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Ayatollah Khomeiny

Maroc-Iran : La nouvelle lune de miel

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En l’espace de dix jours, le roi Mohammed VI a envoyé deux messages au président iranien Hassan Rouhani. Le 11 février, une missive l’occasion de la fête nationale de la république islamique d’Iran qui célèbre la chute du régime des Pahlavi et l’avènement de celui des Mollahs; et le 20 février un télégramme de condoléances suite au crash d’un avion de ligne iranien au sud de la province d’Ispahan, causant la mort de tous ses passagers.

Au-delà des formules d’usage de félicitations et des voeux sincères de bonheur au président Rouhani et de davantage de progrès et de prospérité au peuple iranien «frère» ou de «grande affliction» suite au crash de l’aéronef qui effectuait une liaison domestique, le souverain a surtout réaffirmé sa détermination et celle du Maroc à continuer à œuvrer de concert avec le président iranien pour donner une nouvelle impulsion aux relations de coopération existant entre les deux pays, au service des intérêts des deux peuples frères.

Déjà, en juin 2017, le roi Mohammed VI avait adressé un message de condoléances et de compassion au président iranien Hassan Rouhani, suite aux attaques criminelles ayant ciblé le Parlement iranien et le mausolée de l’ayatollah Khomeiny, faisant plusieurs victimes. Le Souverain y avait vigoureusement dénoncé ces actes terroristes ignobles, qui ne respectent pas la sacralité du mois béni du Ramadan, réaffirmant au président iranien la condamnation du Royaume du Maroc du terrorisme odieux qui est aux antipodes des valeurs et principes de l’islam tolérant.

Ce rapprochement, toujours timide il est vrai, est une expression claire de la volonté des deux pays de diluer définitivement le profond différend qui avait longtemps entaché les relations entre Rabat et Téhéran. Le Maroc, qui dénonçait l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures du pays par des activités de prosélytisme chiite, avait rompu en 2009 ses relations diplomatiques avec la république islamique en solidarité avec le Bahreïn que certains officiels à Téhéran considéraient comme «la quatorzième province iranienne.» Sans oublier le rôle de l’Arabie saoudite qui, selon des câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks, avait fait pression sur le Maroc dans sa stratégie globale d’opposition à l’influence iranienne.

Sept ans après, et plus exactement en octobre 2016, les deux pays ont décidé de rétablir leurs ambassades, le Maroc ayant choisi de désigner Hassan Hami à la tête de la mission diplomatique du royaume à Téhéran.

Cette normalisation a été précédée par des contacts de haut niveau entre les deux parties. Le premier de ceux-là fut la rencontre qui a réuni, au mois de février 2014, à Tunis, le prince Moulay Rachid et Ali Larijani, conseiller du Guide de la Révolution, Ali Khamenei, et président du parlement iranien. Rencontre qui a eu lieu en marge de la cérémonie de la présentation de la première Constitution tunisienne post-révolution. Le second contact de haut niveau avant la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays s’est déroulé en avril 2016 quand Amir Abdellahyane, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a effectué une visite officielle Maroc, où il a eu des entretiens avec plusieurs responsables gouvernementaux.

Il y a 39 ans, le Shah d’Iran quittait son pays

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Au déclenchement de la Révolution iranienne, une forte opposition s’est organisée dans le pays. Une opposition frontale au Shah d’Iran. Menée au tout début par un front laïque et démocratique, sous l’égide de notables et d’intellectuels libéraux urbains, de l’extrême gauche urbaine et du parti communiste iranien, rapidement des étudiants religieux suivis des dignitaires de la ville de Qom prennent le dessus et récupèrent la contestation sociale.

Croyant jusqu’au bout au soutien inconditionnel des Etats-Unis d’Amérique, notamment suite aux assurances expresses de Zbigniew Brzezinski, puissant Conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, le Shah d’Iran mate dans le sang la révolte populaire en donnant carte blanche au Savak, ses services de renseignement intérieur, pour réprimer violemment la contestation de son peuple. L’empereur ignorait qu’il signait par là la fin de son règne.

La position géostratégique majeure et sensible de l’Iran faisait de ce pays un acteur central de la politique des Etats-Unis dans la région. Sauf ce que semblait oublier le Shah d’Iran c’est que c’est son pays qui était important aux yeux de Washington et non son régime.

La fronde allant crescendo, et malgré l’introduction de la loi martiale signée par l’empereur lui-même permettant aux militaires d’utiliser les armes lourdes, les manifestants ne se comptent plus en dizaines ou centaines de milliers, mais sont désormais des millions dans la rue.

Si le Savak n’hésitait pas à répondre aveuglément aux ordres du Shah faisant des milliers de victimes, des dissensions commençaient à apparaître au sein de l’armée. C’est à ce moment-là que les capitales étrangères, occidentales notamment, décidaient de prendre du recul par rapport à un régime en place de plus en plus fragile et discrédité.

Entre-temps, la France préparait une alternative au régime des Pahlavi. Depuis plusieurs mois, Paris accueillait et encadrait l’Ayatollah Khomeiny en tant que pièce de rechange à une monarchie iranienne qui vivait ses dernières heures.

Le 16 janvier 1979, le Shah d’Iran accompagné de son épouse l’impératrice Farah Diba, se voit contraint de quitter le pouvoir et le pays. Egypte, Maroc, Etats-Unis, Bahamas, Panama, Mexique, il se cherche un lieu d’exil où finir ses jours en paix. Hospitalisé au Texas pour un cancer, le Shah d’Iran fait face à distance, et dans le désespoir, à une énième fronde de son peuple. En effet, à cause de sa présence en territoire américain, l’ambassade américaine de Téhéran est assaillie et son personnel pris en otage. Le nouveau pouvoir en place en Iran, qui désire juger Reza Pahlavi, réclame son extradition. Le Shah est contraint de quitter les Etats-Unis. Le président égyptien, Anouar Sadate, dans un élan humanitaire sans précédent, reçoit de nouveau l’empereur déchu en Egypte. Il y mourra quelque temps après, sans jamais avoir remis les pieds sur sa terre natale.

Mohammed VI adresse un message de condoléances au Président iranien Rohani

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances et de compassion au président de la République islamique d’Iran, Hassan Rohani, suite aux attaques criminelles ayant ciblé le Parlement iranien et le mausolée de l’ayatollah Khomeiny, faisant plusieurs victimes.

Dans ce message, Mohammed VI exprime au président Rohani et à travers lui au peuple iranien frère, Ses vives condoléances et Ses sincères sentiments de compassion et de solidarité en cette douloureuse circonstance.

Le Souverain dénonce vigoureusement ces actes terroristes ignobles, qui ne respectent pas la sacralité du Mois béni du Ramadan, réaffirmant au président iranien la condamnation du Royaume du Maroc du terrorisme odieux qui est aux antipodes des valeurs et principes de l’islam tolérant.

Le Roi Mohammed VI exprime à Hassan Rohani et aux membres des familles éplorées Ses vives condoléances, implorant le Tout-Puissant en ce mois béni de Ramadan d’avoir les innocentes victimes en sa Sainte miséricorde et souhaitant prompt rétablissement aux blessés.

LE1 avec MAP