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L’Algérie et l’Afrique du Sud ne veulent pas d’Israël au sein de l’Union Africaine

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En juin dernier, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, participait au sommet de la CEDEAO aux côtés des quinze chefs d’Etat membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. L’objectif annoncé de cette participation est de lobbyer en vue d’obtenir un statut de pays observateur au sein de la sous-organisation panafricaine. La requête, qui n’a pas été déclinée, est en cours d’étude par les structures de cette instance régionale de l’ouest africain, à laquelle Benyamin Netanyahu a promis une aide de un milliard de dollars. L’Etat hébreux annonce un retour en grande pompe dans le continent, sachant qu’au mois d’octobre prochain se tiendra le premier sommet Israël-Afrique qui se réunira dans la capitale togolaise, Lomé. Mais comme l’appétit vient en mangeant, Tel-Aviv veut faire de ce sommet au Togo un tremplin vers l’Union africaine en y briguant un poste d’observateur. L’Algérie et l’Afrique du Sud s’y opposent fermement.

Le premier signal fort d’un retour en grâce de l’Etat hébreux dans le continent africain est le rétablissement des relations diplomatiques entre Israël et le Sénégal. L’annonce a été précédée par un roadshow africain de dix jours du ministre israélien des Affaires étrangères. Avigdor Liberman a visité le Rwanda, l’Ethiopie, le Kenya, le Ghana et la Côte d’Ivoire pour, justement, promouvoir l’intégration d’Israël comme membre observateur au sein de l’Union africaine. D’ailleurs, les présidents rwandais Paul Kagamé et togolais Faure Gnassingbé, qualifient Israël d’«excellent ami» et, aujourd’hui, quelque 39 pays africains sur 57 entretiennent des relations diplomatiques avec les autorités d’occupation israéliennes.

Et si le Kenya, le Rwanda, l’Ethiopie, le Soudan, la Zambie, le Malawi et le Ghana se sont déjà engagés à accueillir Israël en tant que pays observateur auprès de l’Union africaine, l’Algérie et l’Afrique du sud exercent une forte pression pour empêcher ce ralliement. Les deux pays refusent catégoriquement toute normalisation avec Tel-Aviv : l’Algérie pour des raisons idéologiques et historiques remontant à l’ère de Houari Boumedienne et l’Afrique du Sud qui, sous le régime d’apartheid soutenait Israël mais qui entretient aujourd’hui des relations difficiles Tel-Aviv, même depuis la mort de Nelson Mandela.

Et malgré tout le réseau mobilisé par Simon Solomon, président du lobby africain à la Knesset et de ses très influents acolytes Merav Michaeli et Pnina Tamano-Shata, aucune rencontre n’a été possible entre Benjamin Netanyahu et l’ex-présidente de la Commission de l’Union africaine, la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.

Fin de non recevoir d’Alger et Pretoria

Le veto algérien et sud-africain est dénoncé par Tel-Aviv. « Israël essaie de retrouver son statut d’observateur à l’Union africaine, mais il y a des pays africains qui sont influencés par des pays arabes ou par d’autres nations qui ne sont pas favorables à Israël» proteste Aliza Bin-Noun, l’ambassadeur d’Israël en France. Pour elle, «l’Algérie (…) joue un rôle négatif. L’Afrique du Sud, même si nous avons des relations diplomatiques, poursuit une politique très critique à l’égard d’Israël. L’Iran, qui joue un rôle en Afrique, promeut elle aussi une politique anti-israélienne sur le continent» fustige-t-elle.

L’Afrique, priorité absolue pour Israël

Israël, très active dans le continent, considère l’Afrique comme un espace vital à sa sécurité nationale. Entouré de pays arabes qui «menaceraient son existence» pour ainsi parodier la littérature diplomatique israélienne, l’Etat hébreux voit dans le continent noir un défi diplomatique, notamment aux Nations unies où le vote africain n’a pas toujours été garanti, sachant que le vote africain a toujours menacé les motions pro-israéliennes proposées en Assemblée générale par Washington ou Tel-Aviv. En plus de cet aspect politique, Israël voit dans le continent des perspectives de développement et d’innovation dans divers secteurs, parmi eux l’agriculture, l’eau, l’énergie verte et les nouvelles technologies.

Mais malgré l’opposition d’Alger et de Pretoria, le retour israélien dans le giron institutionnel et économique africain bénéficie d’appuis de taille : 1) Le Rwanda, par son président interposé qui, reçu dernièrement en fanfare par le puissant lobby israélien à Washington AIPAC,  s’est déclaré le véritable grand avocat des intérêts géopolitiques, sécuritaires et économiques de l’Etat hébreux; 2) Le Libéria, plateforme historique du sionisme international, et dont la capitale Monrovia où s’est tenu le dernier sommet de la CEDEAO en présence de Benjamin Netanyahu, accueillait, depuis les années 1950, nombre de rencontres secrètes entre israéliens et dignitaires de l’ex-URSS; 3) L’Ethiopie, désormais membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU; 4) Un dense et performant réseau diplomatique en Afrique dont l’objectif premier est de normaliser la relation des pays africains avec Israël et de garantir, sinon un ralliement, au moins une neutralité des pays membres de l’organisation panafricaine.

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Abdellah EL Hattach

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