Décidément, Emmanuel Macron entame une rentrée internationale de tous les dangers. Lui, le chef de guerre qui a fait de la lutte anti-terroriste son cheval de bataille géopolitique au Sahel et au Moyen-Orient, se retrouvera désormais seul embourbé dans les sables mouvants du désert africain. Si l’information câblée ce lundi par The New York Times venait à se confirmer, tout retrait d’Afrique des troupes d’élite américaines, notamment celles œuvrant dans la lutte anti-terroriste, constituerait un signal négatif à l’adresse de Paris et à l’ensemble des pays de la région du Sahel et d’Afrique du nord, du Sénégal jusqu’à la Libye, en passant par la Mauritanie et le Niger. Avec les prémisses d’une proche fin de guerre en Syrie et la bataille décisive en cours dans le dernier bastion de résistance de Daech à Idlib, le Sahel risque de se transformer en un nouveau terrain de jeu de l’Etat islamique.
L’ambassadeur italien à Tripoli, Giuseppe Perrone, a catégoriquement nié ce qu’il a appelé les rumeurs sur l’établissement d’une base militaire italienne à Ghat dans le Fezzan. Dans une réponse à peine voilée au communiqué du commandement du général Khalifa Haftar qui a mis en garde contre toute tentative de ce genre, le diplomate italien a choisi son compte Twitter pour lever tout équivoque sur cette question.
Les Etats-Unis procèdent actuellement à la construction d’une base pour drones au Niger afin de lutter contre la menace terroriste croissante dans la vaste région du Sahel. La base en question comportera trois hangars et une piste d’atterrissage. Elle est située à quelques kilomètres de la ville d’Agadez, la ville la plus importante du nord du Niger. L’étendue de la région est de 667 799 km2, soit près de la moitié de la superficie totale du pays.
Durant l’été 2017, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir effectuait un roadshow en Afrique pour y rencontrer les principaux leaders du continent afin de leur vendre la nouvelle feuille de route de développement et d’ouverture que le royaume a choisi de suivre. Le chef de la diplomatie saoudienne avait opté pour Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, où se réunissaient les dirigeants africains pour leur sommet. En plus de les informer sur la situation au Proche-Orient et dans le Golfe, Adel al-Jubeir a tâté le pouls du terrain africain où pourraient, dans le futur proche, couler à flot les investissements saoudiens. Sentant l’intérêt pressant de l’Arabie saoudite pour le continent africain, le président français, Emmanuel Macron, s’est vite envolé pour Riyadh pour y voir de plus près et profiter de la manne saoudienne dont il risque de perdre le contrôle.
Avec l’appui de l’Unesco, se tient à Abuja, du 26 au 28 février, une conférence internationale sur le Lac Tchad sur le thème : «Sauver le Lac Tchad pour revitaliser l’écosystème du bassin pour une subsistance durable, la sécurité et le développement ». Co-organisé par le gouvernement nigérian et la Commission du bassin du lac Tchad, l’événement a pour objectif d’élaborer un programme complet pour sauver le Lac Tchad de la disparition. Le Maroc y est présent avec une forte délégation comprenant Aziz Akhannouch et Mohcine Jazouli.
Invité à cette conférence par le président du Niger Mahamadou Issoufou, en sa qualité de Président en exercice de la Commission du Bassin du Lac Tchad, le Roi Mohammed VI a chargé Aziz Akhannouch et Mohcine Jazouli de conduire la délégation marocaine qui participe à cet important événement qui se tient dans la capitale du Nigeria, Abuja. Le ministre marocain de l’Agriculture et son collègue chargé des Affaires africaines auront des entretiens en marge de la conférence avec plusieurs chefs des délégations participantes notamment africaines sur les sujets d’intérêt commun.
Plusieurs chefs d’Etat de la région ainsi que les représentants des États concernés, les institutions internationales, des bailleurs de fonds internationaux et des experts, participent à la conférence qui vise à obtenir un soutien mondial pour la restauration et la sauvegarde de l’écosystème du bassin du Lac Tchad qui est en voie d’assèchement et de disparition.
VIDEO: #Transaqua: The Project that Can Transform #Africa https://t.co/KpYXSWHB2d
— Helga Zepp-LaRouche (@ZeppLaRouche) February 27, 2018
Les enjeux liés à la situation du bassin du Lac Tchad sont à la fois environnementaux, sécuritaires, politiques, géopolitiques, économiques et sociaux.
Le bassin du Lac, qui fournit de l’eau à plus de 30 millions de personnes au Tchad, au Cameroun, au Niger et au Nigeria, représente 8% de la superficie du continent. En 2000 ans, sa taille a été réduite de 2 millions de km2, à 4 516 km2 en 2012 pour atteindre 2 500 km² aujourd’hui, en raison des effets conjugués des changements climatiques et de la surexploitation des eaux. L’économie de la région est très vulnérable aux périodes de sécheresse, le bassin dépendant entièrement des ressources hydriques et de la biodiversité.
Parmi les points à l’ordre du jour, les conférenciers auront à discuter d’un projet titanesque dont l’objectif est de remplir le Lac Tchad. Baptisé « Projet de transfert des eaux du Bassin du Congo au Lac Tchad» ou «Transaqua», l’étude de faisabilité du projet est menée par un consortium sino-italien regroupant la compagnie italienne Bonifica, à l’origine du projet, et le géant chinois The power construction corporation of China -PowerChina, une entreprise connue pour avoir participé à la construction du barrage des Trois-Gorges, au cœur de la Chine, considéré comme le plus grand barrage au monde.
La ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, a déclaré que son pays comptait accorder un budget de 100 millions d’euros à son opération en cours au Niger en vue de gérer le flux des migrants et d’accompagner Niamey dans la lutte anti-terroriste. L’Italie, qui compte ainsi redéployer ses forces en Irak et en Afghanistan vers une plus grande présence au sud de la Méditerranée, maintient toujours des unités au Kosovo, au Liban et en Syrie.
Dans une communication conjointe au Sénat et la Chambre des représentants, la ministre Roberta Pinotti a précisé que le contingent italien au Niger, qui comptera à terme, quelque 470 éléments de l’Esercito italiano, devra porter assistance à ce pays fragile du Sahel qui accueille 150 000 réfugiés.
Roberta Pinotti, qui s’exprimait devant les Commissions des affaires étrangères et de la défense du Sénat et de la Chambre réunies conjointement, a exposé le rapport du gouvernement italien sur les progrès des différentes missions italiennes à l’international et exprimé le besoin d’une enveloppe de 100 millions d’euros pour mener à bien l’opération de stabilisation au Niger.
C’est en novembre dernier que Rome et Niamey s’étaient mis d’accord pour l’envoi de cette mission militaire.
Pour rappel, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni avait, lors de sa conférence de presse de fin d’année, fait part de l’intention de son pays d’envoyer une mission militaire au Niger en vue de contribuer à la formation des forces de sécurité de ce pays dans la lutte anti-terroriste et contre l’immigration illégale pour parer à la situation très précaire en Libye. Surtout que les combats qui ont éclaté lundi dans le secteur de l’aéroport de Mitiga près de Tripoli, à la suite de l’attaque d’un groupe armé, ont entraîné la suspension sine die de tous les vols dans le pays.
Paris en concurrence avec Rome
De son côté, la France a convoqué pour aujourd’hui une réunion des ministres de la Défense et des chefs d’état-major des armées des cinq pays de la région du G5 Sahel en vue de la construction d’une force conjointe, et ce en présence de huit pays contributeurs, de l’ONU, de l’Union africaine, et de l’Union européenne, et ce en préparation de la Conférence des donateurs qui aura lieu à Bruxelles le 23 février prochain.
En décembre dernier, le président français, Emmanuel Macron, avait réussi à obtenir de l’Arabie saoudite une contribution de 100 millions d’euros et 30 millions d’euros des Emirats arabes unis en faveur de la future force conjointe antiterroriste du G5 Sahel.
Lors de sa conférence de presse de fin d’année, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, a fait part de l’intention de son pays d’envoyer une mission militaire au Niger. Cette mission, qui s’inscrit dans un cadre d’alliances internationales et européennes claires et pro-atlantistes, comprendra initialement 470 officiers et sous-officiers d’élite de l’Esercito italiano.
La mission militaire italienne au Niger a pour objectif premier de contribuer à la formation des forces de sécurité de ce pays dans la lutte anti-terroriste et contre l’immigration illégale, sachant que traditionnellement les forces italiennes interviennent plus au nord. Mais avec la situation précaire en Libye, il a été procédé au choix de ce redéploiement méridional.
Malgré des statistiques plus ou moins optimistes qui ont conforté une baisse de 30% de débarquements de migrants sur les côtes italiennes en 2017, suite notamment aux opérations de «dissuasion» résultant d’un accord entre le gouvernement italien et certaines milices libyennes, le personnel de l’opération «Sophia» relevant de l’European Union Naval Force Mediterranean, EUNAVFOR Med, ainsi que ceux de l’ONG Proactiva Open Arms et Sos Méditerranée, continuent malheureusement de repêcher des centaines de migrants ; ils étaient au moins 370 uniquement durant la nuit de Noël.
Les accords fragiles entre le gouvernement italien et quelques groupes armés qui contrôlent la rive septentrionale de la Libye arrivent à terme. Et la difficulté à faire face à des acteurs politiques instables, a poussé Rome à explorer la piste d’un nouveau soutien régional, potentiellement plus stable et apte à gérer les fichiers sur la sécurité et sur les migrants de concert avec les services italiens. Candidat idéal, le Niger s’est imposé naturellement pour abriter cette plateforme.
Par le biais de cette mission militaire au Niger, dont le siège prendra ses quartiers au fort de Madama, ancien poste de commandement tripartite franco-tchado-nigérien, l’Italie met ainsi un pied dans une zone sensible qui constitue un véritable carrefour des flux économiques et humains, grâce notamment à son positionnement géographique qui en fait un lieu stratégique du fait des divers trafics qui prolifèrent dans la région. Madama sert aussi de poste frontière pour le contrôle des déplacements entre le Niger et la Libye.
Par cette percée de taille, l’Italie se retrouve dans une zone les chinois et les français sont fortement présents, militairement certes, mais aussi et surtout pour les besoins des mines d’uranium dont le pays regorge. Le Niger, qui dispose également d’un sous-sol riche en or et en pétrole, est connu pour être aussi une sous-plateforme régionale de traite d’êtres humains et de trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest.
Bordé par sept pays, le Niger est aujourd’hui cœur du noyau géopolitique où se jouent les enjeux futurs de l’Afrique. La Chine et la France semblent l’avoir compris il y a bien longtemps. La Russie remue ciel et terre pour faire partie des acteurs qui auront une place de choix dans la reconstruction de la Libye de demain et, par conséquent, avoir une présence de taille dans le continent. L’Italie est désormais là pour avoir aussi sa propre part du gâteau.
En rapport avec la situation sécuritaire dans le Sahel, l’Italie et le Niger ont signé, le 26 septembre à Rome, un accord de coopération en matière de lutte antiterroriste.
Cooperazione tra Italia e #Niger Il Ministro @robertapinotti e il collega nigerino, Kalla Moutari, firmano accordo #Difesa pic.twitter.com/zeWVw5Td5l
— Ministero Difesa (@MinisteroDifesa) September 26, 2017
Difesa: firmato accordo tra Italia e #Niger https://t.co/4F9qCbhJHi via @ministerodifesa pic.twitter.com/sLOhKYmpmV
— Ministero Difesa (@MinisteroDifesa) September 26, 2017
Les ministres de la défense italienne, Roberta Pinotti, et nigérien, Kalla Moutari ont ainsi paraphé la nouvelle stratégie de coopération italienne avec les pays africains touchés par l’instabilité sécuritaire causés par les flux d’immigration clandestine non contrôlée dus à la crise libyenne.
Le Niger est, en fait, un pays-pivot, un véritable carrefour des migrations clandestines en provenance de l’Afrique occidentale et subsaharienne à destination de l’Europe.
La ministre italienne de la défense a proposé l’aide de Rome à financer et soutenir la formation du personnel civil et militaire du Niger en vue d’endiguer ces flux.
Niamey a déjà conclu des accords similaires de coopération militaire avec la France dans le cadre de l’opération Barkhane, mais aussi avec les Etats-Unis, l’Algérie, le Canada et l’Allemagne qui fournissent matériel et appui logistique aux forces nigériennes.
LE1 Follow @le1info
Le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a reçu en audience, au Palais présidentiel à Nouakchott, le Général de Division Bruno Guibert, commandant de la Force française au Sahel « Barkhane » actuellement en visite en Mauritanie.
A deux jours de la réunion en Allemagne des bailleurs de fonds de la nouvelle force G5 Sahel, la lutte anti-terroriste et le renforcement de la coopération conjointe dans le cadre du G5 Sahel étaient au menu des discussions entre le président mauritanien et le général français.
La rencontre s’est déroulée en présence de Ahmed Ould Bahiya, ministre-directeur de Cabinet de Mohamed Ould Abdel Aziz, du Chef d’état-major particulier du président de la République, l’Amiral Cheikhna Taleb Moustapha et de l’ambassadeur de France en Mauritanie, Joël Meyer.
La veille, le Général de Division Bruno Guibert avait eu des entretiens élargis avec le ministre mauritanien de la Défense, Diallo Mamadou Bathia.
LE1 Follow @le1info