fbpx

Mostafa Terrab, l’alchimiste d’un Maroc allégorique

Partager

Mostafa Terrab, l’alchimiste de la pierre phosphatée, rêve de sa cité idéale, d’un Maroc idéal. En 13 années à la tête du premier producteur des phosphates au monde, Terrab bâtira un laboratoire à ciel ouvert, une forteresse Alamut bis, où tout est réalisable, où rien n’est impossible. Une stratégie d’éprouvettes qui va nous rappeler chaque jour la faillite de nos politiques publiques. Il va ainsi faire émerger au milieu de nul part, un paradis du savoir: 1)  Le Lydex, un lycée d’excellence et des classes préparatoires, encore meilleur que dans les souvenirs du brillant taupin Mostafa du Lycée Lyautey, 15 élèves en X et 12 en ULM, en 2018, tous issus de milieux défavorisés 2) UM6P,  une Poudlard University, un mix entre X et MIT qui a surgit en plein désert de Benguerir 3) Le 1337, un paradis pour codeurs informatiques au fin fond de la ville dortoir de Khouribga. Terrab va nous démontrer également comment réussir un centre de réflexion et lancera l’OCP Policy Center, devenu Policy Center of the New South. Il se lancera également dans un projet de cité verte à El Jadida et last but not least, il projète de s’investir dans une Press Academy, qui sera pilotée par une poignée de plumes marocaines, mises hors circuit par le «chouftvisme». 

Alors que les questions sur la rationalisation des richesses et sur le modèle de développement ont été posées par le plus haut sommet de l’Etat, Il est temps pour que le fils prodige de la nation, sorte de son mutisme et présente au contribuable marocain le bilan de ces longues années de recherche.

En effet, devant autant de réussites en laboratoire, Mostafa Terrab est dans le devoir de nous présenter son programme, sa vision, son business plan, ses réussites, ses échecs et son agenda politique. Car, entre la médiocrité du PJDisme, le népotisme du RNIsme, le peuple marocain pourrait, pourquoi pas, choisir l’Utopisme du Terrabisme.

Nostalgique de l’époque du Journal hebdomadaire où il était chargé de mission au cabinet royal, Mostafa Terrab, s’investit dans le marché de la liberté d’expression. Il a ouvert les portes du premier producteur des phosphates au Monde à trois journalistes respectés par la profession, Souleimane Bencheikh Latmani, Aicha Akalay et Nadia Lamlili. Des recrutements qui ont posé plusieurs interrogations, surtout que Terrab en 13 ans, n’a jamais réussi à stabiliser la fonction de communication du groupe qu’il dirige. 

Les spéculations sur ces recrutements atypiques se sont emballées surtout après l’annonce de l’embauche de la belle fille du milliardaire Karim Tazi et ancienne Rédactrice en chef de TelQuel:

  1. Népotisme, à l’image d’un certain nombre des membres du cabinet du président, réputés être trop peu occupés ?
  2. Une énième expérience pour la mise en place d’une stratégie de communication pérenne ?
  3. Une politique de défense pour préserver l’image de l’office et de son président en ces temps troubles ?
  4. Agenda politique caché de Mostafa Terrab ?
  5. Préparation des festivités du centenaire de l’OCP? 

L’information publiée jeudi par nos confrères de Maghreb Intelligence, met fin temporairement à ces rumeurs. On y apprend, en effet, que Mostafa Terrab compte lancer une académie de journalisme!

Journal Hebdomadaire Bis ?

Peu de personnes savent que l’actuel président de l’OCP avait participé activement à la création du Journal hebdomadaire aux côtés d’André Azoulay. Une expérience plutôt réussie car elle a marqué pour longtemps le paysage médiatique marocain.

Le projet d’académie de journalisme, révélé par Maghreb Intelligence, pourrait bien s’inscrire également dans la stratégie du laboratoire de Mostafa Terrab. Après le lycée et l’université, il nous démontrera que produire des journalistes professionnels est une affaire simple et scientifique.

Cependant en tant qu’acteur économique majeur du pays, Mostafa Terrab aurait intérêt à créer un contre-poids médiatique au sein de la presse privée marocaine, dominée par le duo Aziz Akhannouch et Mohammed Khabachi. Le rachat par Akhannouch de la très sérieuse école de journalisme, fondée par le groupe éco-média et la main mise de Khabachi sur deux médias francophones majeurs, auraient motivé également la décision de créer cette académie de journalisme by OCP.

Mostafa Terrab, côté cour

Après 13 ans à la tête de l’OCP, il est tout à fait naturel de se poser la question sur la succession de Mostafa Terrab. Il est indéniable que le neveu de l’honorable homme d’Etat, Moulay Mustapha Belarbi Alaoui, a marqué pour longtemps l’histoire du premier groupe de phosphates au monde. 

Après l’audit qu’il a commandité, dès sa nomination en 2006, auprès du plus influent cabinet de renseignements privé au Monde, le cabinet Kroll, Terrab va complètement transformer le mastodonte. Dégraissage, Market making, nouveaux produits à forte valeurs ajoutées… 

Terrab va faire de l’OCP une implacable machine d’influence, notamment en offrant des produits uniques et adaptés au continent africain. Interlocuteur privilégié des responsables américains, il s’investira pour défendre les intérêts du pays et la cause nationale.

Il va par contre consommer des dizaines de très hauts profils, incapables de suivre son rythme ou de réaliser ses objectifs. Des millions et des millions de dirhams seront brûlés pour faire tourner la machine Terrab.

Par ailleurs, le deuxième trimestre 2019, va apporter un lot important d’évènements impliquant le groupe OCP, qui méritent une explication directe de son Président.

1) Jacobs, l’oeil de Washington 

Toute la stratégie de transformation déployée par Mostafa Terrab se reposait sur un partenariat stratégique avec le géant américain de l’ingénierie Jacobs Engineering. Un partenariat qui a tellement évolué dans le temps que le groupe marocain lui a délégué la livraison clés en main des futures unités industrielles. Et pour preuve, JESA ( Jacob Engineering SA ), filiale marocaine du groupe américaine, est passée de 22 cadres en 2006 à 1400 en 2017! Mais coup de tonner en juin 2019, Jacobs passe dans le giron de l’australien, WorleyParsons. Un move stratégique de Washington pour ne pas laisser filer son partenaire australien dans les bras de Pékin. Aujourd’hui l’Australie, le Canada et les Etats-unis verrouillent le marché minier mondial pour contenir la Chine.

Mostafa Terrab se doit de nous expliquer l’impact de ce changement d’actionnariat sur l’avenir de l’OCP. Surtout que le nouveau patron australien aurait déclaré dans une réunion avec les responsables de l’OCP qu’il n’était pas intéressé d’investir davantage en Afrique car son groupe y était déjà présent. Une régression dans la stratégie volontariste de JESA d’accompagner le groupe marocain dans sa conquête africaine.

Mostafa Terrab devrait également, nous rassurer sur la qualité des relations avec nos partenaires américains suite à ce désengagement. Peut être nous donnera-t-il plus d’informations sur l’autre JV stratégique avec l’américain IBM, et qui concerne la transformation digitale du groupe.

2 ) OCP France, la gabegie

La gestion de la filiale parisienne du groupe, SAS OCP International, fait partie du bilan peu glorieux de Mostafa Terrab. Créée en 1960, la société a coûté au contribuable marocain pas moins de 13 millions d’euros de perte entre 2012 et 2018. Les 24 millions d’euros, injectés dans cette filiale ont été engloutis par des indemnités de 6,27 millions d’euros, occasionnées par deux déménagements du siège social à la défense puis à Paris et une hasardeuse opération de rachat avortée du cabinet conseil en stratégie Ykems.

Alors que la pays se bat pour récupérer le moindre euro pour soutenir son économie, une entreprise publique se permet d’enregistrer des pertes colossales en devises sans pour autant apporter aucune justification ni aucun plan de redressement. 

3) Affaire Bouasta, le scandale de la gestion des marchés publics de l’Office

Il s’agit du plus grand scandale de malversation jamais rendu public qui a touché le groupe OCP. Tout a démarré le 9 septembre dernier quand un lanceur d’alerte, dénommé Nabil Chaibi, a commencé à mettre en ligne, depuis sa résidence surveillée aux Emirats Arabes Unis, des vidéos dénonçant un réseau de malversations et de blanchiments dont les principaux acteurs sont des salariés et des prestataires de service du groupe OCP. 

Nabil Chaibi est un ressortissant marocain, emprisonné une première fois aux Emirats suite à un chèque en bois de plus d’1 millions de dollars au profit de son associé, un certain Bouasta. Il sera par la suite interdit de quitter le territoire émirati après une deuxième plainte du même associé.

Dans les 33 vidéos mises en ligne, on apprend avec stupéfaction comment les marchés publics d’équipements des agents OCP auraient été octroyés. Des dizaines de sociétés écrans auraient été créées par ce fameux Bouasta pour rafler les appels d’offres de l’Office chérifien. Si l’on croit Nabil Chaibi, un réseau qui serait constitué également par des agents OCP proches de la mouvance islamique Al Adl Wa al Ihssan. Il a d’ailleurs dévoilé l’identité (numéros de CIN et adresses) d’une dizaine de personnes impliquées dans cette prétendue affaire de malversations.

Le corbeau va aller plus loin, il va accuser, dans l’une de ses vidéos, un ancien dirigeant de l’OCP, en charge du Capital Humain, (ayant encaissé un gros chèque après avoir été limogé par Terrab) de faire partie du réseau en s’associant avec le fameux personnage, Bouasta.

Cette série de graves accusations ont sonné le branle-bas de combat au sein de l’OCP. Mostafa Terrab aurait diligenté un audit à ce sujet. 

L’opinion publique se doit d’être rassurée de l’issue de cette enquête afin de démêler le vrai du faux de ces rumeurs qui se propagent comme une traînée de poudre.

4 ) Réforme des établissements et entreprises publiques

Le roi Mohammed VI a été très clair dans ses derniers discours au sujet de la réforme des établissements et entreprises publiques et la rationalisation de leurs dépenses. Un plan d’action gouvernemental a d’ailleurs été mis en place, à la demande du souverain, pour mettre fin aux activités des organismes publics qui s’écartent de leurs missions légales.

Si la CDG a donné l’exemple en entamant une réflexion sur le devenir de certaines de ses filiales et leurs actifs ne se rattachant pas directement à son activité principale, l’OCP fait justement le contraire. Au cas où l’information de la création d’une académie de journalisme se confirme, il n’y a plus aucun doute que Terrab tourne le dos aux décisions du gouvernement marocain d’optimiser les ressources des EEP.

De la stratégie de l’éprouvette au nouveau modèle de développement 

Mostafa Terrab a pu développer en mode laboratoire et dans des environnements relativement maitrisés des modèles de réussite qui vont au-delà des rêves les plus fous de l’exécutif marocain. Terrab a démontré par exemple qu’on peut fournir plus de 15 Polytechniciens par an, rien qu’avec un seul lycée, dans la discrétion la plus totale et sans rentrer dans des débats stériles politico-politiciens.

A ce sujet si le coût d’un élève du Lydex s’avère égale ou inférieur au coût d’un élève issue de l’éducation publique, Amzazi et son gouvernement doivent être cloués au pilori immédiatement.

Ce qui nous amène au chantier engagé par le souverain de la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Tous ces montants astronomiques investis dans le laboratoire de Mostafa Terrab, doivent être rapidement rentabilisés en alimentant la réflexion autour du sujet. Les modèles les plus performants et les plus novateurs doivent être mis en oeuvre à grande échelle pour faire profiter l’ensemble des marocains.  Ce qui a été réalisé ne doit pas disparaître avec le départ de Terrab. Par contre dans le cas où la dictature de la loi des grands nombres nous interdit de dupliquer et généraliser les hypothèses du modèle Terrab en dehors de l’environnement aseptisé de l’OCP, il est temps d’arrêter la gabegie et de demander des comptes.

Tags

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

- Advertisement -