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Hauts fonctionnaires : Interdiction de quitter le territoire et comptes bancaires scrutés à la loupe

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Dans le cadre de l’application du principe de la reddition des comptes et dans la foulée de la publication des rapports annuels de la Cour des comptes et de Bank al-Maghrib qui ont conduit au congédiement du ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, plusieurs hauts responsables en fonction et d’autres retraités, sont dans le collimateur de la Justice, dont l’ancien ministre de l’Education nationale, Ahmed Akhchichine et sa toute puissante Secrétaire d’Etat de l’époque, Latifa Labida. D’autre part, nous avons appris que plusieurs hauts fonctionnaires ont été interdits de quitter le territoire national durant cette période, pendant que d’autres ont vu leurs comptes bancaires scrutés par les services concernés pour lever tout équivoque concernant des mouvements suspicieux.

Le dessaisissement de Mohamed Boussaid n’est qu’un maillon d’une opération mani pulite voulue par les pouvoirs publics en vue de redonner sens et crédit à la vie politique et à l’administration en général. La manœuvre n’est pas aisée car elle impliquerait ipso facto de très hauts responsables estampillés «intouchables» soit en raison des fonctions importantes qu’ils occupent soit grâce aux relations familiales tentaculaires dont ils se prévalent. D’où la démarche des pouvoirs publics qui ont procédé par étapes en vue d’atteindre leurs objectifs : 1) Recueillir les données des rapports des inspections générales des différents départements ministériels; 2) Centraliser ces dernières avec les rapports de l’administration territoriale et de l’inspection générale des Finances; 3) Recouper ces données avec le travail des cours des comptes régionales; 4) Fusionner le tout dans un rapport global et complet remis au premier président de la Cour des comptes. Ce document n’épargne aucun responsable convaincu de détournements ou d’un quelconque autre dépassement, et ce quel que soit son rang et ses accointances familiales ou partisanes.

Les banques ont diffusé une circulaire confidentielle demandant à leur réseau de recueillir toutes les informations nécessaires concernant les hauts responsables ayant un lien d’«américanité»

Prenant soin de ne pas faire dans la chasse aux sorcières et ne pas rééditer les dérapages de la campagne d’assainissement de 1996, les pouvoirs publics scrutent les dossiers un à un, cas par cas, et ne seront soumis à la BNPJ que les cas flagrants où le délit ou le crime financier sont caractérisés. Dans ce cadre, plusieurs hauts fonctionnaires et autres patrons d’entreprises publiques bien en vue ont été informés qu’ils n’étaient pas autorisés à quitter le territoire national dans l’attente que les fins limiers de la Cour des comptes achèvent leurs dernières recommandations. Certaines rumeurs non confirmées donnaient ces hauts responsables comme partant (fuyant ?) définitivement à l’étranger. C’est en effet suite à des informations qui lui seraient parvenues sur la volonté de quelques éminents responsables de quitter le pays et d’immigrer qui ont suscité la «colère royale» et accéléré ces décisions.

En outre, et dans le cadre de l’accord FACTA signé entre le Maroc et les USA, les banques de la place ont diffusé une circulaire confidentielle demandant à leur réseau de recueillir toutes les informations nécessaires concernant les hauts responsables ayant un lien d’«américanité». Cela concerne tout responsable ayant la nationalité américaine, ou conjoint ayant la nationalité américaine, ou ayant des enfants nés ou poursuivant leurs études aux États-Unis, ou tout autre lien de près ou de loin, minime soit-il, avec les USA.

Toutes ces mesures visent à : 1) Contrôler les flux suspects des hauts responsables; 2) Interdire la fuite de capitaux vers les USA avec qui le Maroc n’a pas d’accord d’extradition.

Les observateurs initiés avancent que ces dispositions sont annonciatrices de changements majeurs dans la gouvernance du pays tant au niveau de l’exécutif que celui de l’administration territoriale et locale ainsi que dans les grandes entreprises publiques et semi-publiques.

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