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Shin Bet

Soupçons d’espionnage : rude épreuve pour les relations israélo-chinoises

La radio de l’armée israélienne a rapporté ce mardi matin qu’un contrôle de sécurité de routine a révélé que l’un des nombreux mugs thermiques offerts par l’ambassade de Chine aux membres du gouvernement israélien contenait un composant suspecté d’être un dispositif d’espionnage. La nouvelle s’est répandue « comme un feu de paille » sous les yeux de l’ambassade de Chine inaudible, avant que le Shin Bet mette fin à cette crise en publiant le résultat de l’analyse des mugs incriminés, écartant la présence d’un dispositif d’écoute. 

L’ambassade chinoise à Tel-Aviv a passé ça pire matinée de son histoire après les accusations de tentative d’espionnage contre le gouvernement israélien dont elle a fait l’objet. Surtout que l’alerte a été lancée par la radio de l’armée israélienne Galeï Tsahal, puis relayée par l’ensemble de la presse israélienne et internationale.

Les accusations sérieuses de l’armée israélienne ont fait état de la découverte d’un composant métallique qui ressemble à un dispositif miniature d’écoute dans un mug offert par l’ambassade chinoise à la ministre des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation Orit Farkash Hacohen. Une photo de l’objet incriminé a même été publié sur les réseaux sociaux de la radio de Tsahal.

Le bout du mug soupçonné d’avoir un dispositif d’écoute intégré

Le gouvernement a pris très au sérieux ces soupçons d’espionnage et a demandé à tous ses ministres de ne pas réceptionner, ni ouvrir le cadeaux des chinois.

Selon la correspondante diplomatique de la radio de l’armée, Moriah Asraf-Walberg, le Shin Bet (Agence de sécurité israélienne) a immédiatement lancé une enquête sur cette affaire surtout après la découverte d’un dispositif similaire dans un autre mug destiné au ministre des Transports.

En outre, il a été demandé à tous les départements gouvernementaux israéliens d’être extrêmement prudents lorsqu’ils reçoivent des cadeaux d’entités étrangères, car «ils peuvent contenir des dispositifs d’écoute ou des caméras».

«Certains bureaux de ministres ont été informés ce matin qu’ils devaient recevoir un cadeau de l’ambassade de Chine et ont reçu l’ordre de ne pas le réceptionner mais de le transférer à la Knesset. Le bureau du Premier ministre a également précisé les procédures de réception des cadeaux» a alerté Galeï Tsahal dans un tweet publié tôt ce matin.

Quatre longues heures d’attente avant le verdict du Shin Bet

Il a fallu attendre pas moins de quatre heures avant que les résultats de l’analyse technique du Shin Bet soient dévoilés. Un intervalle suffisamment long pour mettre à rude épreuve les relations israélo-chinoises et ébranler le capital confiance entre les deux États. 

C’est la Société de radiodiffusion publique israélienne, KAN, qui publie en premier le rapport des renseignements qui affirme «qu’aucun dispositif d’écoute n’était enfoui dans le verre thermique envoyé en cadeau par l’ambassade de Chine au bureau de la ministre de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie Orit Farkash-HaCohen».

Les experts techniques qui ont examiné le mug ont conclut que le composant suspect était destiné à «maintenir le vide dans les parois du verre et la température du liquide qu’il contient», précise le Shin Bet.

Peu avant la publication de ce rapport, l’ambassade de Chine en Israël a publié un communiqué rejetant les accusation d’espionnage. «Les rumeurs sans fondement visent à creuser un fossé entre la Chine et Israël, à ternir l’image de la Chine et à tromper le public», a déclaré l’ambassade de Chine.

D’après la chaine publique israélienne, l’incident a suscité une tension telle entre les deux pays que la Chine a exigé des clarifications officielles et publiques de la part d’Israël. C’est pourquoi, de manière inhabituelle, le Shin Bet a publié un communiqué officiel sur les conclusion de son enquête.

Nouvelles technologies et les transports israéliens, cibles stratégiques de la Chine

Toute la communication des médias israéliens s’est focalisée sur les deux premières supposés  cibles de la tentative d’espionnage, à savoir le ministère des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation et celui des Transports. Deux départements qui intéressent particulièrement la Chine dans sa guerre économique avec les États-unis. 

Orit Farkash-Hacohen, ministre de la Science, de la Technologie et de l’Espace.

En effet, Tel Aviv et Pékin ont vu leurs relations se réchauffer et la Chine s’intéresser de plus en plus aux innovations israéliennes, notamment dans les domaines de la technologie médicale, de la robotique, de la technologie alimentaire et de l’intelligence artificielle.

Le 24 janvier dernier, Israël et la Chine ont tenu le 5ème comité conjoint sur la coopération en matière d’innovation, dirigé par le ministre des affaires étrangères Yair Lapid et le vice-président chinois Wang Qishan. Le comité a convenu d’un plan triennal visant à réglementer la coopération et le dialogue entre les gouvernements des deux pays jusqu’en 2024.

Les données publiées par le Bureau national des statistiques israélien en janvier indiquaient qu’en 2021, la Chine est devenu la première source d’importations d’Israël, dépassant même les États-Unis.

Par ailleurs, tout en renforçant progressivement ses liens avec Pékin, le gouvernement israélien a également informé l’administration Biden qu’il tiendrait la Maison Blanche informée des accords importants conclus avec la Chine et qu’il était prêt à réexaminer ces accords si les États-Unis, l’allié le plus proche d’Israël, s’y opposaient.

Fébrilité  israélienne ou un coup des renseignements ? 

En février dernier, l’INSS, premier Think tank  en Israël et au Moyen-Orient, qui compte dans son conseil d’administration, entre autres Tzipi Livni et Meir Ben-Shabbat, a publié un rapport sur les risques de l’espionnage militaro-industrielle de la Chine. Une étude qui recommande au gouvernement Israélien de réduire le niveau d’exposition des cibles en Israël et d’entreprendre une première étape essentielle pour faire face à ce défi : «accroître la sensibilisation au risque d’espionnage et à ses implications».

L’incident des cadeaux de l’ambassade chinoise et des mugs thermiques, semble s’inscrire dans cet optique de sensibilisation des acteurs gouvernementaux contre les risques d’espionnage. Désormais, tout responsable israélien est amené à réfléchir à deux fois avant l’utilisation d’un cadeau d’un pays étranger.

Par ailleurs, des interrogation subsistent. Comment expliquer cette communication de l’armée israélienne créant un incident diplomatique avant même de s’assurer de l’existence d’un dispositif d’écoute dans les mugs chinois ?

Serait-ce une hyper-fébrillté du gouvernement israélien avec l’accumulation des menaces internes  et externes, notamment la perte de la majorité à la Knesset, la reprise des violences avec les palestiniens où bien le grand écart diplomatique dans le conflit ukrainien ?

Ce qui est sur, après neuf mois seulement de répit, Israël s’est engagé dans un vortex d’instabilité irradiant la tension en Europe et au Moyen-Orient. 

Manifestants palestiniens, le Hezbollah, le Jihad islamique: le bac à sable d’Israël pour son industrie de drones

«Vous faisiez quoi avant les drones? J’étais dans l’armée ! Et vous ? Dans le renseignement». Face à la concurrence de la Chine et des Etats-Unis, Israël profite de l’expérience de ses militaires aux frontières pour s’imposer comme une superpuissance des appareils pilotés à distance.

Un drone pulvérise des gaz lacrymogènes sur des manifestants palestiniens, un autre scrute les positions du Hezbollah au Liban, un troisième foudroie des sites du Jihad islamique dans la bande de Gaza : en Israël, les drones sont un outil quotidien de la gestion militaire des frontières.

Cette industrie stratégique est tenue par des anciens de l’armée et des services de sécurité, devenus PDGs, fondateurs, ingénieurs et membres des conseils d’administration des plus de 50 start-up locales du secteur.

Dès 1969, l’armée israélienne utilisait un modèle réduit d’avion télécommandé muni d’une caméra, pour espionner l’Egypte voisine, avant de lancer un vaste programme pendant la guerre du Liban.

Aujourd’hui, Israël survole le marché mondial du drone, face toutefois à la concurrence croissante de la Chine et des Etats-Unis. Le petit pays joue son «avantage» : des ennemis à ses frontières et donc un bac à sable pour tester et développer sa technologie télécommandée.

Ronen Nadir était ainsi commandant, en charge notamment du développement de missiles au sein de l’armée israélienne. Lancée au début des années 2000, sa start-up, BlueBird Aero Systems, vend aujourd’hui des drones de combat à travers le monde.

Elle se targue d’être à l’avant-garde du « V-Tol », petits drones à décollage et atterrissage verticaux, comme les hélicoptères, et dotés d’ailes pour la vitesse.

Ils peuvent ainsi décoller ou atterrir en ville, dans une jungle, ou sur le pont d’un bateau.

«De la première idée, un croquis sur un bout de papier, à la présentation devant un client, il ne s’est écoulé que quatre mois et demi», explique-t-il à l’AFP. «Nous avons commencé le développement en octobre 2018 et nous en avons déjà vendu des centaines».

Tout le monde dans l’industrie des drones est un ex-soldat ou officier de l’armée

«Lorsqu’une entreprise américaine développe un mini-drone, ce système est utilisé en Irak ou en Afghanistan. Du développement de l’appareil à son utilisation en zone de conflit, vous devez compter quelques années», dit Ronen Nadir.

«En Israël, tout le monde (dans l’industrie) est un ex-soldat ou officier de l’armée, et les ingénieurs qui créent ces systèmes sont eux-mêmes réservistes. Ils reviennent donc au bureau avec des données fraîches, ce qui réduit le cycle de développement».

Une étude, citée par les autorités locales, place Israël comme premier exportateur de drones. Mais ses données remontent à 2013.

Récemment, les Etats-Unis ont devancé leur allié israélien en exportant leur Global Hawk, un drone à haute performance et plus onéreux, et des Prédateurs, vendus notamment sur le marché européen.

Pourtant, face aussi à la concurrence de la Chine qui vend à «des pays auxquels Israël ne vendrait pas», l’Etat hébreu «reste certainement dans le top-3, voire le top-2» mondial, souligne Philip Finnegan, chef des analyses de marché à la firme américaine Teal Group.

Le classement des entreprises israéliennes sur ce marché est difficile car «elles sont très secrètes sur ce qu’elles vendent et à qui, comme le sont d’ailleurs les Chinois», dit-il à l’AFP.

Des bombes aux récoltes

Récemment, lors d’une conférence sur les drones israéliens à Airport City, zone industrielle près de l’aéroport de Tel-Aviv, un invité généralement discret s’est faufilé entre les kiosques, aimantant les caméras: Nadav Argaman, chef du Shin Bet, les services de renseignement intérieur.

Son message était clair: «nous achetons avant tout des technologies israéliennes».

«Nous devons toujours être en avance (sur nos ennemis) pour rester en vie», note Zohar Dvir, ancien N. 2 de la police – qui a servi d’inspiration selon la presse locale au super flic israélien incarné par Adam Sandler dans «You don’t mess with the Zohan».

Il est aujourd’hui au conseil d’administration de la start-up «Gold drone», spécialisée entre autres dans les drones agricoles… Car plusieurs entreprises transfèrent désormais dans le civil leur expérience militaire.

Le marché mondial du drone avoisine actuellement 12 milliards de dollars, mais devrait atteindre 25 milliards en 2029, selon la firme Teal, pour qui les appareils à usage civil dépasseront alors ceux à vocation militaire.

«Les meilleures opportunités sont dans le secteur agricole (…) : collecter des données dans les champs, pulvériser des pesticides, polliniser, voire récolter», note Ben Alfi, ancien de l’aviation israélienne aujourd’hui PDG de la société BWR Robotics, spécialisée dans les drones agricoles.

«Lorsqu’il s’agit de systèmes d’ingénierie efficaces… Israël est au top», dit-il à l’AFP, notant avec ironie que le pays n’a pas eu le même succès dans l’automobile: «La dernière voiture que nous avons tenté de construire il y 40 ans était en fibre de verre et a été mangée par un chameau».

Israël accuse un ancien ministre d’espionnage au profit de l’Iran

Un ancien ministre israélien, Gonen Segev, a été officiellement accusé d’espionnage au profit de l’Iran, rapportent ce lundi après-midi des médias israéliens.

Déjà inculpé et condamné pour trafic de drogue en 2006, il vivait en Guinée depuis sa sortie de prison. Il a été extradé ce lundi depuis son lieu d’exil.

Accusé par le service de sécurité intérieure le Shin Bet d’avoir espionné au profit de Téhéran, l’ancien ministre aurait été en contact depuis 2012 avec les services du renseignement iranien qu’il rencontrait régulièrement au Nigéria et en Iran.

Gonen Segev à l’extérieur de la Knesset le 15 mars 1993.

Le Shin Bet affirme que l’ex-ministre déchu avait livré aux iraniens entre autres des informations relatives au secteur de l’énergie et les emplacements des sites de haute sécurité.

Son arrestation est intervenue au mois de mai dernier lors de son voyage du Nigéria à la Guinée équatoriale où il a été arrêté par la police de ce pays avant de le livrer à Tel-Aviv.