Reuters – Le gouvernement allemand a opéré un virage à 180 degrés sur le traçage numérique en annonçant opter pour une approche «décentralisée» pour le suivi des personnes en contact avec des patients atteints du coronavirus, ce qui le rapproche de la solution préconisée par Apple et Google.
«Nous soutiendrons une architecture décentralisée qui ne stockera les contacts que sur les appareils. C’est bon pour la confiance», a déclaré le ministre de la Chancellerie Helge Braun dimanche sur l’antenne de la télévision publique ARD.
De nombreux pays, dont la France avec son programme «StopCovid», cherchent à mettre au point des applications de suivi numérique afin de faciliter la levée progressive des mesures de confinement instaurées pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.
En Europe, la plupart des pays ont choisi de privilégier la technologie Bluetooth pour informer les personnes ayant été en contact avec un patient atteint du COVID-19 mais le problème est de savoir si ces données doivent être stockées sur un serveur centralisé ou directement sur les appareils.
Jusqu’à vendredi encore, le gouvernement allemand soutenait l’initiative lancée au début du mois par un groupe de 130 chercheurs de huit pays d’une plate-forme paneuropéenne baptisée PEPP-PT (Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing) permettant de concevoir des applications de traçage dont les données seraient stockées sur un serveur centralisé.
Des centaines de scientifiques ont toutefois publié lundi dernier une lettre ouverte dénonçant le PEPP-PT qui ouvrirait la voie selon eux à une surveillance étatique.
L’institut de recherche allemand Fraunhofer HHI, membre du PEPP-PT, a été informé samedi qu’il ne faisait plus partie du programme allemand de développement d’une application.
«D’autres pourront utiliser les résultats que nous avons obtenus jusqu’ici en construisant une solution décentralisée», a déclaré le directeur de l’institut, Thomas Wiegand, dans un message à ses collègues que Reuters a pu consulter.
Cette volte-face des autorités fédérales devrait permettre à Berlin de se rapprocher du protocole DP-3T (Decentralised Privacy-Preserving Proximity Tracing), développé par une équipe de chercheurs suisses et soutenu par la Suisse, l’Autriche et l’Estonie, ainsi que d’Apple et Google, qui ont annoncé le 10 avril travailler ensemble à leur propre solution de traçage numérique.