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Macron en Egypte : La France irrite le pouvoir égyptien

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Emmanuel Macron a irrité le Maréchal Abdelfattah Al-Sissi à l’issue de leur entrevue ce lundi au Palais présidentiel Al Ittihadiya. En visite officiel depuis dimanche en Egypte, le Président Français n’était pas sur la même longueur d’ondes avec son hôte. Lors de la conférence conjointe tenue à l’issue de leurs entretiens, Emmanuel Macron a estimé que la stabilité est nécessaire en Egypte, mais « dans le respect des libertés». Le Président français a mis l’accent dans ce sens sur la nouvelle loi controversée qui étrangle l’activité des ONG en Egypte et sur les arrestations de militants, en estimant que «l’expression d’une société dynamique était le meilleur rempart face à l’extrémisme».

L’image donnée par le Président français est loin de celle d’octobre 2017 quand il avait déclaré ne pas avoir à «donner des leçons» au régime égyptien sur le sujet.. Une attitude qui n’a pas échappé aux journalistes égyptiens qui ont interpellé Macron sur cette nouvelle politique française en matière de droits de l’homme. Ce dernier a rétorqué que «la France a des principes et doit les affirmer». Manifestement contrarié par ces propos, Abdelfatah Al-Sissi a pris la parole pour dénoncer ceux qui montent en épingle le cas de «quelques blogueurs», alors que lui doit faire face aux «immenses défis» qui touchent 100 millions d’Egyptiens comme la lutte contre le terrorisme, le chaos, la pauvreté, la bataille contre l’hépatite C et la guerre civile. Ne maîtrisant pas ses nerfs, il a lancé une boutade à l’adresse de son homologue français en exigeant « qu’on ne regarde pas l’Egypte avec des yeux d’Européens !». Selon lui, l’Egypte n’est pas « comme l’Europe ou comme l’Amérique […], on ne peut pas imposer à toutes les sociétés un seul chemin.»

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Dialogue de sourds

Mis à part cette passe d’armes, la visite d’Emmanuel Macron, contrairement aux prévisions, n’a abouti à aucun contrat de vente d’armes (La France devait vendre 12 avions Rafale à l’armée égyptienne) ou autre contrat commercial substantiel. Dimanche dernier, lors d’un point de presse, Macron avait affirmé qu’il s’apprêtait à engager «un dialogue de vérité» avec le président égyptien au sujet des droits de l’homme. Pour réhabiliter la France aux yeux de la société civile égyptienne, Macron rencontrera ce mardi Tawadros II, pape copte d’Egypte, puis le grand imam d’Al-Azhar, et plusieurs défenseurs des droits de l’homme au Caire, ce qui n’était pas prévu dans l’agenda présidentiel.

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Si Macron avait manifesté son intention de resserrer les liens avec l’Egypte, il a, semble-t-il, mis les pieds dans le plat. Dimanche dernier, il avait insisté sur la stabilité en Egypte, un « partenaire précieux sur la Libye, pour la lutte contre le radicalisme islamique en Afrique, au Proche et Moyen-Orient». Pourtant à la veille de la fin de sa visite, sa prise de position semble avoir irrité l’omnipotent Président égyptien. Si la France n’entend pas « tourner le dos à l’Egypte pour ça », car « c’est la pousser davantage vers la Russie et la Chine », elle essaie de garder ses intérêts en Egypte. La France n’est que le 11ème partenaire commercial de l’Égypte, qui compte 100 millions de consommateurs. La cinquantaine de patrons français qui ont accompagné Macron reviendront néanmoins avec une maigre moisson de contrats du pays des Pharaons.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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