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Ahmed Charaï : La démocratie est le legs le plus précieux de la reine Elizabeth II à notre civilisation

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La reine Elizabeth II s’est éteinte jeudi 8 septembre en Écosse, à l’âge de 96 ans. Les hommages se sont succédés depuis, pour saluer la mémoire de cette reine qui aura marqué l’histoire. Chez nous, rares sont les personnalités marocaines qui se sont attelées à cet exercice sans tomber dans l’emphase ou la réthorique plébéienne.

Ahmed Charaï sort du lot avec une tribune publiée sur The National Interest, sous le prisme, de la géopolitique, la souveraineté et la démocratie. L’éditorialiste explique comment le legs le plus précieux de la reine Elizabeth à notre civilisation a été la démocratie. Une démocratie qui n’a jamais été autant menacée, l’ordre et le droit internationaux jamais autant mis en péril.

«La démocratie est le cadeau exceptionnel et unique de la Grande-Bretagne à notre monde. Elle mérite d’être préservée» a écrit M. Charaï.

Ci-après le texte intégral de cette analyse publié ce prestigieux magazine américain, sous le titre : « En mémoire de la dernière leçon de la reine Elizabeth II ».

Le cercueil du plus ancien monarque du Royaume-Uni a quitté aujourd’hui son château bien-aimé de Balmoral et a entamé son long voyage vers Londres. Tout au long du trajet, des milliers de personnes assisteront à la dernière procession de la reine Elizabeth II.

Leur chagrin spontané est réel, tout comme la douleur de la fin d’une ère.

Comme le monde entier le constate aujourd’hui, le peuple britannique est émotionnellement lié à sa reine, qui était une constante en des temps turbulents. Elle était la seule chose qui n’a pas bougé des années 1950 à aujourd’hui, et des millions de personnes ont trouvé cette constance réconfortante.

La mort de la reine n’est pas seulement importante pour les Britanniques, mais pour le monde entier.

Ahmed charaï – the national interest

La mort de la reine n’est pas seulement importante pour les Britanniques, mais pour le monde entier. Elle a supervisé la transition pacifique de l’empire au Commonwealth, libérant près d’un quart de la planète de la domination britannique. Aucun autre empire dans l’histoire ne s’est jamais dissous sans guerre civile, invasion ou effondrement financier. Plus d’un tiers de la population mondiale doit sa liberté à une femme qui a relevé l’un des plus grands défis de l’histoire.

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À sa naissance, elle n’était même pas en lice pour la couronne, qui était portée par le frère de son père et devait revenir à ses enfants. Pourtant, une série d’événements improbables, dont une abdication historique, la propulse sur le trône en 1952. Elle aurait pu se contenter de présider des événements ritualisés et de profiter de ses châteaux et de ses pavillons de chasse. Mais elle ne l’a pas fait. Elle est devenue la plus grande ambassadrice de la Grande-Bretagne, gagnant la sympathie des côtes africaines et des îles du Pacifique. Elle a apporté la constance qui a rendu le changement possible, pour mettre fin à l’Empire britannique d’une manière différente de celle des empires français, néerlandais ou espagnol – avec la paix, le libre-échange et le maintien (dans de nombreux endroits) de la common law anglaise ( Jurisprudence anglaise ).

Aucun autre empire dans l’histoire ne s’est jamais dissous sans guerre civile, invasion ou effondrement financier

Ahmed charaï – the national interest

Son héritage comprend également un triomphe qui semblait impossible dans les années 1960 et 1970, le sauvetage de l’institution de la monarchie elle-même. À l’époque, les classes instruites considéraient la couronne comme une relique médiévale et débattaient ouvertement de sa disparition. Elles ont été étonnées, en juin 1977, lors du jubilé d’argent de la reine, par les grandes foules et les défilés qui ont été spontanément organisés dans toute la Grande-Bretagne et, plus surprenant, dans tout le Commonwealth. La reine bénéficiait d’un énorme soutien émotionnel, ont-ils appris. Finalement, toutes les discussions sur la fin de la monarchie se sont estompées.

La Grande-Bretagne est la plus ancienne démocratie du monde à fonctionner sans interruption. Elle n’a pas de constitution écrite mais des règles immuables qui ont peu changé au cours des siècles. La monarchie n’a pas de pouvoir exécutif, mais le Souverain incarne la Nation. Ce pouvoir symbolique peut avoir des répercussions sur le monde réel.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le soutien affiché du roi George au Premier ministre Winston Churchill et ses appels répétés à la résistance contre le nazisme ont façonné l’image indélébile de ce peuple vaillant, qui a affronté la barbarie seul et pendant des années. La reine Élisabeth II a fait preuve de la même constance et de la même efficacité.

L’héritage de la reine Elizabeth comprend également un triomphe qui semblait impossible dans les années 1960 et 1970, le sauvetage de l’institution de la monarchie elle-même

Ahmed Charaï – the national interest

Ces règles immuables reposent sur des traditions fortes qui, loin d’être folkloriques, donnent un sens à la monarchie. Ainsi, lorsque le Conseil du Trône proclame Charles III, roi d’Angleterre, c’est plus qu’un cérémonial. C’est la signature d’un contrat entre le souverain et le gouverné. Le souverain prête serment sur les engagements, qui sont les siens par tradition. Il protégera l’Église en tant que chef de la Communion anglicane, une union mondiale de croyants qui constitue le deuxième groupe le plus important du christianisme. Il maintiendra l’unité de la nation et, par-dessus tout, il s’engage à la servir toute sa vie. Il ne fait aucun doute qu’Elizabeth II a pris son serment au sérieux et son héritage repose sur cette simple vérité.

Elizabeth II a chéri la démocratie et rappelé à ses sujets sa valeur incomparable

Ahmed Charaï – The national interest

La reine avait également des leçons essentielles à donner. Élisabeth II est le dernier chef d’État à avoir connu la Seconde Guerre mondiale et ses atrocités. Lorsqu’Elizabeth est montée sur le trône, l’Union soviétique était sous la férule de Joseph Staline et la Chine était dirigée par Mao Zedong. Tout cela lui a appris où mène toujours la dictature, à la misère pour la majorité. Elle l’a vu de ses propres yeux.

Elle a donc chéri la démocratie et rappelé à ses sujets sa valeur incomparable.

La démocratie doit être constamment défendue, comme le montre l’invasion russe en Ukraine. Elle est fragile et, pour ses ennemis, elle semble souvent divisée, faible et peu sûre d’elle-même.

Et c’est là la dernière leçon d’Elizabeth II, la plus universelle : l’Occident doit retrouver sa foi en lui-même, comme la reine n’a jamais manqué de le faire, et en la démocratie elle-même. C’est pour cela que les Ukrainiens se battent et meurent. La démocratie est le cadeau unique de la Grande-Bretagne à notre monde. Elle mérite d’être préservée.


M. Ahmed Charai est le président-directeur général d’un groupe de médias et conseiller pour le Moyen-Orient aux États-Unis et à l’étranger. Il siège au conseil d’administration de nombreux groupes de réflexion et ONG, dont Atlantic Council, the International Center for Journalists, International Crisis Group, et le Jerusalem Institute for Strategy and Security. Ses articles sont parus dans des publications américaines et israéliennes de premier plan.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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