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Abdelaziz Bouteflika

Algérie : 15 et 12 ans de prison ferme aux deux ex-Premiers ministres de l’ère Bouteflika

La cour d’appel d’Alger a condamné deux ex-Premiers ministres de l’ère Bouteflika, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, respectivement à 15 et 12 ans de prison ferme, à l’issue d’un procès sans précédent pour corruption, a-t-on appris de source judiciaire.

En revanche, elle a allégé des peines infligées à l’encontre d’anciens ministres et patrons algériens, impliqués dans un scandale automobile et accusés de financement illégal de la dernière campagne électorale du président déchu Abdelaziz Bouteflika, selon des avocats de la défense.

La cour d’appel a confirmé mercredi les sentences prononcées le 10 décembre contre Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, tous deux proches de Abdelaziz Bouteflika.

«Ce verdict en appel reste une décision politique», a déclaré à l’AFP Me Mourad Khader, l’avocat de Sellal.

Les deux condamnés ont huit jours pour se pourvoir en cassation.

Deux anciens ministres de l’Industrie, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, condamnés en première instance à 10 ans de prison, ont vu leurs peines réduites de moitié.

Un autre inculpé influent, Ali Haddad, ex-président de la principale organisation patronale algérienne FCE et PDG du N.1 privé du BTP, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika, a écopé de quatre ans de prison contre sept ans en première instance.

L’avocat crie au scandale

Mais, pour son avocat, Me Kaled Bourayou, «c’est un verdict injustifiable». «Tant que la justice est instrumentalisée, on ne peut pas s’attendre à autre chose», a critiqué l’avocat qui va se pourvoir en cassation.

Le président Abdelaziz Bouteflika a été poussé à la démission le 2 avril 2019, sous la pression d’un mouvement de contestation antirégime inédit à la suite de l’annonce de sa candidature à un cinquième mandat.

Le financement de sa campagne «a occasionné une perte au Trésor public estimée à 110 milliards de dinars» (plus de 830 millions d’euros), selon le procureur.

Deux autres riches hommes d’affaires, Hassen Arbaoui et l’ancien vice-président du FCE Mohamed Bairi, tous propriétaires d’usines de montage de véhicules, ont été condamnés mercredi à des peines identiques (4 et 3 ans d’emprisonnement respectivement).

Depuis le 1er mars, une vingtaine de personnalités –ex-responsables politiques, puissants patrons et hauts fonctionnaires– étaient jugées en appel.

Elles étaient poursuivies pour le financement «occulte» de la cinquième campagne électorale de Bouteflika, début 2019, ainsi que pour népotisme et favoritisme dans l’industrie automobile via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de l’ex-président.

Les groupes agréés par les autorités avaient bénéficié d’importantes subventions et de substantiels avantages fiscaux, malgré un cahier des charges rarement respecté.

Le scandale automobile a entraîné une perte pour le Trésor public estimée à plus de 128 milliards de dinars (975? millions d’euros), selon des chiffres officiels.

D’autres procès attendent certains des accusés, cités dans des volets des vastes enquêtes relatives à des faits présumés de corruption, ouvertes depuis le départ du président Bouteflika et soupçonnées de servir opportunément des luttes de clan au sommet dans l’après-Bouteflika.

Le puissant général Gaïd Salah, pilier et gardien du «système» au pouvoir, est mort

Chef d’état-major de l’armée algérienne pendant 15 ans, un record, le général Ahmed Gaïd Salah, décédé lundi à 79 ans, était apparu ces derniers mois comme le gardien intransigeant du «système» au pouvoir face au mouvement de contestation populaire.

Visage du haut commandement militaire, coeur de ce système au fonctionnement opaque, il est décédé lundi « d’une crise cardiaque », quatre jours après sa dernière apparition publique, lors de l’investiture du nouveau président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre à la faveur d’un scrutin rejeté par la rue mais que le haut gradé aura porté à bout de bras.

Nommé en 2004 à la tête de l’armée par le président Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah fut longtemps d’une loyauté sans faille envers celui qui l’avait fait roi. Il avait promu en début d’année la candidature du chef de l’Etat, pourtant très affaibli, à un 5e mandat.

Mais, en avril, il avait sacrifié Abdelaziz Bouteflika au mouvement «Hirak» populaire et inédit de contestation, né de la perspective de ce 5e mandat. Sous la pression de la rue, il avait exigé et obtenu la démission du vieux président et assumé dans la foulée la réalité du pouvoir.

Cet homme replet, l’un des derniers représentants des combattants de la Guerre d’indépendance (1954-1962) au sein du pouvoir algérien, avait alors rapidement fermé la porte aux autres revendications du «Hirak», qui exige la fin du «système» qui dirige le pays depuis 57 ans.

60 ans dans les casernes

Apparaissant quasi-constamment en uniforme, l’homme aura passé plus de six décennies dans les casernes.

Né le 13 janvier 1940 dans la région de Batna (300 km au sud-est d’Alger), Ahmed Gaïd Salah a rejoint dès 17 ans, selon sa biographie officielle, les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN), qui combat alors le pouvoir colonial français.

A l’indépendance en 1962, passé par une académie militaire soviétique, il a gravi les échelons dans l’armée, commande successivement plusieurs régions militaires, avant de devenir en 1994 commandant des Forces terrestres, en pleine guerre civile (1992-2002) entre l’Etat et les maquis islamistes.

Réputé pour ses colères, le général Gaïd Salah est presque à la retraite quand Abdelaziz Bouteflika, tout juste réélu, le choisit pour remplacer le chef d’état-major de l’armée, le général Mohamed Lamari, en 2004.

Ce dernier paie, avec une partie de la hiérarchie militaire, son opposition à ce 2e mandat du chef de l’Etat, ministre de la Défense en titre et chef suprême des Armées selon la Constitution.

Promu en 2013 vice-ministre de la Défense -ministre le plus puissant du gouvernement-, le général Gaïd Salah a aidé le chef de l’Etat à démanteler le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), redouté service de renseignement organiquement rattaché à l’armée mais véritable «Etat dans l’Etat». Et à écarter en 2015 son chef, le général Mohamed «Toufik» Médiène.

Le pouvoir du DRS (devenu DSS) affaibli, Abdelaziz Bouteflika débarqué et son entourage sous les verrous à la faveur d’une campagne anticorruption encouragée par le général Gaïd Salah, la haute hiérarchie militaire est restée seule aux manettes à partir d’avril 2019.

Malmené par le «Hirak»

Au cours des mois suivants, le général Gaïd Salah a multiplié les «mises en garde» aux contestataires et les «suggestions» à la justice ou à un pouvoir civil effacé, qui se sont empressés de les traduire en actes.

C’est lui qui avait fixé au 12 décembre la présidentielle pour élire un successeur à Bouteflika, malgré le rejet massif du scrutin, vue par la contestation comme visant à assurer la survie du «système».

Dans l’armée, Gaïd Salah faisait «relativement consensus», étant «déjà âgé» et n’étant «pas un politique», selon Flavien Bourrat, chercheur à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (Inserm, Paris). Mais il en allait autrement dans la rue.

Un temps crédité d’avoir arraché le départ de Bouteflika, il avait été ensuite conspué pour son refus de mettre sur pied des institutions de transition réclamées par le «Hirak». Mais aussi pour la multiplication des incarcérations de manifestants, militants et journalistes.

Selon Moussaab Hammoudi, chercheur doctorant à l’Ecole des Hautes études en Sciences sociales (EHESS) de Paris, Gaïd Salah n’était «pas un grand stratège» et agissait «en militaire brutal».

Il voyait l’Algérie comme «une grande caserne. Pour lui, faire une concession c’est une faiblesse», selon le chercheur, qui décrit un général agissant «par impulsion, sans réflexion, sans concertation».

La dernière image de lui restera celle d’un homme visiblement satisfait, au moment de son embrassade avec le président Tebboune, un fidèle, tout juste investi, le 19 décembre. A cette occasion le nouveau président l’avait élevé à une distinction jusqu’ici réservée aux seuls chefs de l’Etat.

Officiel : Abdelmadjid Tebboune, ex-Premier ministre de Bouteflika, élu président

Abdelmadjid Tebboune, ancien ministre puis chef de gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika âgé de 74 ans, a été élu dès le premier tour pour lui succéder à la tête de l’Etat algérien, a annoncé vendredi l’Autorité nationale des élections (ANIE).

Abdelmadjid Tebboune a recueilli 58,15% des suffrages, a indiqué le président de l’ANIE Mohamed Charfi lors d’une cérémonie officielle, au lendemain d’un scrutin marqué par une abstention record et qui s’est déroulé dans un contexte de contestation massive et inédite du régime au pouvoir depuis l’indépendance en 1962.

«Je voudrais féliciter le candidat vainqueur», a déclaré le président de l’Autorité nationale des élections.

Le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs entre le 16 et le 25 décembre, après examen d’éventuels recours, selon l’ANIE.

Abdelkader Bengrina, 57 ans, dont le parti a soutenu la présidence de Bouteflika, arrive en 2e position avec 17,38% des voix, selon Mohamed Charfi.

Ali Benflis, autre très proche de Bouteflika dont il fut le Premier ministre entre 2000 et 2003, devenu après leur brouille son principal adversaire électoral lors des scrutins de 2004 et 2014, n’arrive qu’en 3e position avec 10,55% de suffrages.

Ferment la marche Azzedine Mihoubi, chef du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du Front de libération nationale (FLN) de M. Bouteflika (7,26%), et Abdelaziz Belaïd, ancien cadre du FLN et fondateur d’un micro-parti ayant soutenu le président déchu (6,66%).

L’ANIE a légèrement revu le taux de participation à 39,83%, le plus faible de l’histoire des élections présidentielles pluralistes en Algérie. Il est inférieur de plus de 10 points à celui du précédent scrutin –le plus faible jusqu’ici–, qui en 2014 avait vu la 4e victoire de Bouteflika.

L’Algérie est le théâtre depuis février d’un mouvement (« Hirak ») de contestation du régime, déclenché par la volonté de Bouteflika de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle initialement prévue en avril.

Après avoir obtenu sa démission en avril, le «Hirak» réclame le démantèlement du « système » qui dirige l’Algérie depuis 1962, a rejeté le scrutin de jeudi vu comme une manoeuvre de survie du régime, et accusé les cinq candidats d’en être les produits et de le cautionner par leur candidature.

Algérie: manifestion anti-élection à Alger à 24 heures de la présidentielle

Plusieurs milliers de personnes protestent mercredi dans le centre d’Alger, à moins de 24 heures du scrutin, contre la tenue de la présidentielle en Algérie, massivement rejetée. La police, qui quadrille le centre de la capitale algérienne, tente de repousser, parfois à coups de matraque, les manifestants rassemblés près de la Grande Poste, lieu traditionnel de rassemblement au coeur d’Alger du «Hirak», le «mouvement» populaire de contestation du régime, né le 22 février.

Les policiers ont sommé les manifestants de se disperser et a procédé à une dizaine d’arrestations, mais les manifestants refusent de quitter la rue, selon la journaliste de l’AFP.

Une partie des manifestants s’étaient rassemblés, à l’appel des réseaux sociaux, sur la Place du 11-Décembre-1960, dans le quartier de Belouizdad (ex-Belcourt), en ce jour anniversaire du déclenchement des grandes manifestations de décembre 1960 contre le pouvoir colonial français, parties notamment de ce quartier d’Alger et qui s’étaient propagées durant une semaine à travers l’Algérie.

Ils ont ensuite pris la direction de la Grande Poste, à 4 km de là et y ont rejoint de nombreux autres manifestants après avoir réussi à contourner des cordons de police en tenue anti-émeutes.

«Makayenche l’vote» (« Pas de vote »), ont notamment scandé les manifestants, brandissant des cartons rouges en signe de refus de la tenue de la présidentielle, prévue jeudi pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint en avril à la démission par la contestation, après 20 ans de pouvoir.

«Algérie libre et démocratique», martèlent-ils aussi.

Le «Hirak» exige depuis le démantèlement total du « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962 et refuse qu’il organise un scrutin perçu comme une manoeuvre devant lui permettre de se régénérer.

https://twitter.com/Raitoningu__/status/1204726525175746560

La police, qui bloque l’accès à la place de la Grande Poste tente de repousser les manifestants qui crient en choeur: « Aujourd’hui, on passe la nuit dehors! ».

Toute manifestation est légalement interdite à Alger depuis 2001 et depuis février la police ne tolère que les cortèges hebdomadaires du Hirak le vendredi, et ceux des étudiants le mardi.

« Pas de marche arrière, le pouvoir à la fourrière », chantent-ils également, conspuant le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée et incarnation du haut commandement militaire qui assume ouvertement la réalité du pouvoir depuis le départ de M. Bouteflika.

Des manifestations réclamant l’annulation du scrutin se déroulent également à Constantine (2e ville du pays) ou à Bouira, ville de la région de Kabylie (à une centaine de km à l’est d’Alger), selon les réseaux sociaux.

Avec AFP

Marée humaine à Alger pour le dernier vendredi avant la présidentielle

Une foule d’une ampleur exceptionnelle a manifesté à Alger à l’occasion du dernier vendredi avant l’élection présidentielle, massivement rejetée par les Algériens.

Une foule immense a défilé à Alger contre le pouvoir lors du dernier vendredi avant la présidentielle du 12 décembre, rejetant massivement ce scrutin que le régime persiste à vouloir organiser.

La mobilisation, impossible à évaluer précisément faute notamment de comptage officiel, semblait comparable à celle du 1er novembre –65e anniversaire du début de la guerre d’indépendance– et à celles des plus grandes manifestations de mars, avril et mai.

A Alger, les manifestants, dont beaucoup de femmes, ont tapé des mains, criant à l’unisson «Makach (pas de) vote», «Etat civil et non militaire», selon une journaliste de l’AFP.

Le long cortège s’est dispersé dans le calme en fin d’après-midi.

«Pas de vote, on jure que l’on ne s’arrêtera pas»

Après avoir obtenu en avril la démission d’Abdelaziz Bouteflika, président pendant 20 ans, le mouvement populaire de contestation qui agite le pays depuis février réclame désormais le démantèlement de la totalité du «système», au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962.

Le «Hirak» estime que la présidentielle du 12 décembre ne vise qu’à permettre à ce même « système » de ce régénérer.

«Pas de marche arrière», «Pas de vote, on jure que l’on ne s’arrêtera pas», a-t-on entendu alors que la marée humaine se mettait en marche, en début d’après-midi, pour un 42e vendredi consécutif de mobilisation dans le centre de la capitale, au son des youyous des femmes.

«Je ne vais pas voter et le 8 décembre je ferme ma boutique», ont aussi scandé les manifestants, relayant un appel à la grève générale à partir de dimanche, diffusé sur les réseaux sociaux.

«Eh Gaïd Salah, oublie le vote!» le 12 décembre, ont-ils aussi lancé à l’adresse du chef d’état-major de l’armée, qui exerce de facto le pouvoir depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika.

Le général s’est exprimé pour la première fois un vendredi depuis le début du «Hirak» dans une allocution diffusée en bandeau par les télévisions publiques et privées. Le chef de l’armée a évoqué dans un discours «une échéance cruciale et importante, à savoir les élections présidentielles du 12 décembre qui seront, grâce à l’aide d’Allah le Tout-puissant, une fête électorale, à travers laquelle se réalise la volonté populaire».

En dépit d’une répression des manifestations qui, selon Amnesty International, s’est «intensifiée» à l’approche du 12 décembre, la contestation montre vendredi qu’elle reste massivement mobilisée contre le scrutin, pour lequel le pouvoir affirme voir «un élan populaire».

Traîtres, mercenaires, homosexuels

Dirigeants et candidats multiplient les appels à aller voter jeudi et le général Gaïd Salah a de nouveau mis en garde ceux qui tenteraient d’entraver le scrutin ou d’empêcher ceux qui le veulent d’aller voter.

Comme Amine Souilem, juriste de 60 ans, qui n’a pas manifesté vendredi et ira «voter en mettant une enveloppe vide dans l’urne. Aucun candidat ne me satisfait mais je vote. C’est un droit et un devoir».

Les manifestants ont aussi répondu aux propos controversés du ministre de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, qui a qualifié les opposants au scrutin de «traîtres, mercenaires, homosexuels», déclenchant un tollé sur les réseaux sociaux.

«Selon le ministre (…) ceux qui marchent sont des homosexuels, alors je vais aller à la +Gay Pride+, dire non au vote organisé par des gens ayant cautionné des corrompus qui ont pillé des sommes qui donnent le tournis», a ironisé Aïcha, 62 ans, fonctionnaire à la retraite, faisant allusion au procès pour corruption d’anciens hauts dirigeants politiques qui s’est ouvert cette semaine à Alger.

«Comment voter quand ceux qui ont instauré la fraude sont encore au pouvoir?», s’est insurgé Hassan Bouchair, un retraité, pour qui le vote « est joué d’avance ».

Le général Gaïd Salah, comme le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Nourredine Bedoui, sont d’anciens hiérarques de l’appareil du président déchu. Et pour les contestataires, les cinq candidats à la présidentielle sont tous des «enfants du système».

Aucun sondage public n’est disponible en Algérie pour évaluer la possible participation au scrutin, mais l’abstention, longtemps vue comme l’unique voie de contestation d’un régime figé, était déjà forte lors des précédentes élections.

Pour tenter de convaincre que les choses ont changé, après des décennies de présidents choisis par l’armée et de fraudes électorales, pour la première fois les candidats participeront vendredi, à partir de 18H00 GMT à un débat télévisé, à 48 heures de la fin de la campagne.

Avec AFP

Algérie: le procès pour corruption d’Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellale et Ali Haddad ajourné

Le procès pour corruption de deux anciens Premiers ministres algériens, aux côtés d’autres ex-hauts dirigeants politiques algériens et de grands patrons du secteur automobile, a été ajourné dès son ouverture lundi à Alger, a indiqué un des avocats de la défense

«Le procès est reporté au 4 décembre», a déclaré, sans autre détail, à l’AFP Khaled Bourayou, avocat d’Ali Haddad, ancien dirigeant de la principale organisation patronale algérienne et patron du n°1 privé du BTP en Algérie, incarcéré depuis fin mars.

Une partie des avocats n’a pu accéder à la salle d’audience, trop petite pour accueillir avocats, journalistes et de nombreux Algériens désirant assister au procès, ont rapporté plusieurs médias algériens.

Une foule extrêmement nombreuse était massée dès les premières heures de la matinée devant le tribunal de Sidi M’hamed, dans le centre d’Alger et l’ouverture des portes a donné lieu à une bousculade, a constaté une journaliste de l’AFP, qui n’a pu entrer dans la salle.

Ce procès est le premier consécutif aux vastes enquêtes sur des faits présumés de corruption déclenchées après la démission, en avril, d’Abdelaziz Bouteflika, poussé au départ par un mouvement populaire de contestation du régime inédit, après 20 ans passés à la tête de l’Etat.

Les affaires jugées concernent «l’octroi d’indus avantages aux opérateurs de montage automobile», selon le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati.

Les accusés, tous en détention provisoire, sont arrivés dans des fourgons cellulaires accompagnés d’une forte escorte policière, dont ils ont été extraits hors des regards et des caméras.

Parmi eux figuraient notamment deux proches et anciens Premiers ministres de Bouteflika, Ahmed Ouyahia, quatre fois chef du gouvernement entre 1995 et 2019, dont trois fois durant la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, et Abdelmalek Sellal, qui dirigea le gouvernement de 2014 à 2017, selon Me Bourayou.

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, que sont jugés d’anciens chefs de gouvernement.

Deux anciens ministres de l’Industrie de Bouteflika, Mahdjoub Bedda (2017) et son successeur Youcef Yousfi (2007-2019) comparaissaient également, selon l’avocat.

Karim Douichi à Radio Orient : Ahmed Gaïd Salah nourrit une vive défiance envers la France

Dans une intervention à radio Orient, radio leader auprès des musulmans de France, particulièrement écoutée durant le mois de Ramadan, Karim Douichi, directeur de publication du site d’information Maghreb Intelligence, a dressé le portrait du chef de l’armée algérienne, le Général Gaïd Salah, qui peine à gérer la transition politique du pays après la chute du système Bouteflika.

Les relations entre l’Algérie et la France n’ont jamais été un fleuve tranquille, elles sont complexes, a précisé d’emblée Karim Douichi. Et avec le général Gaïd Salah les relations entre les deux pays sont au points mort. Le chef de l’armée algérienne, n’est pas au au fait des rouages de la diplomatie. Il a toujours préféré rester dans l’ombre, cantonné durant des années dans sa caserne. C’était Mohamed Mediène dit Général Toufik, patron du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), qui gérait les relations diplomatiques aux côtés d’Abdelaziz Bouteflika, révèle Douichi.

En fait le Général s’est retrouvé aux devant de la scène, par défaut. Même Bouteflika ne croyait pas en ses capacité de jouer un quelconque rôle politique, à cause de à son âge mais également à cause de son manque d’expérience.

Cependant Gaïd Salah a réussi à nouer des amitiés avec les pays du moyen orient, notamment avec les Emirats arabes unis, mais surtout avec Moscou, son principale fournisseur d’armes. «L’armée de terre algérienne et exclusivement équipée par de l’armement russe » précise Karim Douichi.

Suite aux évènements qui secouent le pays depuis le mois de février dernier, l’entourage Gaïd Salah est convaincu que le France ne veut pas que le général ait un rôle dans la transition politique et ce malgré les tentatives françaises d’établir le dialogue avec le chef de l’armée. Gaïd Salah n’a pas hésité à envoyer à son tour des signaux à Paris pour exprimer son mécontentement. Sa défiance envers la France, est d’abord culturelle puis historique car Il porte encore en lui les séquelles de la guerre de libération, conclut le directeur de publication de Maghreb Intelligence.

Ahmed Charai : Pas de retour du printemps arabe ni en Algérie ni au Maroc

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« Le printemps arabe est de retour ». Une affirmation qu’on entend de plus en plus ces dernières semaines. Les destitutions spectaculaires et hypermédiatisées d’Omar el-Béchir au Soudan et de Abdelaziz Bouteflika en Algérie, la recrudescence des mouvements sociaux au Maroc et en Jordanie, l’instabilité politique en Tunisie et la fébrilité des régimes des pétromonarchies, autant d’événements qui dénotent d’une forte agitation des sociétés arabes sous l’effet d’une crise sociale chronique et d’une libération de la parole et de l’action collective héritée des évènements de 2011. Cependant les huit années qui nous séparent de la mort de Bouazizi, ont donné lieu à un monde nouveau, plus instable et plus dangereux. Les populations ne sont plus dupes, les révolutions à l’eau de jasmin cachent souvent des enjeux géopolitiques planétaires. Les guerres civiles qui déchirent encore la Syrie, le Yémen et la Libye, le retour au pouvoir de l’appareil militaire, encore plus brutal, en Egypte et la révélation au grand jour du mauvais rôle de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis dans l’escalade des tensions dans la région, sont autant de facteurs qui mettent en doute ce qualificatif du « printemps arabe 2.0».

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Vidéo – Abdelaziz Bouteflika remet sa démission au Président du Conseil constitutionnel

Les caméras de la télévision algérienne ont diffusé, dans la soirée du mardi 2 avril, une vidéo montrant Abdelaziz Bouteflika entrain de remettre sa démission au Président du Conseil constitutionnel.

 

Au pouvoir depuis vingt ans, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, cible d’une contestation populaire inédite depuis plus d’un mois, a remis sa démission ce mardi soir au Conseil constitutionnel, qui met fin à son mandat en qualité de président de l’Algérie. Dans sa lettre de démission Bouteflika espère que sa décision «contribuerait à l’apaisement des cœurs et des esprits de ses compatriotes».

 

Vidéo – Washington n’a pas encore statué sur la démission de Bouteflika

Pris de court lors de la séance de briefing des médias sur les questions relatives aux relations internationales, le porte-parole adjoint, du département américain, Robert Palladino, en réponse à une interpellation d’un journaliste, a affirmé que comme l’information, de la démission de Bouteflika venait de tomber, il n’avait pas de réaction spécifique autre que les États-unis se posent des questions sur la manière avec laquelle cette transition serait conduite et qu’in fine, il revient aux Algériens de décider comment gérer cette transition.