Depuis plusieurs mois, la société de BTP « Les Jeunes Maçons » (LJM) est confrontée à des accusations de la part de ses fournisseurs, majoritairement des TPE-PME, qui reprochent à l’entreprise de ne pas régler ses factures. La situation s’est intensifiée suite à la publication de communiqués par la Confédération Marocaine des TPE-PME, pointant du doigt les manquements de LJM.
M. Chakib ALJ, président de la CGEM et actionnaire de l’entreprise, se retrouve au centre de ce conflit, étant appelé à intervenir pour régulariser les paiements en suspens.
Selon la Confédération Marocaine des TPE-PME, plusieurs petites et moyennes entreprises n’ont pas été payées depuis des mois pour les services rendus à la société spécialisée dans les travaux de bâtiment et de génie civil, « Les Jeunes Maçons ». Cette situation critique menace, selon l’organisation, la viabilité financière des petites entreprises concernées et reflète une crise plus vaste dans le secteur, où le nombre de faillites de TPE-PME a triplé depuis 2019. La Confédération appelle M. Chakib ALJ, en sa qualité de leader du patronat, à donner l’exemple en régularisant rapidement la situation.
En réponse, LJM est sortie de son mutisme ce mercredi 11 septembre, publiant un communiqué de clarification, admettant qu’elle traverse des difficultés financières. La société explique que ces problèmes découlent en partie de contrats mal négociés, qui n’avaient pas anticipé l’inflation des prix des matières premières. LJM précise toutefois que M. ALJ, actionnaire passif depuis 2021, a injecté environ 200 millions de dirhams pour stabiliser l’entreprise, sauvegarder les emplois et maintenir les relations avec les fournisseurs. L’entreprise affirme également être en contact permanent avec ses créanciers pour trouver des solutions viables.
CP-LJMLJM face à un environnement de marché difficile
Le différend entre LJM et ses fournisseurs s’inscrit dans un contexte économique plus large, marqué par une crise immobilière qui secoue le Maroc depuis plusieurs mois. Le secteur du BTP est confronté à des difficultés structurelles liées à la chute de la demande, à la hausse des coûts des matières premières et à l’augmentation constante des taux d’intérêt.
Cette crise a été amplifiée par une série de facteurs, tels que la flambée des prix des terrains et des matériaux de construction, causée par la crise sanitaire, l’inflation persistante et la guerre en Ukraine. Le coût de production dans le bâtiment a ainsi grimpé de plus de 20 %, ce qui pèse lourdement sur les marges des entreprises du secteur, à l’image de la situation de LJM.
De plus, la hausse des taux de crédit a réduit de pas moins de 18 % la capacité d’emprunt des ménages, freinant ainsi l’accès au financement et la demande de logements. Cette baisse de la demande a eu un effet domino sur l’ensemble du secteur de la construction, touchant particulièrement les petites entreprises qui dépendent de la continuité des projets immobiliers.
Dans ce contexte, LJM n’est pas un cas isolé. Bien que toujours active, la société a dû faire face à des dettes fournisseurs tout en cherchant à maintenir son activité. Ses difficultés de trésorerie, en partie dues à des créances non recouvrées et à la crise immobilière, illustrent les défis auxquels le secteur du BTP au Maroc est confronté.
Des perspectives de résolution en vue ?
Alors que la Confédération Marocaine des TPE-PME maintient une position ferme, appelant à une résolution rapide pour éviter un impact systémique sur l’ensemble de l’écosystème des petites entreprises, LJM semble engagée dans une stratégie de dialogue et de restructuration financière. Cependant, la situation reste tendue, d’autant plus que le rôle public de M. ALJ en tant que président de la CGEM place cette affaire sous une attention particulière.
Les deux parties sont attendues pour poursuivre le dialogue et trouver un terrain d’entente qui permettrait à la fois de préserver les intérêts des TPE-PME et de stabiliser durablement la situation financière de LJM.