Aujourd’hui: 30 mai 2023
Le gouvernement jordanien a organisé une conférence de presse à Amman, vingt-quatre heures après l’opération sécuritaire menée sur le territoire du Royaume Hachémite qui s’est soldée par l’arrestation de seize personnes en plus de deux membres de la famille royale, le demi-frère du roi Abdallah II et ancien prince héritier, Hamza ben Hussein et son cousin par alliance, Charif Hassan ben Zaid.
C’est le ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre jordanien Ayman Al-Safadi qui a été désigné pour mettre fin à la cacophonie qui a secoué toute la région suite aux rumeurs de coup d’Etat contre le Roi Abdallah II.
#Jordan's Deputy PM Ayman Safadi says that former Crown #PrinceHamza liaised with foreign parties over a plot to destabilize the country and had been under investigation for some time.https://t.co/AGyVQvrIw0 pic.twitter.com/K73ZBGyyoK
— Al Arabiya English (@AlArabiya_Eng) April 4, 2021
Les deux vidéos publiées dans la soirée du samedi par le principal protagoniste dans cette affaire, l’ancien prince héritier, Hamza ben Hussein, dénonçant la corruption et la mauvaise gestion du pays et réfutant toute tentative de déstabilisation du Royaume, ont compliqué davantage la lecture de la situation politique et sécuritaire du pays.
Ce que nous devons retenir de la version officielle de la Jordanie :
La situation aujourd’hui en Jordanie et la suivante :
في إطار موجة التضامن والتأييد الإقليمية والدولية.. العاهل المغربي يعبر عن تضامنه مع #الأردن ودعمه الكامل لكل قرارات عاهل البلاد#المغرب #عينك_على_العالمhttps://t.co/mbKZsTvSWf
— العين الإخبارية (@AlAinNews) April 4, 2021
ملك المغرب وأمير قطر يهاتفان عاهل الأردن.. أكدا دعمهما له https://t.co/lsSgiCNQzx
— عربي21 (@Arabi21News) April 4, 2021
ملك المغرب الملك محمد السادس كان اول المتصلين بدعم ملك الاردن حيث انهما ابناء عمومه ، وكلا الملكين كان له موقف مشرف في حصار قطر pic.twitter.com/c4MVSlvB2q
— سعود (@_855846566438) April 4, 2021
Des médias israéliens avaient été les premiers a parlé d’un coup d’Etat avorté en Jordanie. Sur les réseaux sociaux, le disruptif influenceur israélien Edy Cohen, qui ne porte pas particulièrement le Roi Abdallah II dans son cœur, a influencé une grande partie des conversations en accentuant ses critiques envers le monarque.
تفضلوا يا عرب…شوفوا التغريدة وتاريخها.
— إيدي كوهين אדי כהן 🇮🇱 (@EdyCohen) April 3, 2021
افهموها يا عرب. المعلومات مش مني المعلومات تصلني من وكالات استخباراتية غربية.
افهموها خلص.
لا تكذبوني!!
عند كوهين الخبر اليقين https://t.co/Qc9LIaeekP
محاولة انقلاب مدبره حصلت في الاردن بسبب الفساد والاهمال والتقصير هكذا صرحت على قناة 20 قناة الكنيست الاسرائيلي https://t.co/kvNfSAyHuL
— إيدي كوهين אדי כהן 🇮🇱 (@EdyCohen) April 4, 2021
Avant la conférence de presse tenue par Ayman Al-Safadi, l’opinion publique arabe qui s’est exprimée sur l’ensemble des réseaux, Twitter, YouTube ou Facebook, s’orientait vers une théorie complotiste qui voyait la main invisible des Emirats arabes unis et de l’Arabie Saoudite. Une théorie qui se base sur la proximité de l’état-major du complot mené par le prince Hamza, à savoir Charif Hassan bin Zaid et Bassem Awadallah avec l’entourage de MBS et MBZ.
Il est donc important d’en savoir un peu plus des deux acolytes du prince qui convoite le trône du Roi Abdallah II.
Sharif Hassan bin Zaid est l’un des «chorfas» de Hachémites. Descendant de la famille royale, Il est le fils de Sharif Hasan Ibn Zayd Al Nasser et réside en Arabie Saoudite dont il détient la nationalité en plus de sa nationalité jordanienne.
Charif Hassan occupait auparavant le poste d’envoyé du roi Abdallah II en Arabie saoudite.
Il est également le frère du capitaine Sharif Ali bin Zaid, tué en 2010 alors qu’il participait aux missions des forces armées jordaniennes en Afghanistan.
Bassem Awadallah, formé aux États-Unis, confident de longue date du roi, était un acteur clé dans l’élaboration de la politique économique du pays et a été chef de la Cour royale hachémite jusqu’à sa démission en 2008.
Banquier d’investissement de profession, il était considéré comme un économiste compétent, qui a accédé au poste de conseiller économique du Premier ministre dans les années 1990, après avoir obtenu un doctorat de la London School of Economics.
Il briguera rapidement des postes clés au sien du gouvernement jordanien, notamment celui de ministre du Plan et de la Coopération internationale en 2001 et celui de ministre des Finances en 2005, avant d’assumer des fonctions consultatives auprès de la cour royale.
Partisan des réformes économiques, Awadallah a longtemps été confronté à la résistance farouche d’une vieille garde et d’une bureaucratie enracinée qui a prospéré pendant des années grâce aux avantages du gouvernement.
Bassem Awadallah est également membre du conseil d’administration d’un certain nombre de sociétés ayant pignon sur rue aux Émirats arabes unis, au Bahreïn, en plus d’être le PDG de Tomoh Advisory, un cabinet conseil en finance et en stratégie basé à Dubaï. Ces dernières années, Awadallah est devenu un conseiller personnel du prince héritier saoudien Mohammad ben Salman.
Sur les réseaux sociaux de vieilles vidéos et de liens d’articles ont resurgis ces dernières vingt quatre heures dans lesquels Bassem Awadallah a été accusé d’avoir adopté des politiques financières qui ont nui à l’économie jordanienne au cours des 20 dernières années, y compris la privatisation d’un certain nombre d’entreprises publiques.
De plus, une vidéo est devenue virale depuis samedi du journaliste jordanien Nahed Hattar, assassiné en 2016, dans laquelle il accusait Awadallah d’être corrompu et d’être un agent d’Israël en Jordanie.
Les relations tendues entre Netanyahu et Abdallah II on éclaté au grand jour, quand le roi Hachémite a fait capoter LA visite historique sur laquelle comptait fortement le premier israélien pour sceller le résultat des quatrième élections législatives d’Israël. Après tous les efforts consentis et les risques pris par Bibi, quoique plus juste que de se prendre en photo aux cotés de MBZ brandissant aux israéliens le chèque de 10 milliards de dollars d’investissement émirati dans l’économie de l’Etat hébreux. C’était sans compter sur le volteface du Roi Abdallah II.
En effet, au moment du décollage du jet privé appartenant au «pote à Bibi», le milliardaire Udi Angel, les autorités jordaniennes lui refusent l’autorisation de survol de l’espace aérien du royaume hachémite. Un épisode qui suscité un tollé en Israël accusant le candidat Netanyahu de dilapider les succès géopolitiques des accords d’Abraham et d’utiliser le chef du Mossad sortant, Yossi Cohen, dépêché secrètement à Abu Dhabi pour organiser la rencontre, sans en informer le marocain Meir Ben-Shabbat, pour relancer sa campagne électorale.
Suite à cet incident diplomatique, la presse jordanienne se félicite ouvertement que le pays lui ait mis des bâtons dans les roues.
Dans la tête de Netanyahu, le Roi Abdallah II serait en partie responsable des difficultés dont il fait face aujourd’hui Netanyahu à former un gouvernement.
D’ailleurs, les israéliens se seraient impliqués dans cette affaire. En effet, selon les révélations du site jordanien d’intelligence Ammon de ce dimanche, un agent des renseignements israélien portant le nom de Roy Shaposhnik aurait proposé à l’épouse du prince Hamzah ben Hussein de l’exfiltrer de Jordanie vers Israël par voie aérienne.
Ce prétend agent aurait pris contact avec Princess Basmah Bani Ahmad, seconde épouse du Prince Hamza et lui aurait proposé de l’évacuer elle, ses enfant et son mari. L’information a été donnée au journal par une source jordanienne de haut rang.
Le même site web d’information, Ammon, citant un ancien Chef de cabinet royal jordanien, Jawad Anani, pointe du doigt Israël l’accusant d’être derrière le groupe Hamza ben Hussein.
Un évènement majeur s’est produit ces dernières semaines en Jordanie et qui a soulevé des controverses dans le pays ce début de mois d’avril.
Le gouvernement jordanien a court-circuité le Parlement et approuvé un accord controversé signé entre la Jordanie et les États-Unis qui réglemente le statut des forces américaines présentes dans le royaume Hachémite.
En effet, le 31 janvier, la Jordanie et les États-Unis ont signé un accord de coopération en matière de défense. Il a été approuvé par le gouvernement jordanien le 17 février puis par un décret royal publié le 16 mars au Journal officiel, avec effet immédiat, sans être présenté au parlement ou à l’Assemblée nationale, qui est composée de la Chambre des représentants et le Sénat.
Les Jordaniens ont été choqués qu’un tel accord ait été approuvé quelques jours seulement après que le département d’État américain et l’ambassade américaine en Jordanie aient émis une alerte de niveau 3 le 10 mars, mettant en garde les citoyens américains contre les déplacements dans plusieurs endroits du royaume en raison du COVID-19. pandémie et les dangers de ce qu’elle a appelé «terrorisme et crime».
«L’accord vise à encadrer la coopération dans le domaine de la défense et à renforcer le soutien des Etats-Unis aux programmes de défense et à la sécurité et la stabilité du royaume grâce à l’obtention de formations et d’équipements militaires», avait déclaré à l’AFP le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi. Ce dernier a révélé également que les Etats-Unis fournissaient une aide militaire annuelle de 425 millions de dollars au royaume.
Les termes de l’accord publiés sur le site d’information jordanien Ammon, stipulent que «les forces américaines peuvent posséder et circuler avec des armes sur le territoire jordanien dans l’exercice de leurs fonctions».
L’accord précise que «les forces et le personnel américains, ainsi que leurs avions et navires sont autorisés à entrer et sortir librement sur le territoire jordanien et transporter et stocker leur équipement et matériel de défense».
Jordan released a new defense agreement on Sunday with the United States that allows free entry for US forces, aircraft and vehicles. https://t.co/g6i3XyzQlw
— Algemeiner (@Algemeiner) March 24, 2021
Critics of the recent US-Jordan defense agreement say that it violates Jordanian sovereignty and the country's constitution https://t.co/NIBzpN4Cei
— Al-Monitor (@AlMonitor) April 2, 2021
Clé de voute de la sécurité dans la région, la Jordanie sera-t-elle la clé de la nouvelle stratégie de Biden pour le Moyen-Orient.
Si on compile les éléments que nous avons à date d’aujourd’hui à savoir 1) distance assumée de Biden vis-vis Netanyahu et MBS; 2) nouveau pacte militaire avec la Jordanie; 3) Durcissement du langage avec la Russie; 4) Dialogue avec l’Iran, l’équipe diplomatique et de renseignement de Biden semble vouloir rebalancer les équilibres de force pour pouvoir négocier à armes égales avec l’écosystème Trump enraciné dans la région.
Il est possible que Biden ait remercié le Roi Abdallah II d’avoir assurer le passage en force au Parlement de la nouvelle loi favorisant la liberté de mouvement des forces américaines, en lui livrant sur un plateau d’or, son demi-frère qui aurait très probablement confié à Washington ses visées sur le trône de la Jordanie.
D’une pierre milles coups, Abdallah II s’est débarrassé également des deux personnalités devenues trop proches des régimes saoudien et émirati et qui pourraient se proposer comme alternative à une succession du pourvoir. Surtout que la Jordanie passe depuis 10 ans par des une multitudes de crises qui fragilisent mois après mois la position du Roi Abdallah II. De la crise syrienne, passant par le boycott du Qatar, l’impact des Accords d’Abraham sur les communautés palestiniennes et la terrible crise économique due au Covid.
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.