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Le Maroc dément formellement tout accord entre Rabat et Madrid sur un nouveau dispositif anti-migratoire

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Aucun accord n’a été conclu entre Rabat et Madrid permettant aux bateaux espagnols de sauvetage de migrants d’accoster dans les ports marocains, a affirmé, jeudi à Rabat, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Dans un article paru jeudi dans la version digitale en anglais du quotidien espagnol El Pais l’Espagne et le Maroc seraient parvenus dernièrement à un accord sur une stratégie sans précédent pour contenir l’immigration clandestine. Selon cet accord, les services espagnols de sauvetage en mer, Salvamento Marítimo, seraient autorisés à débarquer une partie des migrants sauvés vers des ports marocains. Aujourd’hui, tous les migrants découverts par les services de secours espagnols dans les eaux du détroit de Gibraltar ou de la partie la plus occidentale de la mer Méditerranée sont automatiquement acheminés vers des ports espagnols, même si le sauvetage a eu lieu plus près des côtes marocaines.


Le gouvernement marocain réagit formellement à ces informations et précise qu’« il n’y a pas d’accord entre le Maroc et l’Espagne ». « Ces informations sont fausses » a martelé Mustapha El Khalfi lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement.

Selon le porte-parole du gouvernement marocain, les opérations de sauvetage des migrants effectuées par l’Espagne et le Maroc dans la zone du Détroit de Gibraltar et en Méditerranée sont menées en collaboration et dans le respect des compétences de chaque pays.

Pour sa part, la secrétaire d’Etat espagnole à la sécurité, Ana Maria Botella, a assuré, ce jeudi sur les ondes de la radio espagnole « Cadena Ser », que la coordination maroco-espagnole en matière de sauvetage des migrants clandestins en mer implique que les migrants secourus par les autorités marocaines sont transférés au port marocain le plus proche, alors que ceux sauvés par un bateau espagnol sont pris en charge par les services compétents espagnols.

Ce n’est pas exactement ce qu’a avancé El Pais qui a expliqué que la « nouvelle mesure » s’appliquera aux migrants se trouvant dans le périmètre d’intervention des secours espagnols qui assistent les garde-côtes marocains dans leur zone de responsabilité maritime, et lorsque le port le plus proche est au Maroc. « Compte tenu de nos bonnes relations avec le Maroc, Salvamento Marítimo assistera la marine marocaine si nécessaire. Les personnes sauvées seront emmenées dans le port sûr le plus proche, marocain le cas échéant », aurait déclaré une source gouvernementale espagnole au quotidien madrilène.

Cet « accord », qui intervient quelques jours après la visite d’Etat au Maroc du roi Felipe VI, s’inscrit dans le cadre de la politique de l’exécutif espagnol pour réduire la pression migratoire alors que l’immigration clandestine est devenue une question électorale et que les Espagnols se dirigent bientôt vers des élections locales, régionales, nationales et européennes.

Alors que Rabat balaie d’un revers de la main ce dispositif « dénué de tout fondement » selon les autorités marocaines, les nouvelles directives selon les sources espagnoles sont censées entrer en vigueur immédiatement, même si leur avenir dépendra des résultats des élections législatives anticipées prévues pour le 28 avril.

La montée en puissance du parti d’extrême droite VOX a considérablement renforcé sa promesse de réprimer l’immigration clandestine d’où ce nouveau plan de Madrid contre l’immigration clandestine qui appelle à une « plus grande implication » des garde-côtes marocains.

Les autorités espagnoles croient disposer de toute la « légitimité » pour demander « davantage d’efforts » à Rabat en raison de “l’important travail d’influence” mené par Madrid au sein de l’Union européenne pour aider à débloquer 140 millions d’euros de fonds européens pour aider le Maroc à appliquer le contrôle des migrations.

Selon des chiffres publiés par le quotidien espagnol, sur les 23 135 personnes qui ont été secourues dans la région en 2017, seules 4 045 l’ont été par les autorités maritimes marocaines, soit 17% des cas, chiffre jugé « insuffisant » par Madrid.

Madrid pointe du doigt aussi ce qu’elle appelle les « politiques fermées » de pays tels que l’Italie et Malte qui ont détourné les flux migratoires vers la Méditerranée occidentale. D’ailleurs, selon les données de Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, près de 57 000 migrants sont arrivés sur les côtes du sud de l’Espagne en 2018, soit deux fois plus qu’en Italie et presque au même niveau qu’en Grèce. Pour sa part, le ministère de l’Intérieur espagnol estime ces arrivées à 64 000.

Le Maroc est le principal point de départ des migrants sans papiers qui se rendent en Espagne. Au point le plus étroit du détroit de Gibraltar, la distance entre l’Afrique du Nord et l’Espagne continentale est de 7,7 milles marins, soit environ 14 kilomètres. Et les données officielles reprises par El Pais montrent qu’en 2018, près de neuf migrants sur dix ont pu atteindre les côtes espagnoles grâce aux secours de Salvamento Marítimo.

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