Silencieux et déprimé, depuis sa visite chahutée à l’hôpital de Driouch, le 4 juillet dernier, le ministre de la santé, Khalid Aït Taleb reprend des couleurs. Et pour cause, il s’est retrouvé sous les feux des projecteurs, aux côtés du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, ce mardi, pour accueillir, le Roi Mohammed VI, aux portes du CHU de Marrakech. Le souverain s’y est rendu pour s’enquérir des blessés du séisme d’Al Haouz. Une visite royale qui nous a tous ému aux larmes.
Dans les couloirs du ministère de la santé, avenue Hassan II, et durant tout l’été, les rumeurs allaient bon train. «Aït Taleb, s’est enfermé dans son bureau et ne répondait à personne».
Il faut dire que depuis le moi de juillet, le ministre de la santé ne fait plus bonne presse.
Tout est parti de sa visite surprise et surmédiatisée au centre hospitalier provincial de Driouch.
C’est sur instructions royales, que Khalid Aït Taleb a effectué cette visite, mardi 4 juillet. Il devait d’inspecter les installations médicales et les dysfonctionnements du centre.
M. Aït Taleb avait au moins 18 mois pour trouver des solutions au centre de santé de Driouch qui fonctionnait pratiquement sans budget et peu de personnel médical. Malgré ses visites d’avril et de juillet 2022, aucune amélioration n’a été constatée par les citoyens.
Sous très forte pression, le ministre a cherché à se dédouaner de la situation difficile de l’hôpital de Driouch en jetant toute la responsabilité sur les équipes médicales sur place.
Il le fera devant caméras.
Khalid Aït Taleb s’est fait filmer, en haute définition, accusant un médecin de négligence et d’incompétence après avoir ausculter une vielle personne tout en lui parlant, de manière très audible, avec douceur et humilité forcées.
La polémique enfle. La vidéo fait un buzz important sur les réseaux sociaux au point que le parlement s’en est mêlé.
En effet, moins d’une semaine après la visite, des députés de la majorité ont critiqué ouvertement le ministre lors de la séance hebdomadaire des questions orales. Les parlementaires ont jugé la visite et sa médiatisation de « spectacle » et de « pièce théâtrale » pour montrer que « supposément » il faisait son travail et pas le personnel médical de cette région.
Pour se défendre, Khaled Ait Taleb a déclaré que le déplacement au centre hospitalier provincial de Driouch était une « visite demandée et pas une pièce de théâtre ».
Le mal était fait.
Le 4 août 2023, soit un mois après après la visite de Driouch, jour pour jour, le ministre de la Santé s’est déplacé à Tanger pour lancer les services de santé qui relèvent des préfectures de Tanger-Assilah et de Mdiq-Fnideq, ainsi que de la province de Tétouan. Mais cette fois-ci, il sera «escorté» par le génial Mohamed Mhidia, wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, et le RNIste Omar Mourou, président du Conseil de la région et d’autres représentants des autorités.
Charge brutale et infâme du Youtubeur Touhfa
Comme les emmerdes, ça vole en escadrille, une fillette de 4 ans va décéder, la semaine qui a suivi la visite d’Aït Taleb à Tanger, suite à la piqûre d’un scorpion. Un grande émotion va s’emparer de l’opinion publique. Sachant qu’en fin juillet 2022, une autre fillette de la même région, Taouante, est morte de la même cause : absence d’antidote d’envenimation.
Le célèbre youtubeur installé à Orlando aux États-unis, Mohamed Touhfa, va choquer les réseaux sociaux avec une charge d’une brutalité inouïe contre le ministre de la santé. Une première contre un haut responsable gouvernemental.
Si la cause de cette violence inattendue était la mort de la fillette, le youtubeur s’est arrêté à une déclaration du ministre, dans laquelle il avançait que certaines régions du Maroc n’étaient pas attractive pour les médecins, pour justifier le manque de personnel médical dans les centres hospitaliers. Un tacle indirect à l’épisode Driouch ?
La vidéo de Touhfa, dans laquelle il s’est exposé au risque de diffamation, n’a finalement pas eu d’impact sur le terrain, autre que la depression de Aï Taleb. Car, le lundi 21 août, une autre fillette, de 4 ans, a été piquée par un scorpion à douar Ahl Kobba, dans la commune d’Oulad Massoud, province de Kelaâ de Sraghna. Elle en est morte.
Khalid Aï Taleb, l’homme à neuf vie ?
Khalid Aït Taleb est un miraculé. Il a survécu à toutes les attaques et les graves accusations dont il a été la cible durant la pandémie. Il a fait mieux, il a gagné son bras de fer fratricide avec le« super» ministre de l’industrie Moulay Hafid Elalamy.
Après la fin du mandat El Otmani, il remplira miraculeusement au même poste au sein du gouvernement Akhannouch. Ce dernier, ne pensait absolument pas à lui donner le portefeuille. Il avait misé tous ses espoirs sur un RNIste, l’ancien Secrétaire général du ministère de la Santé, Hicham Nejmi.
Patatras ! Une chute d’un hôtel d’Agadir, oblige le patron du RNI à sortir sa deuxième carte, la déléguée régionale de la Santé à Casablanca, Nabila Rmili. Cette dernière, va renter dans le livre des records, en devenant la ministre ayant le plus court mandat de l’histoire du Maroc, huit jours.
M. Aït Taleb, lui succédera victorieusement. Surtout qu’il devient responsable du chantier royal, celui de la généralisation de la protection sociale.
Vient l’été 2023. Tout le monde le croit calciné. Il est à la tête de liste des départs du tant attendu remaniement ministériel. Et puis Bang ! Un séisme dévastateur frappe le centre du Maroc. Et le voilà, profiter d’une exposition mondiale, surtout après la visite du Roi Mohammed VI au CHU de Marrakech, qui nous a tous ému aux larmes.
Khalid Aït Taleb sera-t-il sauvé par le séisme ? Lui reste-t-il une autre vie gouvernementale dans son stock ?
Seul l’avenir nous le dira.
