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Le Niger convoité par les puissances mondiales

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Lors de sa conférence de presse de fin d’année, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, a fait part de l’intention de son pays d’envoyer une mission militaire au Niger. Cette mission, qui s’inscrit dans un cadre d’alliances internationales et européennes claires et pro-atlantistes, comprendra initialement 470 officiers et sous-officiers d’élite de l’Esercito italiano.

La mission militaire italienne au Niger a pour objectif premier de contribuer à la formation des forces de sécurité de ce pays dans la lutte anti-terroriste et contre l’immigration illégale, sachant que traditionnellement les forces italiennes interviennent plus au nord. Mais avec la situation précaire en Libye, il a été procédé au choix de ce redéploiement méridional.

Malgré des statistiques plus ou moins optimistes qui ont conforté une baisse de 30% de débarquements de migrants sur les côtes italiennes en 2017, suite notamment aux opérations de «dissuasion» résultant d’un accord entre le gouvernement italien et certaines milices libyennes, le personnel de l’opération «Sophia» relevant de l’European Union Naval Force Mediterranean, EUNAVFOR Med, ainsi que ceux de l’ONG Proactiva Open Arms et Sos Méditerranée, continuent malheureusement de repêcher des centaines de migrants ; ils étaient au moins 370 uniquement durant la nuit de Noël.

Les accords fragiles entre le gouvernement italien et quelques groupes armés qui contrôlent la rive septentrionale de la Libye arrivent à terme. Et la difficulté à faire face à des acteurs politiques instables, a poussé Rome à explorer la piste d’un nouveau soutien régional, potentiellement plus stable et apte à gérer les fichiers sur la sécurité et sur les migrants de concert avec les services italiens. Candidat idéal, le Niger s’est imposé naturellement pour abriter cette plateforme.

Par le biais de cette mission militaire au Niger, dont le siège prendra ses quartiers au fort de Madama, ancien poste de commandement tripartite franco-tchado-nigérien, l’Italie met ainsi un pied dans une zone sensible qui constitue un véritable carrefour des flux économiques et humains, grâce notamment à son positionnement géographique qui en fait un lieu stratégique du fait des divers trafics qui prolifèrent dans la région. Madama sert aussi de poste frontière pour le contrôle des déplacements entre le Niger et la Libye.

Par cette percée de taille, l’Italie se retrouve dans une zone les chinois et les français sont fortement présents, militairement certes, mais aussi et surtout pour les besoins des mines d’uranium dont le pays regorge. Le Niger, qui dispose également d’un sous-sol riche en or et en pétrole, est connu pour être aussi une sous-plateforme régionale de traite d’êtres humains et de trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest.

Bordé par sept pays, le Niger est aujourd’hui cœur du noyau géopolitique où se jouent les enjeux futurs de l’Afrique. La Chine et la France semblent l’avoir compris il y a bien longtemps. La Russie remue ciel et terre pour faire partie des acteurs qui auront une place de choix dans la reconstruction de la Libye de demain et, par conséquent, avoir une présence de taille dans le continent. L’Italie est désormais là pour avoir aussi sa propre part du gâteau.

Francesco Petronella est écrivain, journaliste et blogueur italien. Il est spécialiste du monde arabe.

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