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Affaire Khashoggi : Le seigneur d’Hollywood, Ariel Emanuel, rompt ses relations avec MBS

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Un an après le Roadtrip «historique» du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane aux Etats-unis, où il a fait la promotion, durant deux semaines, de sa vision #Saudi2030, en miroitant un plan d’investissement de plusieurs centaines millions de dollars aux hommes d’affaires américains, de l’eau a coulé sous les ponts notamment le morbide assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Une affaire qui n’a pas fini de hanter MBS et de réduire à néant tous les efforts qu’il a déployé et les milliards dépensés depuis son ascension au pouvoir. Aujourd’hui, c’est un revers cuisant que vient d’essuyer le prince héritier saoudien. L’agence la plus puissante au monde de l’industrie du spectacle, Endeavor, a restitué à Mohammed Ben Salmane, un investissement de 400 millions de dollars, consenti en avril 2018, en marge d’une soirée huppée qui a vu la participation, entre autres, du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, du directeur général de Disney, Robert A. Iger, et l’ancienne star de la NBA, Kobe Bryant. Ari Emanuel, le patron emblématique d’Endeavor, avoue être inquiet de la réaction saoudienne, suite à la rupture des relations avec MBS et fait dorénavant appel à des gardes du corps durant ses voyages.

Le printemps dernier, Ariel Emanuel, le plus gros calibre de l’industrie du spectacle, comme le décrit la presse américaine, avait contribué activement à l’organisation d’une grande soirée à Hollywood en l’honneur du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman en visite officielle aux États-unis. Et pour cause, MBS avait signé le soir même un chèque de 400 millions de dollars en contrepartie de 7% du capital de la plus grande agence de divertissement du monde dirigé par Ari Emmanuel et deux places dans son conseil d’administration. L’accord visait à financer la croissance d’Endeavor, via un Fonds souverain saoudien chapeauté par MBS, tout en diversifiant l’économie de l’Arabie saoudite par le biais des activités de l’agence artistique dans les domaines du sport, de l’événementiel, du mannequinat, de la production télévisuelle et cinématographique. MBS se présentait à la communauté internationale comme étant un prince ouvert, moderniste et réformateur.

Mais les faits l’ont démenti. A commencer par la vague d’arrestations de princes et d’hommes d’affaires subissant humiliations et tortures sous prétexte de campagne de lutte contre la corruption, suivie par la liquidation en octobre dernier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul et dont le corps n’a jamais été trouvé et last but not least, les arrestations et tortures de femmes activistes.

Des faits tellement graves que même la diplomatie du chéquier n’a pas pu préserver l’image à l’international du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane. Ainsi, la presse américaine vient de faire l’échos de la révélation de deux collaborateurs du seigneur d’Hollywood, Ari Emmanuel, sur la rupture des relations d’Endeavor avec les dirigeants saoudiens. Une rupture qui a été matérialisée par la restitution à MBS des 400 millions de dollars qu’il voulait investir dans le leader mondial du divertissement.

Il s’agit là d’un des rares cas où une entreprise de renommée mondiale, rompt ses relations avec le très riche royaume saoudien, à cause d’une affaire politique et médiatique.

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman, en visite à Virgin Galactic. Richard Branson, à gauche, a suspendu les discussions avec un fonds saoudien concernant des investissements potentiels dans ses entreprises de voyages dans l’espace.

Avant Endeavor, Richard Branson, fondateur du conglomérat britannique de médias et de technologies Virgin, avait créé le buzz ont suspendant ses discussions avec le fonds saoudien concernant des investissements potentiels dans ses activités de voyages dans l’espace. Tandis que les dirigeants de la société de capital-investissement Blackstone Group, le service de covoiturage Uber et le cabinet conseil Goldman Sachs avaient annulé également leur participation dans le Davos du désert, une grande conférence sur l’investissement qui s’est tenu à Riyadh, la capitale saoudienne, suite au scandale de l’assassinat de Khashoggi.

Cet isolement grandissant du prince héritier, l’a poussé d’ailleurs à tourner le dos à l’occident et à regarder du côté de l’Asie, notamment la Chine, l’Inde et le Pakistan sans oublier la Russie histoire de dire qu’il dispose de plusieurs alternatives entre ses mains !

Carnet de voyage : Youssef El Alaoui raconte la Silicon Valley

Directeur-associé et co-fondateur de Mobiblanc, leader marocain en ingénierie mobile et digitale, Youssef El Alaoui revient d’un voyage qui l’a mené aux Etats-Unis et plus précisément à la Silicon Valley, dans la partie sud de la baie de San Francisco. Ce pôle mondial de l’industrie de pointe, qui accueille les sièges sociaux et campus de plus de 6 000 entreprises et la destination, est considéré comme La Mecque de la nouvelle économie numérique à l’instar de Uber, AirBnB ou eBay. En exclusivité pour LE1, Youssef El Alaoui livre les péripéties de son immersion digitale dans le monde atypique des GAFA.

De retour de mon petit voyage découverte à San Francisco et à la Silicon Valley, je ne pouvais pas me retenir de livrer mon impression tellement le «choc» était immense.

Immense non pas par la démesure des choses mais surtout par leur simplicité. Moi qui croyais avoir à côtoyer des « extraterrestres » à chaque coin de rue, je n’ai rencontré finalement que nos semblables qui pensent exactement de la même manière que nous. Moi qui croyais trouver des building high-tech à la manière du Pentagone, je n’ai trouvé que des buildings «normaux», ou des anciennes usines de textile ou de sidérurgie transformées en «usine d’intelligence» où l’on produit des concepts qui créent de la valeur et qui parfois révolutionnent le monde. Exception faite du building de Salesforce qui est imposément impressionnant.

Les espaces de travail avec des murs sans peinture, du ciment brut toujours visible, des tuyaux qui traversent (élégamment) les plafonds. Tellement rudimentaires et cools qu’on se faisait des blagues entre marocains sur le manque de moyens de ces gens-là. On se disait qu’il leur faudrait une couche de Tedellakte pour qu’ils soient plus «présentables». Mais il s’agissait bien, là, de la Factory de la nouvelle économie.

En déambulant dans les rues de San Francisco, on peut facilement, et à tout bout de champ, se retrouver en face d’un immeuble d’un géant du Net. Quel plaisir de toucher les murs d’un LinkedIn, d’un Uber, d’un AirBnB ou d’un Adobe. On s’aperçoit finalement qu’ils sont des «humains». Qu’ils paient l’électricité, Internet, et peut-être un loyer. Notre chauffeur, un marocain, nous parlait du patron de Zynga qu’il emmenait chaque matin chez Facebook. Il nous a confié que Zynga était le nom de son chien et que les noms des jeux qu’il déclinait correspondent aux noms des sorties sur l’autoroute entre son domicile et celui de Facebook. Tout Simplement.

La valeur du temps est sacrée chez ces gens-là, tout est chronométré. Nos visites des grandes entreprises sont très codifiées, rien n’est laissé à l’improvisation. A chaque rendez-vous, une personne nous reçoit, en général c’est un(e) responsable de la communication, puis on nous délivre nos badges déjà pré-imprimés, ensuite on nous annonce le programme puis on démarre la tournée. A chaque étape de la visite, une personne de la société nous attend avec son message clair à nous faire passer, telle une course de relais où l’enchaînement se fait par le «passage de témoin» et ce jusqu’à la fin de la visite à une heure bien précise. Un case study plein d’enseignements.

Toutes les entreprises ne se ressemblent pas. Ce qui est assez frappant c’est de constater la différence de culture entre sociétés, en fonction de leur métier ou de leur ancienneté, situation vécue chez AirBnB et eBay.

Chez AirBnB, avec son slogan « open your heart and home », on trouve une ambiance très hospitalière, où une équipe de 3000 collaborateurs dont 800 développeurs sont comme dans un parc. Des chiens de compagnies qui rodent dans les plateaux, ingénieurs en sandales et shorts un peu partout, et des postures de travail assez inhabituelles, comme le fait de travailler debout, ou dans une cabine à la téléboutique ou sur un canapé à la Starbucks. En revanche, chez eBay, créé 13 ans plus tôt, on y trouve une ambiance assez sobre où les équipes sont relativement âgées avec un code de communication assez policé. Même les espaces de travail sont moins «funs».

En discutant avec les entrepreneurs, deux mots reviennent assez souvent : vision et passion. Il faut avoir une vision pour définir un cap et il faut aussi faire les choses par amour pour bien les réussir. La diversité des équipes est également un facteur important car on estime qu’on ne peut pas porter un projet multinational sans avoir de la diversité culturelle au sein de son entreprise.

Autre remarque, c’est le Storytelling. Chaque chose a une histoire. Tout est dans l’émotion. Les patrons de Airbnb qui, lors d’un séminaire à San Francisco, ne trouvaient pas où dormir ont fini sur un matelas gonflable (AirBed and Breakfast), d’où l’idée du projet. Autre illustration, le patron d’une grande société d’antivirus qui, à l’âge de 18 ans, avait réussi à rétablir les fonctionnalités du PC de sa maman, en en publiant le patch sur Internet, a ensuite eu un grande succès. Les histoires de ce genre ne manquent pas. Les collaborateurs aussi ont partagé avec nous les raisons du choix de leurs jobs respectifs et les expériences de leur vie. Bref, tout est à la Hollywood est c’est tant mieux. Ça capte notre attention et ça nous fait rêver. C’est réussi !

Force est à constater également que la réussite vient aussi de l’écosystème qui est très développé et où tous les acteurs fonctionnent en harmonie pour le bien de tout le monde : universités, incubateurs, start-ups, investisseurs, consommateurs et système judiciaire. La notion du partage se répète souvent, tous les acteurs se sentent responsables envers l’écosystème.

Ça rappelle un peu quand Henry Ford avait décidé en 1910 de doubler les salaires de ses salariés. Pour les rendre plus heureux et plus productifs certes, mais aussi pour qu’ils puissent acheter ses voitures et donc contribuer au développement de son entreprise.

Dans le logiciel du «rêve américain», c’est ce qu’on appelle la création d’un cercle vertueux. C’est peut-être le point clé de cette réussite.