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L’étau se resserre sur le gouverneur de la banque central du Liban

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Un juge libanais chargé de l’enquête locale sur le directeur de la banque centrale Riad Salameh a rejeté une série d’arguments de défense présentés par ses avocats, ouvrant ainsi la voie à une audience le 15 juin, a déclaré jeudi à Reuters une source judiciaire de haut rang.

Riad Salameh, son assistante Marianne Hoayek et son frère Raja font l’objet d’une enquête au Liban et dans au moins cinq pays européens, car ils sont soupçonnés d’avoir détourné plus de 300 millions de dollars de la banque centrale, au détriment de l’État libanais.

Les critiques ont déjà exprimé des doutes sur le fait que le pouvoir judiciaire, où les nominations dépendent largement du soutien politique, enquêterait sérieusement sur une personnalité de la stature de Salameh, compte tenu de son soutien politique au plus haut niveau.

En novembre, le plus haut magistrat du Liban a lui-même déclaré dans un commentaire général que l’ingérence politique dans le travail judiciaire avait conduit à une situation chaotique dont la résolution nécessitait une «révolution dans les approches».

Les frères Salameh qui nient ces allégations, ont été accusés de fraude et de détournement de fonds dans deux affaires distinctes au Liban, y compris une série d’accusations déposées par la juge Helene Iskandar au nom de l’État.

Les avocats de Salameh s’étaient opposés à la présence de la juge Iskandar lors d’une audience tenue en mars à Beyrouth, au cours de laquelle des enquêteurs européens avaient interrogé le directeur de la banque centrale.

Le juge président Charbel Abou Samra a rejeté leurs arguments de défense, a déclaré la source judiciaire à Reuters. Il a également fixé une nouvelle date d’audience pour Raja Salameh au 15 juin, a ajouté la source.

Mandat d’arrêt français

Les procureurs français ont émis mardi un mandat d’arrêt à l’encontre de Riad Salameh, le premier délivré dans le cadre de l’une des enquêtes étrangères le concernant. L’accusé a qualifié ce mandat de violation de la loi et s’est engagé à le contester.

Le gouverneur de la banque centrale libanaise a travaillé main dans la main avec des personnalités puissantes, mais des sources affirment que certaines de ses bases de soutien traditionnelles au Liban et à l’étranger commencent à s’effriter.

«Son départ marquerait une étape importante dans l’effondrement financier résultant de décennies de dépenses inconsidérées, de corruption et de politiques insoutenables menées par les dirigeants libanais», souligne Reuters.

«Je démissionnerai si un jugement est rendu contre moi»

Le gouverneur de la banque centrale du Liban a déclaré jeudi qu’il démissionnerait si une décision judiciaire était rendue à son encontre.

«Si un jugement est rendu contre moi, je démissionnerai», a-t-il déclaré. «La voie judiciaire est injuste, mais je suis prêt à l’emprunter».

S’adressant à la chaîne saoudienne Al Hadath TV, Riad Salameh a confirmé qu’il ne chercherait pas à prolonger son mandat de trois décennies à la tête de la Banque du Liban. Son mandat doit expirer en juillet.

Cette déclaration est intervenue après que le vice-premier ministre intérimaire du Liban – qui dirige également les négociations avec le Fonds monétaire international en vue d’un renflouement de 3 milliards de livres sterling – a appelé Salameh à démissionner à la suite du mandat d’arrêt international délivré à son encontre.

Le gouverneur de la banque centrale a déclaré qu’il «assistera à toute session à laquelle il serait notifié».

Après l’émission du mandat français, Salameh a affirmé que les enquêteurs français avaient négligé la «confidentialité des enquêtes» et contredit «la présomption d’innocence» dans leur approche ainsi que dans leur application sélective des textes et des lois.

Le vice-Premier ministre Saade Chami a déclaré à l’Associated Press que les allégations contre le chef de la banque centrale mettaient en péril la crédibilité du gouvernement et «pourraient menacer les relations financières du pays avec le reste du monde», y compris avec le FMI et d’autres institutions financières mondiales.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise économique, résultat de décennies de corruption et de mauvaise gestion par les classes dirigeantes du pays, y compris le secteur bancaire.

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