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L’Afrique plus disciplinée et plus responsable dans la lutte contre le coronavirus que l’Amérique latine

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Alors que le monde s’attendait à une hécatombe en Afrique en raison de la faiblesse des infrastructures sanitaires, le continent reste à date d’aujourd’hui le moins touché par l’épidémie de coronavirus. En contrepartie, l’Amérique latine s’enfonce jour après jour dans la peur après que l’épidémie de coronavirus ait touché les favelas où des millions d’habitants sont dans l’impossibilité de respecter les mesures préventives, au risque de mourir de faim.

Avec 3.589 décès et 46 418 guérisons pour 119 391 cas enregistrés au 26 mai, l’Afrique est le continent le moins touché par l’épidémie de coronavirus.

Évidemment, le faible nombre de tests et le manque de données faussent en partie le bilan, mais le fait que les hôpitaux du continent ne croulent pas sous les malades, contredit les prévisions effrayantes de l’OMS qui appelait presque chaque jour le continent « à se préparer au pire ».

Les raisons de ce faible taux de contamination sont désormais connues :

  • L’épidémie a gagné l’Afrique quelques semaines après l’Europe, permettant à ses dirigeants d’adopter des mesures préventives très en amont.
  • Avec 43 habitants par kilomètre carré, contre 181 en Europe de l’Ouest ou 154 en Asie du Sud-Est, l’Afrique demeure un continent faiblement peuplé dans la plupart des régions
  • Contrairement à la plupart des pays occidentaux, de nombreuses régions africaines restent très isolées et vivent en quasi-autarcie. 
  • Environ 60 % de la population africaine est âgée de moins de 25 ans. Or, le coronavirus frappe plus particulièrement les personnes âgées
  • Immunité des africains historiquement plus exposés aux maladies inffectueuses

Les scientifiques ont identifié les trois pays les plus exposés au risque d’importation du virus : l’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud car ils entretiennent tous des échanges aériens soutenus avec les provinces infectées en Chine.

D’autres comme la Tunisie, le Maroc ou le Cameroun ont été touché principalement en raison des liaisons aériennes soutenues avec les pays européens comme l’Italie, l’Espagne ou la France.

Pourtant ces pays précités et à leur tête la Tunisie et le Maroc ont réussi à circonscrire efficacement le virus et limité ainsi les pertes humaines et la saturation de leurs systèmes de santé.

L’Amérique latine craint le pire

«Nous sommes de plus en plus préoccupés par les pauvres et les autres groupes vulnérables, plus exposés à la maladie et à la mort en raison du virus», a récemment déclaré la directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), Carissa Etienne.

Avec une courbe d’infections qui grimpe en flèche dans des pays comme le Brésil, le Pérou et le Chili, et une probable sous-estimation des cas, la situation est explosive.

En Argentine, les autorités ont tiré la sonnette d’alarme après la détection de 84 cas de contamination avérés et une centaine d’autres suspects à Villa Azul, un bidonville de la périphérie de Buenos Aires.

Les 3.000 habitants ont été placés à l’isolement total, avec interdiction de sortir du quartier bouclé par la police. L’objectif est d’éviter que le virus n’entre dans un bidonville voisin, où s’entassent 16.000 personnes.

Mais dans une région où le taux moyen d’emplois informels atteint 54% — un nombre qui devrait grossir dans les mois qui viennent en raison de la crise économique — difficile pour les plus pauvres de choisir entre «mourir de faim ou mourir à cause du virus».

Pour Dalia Maimon, de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, la logique qui prévaut est la suivante: en ne travaillant pas, “je suis sûr de mourir de faim, alors je prends le risque, en essayant de ne pas être contaminé, et je vais travailler”.

Comment on achète à manger ?

Autre difficulté, la surpopulation de ces quartiers ne facilite pas l’application des mesures de distanciation sociale. Les habitants passent une bonne partie de la journée dehors en raison de logements exigus où vivent souvent plusieurs générations.

Quant au télétravail, il est impossible pour la grande majorité des gens, employés dans les services ou le secteur informel. Et le chômage ne cesse d’augmenter en raison de la paralysie de l’économie.

«Nous sommes ouvriers du bâtiment, vendeurs, on sort tous les jours. Avec le confinement, tout a fermé et la plupart d’entre nous n’a plus de travail», explique à l’AFP Oscar Gonzalez, un Chilien de 43 ans.

Ce soudeur vit dans le quartier de Brisas del Sol, un des plus peuplés de l’agglomération de Santiago, où des émeutes de la faim sont multipliées pour réclamer de l’aide à l’État. “On n’a même pas une petite aide du gouvernement. Ils croient que l’on peut vivre sans argent, mais comment on achète à manger?”, s’énerve l’artisan.

Dans d’autres pays, des organisations criminelles profitent du vide laissé par l’Etat pour étendre leur contrôle. Il s’agit de “la tendance la plus alarmante”, selon l’expert en sécurité Douglas Farah, intervenu récemment sur le sujet dans un forum à Washington, organisé par l’Organisation des États américains.

Au Mexique, les cartels distribuent de la nourriture et des médicaments; au Honduras, les gangs organisent des campagnes de désinfection dans les territoires qu’ils contrôlent.

Menace silencieuse

Face aux carences des Etats, Églises et associations se mobilisent aussi en organisant des campagnes d’information, de désinfection, et d’innombrables soupes populaires.

A 6 de Mayo, dans la périphérie de Santiago, les habitants savent où vivent les malades et s’organisent pour leur apporter de la nourriture. «Si nous ne nous aidons pas, personne ne va le faire», témoigne Gloria Reyes, une couturière de 62 ans.

«Nous devons avoir nos propres politiques publiques et imaginer des alternatives en l’absence du gouvernement», confirme Gilson Rodrigues, un responsable de quartier à Paraisopolis, deuxième plus grand bidonville de São Paulo (100.000 habitants) qui se prépare “au pire des scénarios”.

Le Brésil est désormais le deuxième pays le plus touché par la pandémie en chiffres absolus, après les États-Unis, avec plus de 25.000 décès et plus de 400.000 infections pour 210 millions d’habitants.

Autre casse-tête, l’accès à l’eau. Selon l’ONU, près de 89 millions de personnes dans la région ne disposent pas de services élémentaires d’assainissement, rendant difficile le lavage régulier des mains, règle de base pour prévenir la propagation du Covid-19.

Au Pérou, fortement touché par la pandémie, près d’un tiers des 10 millions d’habitants de Lima sont ainsi confrontés à de graves problèmes d’accès à l’eau, en particulier dans les zones périphériques.

«La crise de l’eau à Lima est une menace silencieuse. Les populations les plus vulnérables sont celles qui risquent le plus d’être exposées à la pandémie», déclare à l’AFP Mariella Sanchez, directrice de l’ONG Aquafondo.

Au Venezuela, l’épidémie est venue s’ajouter à une situation économique déjà catastrophique, avec des pénuries d’électricité et d’essence toujours plus nombreuses. A San Cristobal, ville frontalière avec la Colombie, la famille de Reinaldo Vega recourt quotidiennement à des techniques de «scouts».

«C’est comme ça que nous survivons», dit-il à l’AFP en allant chercher du bois pour cuisiner.

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