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Khalid Ait Taleb, le Croque-morts

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Khalid Ait Taleb, s’est tellement acclimaté avec la mort que les pertes en vies humaines du Covid ne lui suffisent plus. Et c’est dans les gémissements de notre économie agonisante qu’il cherche désormais l’enivrance. Tel le Nahash, il a commencé à suppurer la peur et le désarroi dans l’exécutif, faisant perdre à l’économie nationale 1 milliards de dirhams par jour de confinement. Puis il se mue en un Croque-morts affairiste de la peur et de la mort : des millions de dirhams de masques hors prix importés en devises, des kits de diagnostic du Covid aux prix les plus chers de la planète, des commandes de traitement 20% plus élevées que les prix du marché…etc. Toutefois, le ministre a laissé passer un juteux business qui lui est resté à travers la gorge : le business de la réanimation. Lits et respirateurs ont été très vites investis par l’effort national de nos chercheurs et de nos industriels au moment où notre Croque-morts avait la tête ailleurs, trop occupé par la signature des commandes de grès-à-grès. Le temps d’un confinement nous étions un modèle pour la planète. Le monde entier chantait les louanges de l’ingéniosité de la recherche marocaine à l’Université Mohammed VI Polytechnique et de la réactivité de notre industrie nationale. Mais notre ministre «n’a que foutre» de l’image ni de l’économie du pays tant que lui et son parrain ne se sont pas gavés. Pour assouvir sa vengeance, le Nashash choisi le moment précis de la remontada de la peur, suscitée par la nouvelle vague de la pandémie, pour mettre fin au rêve de l’industrie nationale : «Vous parlez de quels lits, et de quels respirateurs ? » a-t-il osé déclaré non dans un conseil de gouvernement mais à la presse. Le bilan de la gestion de la pandémie se fera tôt ou tard. Les dégâts sont trop importants pour que celui qui a consommé la plus grande part du fonds Covid instauré par le roi Mohammed VI ne soit ni inspecté, ni jugé.

Une vidéo virale circule sur les réseaux sociaux depuis ce lundi met à nu le double language de Khalid Ait Taleb. Vue par plus d’1 million de marocains, elle montre le ministre de la peur félicitant et encourageant un industriel marocain qui s’est hasardé dès le début de la pandémie à s’investir dans la fabrication de respirateurs marocains.

Khalid Ait Taleb, devant les caméras, s’était adressé à notre industriel avec les mots suivants :

«Aujourd’hui nous assistons quand même avec prouesse l’effet de la solidarité marocaine.»

«Le respirateur aujourd’hui a connu des améliorations incroyables en un peu de temps, pour qu’il soit, bien sur, utiliser demain sur le terrain. Là c’est un respirateur qui s’adapte avec le patient.»

«Les réanimateurs sont là aujourd’hui pour certifier, homologuer, valider et tester et demain il sera utiliser. Je demanderai bien sûr à ces potentialités d’encourager la production marocaine. C’est une opportunité pour pouvoir l’utiliser dans le domaine de la réanimation. Je vous dis merci beaucoup, vous êtes la fierté de la national il faudrait que vous soyez quand même un exemple à multiplier et à dupliquer à l’échelle territorial.»

Ah! Quel ministre formidable, patriote et de surcroît doublement pieux si l’on se fie aux deux exemplaires du Saint Coran qui ornent son bureau ministériel.

Mais ce que nous avons appris avec le PJD, c’est que les signes ostentatoires de piété ne garantissent pas systématiquement une parfaite congruence ni avec les actes ni avec le comportement.

Comme par hasard et à une semaine de l’annonce d’un reconfinement en France et dans plusieurs pays européens qui font remonter le baromètre de la peur et de l’angoisse chez les populations, Khalid Ait Taleb trouve le temps de faire le tour de la presse nationale pour dire tout le contraire de ce qu’il a déclaré devant les caméras un 12 mai 2020.

«Il ne suffit pas de sortir un lit et un respirateur. Mais leur utilisation requiert un certain degré de responsabilité important parce qu’il y va de la sécurité du patient » Sic!

« Vous parlez de quel lit de réanimation ? Ni le lit de réanimation ni le respirateur marocains ne sont encore homologués à ce jour. Il faudrait qu’on éclaircisse la situation » Sacrebleu !

Oui, chers lecteurs, vous n’êtes pas atteint de myopie et nous n’avons pas  inventé ces mots, vous pouvez vous en assurer sur le site de nos confrères Maroc Hebdo et Assabah.

Infographie : Le double langage de Khalid Ait Taleb au sujet de la fabrication locale des respirateurs et des lits de réanimation

On aurait pu comprendre ces propos, si les industriels avaient survendu leur capacité au ministre de la santé ou s’ils n’avaient pas fait preuve de sérieux. Mais ce n’est pas le cas. Nous empruntons pour l’occasion l’excellente investigation de notre confrère Le360 sur sujet et qui retrace toutes les tentatives d’homologation avortée par -je cite la même source- «la bureaucratie du ministère de la Santé».

Chronologie de l’industrialisation de la première version du respirateur artificiel 100% marocain

8 avril 2020: lancement de la phase d’industrialisation de la première version du respirateur artificiel 100% marocain. Les approvisionnements ont été réalisés de sorte à honorer la première commande reçue du ministère de la Santé, portant sur un volume initial de 400 respirateurs. Le fabricant en a produit 500.

13 avril 2020: une délégation de médecins militaires fait une visite à la fabrique du respirateur marocain, installée au cœur de l’usine de la SERMP, située dans l’Aéropôle, la zone industrielle de l’aéroport Mohammed V à Casablanca. Selon un témoin présent sur place, la visite a été concluante.

25 avril 2020: la nouvelle version du respirateur a été testée sur une brebis. 

Entre temps, pour valider le respirateur, le ministère de la Santé a installé un Comité scientifique, composé de 10 réanimateurs représentant 10 CHU du Royaume.

12 mai 2020: présentation concluante au siège de la SERMP du respirateur devant le Comité scientifique, en présence du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb et du ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy.

5 juin 2020: le ministère de la Santé annule une cérémonie initialement prévue pour réceptionner les premiers respirateurs. Contre toute attente, le département de Aït Taleb invite le collectif à suivre la procédure d’enregistrement du respirateur en tant que dispositif médical. «Nous aurions pu lancer cette procédure dès fin avril si le ministère nous avait prévenus», déplore un membre du collectif. 

Motivé par l’intérêt manifesté par certains donneurs d’ordre à l’étranger, le collectif a ensuite entamé la procédure de certification «CE médical» pour se tourner vers l’export.  

20 juillet 2020: après un mois et demi de tests auprès des deux centres techniques CETIEV et CERIMME, le respirateur marocain a finalement reçu la certification «CE médical».

28 juillet 2020: le ministère de la Santé trouve encore une fois le moyen d’éterniser la procédure. Cette fois-ci, les équipes de Ait Taleb demandent aux promoteurs du projet d’enregistrer l’entreprise SERMP en tant qu’entreprise médicale avant d’enregistrer le respirateur.

3 août 2020: lancement des démarches pour enregistrer la SERMP auprès des services du ministère.

17 août 2020: le ministère de la Santé impose à la SERMP une nouvelle procédure digitalisée pour obtention d’une autorisation provisoire. L’entreprise a ensuite déposé une nouvelle demande via le canal digital.

A date d’aujourd’hui la SERMP n’est toujours pas enregistrée.  Khalid Ait Taleb a demandé à l’entreprise d’apporter de nouveaux documents avant de vouloir définitivement enterrer le projet en déclarant à la presse : «vous parlez de quel lit de réanimation ? Ni le lit de réanimation ni le respirateur marocains ne sont encore homologués à ce jour». 

Scandaleux!

C’est tellement flagrant qu’on se pose la question fatidique : «qui c’est ce parrain qui guide les pas de Khalid Ait Taleb?»

Réveillez Saad Eddine El Otmani!

Pendant tout ce temps là, le Chef de Gouvernement sensé animer, réguler, suivre et décider les actions du gouvernement est aux abonnés absents. Peut-être est-il entrain de s’émerveiller de la magie du robinet d’eau? Rappelez-vous comment il était excité en expliquant aux marocains comment contrôler le débit de l’eau avec un robinet. Du coup, pour qu’il sache de quoi parle l’industriel des respirateurs il faudrait attendre quelques années.

Nous avons tous constaté que la pandémie a dévoilé les réelles capacités de notre exécutif et du chef de gouvernement. Les cacophonies à répétition ont touché tous les marocains sans exception et ont terni l’image du Royaume à l’international. Mais aujourd’hui ce n’est pas une question d’image, c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu. Je vous invite à lire les excellents papiers de Nadia Salah et de Aziz Boucetta, qui ont fustigé chacun de son angle la gravité des actes de Khalid Ait Taleb.

La fondatrice du premier quotidien économique du Royaume, l’Économiste, ne va pas y aller de main morte : «Encore une fois, il (Ait Taleb) a manqué à sa fonction tout en marquant son mépris pour ses collègues. On a en mémoire le pataquès des masques, où son département a fait des pieds et des mains pour empêcher la fabrication puis la distribution locale. Devant ce comportement, des observateurs se sont dits persuadés qu’il y avait d’autres motivations».

Nadia Salah a également résumé le danger que constitue des responsables tels que Khalid Ait Taleb sur les aspirations des marocains et à leur tête le souverain d’un Maroc développé et prospère en donnant l’exemple de l’Inde : «Il y a dix ans le PIB/tête indien était de 998 dollars. Aujourd’hui il est de 2.002 dollars. Dans 7 ans, il dépassera celui du Maroc. Il n’y a pas de miracle».

Aziz Boucetta, pour sa part, a demandé dans son édito des éclaircissements sur qui des Elalamy ou Aït Taleb mentait aux marocains. «Alors, avec plus de 30.000 cas actifs (officiellement recensés) et près de 3.500 morts (qui seront vite dépassés), ne sommes-nous donc pas en droit, voire en devoir, de nous interroger sur qui ment, des deux ministres», s’est-il indigné.

Toutefois, le directeur de publication de Panorapost fait le constat suivant : «Aït Taleb semble avoir oublié ses serments d’Hippocrate ou de technocrate qu’il a prêtés… car, dégât collatéral, par la grâce du ministre de la Santé, voilà une activité à l’export brillamment avortée dans l’œuf.»

Enfin il n’y a pas meilleure conclusion pour que cette chute du même Aziz Boucetta : «Inutile de demander au chef du gouvernement d’intervenir, il est (occupé) ailleurs, mais un jour, une fois que l’on aura arrêté le décompte des morts Covid – et pourquoi pas, avant ? –, le Professeur Khalid Aït Taleb risquera bien de rendre des comptes, et de boire le calice jusqu’à la lie. A notre Santé !»

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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