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L’Azerbaïdjan et l’Arménie au bord de la guerre, la Turquie s’insurge

Des combats toujours plus meurtriers faisaient rage lundi entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh, tandis que le président turc a nourri les craintes d'une escalade avec un discours combatif en soutien à Bakou.

Avec AFP

Depuis dimanche les forces de l'enclave séparatiste, soutenue politiquement, militairement et économiquement par l'Arménie, et celles de l'Azerbaïdjan s'affrontent dans les combats les plus meurtriers depuis 2016.

Au moins 67 personnes ont été tuées selon des bilans incomplets des combats.

L'Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle du Nagorny Karabakh, province montagneuse peuplée majoritairement d'Arméniens, chrétiens, dont la sécession en 1991 n'a pas été reconnue par la communauté internationale.

Une guerre ouverte entre Erevan et Bakou risquerait de déstabiliser le Caucase du Sud, en particulier si la Turquie et la Russie, puissances régionales, intervenaient.

Or le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi l'Arménie à mettre fin à ce qu'il a qualifié «d'occupation du Nagorny Karabakh».

"La Turquie continuera à se tenir aux côtés du pays frère et ami qu'est l'Azerbaïdjan de tout notre coeur et par tous les moyens", a-t-il dit, encourageant Bakou à "prendre les choses en main".

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«Ingérence» turque

Toutes les autres puissances - Russie, Etats-Unis, France, Iran, UE, ONU - ont appelé à une cessation immédiate des hostilités.

L'Arménie et le Nagorny Karabakh dénoncent de leur côté une "ingérence" turque, accusant Ankara de fournir armes, "spécialistes militaires", pilotes de drones et avions à Bakou. Erevan a aussi affirmé qu'Ankara avait déployé des milliers de "mercenaires" transférés de Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a estimé de son côté que la Turquie avait transféré du territoire syrien plus de 300 combattants vers le Nagorny Karabakh.

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a rejeté ces accusations, affirmant à l'inverse que "des mercenaires ethniquement arméniens" du Moyen-Orient combattaient côté séparatiste.

«Aucune ingérence n'est acceptable» dans ce conflit dont l'escalade est «très préoccupante», a déclaré pour sa part un porte-parole de la diplomatie européenne.

Depuis dimanche, le ministère de la Défense du Nagorny Karabakh a reconnu la mort de 58 militaires, dont 27 lundi, et de deux civils.

L'Azerbaïdjan n'a diffusé aucun bilan de son armée, faisant état de sept civils tués.

Bilan réel plus lourd

Le bilan réel pourrait être bien plus lourd, les deux camps affirmant chacun avoir tué des centaines de militaires de la partie adverse.

Les autorités du Nagorny Karabakh ont diffusé des vidéos de corps d'hommes en uniforme, le visage flouté, présentés comme des soldats azerbaïdjanais tués au combat.

https://twitter.com/KarabakhRecords/status/1310304330851979264

Sur le terrain, la situation était floue, les autorités du Nagorny Karabakh disant lundi avoir regagné des positions perdues la veille, quand l'Azerbaïdjan disait avoir encore progressé, utilisant «roquettes, artillerie et aviation».

Ce pays du Caucase a dépensé sans compter en armement ces dernières années grâce à sa manne pétrolière.

Le général azerbaïdjanais Maïs Barkhoudarov a proclamé que ses troupes étaient «prêtes à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang pour anéantir l'ennemi».

Après des semaines de rhétorique guerrière, l'Azerbaïdjan a affirmé avoir déclenché dimanche une «contre-offensive» à la suite d'une «agression» arménienne, parlant de tirs d'artillerie, d'envoi de blindés et de bombardements aériens sur la province sécessionniste.

Ferveur patriotique

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé en retour l'Azerbaïdjan d'avoir «déclaré la guerre au peuple arménien».

Les combats ont alimenté une ferveur patriotique dans les deux pays.

«Les affrontements doivent continuer (...) je suis prêt à aller au champ de bataille», lance Vidadi Alekperov, un garçon de café de 39 ans à Bakou.

«Nous allons nous battre jusqu'à la mort et régler le problème une fois pour toutes», proclame à l'inverse Artak Bagdassarian, un habitant d'Erevan de 36 ans, qui attend sa conscription militaire.

La Russie, la France et les Etats-Unis - les trois médiateurs du conflit au sein du Groupe de Minsk - ont appelé sans succès à un cessez-le-feu et à des négociations.

Moscou entretient de bonnes relations avec les deux belligérants et se veut le grand arbitre régional.

La Russie reste cependant plus proche de l'Arménie, qui appartient à une alliance militaire dominée par Moscou.

Tous les efforts de médiation depuis près de 30 ans ont échoué à régler ce conflit et des flambées de violence interviennent régulièrement au Nagorny Karabakh.

En juillet 2020, Arméniens et Azerbaïdjanais se sont affrontés pendant plusieurs jours à leur frontière nord, témoignant de tensions grandissantes.

Les deux Etats ont décrété la loi martiale dimanche et l'Arménie a décrété la mobilisation générale. L'Azerbaïdjan impose un couvre-feu dans une partie du pays, notamment sa capitale.

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