Aujourd’hui: 30 mai 2023
La première rencontre du forum #Morocco21 organisée par News Com Africa s’est tenue jeudi 25 novembre 2021 au Hyatt Regency à Casablanca. Le dit forum s’est donné comme mission l’enrichissement du débat autour de la mise en oeuvre des recommandations du nouveau modèle de développement élaborées par la CSMD.
Le thème de ce premier rendez-vous a été celui de la «Cybersécurité et la désinformation». Pour cela, les organisateurs ont convié Dan Brahmy, PDG d’une stratup israélienne qui est entrain de révolutionner l’analyse du web et des réseaux sociaux.
En effet, Cyabra est spécialisée dans la conception d’outils d’aide à la décision qui mesurent entre autres l’authenticité et l’impact des conversations en ligne et détecte et analyse les fausses informations et leurs auteurs.
En seulement trois ans, la jeune entreprise a levé plus de 10,4 millions de dollars et compte parmi ses clients de nombreuses organisations publiques et privées aux quatre coins du globe.
Dan Brahmy, âgé seulement de 30 ans est franco-israélien et d’origine maroco-tunisienne. Son discours est parfaitement rodé et millimétré. Déformation professionnelle ou posture commerciale, le ton du jeune PDG s’accorde avec le récit glaçant des menaces cybernétiques qui hantent les gouvernements, les entreprises, les écoles et les familles. Une heure de présentation est suffisante pour dissuader l’auditoire de reprendre son smartphone, d’utiliser une messagerie instantanée et encore moins de commenter ou de poster sur les réseaux sociaux.
What an incredible moment. Well done!
— Dan Brahmy (@DanBrahmy) November 27, 2021
Next time we're visiting #Morocco at the same time, we should plan it ahead of time. 😄https://t.co/A4Hm9OV4wI
Le monde cybernétique devient de plus en plus dangereux et cela s’accentue avec l’accessibilité de nouvelles technologies comme le deepfake et l’intelligence artificielle. La taille et la puissance de certaines GAFA, dont la plus inquiétante reste à ce jour Meta le nouveau «variant» de Facebook, constituent de très sérieuses menaces quand aux risques de manipulation de masse. Le pression de leurs actionnaires guidés par l’appât du gain favoriserait, selon Brahmy, la prolifération de la désinformation.
Attentive à ce retour d’expérience, l’assistance du #Morocco21, composée d’ambassadeurs, de décideurs d’établissements financiers, de chefs d’entreprises, d’experts et de journalistes, a interpellé l’expert israélien qui s’est prêté au jeu des questions-réponses.
Les interrogations et inquiétudes soulevées lors de cet échange ont concerné entre autres : le manque de préparation des marques marocaines aux risques de la désinformation, la vulnérabilité des systèmes d’information ouverts sur Internet et des applications mobiles, l’incompatibilité des solutions d’analyse du web et des réseaux sociaux avec le contexte marocain et l’absence de sensibilisation des parents et des éducateurs à la surexposition des enfants aux risques accrus sur Internet.
La première image qui nous vient à l’esprit quand on échange avec le jeune dirigeant de la Stratup israélienne et le head of Business Development d’un des fonds d’investissement qui l’accompagne est une vidéo qui tourne encore sur Twitter où l’on voit Thami Ghorfi affalé sur un fauteuil lançant à un jeune porteur de projet : « je suis prêt à investir dans ton business, je vais donner de ma poche 50.000 dhs».
hhhhhhhhh A propos de nos émissions sur les startup et entrepreneuriat, cette séquence est extraordinaire. VITE il faut changer de logiciel ! pic.twitter.com/s9c08fEnJc
— Mohamed Douyeb 🇲🇦 محمد الدويب (@MohamedDouyeb) December 1, 2021
Israël qui compte douze prix Nobel et figure ainsi parmi les 15 champions mondiaux pour le nombre de lauréats, a fait de l’innovation l’une des ressources naturelles les plus précieuses. Le pays a d’ailleurs mis en place un écosystème d’innovation transversal et multidimensionnel s’articulant autour de la recherche, l’excellence, l’entrepreneuriat, le financement et l’export.
Pour propulser et maintenir une discipline de création et de production, l’écosystème d’innovation israélien a placé à sa tête une locomotive infatigable, l’armée. En effet, Tsahal reste à aujourd’hui le principal incubateur de startups innovantes du pays.
De plus, comme l’innovation c’est principalement de la matière grise, de la rigueur scientifique et une utilité sociale ou économique, l’essentiel des chercheurs et des ingénieurs israéliens passent obligatoirement par un service militaire qui dure trois ans pour les garçons et deux pour les jeunes filles.
«Quand ils en sortent vers 22 ans, prêts à commencer leurs études, les jeunes ont le sens des responsabilités et de la discipline. Ils sont plus motivés et deviennent plus créatifs», rapporte LeFigaro dans un dossier spécial consacré sur le sujet.
Puis il y a l’Autorité israélienne de l’innovation, une entité publique indépendante et impartiale responsable de la politique d’innovation du pays et qui œuvre au profit de l’écosystème de l’innovation et de l’économie israélienne dans son ensemble.
C’est cette même Autorité, qui elle même financée par des fonds publics, compte parmi ses prérogatives l’élaboration des plateformes de financement visant à répondre efficacement aux besoins des écosystèmes d’innovation.
L’Autorité israélienne de l’innovation finance les entrepreneurs en démarrage, les entreprises matures développant de nouveaux produits ou procédés de fabrication, les groupes universitaires cherchant à transférer leurs idées sur le marché, les entreprises mondiales intéressées à collaborer avec la technologie israélienne, les entreprises israéliennes à la recherche de nouveaux marchés à l’étranger et les usines traditionnelles cherchant à intégrer une fabrication innovante et avancée dans leurs procédés.
Les tickets pour l’incubation de projets d’innovation en lancement démarrent à 1 million $ que l’Autorité finance à hauteur de 85% et le reste est supporté par un fonds d’investissement privé qui s’engage à accompagner le projet jusqu’à sa maturité.
La réussite du modèle est spectaculaire :
L’invitée du forum #Morocco21, la société Cyabra est elle même le produit de cet écosystème vertueux.
Les trois jeunes fondateurs ont fait le service militaire, deux d’entre eux ont démarré leur carrière professionnelle au sein de l’armée où ils ont développé leur savoir faire technologique et leur maîtrise de l’intelligence artificielle et du data-mining.
Pour son lancement en juin 2018, Cyabra a levé 1 millions de dollars auprès la branche d’investissement de l’Université de Tel Aviv, TAU Ventures puis 2 millions $ la deuxième année auprès du même investisseur.
En 2021, après seulement trois exercices, la startup va lever coup sur coup, 2 millions $ et 5,6 millions $ auprès de fonds prestigieux, notamment Founders Fund qui compte dans son portefeuille, excusez du peu, SpaceX, Palantir et Facebook, ainsi que le fonds OurCrowd dont le Head of Business est un marocain, Youssef Seffar.
Durant son périple au Maroc, Dan Brahmy s’occupait de présenter les services de son entreprise et de parler aux médias et son actionnaire se chargeait de tout le reste : PR, RDV, Lobbying… Chacun des partenaires se focalisait sur sa mission et sur ce qui sait faire et tout le monde en sortait gagnant.
D’ailleurs ce schéma de fonctionnement a permis au jeune PDG de faire le tour du monde en quelques mois, l’Europe de l’Est, l’Amérique du Nord et du Sud, les Émirats arabes unis, le Maroc et tout récemment l’Arabie saoudite.
L’autre particularité de ce couple, startupeur/investisseur est la simplicité, l’humilité et la discrétion. Rien dans l’ostentatoire, toute l’énergie et l’attention est concentrée dans le contenu, la mission et les objectifs.
Enclavé, avec un territoire désertique et sans ressources naturelles, Israël est un modèle pour les pays émergents. Le pays a investi dans l’humain, a rationalisé ses ressources et a su inculquer à ses jeunes et à ses fonctionnaires l’esprit entrepreneurial.
En invitant pour la première édition un acteur d’un pays qu’on ne connait finalement que très peu, Omar Dahbi, Président de News Com Africa, a réussi la mission fondatrice de son forum à savoir «approfondir la réflexion et le partage de savoir-faire dans la construction du Maroc de demain».
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.