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Fosses communes à New York, les images qui font froid dans le dos

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Les images ont fait le tour du monde. Des hommes en combinaison empilent une centaine de cercueils dans une fosse commune géante. Le New York Post qui a publié la vidéo affirme qu’il s’agit d’un enterrement collectif de corps non réclamés de personnes décédées du coronavirus dans un «potter’s field», un cimetière pour pauvres et inconnus, situé sur l’île de «Hart Island» au nord du Bronx.

Les images sont saisissantes et font froids dans le dos. Une douzaine d’hommes enterrent plusieurs rangées de cercueils entassés dans une fosse commune géante. La scène a été filmée par un drone survolant Hart Island, une île au nord du Bronx abritant le plus grand cimetière de la ville. Un lieu de sépultures réservé aux indigents, aux SDF, aux enfants morts-nés et aux inconnus dont les corps n’ont pas été réclamés par les familles.

Ce sont des prisonniers d’une île voisine, Rykers Island, qui ont été payés pour creuser les tombes et procéder à l’inhumation.

«Hart Island est utilisée depuis des décennies pour permettre à ceux qui n’ont pas été réclamés par leur famille de reposer. Et nous continuerons à utiliser cet endroit à cet effet pendant la crise et cela sera le cas pour les personnes mortes du Covid-19», a fait savoir un porte-parole de la mairie de New York.

Le maire de New York, Bill de Blasio, a vite réagit sur Twitter après la diffusion de la vidéo, déclarant que les New-Yorkais étaient « dévastés » de voir des images de leurs compatriotes enterrés sur l’île Hart.

«Je veux m’assurer que tout le monde sait ce qu’il voit et ce qui se passe réellement sur Hart Island. Rappelez-vous, ce sont des êtres humains. Ce sont des voisins que nous avons perdus», a-t-il écrit sur tweeté.

Morgues, camions réfrigérés et pompes funèbres, complètement dépassés

Épicentre de la pandémie aux Etats-Unis, l’Etat de New York totalise près de la moitié des cas de contamination recensés dans le pays, et presque autant pour ce qui est du nombre de morts. La ville de New York est très touchée. Et beaucoup de morts provoquées par le coronavirus passent encore sous le radar. «Avant la pandémie, 20 à 25 personnes par jour en moyenne mouraient à la maison dans la métropole. Ce chiffre serait aujourd’hui d’environ 200», affirment les responsables de la ville.

Les stockages de corps dans les morgues et les camions réfrigérés sont à leurs capacités maximales et les pompes funèbres, débordées.

«Les morgues de la ville sont saturées, les maisons funéraires et crématoriums, surchargés. Certains refusent même de s’occuper de personnes décédées du Covid-19. Les morgues des hôpitaux peuvent généralement contenir une quinzaine de corps, alors que 45 camions frigorifiques sont désormais parqués à proximité. Des corps, recouverts de draps, y sont placés à l’aide de chariots-élévateurs, à la vue des passants et des voisins. La FEMA, l’Agence fédérale des situations d’urgence, a promis 85 autres remorques. Chacune peut contenir 100 morts.» a écrit Mark Levine, un élu municipal en charge de la santé.

Hart Island, «l’île-cimetière des oubliés»

«Hart Island» a servi tour à tour de camp de prisonniers pendant la Guerre civile, d’institution psychiatrique, de sanatorium pour tuberculeux, de lieu de sépulture pour les sans-abris et inconnus, et les morts-nés. L’île a aussi abrité une maison de correction pour garçons, une prison, un centre de désintoxication ou encore une base de missiles anti-aériens MIM-3 Nike Ajax, pendant la Guerre froide.

C’est sur cette île de 400 mètres sur 1,6 kilomètre , que chaque année, 1 500 personnes sont encore enterrées quatre jours par semaine par les prisonniers du pénitencier de Rikers Island, situé à une douzaine de kilomètres à l’ouest. L’île est d’ailleurs administrée pour cette raison par le Département des prisons de New York.

Les morts adultes sont enterrés dans des fosses communes de 21 m de long uniquement signalées par une simple borne blanche, parfois en plastique, contenant environ 150 corps.

Les quelque 1 000 enfants sont inhumés dans des fosses séparées, dans de petits cercueils de pin marqués d’un simple numéro. On estime à un million le nombre de personnes enterrés sur l’île depuis 18692.

C’est là encore qu’ont été enterrés des malades du Sida, dès le début de la pandémie, en 1985, qui avait particulièrement affecté New York. De nombreuses pompes funèbres refusaient alors de prendre ces morts en charge. 

L’île reste quasi inaccessible au public.

Des enterrements provisoires

New York épicentre de la pandémie aux États-unis a enregistré 7,844 morts du coronavirus et 160.000 cas confirmés dépassant celui de n’importe quel autre pays du monde.

A Hart Island les enterrement sont passés de 25 corps par semaine à 24 par jour, cinq jours par semaine. Et ce ne sont plus uniquement des détenus qui sont chargés de ce travail pendant la pandémie mais des employés payés par des entreprises privées, pour des raisons de sécurité et de santé, précise le New York Times.

«Avant d’être enterrés, les morts sont enveloppés dans des sacs mortuaires et placés dans des cercueils en pin. Le nom du défunt est inscrit en grosses lettres sur chaque cercueil, ce qui aide si un corps doit être exhumé plus tard. Ils sont enterrés dans de longues tranchées étroites creusées par des machines» rapporte la même source.

Début de semaine, le maire de New York, Bill de Blasio, avait annoncé qu’en cas d’aggravation de la pandémie dans l’Etat que la ville procéderait à un enterrement provisoire à Hart Island. Le maire a précisé que les familles pourraient ensuite les récupérer et leur offrir de vraies obsèques.

«Que Dieu nous protège mais si nous arrivions un moment au point de devoir organiser des inhumations provisoires, cela se ferait individuellement, afin que les familles puissent venir réclamer leurs défunts à la fin de la crise», avait-il indiqué.

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