fbpx

Le «Beau Pedro Roi du Tango» tire sa révérence

Partager

Le journaliste Pierre Bénichou, qui avait occupé de hautes fonctions au sein du Nouvel Obs avant de se faire connaître du grand public en tant que chroniqueur dans le fauteuil rouge de Michel Drucker puis aux «Grosses Têtes», sur RTL, est mort dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 82 ans. « Il s’est éteint dans son sommeil », à son domicile, et son décès n’est pas lié au coronavirus, a précisé son fils Antoine Bénichou.

Pierre Bénichou, ancien journaliste au Nouvel Observateur et chroniqueur emblématique de l’émission de radio Les Grosses têtes sur RTL, est mort à 82 ans, a annoncé son fils à l’AFP.

Né le 1er mars 1938 à Oran, Pierre Bénichou démarre sa carrière dans le journalisme en 1959 à Paris Jour. Il devient ensuite grand reporter à Jours de France. Pendant l’automne 1968, il devient le rédacteur en chef adjoint du Nouvel Observateur, devenu L’Obs, avant de devenir le rédacteur en chef 10 ans plus tard. Parmi ses papiers les plus connus, un portrait de François Mitterand. Il a été un journalistique politique pilier du magazine.

Pierre Bénichou se lance aussi dans la radio. Il démarre ses aventures avec Philippe Bouvard dans Les Grosses Têtes sur RTL avant de réintégrer l’émission avec Laurent Ruquier. Ils avaient collaboré ensemble dans On va s’gêner (2000-2014). Piller des Grosses Têtes, Pierre Bénichou aimait à rappeler ses différents surnoms : «Beau Pedro Roi du Tango» et «Bob du Grand Huit». Le sociétaire des Grosses Têtes était également un habitué des nuits parisiennes dont il côtoyait les grands noms chez Castel.

Dernière intervention prémonitoire de Pierre Bénichou dans les grosses têtes

Pierre Bénichou avait encore participé à l’émission le 17 mars dernier des Grosses têtes, par téléphone car il était en effet confiné chez lui.

Pluie d’hommages

Jérôme Garcin : «S’il avait rédigé aujourd’hui, à 82 ans, sa propose nécrologie, elle eût été non seulement brillantissime, mais aussi impayable»

«Cet amoureux de Cocteau et de Giraudoux rédigeait alors quatre ou cinq feuillets étincelants pour dire adieu aux célébrités, dont il avait été le plus souvent l’ami et connaissait les poèmes, les chansons, les films par cœur. Il semblait vouloir les retenir avant le grand bond. L’art qu’il mettait à les saluer était aussi une manière de les remercier de lui offrir l’occasion, si rare, d’écrire.» a écrit le journaliste Jérôme Garcin dans un article publié sur L’Obs.

«Sûr que, s’il avait rédigé aujourd’hui, à 82 ans, sa propose nécrologie, elle eût été non seulement brillantissime, mais aussi impayable. Il nous aurait même incités à en rire.» a conclut le journaliste.

Olivier de Kersauson : Pierre Bénichou avait «une sensibilité remarquable»

«Il avait une culture et une forme de comique très particulières, mais surtout basées sur une vraie connaissance d’un monde depuis 80 ans», explique-t-il. «Il y a un côté de lui qui était très méconnu, et que j’ai énormément apprécié, c’est que c’était un remarquable écrivain. Il écrivait avec une sensibilité et une intelligence tout à fait uniques (…) Il y avait quelque chose chez cet homme qui prenait plaisir à faire le comique et il y avait aussi derrière tout ça une intelligence et une sensibilité remarquables, très touchantes et très intéressantes», a tenu à témoigner Olivier de Kersauson.

«Il m’a fallu longtemps pour découvrir cette extraordinaire délicatesse, finesse, sensibilité et générosité, avec un sens de l’amitié, rien n’était vulgaire dans tout cela, c’était d’une délicatesse parfaite», conclut-il.

Régis Ravanas : «Merci de nous avoir tant fait rire durant toutes ces années»

«Très triste d’apprendre la disparition de Pierre Benichou. Toute la direction du groupe M6 et la grande famille de RTL France présentent leurs plus sincères condoléances à ses proches.» a tweeté le le patron de RTL, Régis Ravanas. «Merci Pierre de nous avoir tant fait rire».

Dominique Grimault : «Il s’en est allé notre vieux copain»

«Il s’en est allé notre vieux copain qui savait jouer mieux que beaucoup avec les mots, les humeurs, la dérision. Ses portraits dans l’Obs étaient des perles et j’en ferai un collier.» a posté sur Twitter le journaliste sportif Dominique Grimault.

BHL : «Mort d’un Grand Connétable du monde d’hier qui avait appris la presse avec Camus»

Philippe Labro : Je perds un ami

«La disparition de Pierre Benichou accable tous ceux qui ont aimé son esprit, sa culture insondable, la grande intelligence qu’il dissimulait derrière le rire , son culte de l’amitié .Je perds un ami connu à nos débuts à l’âge de 20 ans. Quelle tristesse», a, pour sa part, posté Philippe Labro.

Eric Naulleau : «C’était une incarnation de l’esprit à la française»

Eric Naulleau, rapporte voici.fr est « très peiné par cette nouvelle … J’ai a eu «la chance de le connaître». «C’était une incarnation de l’esprit à la française». L’animateur a livré un bouleversant portrait du défunt. « C’était un homme spirituel. C’est un homme qui était à lui-même sa propre œuvre. Pierre Bénichou était une œuvre, il le montrait chaque jour par ses bons mots, par ses répliques, par son humour », détaille-t-il avec tendresse, avant de déplorer : « Il me manque parce que c’est le représentant d’un monde un peu à l’ancienne dont les représentants disparaissent un par un. Ça me rend triste».

Mustapha El Atrassi : «De toute façon, ça ne t’aurait pas plu de vivre dans un monde où on ne peut plus sortir»

« C’était vraiment pas le moment de nous quitter, a-t-il écrit sur le réseau social. Je me suis réveillé en apprenant la mort de l’homme le plus drôle de France, le grand Pierre Bénichou. Personne ne sera plus drôle que lui. C’était un virtuose de l’improvisation. Le mot génie est galvaudé mais là, c’est le minimum. C’était un génie absolu. Je suis flatté de l’avoir connu et fier de l’avoir fait rire, lui. Je t’aime fort Pierre et je n’arrive pas à écrire ce mot sans pleurer. De toute façon, ça ne t’aurait pas plu de vivre dans un monde où on ne peut plus sortir. Maintenant, ça ne sera plus pareil et comme tu le disais si bien : ”quel ennui” ». Un message posté sur Twitter par Mustapha El Astrassi qui avait connu Pierre Bénichou dans l’émission On a tout essayé sur France 2.

https://twitter.com/MEAtrassi/status/1244998352472813570

Line Renaud : «J’aimais beaucoup Pierre Benichou»

Isabelle Alonso : «Hier, je me suis dit que j’allais appeler Pierre Bénichou»

La romancière et chroniqueuse Isabelle Alonso, a livré sur Twitter un message particulièrement touchant : «Il faudrait faire tout de suite, sans attendre, ce qui nous passe par la tête. Hier, je me suis dit que j’allais appeler Pierre Bénichou, prendre de ses nouvelles. Aujourd’hui, il est trop tard et ça me fait une peine infinie».

Pierre Lescure : «Une plume et une répartie de classe»

«Je garde en mémoire le visage superbe et le regard rieur de Pierre» mais aussi des «souvenirs, de rires, de points de vue assénés avec brio et sa culture insensée». «Une plume et une répartie de classe. Tant de soirées et de nuits», a ajouté Pierre Lescure le journaliste et chroniqueur de «C à vous» sur France 5. Et de conclure: «À Antoine et à Vincent et Sylvain».

Laurent Ruquier : «C’est l’un des hommes qui m’a fait le plus rire au monde»

Dans une intervention sur RTL, Laurent Ruquier a insisté sur le talent de Pierre Bénichou, «C’est une page qui se tourne pour les Grosses Têtes aussi car c’était l’un des dernier improvisateurs, de la même lignée que Jean Yanne ou Jacques Martin».

Pour Laurent Ruquier, Pierre Bénichou était «l’un des plus brillants humoristes».

«Il aurait aimé qu’on rappelle qu’avant de devenir le génie de l’improvisation, le grand du rire qu’il était depuis vingt ans à la radio (15 ans à Europe 1, 5 ans aux Grosses Têtes sur RTL), il a été une brillante plume de la presse écrite, un fidèle de Droit de Réponse de Michel Polac… J’ajouterai que personne ne pourra jamais écrire une nécrologie de lui aussi brillante que celles qu’il a écrit pour les autres» a déclaré Ruquier à la presse.

Gilles Jacob : «Une faconde altière, une belle voix de stentor et une culture encyclopédique»

Patrick Bruel : «Salut Président Pierre Benichou»

Le chanteur Patrick Bruel a souligné dans un tweet que le journaliste «pouvait passer de Raymond Aron à Johnny dans le même élan…» «Puits de culture, d’humour, leçon de vie où tout était important sans que rien n’ait d’importance. Merci pour ces soirées de partage en chansons et ces 2/3 conseils qui ont fait du bien. Salut Président», a-t-il posté.

Franck Riester : «Charismatique et brillant»

«Charismatique et brillant, il savait allier l’humour le plus décalé à la plus grande rigueur journalistique. J’adresse toutes mes pensées à sa famille et à ses proches», a écrit le ministre de la Cultre Franck Riester.

Franz-Olivier Giesbert : «Pierre Bénichou pouvait réciter du Aragon à la chaîne»

«Ce côté joyeux drille, il le cultivait déjà au Nouvel Observateur. Les soirs de bouclage, il faisait l’animation c’était juste dingue, pendant les réunions aussi, il était là, il prenait la parole et c’était toujours les mêmes blagues», se souvient Franz-Olivier Giesbert. «Je pense qu’il avait déjà inventé certains de ses personnages à l’époque. Il pouvait vous réciter du Aragon à la chaîne, les grands poèmes, il les connaissait par cœur, c’était un homme absolument débordant (…) Il a beaucoup donné à de petits jeunes, dont j’étais autrefois» a ajouté l’ancien directeur de publication du Point.

Christian Estrosi : Tristesse

«J’ai la mémoire longue mais la plume courte»

Au Nouvel Obs, il écrivait peu et s’était spécialisé dans la rédaction de «portraits souvenirs». Ces notices nécrologiques, écrites dans l’urgence de la disparition des personnalités mais très travaillées, et toujours d’un style ramassé («J’ai la mémoire longue mais la plume courte», disait-il), avaient été rassemblées en 2017 dans le livre «Les absents, levez le doigt !», rappelle l’AFP.

En préambule, il y confiait des souvenirs de son enfance oranaise, et donnait certaines clefs de «cette petite sieste, cette longue flânerie mélancolique que fut ma vie de journaliste», admettant avoir passé en trente ans au Nouvel Obs «plus de temps à faire écrire les autres qu’à écrire moi-même».

Bien qu’ayant été longtemps un adepte des nuits parisiennes, Pierre Bénichou, vétéran de chez Castel, contestait cependant la réputation de dilettante que certains lui prêtaient. «J’étais glandeur, mais je travaillais beaucoup !», avait-il raconté en 2016 sur France Musique, se décrivant comme «beaucoup plus faiseur de journal que journaliste».

Resté fidèle à ses racines oranaises, il avait toujours cultivé une hostilité marquée à l’encontre du général de Gaulle, et bien que situé politiquement à gauche (il avait soutenu la candidature de François Mitterrand en 1981), sa défense des pieds-noirs l’avait placé parfois en porte-à-faux avec ses différentes rédactions.

Il vouait par ailleurs une grande passion à la poésie et la chanson française et s’était lancé au théâtre en 2004 dans une pièce de Laurent Ruquier.

Marié en 1970 à Alix Dufaure, journaliste à Marie Claire décédée en 2012, avec qui il avait eu un enfant, Antoine, Pierre Bénichou était aussi le beau-père de l’acteur Vincent Lindon, né d’une première union de son épouse et qu’il considérait également comme son fils.

- Advertisement -