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The flag of Iran pinned on the map. Horizontal orientation. Macro photography.

Pour une nouvelle alliance face à l’expansionnisme iranien

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Le retrait américain de l’accord nucléaire iranien a alimenté une réelle angoisse dans les capitales européennes et fait naître de nouveaux espoirs dans le camp adverse. Si l’Europe y voit une menace pour ses intérêts économiques et stratégiques, notamment pour la France qui a développé un axe de coopération très avancé avec Téhéran, en revanche l’axe Washington-Ryadh-Tel Aviv y enregistre une aubaine historique, non pas seulement en ce qui concerne le programme nucléaire iranien, mais également et surtout concernant l’expansionnisme perse qu’il faudra coûte que coûte faire stopper voire reculer. Pour sa part, le Maroc a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran à cause de l’immixtion flagrante de son allié libanais le Hezbollah dans les affaires intérieures marocaines et le soutien militaire et logistique de ce dernier au front Polisario. Et, une première, le royaume du Maroc, dans un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale, taxe le Hezbollah comme une organisation terroriste alors que jusqu’à récemment le mouvement chiite libanais était considéré comme le porte-flambeau de la Résistance dans la région du Moyen-Orient. Pour comprendre les dessous de ce véritable méli-mélo, nous nous sommes intéressés à deux articles publiés dans la presse américaine, en moins d’un moins, par Ahmed Charai : le premier dans The National Interest et le second dans The Hill.

L’éditorialiste marocain, Ahmed Charai, s’est intéressé de près à la question du retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien. Parmi les principales idées avancées, Ahmed Charai constate que depuis la décision de Trump de faire sortir les Etats-Unis de l’accord, le dossier iranien continue de diviser l’occident au moment où il donne de l’espoir aux voisins de l’Iran à leur tête l’Arabie saoudite qui voit en Téhéran une menace pour la stabilité de la région. Les capitales européennes n’arrivent plus à cacher leur angoisse quant à l’avenir de la région suite à l’échec de leurs pressions sur le président américain.

L’Iran, seul pays dont la Constitution reconnaît l’expansionnisme comme principe fondateur

Ahmed Charai explique dans ce sens que l’actuelle administration américaine avait des suspicions sur l’accord car elle y voyait un moyen de Téhéran de se dérober de ses obligations : «Du point de vue de la Maison Blanche, l’accord avec l’Iran équivalait, au mieux, à un report temporaire de l’activité nucléaire en échange de milliards de dollars pour financer la guerre par procuration que mène l’Iran dans la région (…) Les carnages de masse en Syrie qui ont suivi l’accord ont prouvé une fois de plus que l’apaisement ne fait que rendre l’agresseur plus agressif.»

Pour Ahmed Charai, l’Iran Deal a levé toute pression sur l’Iran ce qui n’a fait qu’augmenter son influence dans plusieurs régions du monde, et l’a rendu de plus en plus agressif et expansionniste. «L’Iran, seul pays dont la Constitution reconnaît l’expansionnisme comme principe fondateur, maintient dans son giron plusieurs Etats vassaux et des milices mandataires, en Irak, au Liban, en Syrie, au Yémen et à Gaza. » Plus grave, l’Iran serait très actif militairement au Nigéria, où la «Force Al-Qods» soutient des groupuscules terroristes locaux pour perpétrer des attentats terroristes, notamment contre les touristes ou hommes d’affaires israéliens et saoudiens qui visitent le Nigeria. Sans oublier les missions de prosélytisme chiite financées par Téhéran et qui irritent les populations africaines ou asiatiques qui en sont la cible.

Du point de vue de la Maison Blanche, l’accord avec l’Iran équivalait, au mieux, à un report temporaire de l’activité nucléaire

Les nouvelles pressions des Etats-Unis sur l’Iran sont donc «salutaires» pour la paix au Moyen-Orient et en Afrique estime Ahmed Charai, mais à condition de trouver un «terrain d’entente» entre Washington et les capitales européennes pour éviter de disloquer le camp occidental sur la question. Pour l’éditorialiste marocain, construire une vision sur ce nouvel espoir «nécessite un plan holistique – et le moment est venu d’en concevoir un.» Sur ce terrain, et en vue de repousser l’Iran vers ses derniers retranchements, le président américain Donald Trump bénéficie d’une sorte de carte blanche de la part des israéliens et, surtout, de quelques monarchies arabes voisines qui le «pressent [depuis un certain temps] de passer à l’action.»

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Pour les Marocains, l’Iran est un endroit lointain et ces affaires ne relèvent pas de leur quotidien. A contrario, estime Ahmed Charai, «les mollahs de Téhéran considèrent le Maroc comme faisant partie de la périphérie iranienne, à l’instar de la Libye où des agents iraniens sont sur place pour mener des campagnes de radicalisation». Au Maroc, qui est à plus de cinq mille kilomètres à l’ouest de Téhéran, l’opinion publique a été témoin de révélations selon lesquelles l’Iran, via le Hezbollah, a armé les séparatistes du Polisario. Pour l’éditorialiste marocain, la révélation de la collusion entre les séparatistes du Polisario et le Hezbollah, est révélatrice d’un «expansionnisme toxique» de l’Iran. Ahmed Charai, qui a appelé la communauté internationale à adopter une posture de vigilance extrême vis-à-vis de l’Iran a expliqué que ce dernier «entretient des groupes terroristes et milices qui lui sont complètement affidés, dans nombre de pays de son environnement immédiat et au-delà».

Si le Maroc a décidé de rompre ses relations avec l’Iran à cause de la «connivence avérée» et du soutien militaire de son allié le mouvement Hezbollah au Polisario, Ahmed Charai explique que «la nature déstabilisatrice des activités de l’Iran, y compris le soutien de ce pays au Hezbollah et à d’autres groupes terroristes (…) font de ce pays un sponsor désigné du terrorisme, et le Hezbollah demeure une organisation terroriste internationale».

Les mollahs de Téhéran considèrent le Maroc comme faisant partie de la périphérie iranienne, à l’instar de la Libye où des agents iraniens sont sur place pour mener des campagnes de radicalisation – Ahmed Charai

Cela dit, et pour éviter un embrasement de la région, l’éditorialiste marocain soumet l’idée «d’envisager des solutions de partenariat entre les Etats-Unis et l’Europe» qui l’emporteraient largement sur le manque à gagner de l’Europe dans ses deals avec l’Iran.

Il est à préciser que Donald Trump, qui sait parfaitement ce qu’il fait et où il va, n’a pas voulu froisser son homologue français lors de la visite de ce dernier à Washington sans pour autant ne rien céder sur le dossier iranien dont Emmanuel Macron voulait faire son cheval de bataille dans ses pourparlers avec le président américain. En d’autres termes, la doctrine de Trump est d’être ouvert sur un partenariat gagnant-gagnant avec les européens tout en restant ferme et fidèles sur ses principes, parmi lesquels impliquer davantage les pays musulmans modérés dans la recherche des solutions adaptées pour combattre l’extrémisme dans la région.

En définitive, et comme tout président des Etats-Unis, Donald Trump veut imposer cette doctrine par tous les moyens, paix, guerre, ou pression avec comme titre principal : «L’Iran est l’ennemi», à l’instar de Georges W. Bush qui, lui, parlait de l’axe du mal incluant l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord.

Si l’axe du mal de Bush Junior s’est terminé par une guerre dévastatrice en Irak et un embargo puis un «deal» en cours avec la Corée du Nord, on ignore quelle sera l’issue de cette guerre psychologique et médiatique contre l’Iran : Ira-t-on en guerre quitte à déstabiliser toute une région, ou poussera-ton la pression jusqu’à obtenir des concessions radicales de la part de Téhéran ?


  1. There is a new alliance that can challenge Iran | THE HILL
  2. Will War with Iran Be the Result of a Poorly Planned Trump Doctrine? | THE NATIONAL INTEREST

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