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Les enfants en Espagne, les plus confinés d’Europe

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Les Espagnols supportent de plus en plus mal le confinement de leurs enfants, les seuls en Europe à ne pas pouvoir mettre le nez dehors à cause de la pandémie.

«Cela ressemble à un cauchemar de ne pas pouvoir sortir de chez soi, avoir les enfants à la maison, qu’ils ne puissent même pas courir», fulmine une enseignante. Elle garde ses quatre filles de 3 à 8 ans dans un appartement de Madrid sans balcon pendant que son mari travaille à l’hôpital.

«Chaque fois que je vois un chien passer, je deviens folle», ajoute-t-elle. La promenade du chien, seul, est l’un des rares motifs de sortie autorisés pour les adultes avec les sorties au supermarché ou à la pharmacie.

L’Espagne a instauré le 14 mars un confinement des plus stricts qui doit durer au moins jusqu’au 25 avril inclus. Et contrairement aux autres pays européens, les enfants n’ont pas le droit de sortir, même rapidement et autour de leur domicile, avec leur parents.

Ingénieure de 47 ans, Inmaculada Paredes reconnaît elle avoir «plus de mal à dormir» tandis que son fils de sept ans «pleure plus facilement». «Alvaro nous a dit : je trouve que ce n’est pas juste, les adultes vous pouvez sortir et nous les enfants non !. Et c’est vrai !», confie cette mère de deux enfants.

Aucun assouplissement avant le 26 avril

«Il y a des groupes dont nous savons qu’ils réalisent un sacrifice très important, les enfants par exemple», a reconnu mardi le ministre de la Santé Salvador Illa. Plusieurs fois interrogé sur cette exception espagnole, il a pour l’instant exclu tout assouplissement avant le 26 avril.

Critiqué il y a deux ans pour avoir acheté une villa avec piscine, le vice-président du gouvernement et chef du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, a reconnu mercredi avoir la «chance» de pouvoir faire sortir ses enfants dans son «jardin» tout en se disant «conscient que des millions de familles gardent leurs enfants dans des appartements de 40, 50, 60 mètres carrés».

Mais le débat enfle et plusieurs associations, experts et élus régionaux ont demandé au gouvernement d’autoriser des sorties limitées pour les mineurs.

«C’est l’une des populations les plus vulnérables durant ce confinement prolongé» qui «a déjà des conséquences sur leur santé physique et psychologique», dénonce Andres Conde, responsable en Espagne de l’ONG Save The Children qui propose de commencer par autoriser une sortie quotidienne d’une heure dans un rayon d’un kilomètre, comme en France ou en Belgique.

Le gouvernement a fait un premier pas en demandant une étude sur les conditions de sorties des enfants à l’Association nationale des pédiatres. Mais «tant que les autorités maintiennent le confinement, les enfants doivent le respecter comme le reste de la population», a insisté la présidente de cet organisme, María José Mellado.

Risques d’anxiété, de déficit d’attention et d’obésité

Psychologues et nutritionnistes dénoncent eux les risques d’anxiété, de déficit d’attention et d’obésité accentués par la sédentarité imposée aux enfants. «Peu d’activité physique et une situation atypique peuvent conduire à trouver un échappatoire à travers l’alimentation», dit Noemí Cuenca, professeure de nutrition à l’Université ouverte de Catalogne.

En attendant le bout du tunnel, autorités et associations multiplient les «guides de convivialité» et de bonnes pratiques pour préserver la santé et le quotidien des familles.

«Il est souhaitable pour tout le monde, du point de vue psychologique et physique, de nous laisser nous promener comme dans d’autres pays d’Europe», estime Inmaculada Paredes. En Italie, pays le plus endeuillé d’Europe par le Covid-19 devant l’Espagne, les enfants sont notamment autorisés à sortir accompagné par un seul de leurs parents.

Au delà du confinement, la grande interrogation des familles espagnoles reste la réouverture des écoles. Aucune date n’a été fixée alors que le Danemark a rouvert ses écoles mercredi et que la France prévoit de le faire en mai.

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