011, il avait été transféré à l’hôpital, jeudi dernier, après la détérioration de son état de santé. Ben Ali a choisi de quitter ce monde alors que son pays vit une crise politique majeure, et que son pays d’accueil, l’Arabie saoudite, terrassée par l’attaque d’Aramco, voit sa souveraineté menacée.

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MBS en Afrique du Nord, un bilan contrasté

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La tournée de MBS en Afrique du Nord n’aura pas révolutionné les relations avec les pays de la région. Menée tambour battant, cette tournée a permis à Riyadh de chercher plus de soutien et à rompre son isolement sur le plan international depuis l’affaire Khashoggi. Après s’être drapé dans les oripeaux de la révolution tunisienne, berceau du printemps arabe, le Prince héritier de l’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salmane, s’est envolé pour l’Amérique du Sud pour assister au sommet du G20 avant de terminer sa tournée en Afrique du Nord.

Que retenir de la tournée de MBS en Afrique du Nord ? Premièrement, MBS, dont l’image est fortement malmenée sur le plan international, a tenté de se refaire une virginité en visitant deux pays touchés par le printemps arabe, l’Egypte et la Tunisie. Deuxièmement, cette tournée dans le nord de l’Afrique lui a permis de consolider ses alliances et de raffermir les relations de coopération avec plusieurs pays comme la Mauritanie, l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie. Troisièmement, que ce soit en Algérie ou en Tunisie ou même en Mauritanie, la visite de MBS a soulevé une levée de boucliers de la société civile. La plus forte mobilisation contre la visite de MBS a été enregistrée en Tunisie où plusieurs manifestations ont dénoncé sa venue dans le pays de la Révolution du Jasmin. L’Algérie n’a pas été en reste avec une forte mobilisation de la société civile.

La course aux alliances

Mis à part ces enseignements, la tournée de MBS dans le nord du continent a permis à l’Arabie Saoudite de mieux sonder ses alliés par rapport à un dossier hautement toxique sur le plan diplomatique : l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Si l’Egypte et la Mauritanie ont clairement affiché leur parti-pris pour Riyadh, l’Algérie et la Tunisie se sont montrées plus réservées. Et pour cause, l’Egypte, depuis le renversement du gouvernement issu des urnes par l’armée, peut compter sur l’aide substantielle du royaume des Al-saoud. De même, Nouakchott a de fortes relations avec Riyadh. La visite de MBS en Mauritanie a été l’occasion de signer davantage de conventions et accords de coopération. Premier bailleur de fonds de la Mauritanie avec près de 300 millions de dollars déposés à la Banque centrale, l’Arabie saoudite intervient financièrement dans plusieurs secteurs vitaux comme l’énergie électrique, l’agriculture ou les infrastructures. Après le décret de l’embargo contre le Qatar, la Mauritanie s’est alignée sur la position saoudienne et a rompu ses relations diplomatiques avec Doha.

Une affaire de style

En Tunisie, où MBS a été décoré de la plus haute distinction du pays, ce dernier a promis bien des choses sur le plan économique, notamment de fournir jusqu’à 400 millions de dollars et du pétrole à des tarifs préférentiels et de livrer des avions et des hélicoptères pour combattre les terroristes. L’Arabie Saoudite est le seul pays qui a respecté ses engagements pris lors de la rencontre internationale des investisseurs « Tunisia 2020 », en novembre 2016, en décaissant 500 millions de dollars sous forme de prêt sur 20 ans. Auxquels s’ajoutent 200 millions $ pour la relance de l’exportation et 100 millions $ sous forme de dons. Une manne qui a permis à la Tunisie de ne pas sombrer dans la crise économique.

A Alger, fâchée par la décision de Riyadh d’augmenter la production de pétrole, MBS marchait sur des œufs, soucieux de ne pas irriter ses hôtes et surtout, d’arrondir les angles avec eux. Loin d’avoir opéré une « révolution » dans les relations bilatérales, la visite de MBS a débouché sur la signature de quelques timides contrats de partenariat. La neutralité algérienne « constante » sur les dossiers dans lesquels est impliqué l’Arabie saoudite se trouve ainsi sanctionnée. Depuis l’éclatement de la crise entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, Alger, Rabat et Tunis préfèrent rester neutres.

Au final, que retenir de cette tournée en Afrique du Nord si ce n’est la course aux ralliements pour compter ses soutiens moyennant des aides et des promesses. Isolé sur le plan international, après un scandale aussi retentissant que le meurtre d’un journaliste dans une représentation diplomatique, l’Arabie Saoudite essaie, bon an mal an, de redorer son blason.

Attijari bank Tunisie veut dynamiser les PME de l’économie verte

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Dans le cadre de l’engagement du Groupe Attijariwafa bank et de la Banque mondiale dans le financement d’une croissance économique verte et inclusive du continent africain, Attijari bank Tunisie et la Société financière internationale (SFI) ont signé ce mardi une convention de prêt subordonné de 40 millions d’euros destiné au financement des PME et de l’énergie durable en Tunisie.

Ce premier prêt de la Société financière internationale (SFI), une organisation membre de la banque mondiale, accordé à Attijari bank Tunisie lui permettra de développer davantage le volume de ses financements à long terme pour accompagner des projets en faveur de la planète et des petites et moyennes entreprises, rapporte le communiqué conjoints des deux institutions. La banque rappelle que dans le cadre de sa contribution aux efforts du gouvernement pour encourager l’utilisation des énergies renouvelables et réduire la facture énergétique, avoir été pionnière dans le développement de produits financiers verts pour soutenir des investissements tels que des unités photovoltaïques, des usines de traitement des déchets et des projets d’efficacité énergétique.

Dans le même communiqué, la SFI affirme que ce prêt subordonné a pour objectif de renforcer les fonds propres de la banque et d’augmenter sa capacité de prêts permettant par ricochet aux entreprises locales de se développer et de contribuer ainsi à la croissance de l’économie tunisienne et à la création d’emplois.

« Grâce aux nouveaux fonds alloués par IFC ainsi qu’à notre connaissance des besoins des entreprises, nous pourrons étendre notre action pour les conseiller sur le financement de projets d’énergie durable et aider les PME locales à se développer », a déclaré Hicham Seffa, le directeur général d’Attijari bank Tunisie.

SFI/Attijari bank, la transformation digitale et la finance verte au coeur de leur partenariat

Le partenariat SFI/Attijari bank Tunisie date de 2017, ils l’ont initié par un projet de conseil sur le potentiel de la digitalisation des services et la création de nouveaux produits.

« Le marché tunisien du financement de l’énergie durable est encore naissant mais regorge de potentiel, » a déclaré Kudret Akgun, le responsable d’IFC en charge des institutions financières de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. « IFC s’est engagée à soutenir les institutions financières privées de la région qui contribuent au développement des activités de leurs clients tout en respectant la planète. C’est en effet essentiel pour construire un avenir plus respectueux de l’environnement tout en favorisant une croissance inclusive et durable. »

La cérémonie de signature s’est déroulée en présence de Kudret Akgun, le responsable d’IFC en charge des institutions financières de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Hicham Seffa, directeur général d’Attijari bank, Moncef Chaffar, président du Conseil d’administration de la banque ainsi que de hauts cadres des deux sociétés.