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Brexit is happening!

L’affirmation est de Sir Simon McDonald, le sous-secrétaire Permanent du Foreign Office britannique et date du 23 janvier 2019 à l’occasion d’une rencontre avec la communauté d’affaire casablancaise! L’assurance et l’optimisme avec lesquels il s’est adressé à l’assistance marocaine, dénotaient avec les images de détresse de l’ancienne locataire du 10 Downing Street, Theresa May. La détermination qu’affichait le haut diplomate et son collègue, l’incroyable ambassadeur Thomas Reilly, n’avait qu’une seule signification: les britanniques sont d’ores et déjà sortis de l’Union Européenne. Ils étaient tellement convaincants qu’on pourrait croire que l’establishment de Sa Majesté la reine Elizabeth II n’a fait que, durant ces longs mois de débats hyper-médiatisés, gagner du temps afin de bien se préparer au grand détachement.

C’est devant quelques membres de la CGEM invités par l’ambassadeur de la Grande Bretagne à Rabat, Thomas Reilly, que le sous-secrétaire Permanent du Foreign Office britannique, Sir Simon McDonald, s’est donné le plaisir d’expliquer les tenants et les aboutissants du Brexit ainsi que les différents scénarios qui se présentaient aux britanniques. Bien évidement, peu de patrons ont fait le déplacement. Dans d’autres cieux, avoir le privilège de rencontrer de très près le numéro deux de la diplomatie de la sixième puissance économique se paie en millions de livres. Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar, Ismail Douiri DG de Attijariwafa bank, Mehdi Tazi PDG de BeAssure et des membres de l’AMITH, faisaient l’exception.

Etait également d’exception la générosité inhabituelle de l’administration Britanique, qui a offert à l’assistance un cocktail dinatoire, ce qui en dit long sur l’importance de l’exercice de communication de la diplomatie de Sa Majesté la reine Elisabeth II.

Juste après un chaleureux «welcome», Sir Simon McDonald nous lance avec un grand sourire «Brexit IS HAPPENING». Puis il enchaînera dans un anglais aristocratique mais bien simple : «The Rules were very clear», «British people were very clear» «British people didn't change their mind» «The Brexit will happen» «The only questions are  When and How» …. «Very unlikely to happen in 29 march 2019».

L’exercice de communication était parfait. Les éléments de langages étudiés et maitrisés: les anglais sont déterminés à quitter l’UE et l’exercice de démocratie engage le peuple dans un débat farouche et intense corrélé à l’importance de la décision qu’ils ont prise. 

Sir Simon McDonald va nous démontrer par la suite que Theresa May ne faisait que tenir ses engagements auprès de ses lecteurs, au prix de son image et de sa carrière. Puis nous expliquera avec beaucoup de pédagogie et de clarté la suite des évènements. Plus de 10 mois plus tard, les prophéties se sont presque toutes réalisées. Il a par contre omis de parier sur le départ de May et son remplacement par Boris Johnson.

Les prophéties de Sir Simon McDonald

«La grande priorité des britanniques, c’est sortir de l’UE» a martelé le responsable britannique. Le débat réside uniquement sur les relations futures avec l’Union Européenne. «Une partie veut un hard Brexit avec une relation limitée, une autre partie veut une relation plus étendue. » a précisé Sir McDonald.

«Nous avons besoins de trois mois minimum pour convertir l’accord du Brexit en un mécanisme viable. Nous sommes prêts à tous les scénarios notamment de nouvelles élections générales et/ou second referendum. Dans le pire des cas nous invoquerons l’article 50 du traité européen pour rester dans l’union afin d’avoir plus de temps».

Le sous-secrétaire Permanent a également rassuré l’assistance quant au faible impact du Brexit sur l’économie britannique. «Surviving in a short term, flourishing in a long term» a-t-il confié. 

Pour le gouvernement britannique, il n’y avait pas d’anticipation de crise économique et qu’il suivait de prés quelques mouvements de transfert de sièges sociaux de certaines entreprises. 

Concernant le pound, Sir McDonald a précisé que la monnaie britannique a pris de la valeur courant 2018. Le nombre d’entreprises qui ont quitté la Grande-Bretagne restait faible et ce malgré la grande publicité qui est faite autour. Tandis que de grands groupes comme la Deutsche Bank et Bloomberg ont choisi de rester et d’investir en grande Bretagne, s’est-t-il félicité.

Aujourd’hui les prévisions du Foreign office Britanique se sont avérées assez justes. 

Après l’incapacité de Theresa May à faire passer son deal, Boris Johnson plus offensif est parvenu, fin octobre, à conclure un nouvel accord de sortie avec les 27 ( le deuxième après celui de Theresa May), mais n'est pas parvenu à le faire approuver avant le 31 octobre par le Parlement. Cela a conduit à un report du Brexit au 31 janvier et a encouragé le Premier ministre à convoquer des élections législatives anticipées pour le 12 décembre. 

L’annonce, cette semaine, d’une alliance entre Boris Johnson et l’europhobe Nigel Farage a accru les chances du premier ministre britannique à constituer une majorité dans le cas où il remporterait les élections législatives du 12 décembre. Une décision qui a fait bondir la livre sterling à son plus haut niveau depuis mai dernier. Une monnaie qui reste certes volatile, mais conserve des niveaux semblables à ceux d’avant le vote du Brexit en 2016.

Il est vrai que l’indécision autour du Brexit affecte au premier lieu les investisseurs qui attendent le dénouement de ce feuilleton. Mais l’économie du pays réussit à éviter la récession tout en enregistrant sa plus faible progression depuis 2010.

Le traité de défense Merkel-Macron d’Aix-la-Chapelle est «misérable»

La rencontre du sous-secrétaire Permanent avec la communauté d’affaire casablancaise a coïncidé avec la signature du président Emmanuel Macron et de la chancelière Angela Merkel du traité d’Aix-la-Chapelle. Une alliance qui vise à renforcer le projet européen affaibli par la montée des eurosceptiques et le Brexit. 

Le 22 janvier 2019, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel signent un traité d'amitié franco-allemand sous les yeux du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian (2e) et du ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas (R). d'Aachen, Allemagne de l'Ouest. - La France et l'Allemagne ont signé un nouveau traité d'amitié visant à renforcer une alliance au sein de l'Union européenne, alors que la Grande-Bretagne se retire et que le nationalisme progresse sur le continent. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Mais le point le plus important de ce traité était l’adoption, par les deux chefs d’Etat, d’une clause de défense mutuelle en cas d’agression, sur le modèle de celle prévue au sein de l'Otan. La France et l’Allemagne pourront ainsi déployer des moyens communs en cas d’attaque terroriste ou coopérer sur les grands programmes militaires, à l’image de leurs projets sur les chars ou les avions de combat.

Une clause interprétée par la communauté internationale comme le début de la fin de l’OTAN. D’ailleurs, Sir Simon McDonald n’a pas hésité de qualifier ce traité de misérable, après une question sur l’avenir de l’Europe post-Brexit. « Une armée européenne sans le Royaume Unis n’a aucun sens» a-t-il lancé avant de rajouter que l’UE doit se concentrer sur ses problèmes.

Plus de dix mois plus tard, Emmanuel Macron va jeter le pavé dans la marre, et sans consulter ses alliés va déclarer dans un entretien accordé depuis l’Elysée à The Economist le 21 octobre et publié jeudi 7 novembre que l’Otan était en état de mort cérébrale.

«Ce que nous connaissons en ce moment, c’est un Otan en état de mort cérébrale», a déclaré le président français. En évoquant  «une Europe au bord du précipice», Macron ne paraît pas non plus certain que l’article 5 de la charte de l’Alliance atlantique – stipulant que l’attaque d’un membre entraîne une réponse de tous les autres – soit encore valide, a noté la BBC. 

Cette sortie de route du président français, condamnée par Angela Merkel, elle-même jugeant l’attitude de son allié d’«intempestive» et «radicale», conforte la position du Royaume-unis face à l’Europe. Emmanuel Macron a plus que jamais révélé au grand jour le manque d’unité entre les pays européens et la difficulté de son pays de suivre la clause de la défense mutuelle de l’Otan.

Le Maroc chasse gardée de la France, «Not Anymore»

«Nous avons toujours perçu le Maroc comme une partie de l’Afrique qui était sous l’influence de la France. Mais les choses changent», a déclaré le diplomate anglais avec une franchise déconcertante. Les produits d’agriculture marocains sont de plus en plus exportés. De plus le Maroc change de posture dans une volonté de se faire entendre. «Moroccans want a bigger voice in the world’s noise», a-t-il renchérit.

Dans un excellent interview réalisé par nos confrères de Morocco World News, l’ambassadeur du Royaume-unis, Thomas Reilly, va être davantage clair sur la nouvelle posture de son pays vis-à-vis le Maroc : «En termes de relations stratégiques, le Royaume-Uni a toujours perçu le Maroc comme la chasse gardée de la France. Pendant des années, mon gouvernement a considéré le Maroc comme un lieu exotique. Cela ne semblait pas vraiment être la France, pas vraiment le Moyen-Orient, pas exactement l'Afrique. Comme il était difficile de définir le pays, l'idée était simplement de le laisser tranquille.»

Son patron Sir McDoland a été également transparent quant aux attentes de son pays : 

  1. Le Maroc a besoin d’une population anglophone, c’est pour cela que nous nous investissons dans l’éducation 
  2. Le Royaume-Uni veut un accord de libre-échange avec le Maroc dans les meilleurs délais

Fort à propos, concernant les délais, le Maroc a retardé la signature d’un quelconque accord jusqu’à fin octobre dernier.

En effet le samedi 26 octobre 2019, un accord d’association entre le Maroc et le Royaume-Uni a été ratifié à Londres par le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, et le secrétaire d’État britannique chargé du développement international, du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, Andrew Murrison.

Lequel accord restitue dans le contexte des relations bilatérales entre le Maroc et le Royaume-Uni, l’ensemble des avantages qu’ils s’accordaient mutuellement dans le cadre de l’accord d’association Maroc-UE. Il  assure une transition harmonieuse, qui maintient la fluidité des échanges et garantit leur sécurité après le Brexit. Le Maroc a été est le deuxième pays africain, après la Tunisie et le troisième pays arabe, après le Liban, à signer cet accord avec le Royaume-Uni. 

Commentant la signature de cet accord d’association, l’ambassadeur Thomas Reilly a déclaré que le Royaume Uni est à la recherche de nouveaux amis après le Brexit et qu’il s'active à approfondir les relations avec le Maroc et d’en faire un allié et un partenaire en Afrique du Nord, qui servira de porte d’entrée à tout le continent.

Déjà en janvier dernier, le sous-secrétaire Permanent du Foreign Office britannique avait révélé l’augmentation du budget de la représentation au Maroc de 15%. Un indicateur qui démontre de la détermination du gouvernement britannique de sortir de l’Union Européenne et l’importance qu’elle donne au Maroc quant à sa stratégie post-Brexit.

Concernant l’Afrique, Sir McDonald a dit que son gouvernement doit être prêt quand les pays africains seront dans le top 20 des puissances mondiales. Pour cela, le Royaume unis a prévu un investissement de 6 milliards $ dans le continent dont une partie en financement vert. Plusieurs nouvelles représentation diplomatiques verront également le jour notamment au Tchad, Niger et Djibouti.

Sahara Marocain vs Gibraltar Britannique

Questionné sur Gibraltar, Sir Simon McDonlad a affirmé dans un ton sec que Gibraltar restera un territoire britannique, parce que le peuple de Gibraltar le veut et parce que «nous avons de très bons avocats!».

Le parallèle avec le Sahara marocain est vite posé et les responsables britanniques évoquent leur «appui aux efforts sérieux et crédibles menés par le Maroc pour le règlement de la question du Sahara dans le cadre de son initiative d’autonomie.» 

Toutefois l’accord d’association signé entre les deux pays et qui reprend les mêmes termes de les accords Maroc-UE, assure l’accès au marché britannique de l’ensemble des produits issus, notamment, du Sahara marocain.

Dans son interview à MWN, l’ambassadeur Thomas Reilly a résumé la position de son pays sur le Sahara en cinq points :

  1. Le Conseil de sécurité des Nations Unies est le seul intermédiaire légitime du conflit du Sahara occidental;
  2. Londres applaudis et soutien la dynamique suscitée par les tables rondes de Genève;
  3. Le Gouvernement britannique a la conviction bien établie qu’une solution politique fondée sur un compromis est la solution la plus viable dans le conflit territorial;
  4. Le Royaume-Uni «salue» et reconnaisse les «efforts sérieux et crédibles du Maroc» en faveur d'un règlement pragmatique et fondé sur des compromis;
  5. L’accord bilatéral avec le Maroc reproduit les traités UE-Maroc; l’inclusion de produits du Sahara Occidental suit le même esprit.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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