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Libye : L’armée de Haftar, qui lorgne Tripoli, est en train de changer la donne sur le terrain

L’Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle l’est libyen, a lancé depuis quelques semaines une vaste offensive dans le sud. Le 6 février, elle a annoncé la prise sans combats de l'un des plus grands champs pétroliers en Libye, celui d’Al-Charara dans la région d’Oubari, qui produit 315.000 barils par jour. Ce dernier était à l’arrêt depuis près de deux mois. Selon Ahmad Al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, celle-ci est entrée dans le complexe pétrolier après des négociations avec les groupes armés qui le contrôlaient.

Les groupes armés, qui bloquaient la production sur le site, protestaient contre la marginalisation de leur région par le gouvernement reconnu par la communauté internationale, celui de Fayez Al Sarraj. Le président libyen avait promis de débloquer d’importants fonds pour la région, mais le Maréchal Khalifa Haftar semble l’avoir devancé. En plus de contrôler la région du croissant pétrolier à l’Est, le Maréchal Haftar a mis la main sur cet important champ. Il renforce ainsi son assise et son autorité dans la région puisque les tribunaux voient en lui un sauveur du chaos et de l’anarchie. Depuis la mi-janvier, l’ANL a lancé une offensive dans le Sud pour « purger (...) des groupes terroristes et criminels ».

Appui de plusieurs pays à l’ANL

L’ANL compte aussi chasser les rebelles tchadiens. Selon certaines sources, l’action de l’ANL est appuyée par plusieurs pays à savoir, la France, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte. Il semble même qu’il y a eu une concertation et une coordination entre la France et l’ANL. Du sort de cette vaste campagne va se jouer l’avenir de la Libye. Et si le Maréchal Khalifa Haftar est adopté par les Libyens comme un sauveur ? Et s’il marchait sur Tripoli ? Sur le terrain, ses forces se sont imposées comme les représentants de l’autorité. Dans le sud libyen, toutes les tribus ont appuyé cette offensive ainsi que des représentants au Conseil d’Etat.
Dans une lettre adressée au Secrétaire général de l’ONU, les chefs de tribus qualifient cette opération d’«audacieuse» et l’armée nationale de « corps le plus apte à protéger la paix et la stabilité». Saad Ben Cherada, Membre du Conseil d’Etat estime que « le Sud était, depuis des années, à la recherche d’un sauveteur, qu’il a trouvé, aujourd’hui, en la personne du maréchal Haftar, qui s’est dressé contre les groupes terroristes et les bandes de criminels à l’origine du chaos dans la région».

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Le Maréchal Haftar est-il l’unique rempart contre le chaos ?

Le même constat est fait par Achour Chouayel, ex-ministre libyen de l’Intérieur qui a affirmé sur Libya Hadath que « le peuple libyen a besoin d’une autorité pour le gouverner. Laquelle autorité a besoin de force. Laquelle force n’existe, en ce moment, qu’entre les mains de l’armée. Concernant Al-Sarraj, il dispose d’une autorité, sans force sur le terrain.» En quelques années, l’ANL et le Maréchal ont fait ce qu’Al-Sarraj n’a pas pu faire malgré l’adoption de l’accord de Skhirat. A ce propos, beaucoup sont qui reprochent à Al Sarraj de ne pas avoir mis en œuvre les volets sécuritaires de l’accord de Skhirat.

Suite à cette offensive dans le Sud, l’ANL a mis les rebelles tchadiens entre le marteau et l’enclume puisque l’armée française les chasse au Nord du Tchad. Une fois celle-ci terminée, le regard du Maréchal se tournera-t-il vers Tripoli ? Ce dernier avait bien dit que la «la libération de Tripoli est inévitable et suivrait une feuille de route préétablie». La future Libye sera-t-elle dessinée par les armes ou par les urnes comme le veut le Président Al Sarraj ? Il est certain de l’issue de cette campagne lancée par Haftar aura un grand impact sur les évènements à venir. S’il nettoie le Sud, le Maréchal Haftar pourra prendre Tripoli en tenailles.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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