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Buhari mort et remplacé par un sosie, folle rumeur qui agite les réseaux sociaux au Nigéria

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A la veille des élections présidentielles au Nigéria, la tension est montée d’un cran dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Les vieux démons du Biafra (le Polisario local) et l’état de santé du président Muhammadu Buhari, ont refait surface et annoncent une campagne électorale très tendue. Mais l’évènement qui va davantage occuper les nigérians, ces derniers jours, c’est cette folle rumeur relayée par plusieurs personnalités nigérianes, y compris un ancien ministre, selon laquelle le président «Muhammadu Buhari était mort et avait été remplacé par un sosie».

La rumeur s’est propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux depuis qu’une vidéo postée sur Twitter, datée du 3 septembre 2017 d’un utilisateur @sam_ezeh, identifié par l’AFP, ait été relayée par les responsables politiques nigérians opposants à Buhari.

La vidéo montrait le chef du peuple autochtone du Biafra (équivalent à la pseudo RASD), Nnamdi Kanu, racontant à ses partisans que Buhari était mort : «L’homme que vous regardez à la télévision n’est pas Buhari…Il s’appelle Jubril, il vient du Soudan. Après une longue opération chirurgicale, ils l’ont ramené au pays », dit-il.

Sans aucun élément de preuve, Nnamdi Kanu, le chef des séparatistes, a même répété ses allégations dans plusieurs émissions, notamment de la radio “Radio Biafra”, en martelant le nom du sosie «Jubril Al-Sudani». De l’eau a coulé sous les ponts depuis, et la vidéo qui a été partagée plus de 5 000 fois sur Facebook et Twitter va reprendre vie.

En effet et selon une dépêche de l’AFP, un fait divers viendra remettre d’actualité le sujet. Il s’agit de l’assassinat du diplomate nigérian – Habibu Almu – dans la capitale soudanaise, Khartoum, «poignardé à mort» par une femme soudanaise d’origine nigériane. Un meurtre que la police soudanaise a attribué à des considérations politiques et qui a donné des idées aux pro-Biafrans. En effet, pour appuyer les dires de leur chef Nnamdi Kanu, et alimenter les accusations sur les réseaux sociaux, les activistes séparatistes ont qualifié la mort du diplomate comme un artifice de dissimulation de la «mort» de Buhari et son remplacement par «Jubril Al-Sudani».

Sur un compte Twitter ouvert le 29 octobre 2018, baptisé @mazinnamdikanu et prétendant représenter Kanu, plusieurs messages ont mis en doute l’identité de Buhari, affirmant prouver que le président avait été «échangé».

Depuis, plusieurs publications sur les médias sociaux ont vu le jour, partagées et visionnées plus de 500 000 fois, et répétant à l’envi que le chef de l’Etat était en fait un «imposteur appelé Jubril».

Les politiques s’y sont mis aussi

Devant un silence assourdissant du gouvernement, des figures politiques ont participé à l’amplification de la rumeur. Le 5 avril 2018, Femi Fani Kayode, ancien conseiller spécial du gouvernement et ancien ministre du Président Olusegun Obasanjo, a répété dans un message posté sur Twitter, qu’un rituel satanique pratiqué sur le cadavre de Buhari l’avait ressuscité grâce à l’esprit de «Jubril du Soudan».

Tandis que l’ancien assistant du président Goodluck Jonathan, Reno Omokri, a également mis en doute l’identité de Buhari. Le 29 septembre 2017, il a publié trois photos de Buhari sur Twitter et a spéculé sur les différences entre les images.

L’absence de communication sur l’état de santé de Buhari, origine de ces allégations

Depuis la mi-2016, Buhari a effectué de nombreux voyages à Londres pour y être soigné d’un cancer, suscitant des critiques au Nigéria et des doutes sur son aptitude à demeurer au pouvoir. D’ailleurs, les allégations concernant son identité remontent à septembre 2017 et réapparaissent un mois après le retour de Buhari d’un autre long voyage médical dans la capitale britannique.

Des changements dans son apparence après un traitement médical ont parfois été perceptibles. Il a paru à un moment donné aminci. Un manque d’informations sur son état de santé et des métamorphoses de son état physique ont contribué à alimenter les allégations relatives à son identité.

Biafra et tensions ethniques, un terreau fertile

Cette région du sud-est nigérian fut le théâtre d’une violente guerre civile de 1967 à 1970, qui a coûté la vie à plus d’un million de personnes. Aujourd’hui, le climat reste tendu et les discours sécessionnistes refont surface.

En 2017, la multiplication d’incidents entre partisans de l’indépendance du Biafra et forces de sécurité, ont poussé le gouvernement central à classer l’IPOB, le parti se réclamant du Biafra, comme mouvement terroriste.

Les membres de l’IPOB et leurs partisans sur les médias sociaux font généralement des commentaires sur les préjugés ethniques concernant Buhari – un Peul, musulman du nord fulani.

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